Louis CALHERN
 Acteur américain
Tout au long de sa longue carrière de théâtre et de cinéma, Louis Calhern semblait personnifier la distinction. Grand avec un nez proéminent, une voix formée au théâtre et arborant généralement une moustache élégante, il fait d’innombrables apparitions sur scène et quelque soixant-dix films. Avec sa polyvalence incroyable, il a joué avec une égale habileté des dandy spirituels, des papa gateaux lubriques, d’ignobles méchants, des avocats véreux et de grandes figures historiques comme Oliver Wendell Holmes, Buffalo Bill dans Annie reine du Cirque et Jules César, dans l’adaptation de Shakespeare par Joseph Leo Mankiewicz. Malgré une vie familiale souvent turbulente et une longue bataille contre l’alcoolisme, Louis Calhern était le professionnel complet et le parfait homme distingué.
De beaux débuts sur scène
Né Carl Henry Vogt, le 19 Février 1895, à New York, dans le quartier de Brooklyn, Calhern était le fils aîné d’Eugène Adolf Vogt et Hubertina Friese. Sa famille d’origine allemande s’installe à Saint-Louis dans le Missouri lorsqu’il a six ans. Son père y cultive le tabac. Louis monte des pièces impromptues avec sa sœur Emma, et leurs amis. Sa carrière dans le théâtre professionnel commence à dix-sept ans. Il participe à des tournées dans une compagnie spécialisée dans le répertoire de Shakespeare. Il persuade son père de lui donner cent dollars pour devenir acteur à New York. Il contracte Carl Henry pour en faire Calhern. En 1912, pour se payer ses études, il travaille comme employé de bureau. Calhern s’initie à tous les répertoires, y compris dans le burlesque et le mélo. En 1914, il est de retour à Saint-Louis en tant que membre du Park Theatre mais mobilisé en 1916, il participe à la première guerre dans l’artillerie. Il fait ses débuts au cinéma en 1921 pour donner la réplique à Claire Windsor dans La Tâche de Lois Weber. Il fait ses vrais débuts à Broadway le 1er Mars 1923. Sa carrière est lancée l’année suivante quand George M. Cohan le choisit pour Danse Man qui totalisera 96 représentations.
Un grand second rôle de l’âge d’or hollywoodien
Ses périodes étonnantes d’alcool et de beuveries sont devenus presque aussi connus que ceux de John Barrymore, ainsi que ses frasques et ses trous de mémoire, notamment en face d’Ethel Barrymore, son alter ego fantasque et alcoolique. Mais ceci ne ternit en rien sa popularité auprès du public. En 1927, il épouse l’actrice mondaine Julia Hoyt. Le mariage dure jusqu’en 1932. Il enchaîne les triomphes au théâtre mais trouve peu de rôles à la hauteur de son talent au cinéma. On peut retenir La Soupe au Canard où il est l’ambassadeur ennemi, Les Amours de Cellini avec Fredric March, Fast Company avec Florence Rice ou L’Évadée avec Maureen O’Sullivan et Lew Ayres, sous la direction de Tay Garnett. Ce réalisateur se souviendra longtemps de ce tournage mouvementé. Associé à Frank Morgan, Alan Hall et Pat O’Brien, Calhern profite de la proximité de Tijuana pour tenter une escapade au Mexique. Les trois compères sont arrêtés à la frontière et récupérés le lendemain d’un week-end inoubliable. En 1933, il se marie avec l’actrice Natalie Schafer croisée au théâtre dans The Rhapsody trois ans plus tôt. Ils divorcent en 1942.
Le tonton de Marilyn
Il trouve ses meilleurs rôles d’avant-guerre grâce à William Dieterle qui utilise brillamment sa distinction légendaire dans La vie d’Emile Zola et Juarez. Si les années 1930 ont été mouvementées pour Louis Calhern, les années 1940 vont marquer un renouveau incroyable dans la vie de l’homme, son statut d’artiste et son œuvre. Il quitte Hollywood pour deux ans et demi. De retour à Broadway, il connaît le succès dans La Vie d’un Père avec Dorothy Gish. Le spectacle établit un record à Boston en durant vingt-deux semaines consécutives à l’affiche. Son bref séjour à Hollywood en 1943-44 lui permet d’apparaître dans 4 films dont le fameux Le Ciel peut attendre d’Ernest Lubitsch. La dernière décennie de sa carrière sera la plus prestigieuse. En 1946, Calhern se marie pour la quatrième et dernière fois avec la jeune actrice allemande Marianne Stewart qui avait joué avec lui dans Jacobowsky et le colonel avec Annabella. La même année, il joue dans Les Enchaînés d’Hitchcock. Louis Calhern tourne deux films avec Lewis Milestone, Arc de Triomphe d’après Remarque et Le poney rouge basé sur une histoire de Steinbeck. En 1949, il signe un contrat à long terme avec MGM et devient un vétéran du plus estimé des studios. Il remplace au pied levé Frank Morgan dans Annie reine du cirque et connaît le film de sa reconnaissance, Quand la ville dort de John Huston avec Sterling Hayden. Calhern y joue un avocat protecteur de sa nièce Marilyn Monroe. Dès lors, il va être identifié à ce vieillard lubrique. Il tourne avec Lana Turner The Life of her own de George Cukor et dans la reprise de son triomphe théâtral The Magnificent Yankee avec Ann Harding.
Sublime Jules César
Il devient carrément sublime dans le Jules César de Mankiewicz qui réunit James Mason, John Gielgud, et Marlon Brando. La même année, Calhern joue le grand-père mexicain de Ricardo Montalban dans la comédie musicale Latino Lovers et l’année suivante, il fera partie de la prestigieuse distribution de La Tour des Ambitieux de Robert Wise, récompensée collectivement à Venise. On le retrouve professeur dans Graine de Violence, père de Lucille Ball dans Son Ange gardien et colonel néerlandais dans Betrayed avec Clark Gable et Lana Turner pour finir en aristocrate dépravé dans High Society, adaptation musicale de Philadelphia story avec Bing Crosby, Frank Sinatra, et Grace Kelly. Il succombe à une crise cardiaque pendant le tournage de La petite maison de thé, le 12 mai 1956. Il est remplacé par l’acteur Paul Ford. Il n’avait que 61 ans. Sa race faite d’élégance et de perversité a presque disparu des films aujourd’hui. Heureusement, son talent reste intact à chaque fois que nous regardons un de ses films.


FILMOGRAPHIE :

Avec Richard Thorpe
1921 : What's Worth While? de Lois Weber
1921 : Deux femmes trop sages (Too Wise Wives) de Lois Weber
1921 : The Blot de Lois Weber et Phillips Smalley
1922 : Réveil d’une femme (Woman, Wake Up!) de King Vidor
1923 : La Terreur de la goëlette (The Last Moment) de J. Parker Read Jr.
1931 : Stolen Heaven de George Abbott
1931 : The Road to Singapore d’Alfred E. Green
1931 : Blonde Crazy de Roy Del Ruth
1932 : Okay, America!, de Tay Garnett
1932 : Nuit après nuit (Night After Night) d’Archie Mayo
1932 : They Call It Sin de Thornton Freeland
1932 : Afraid to Talk d’Edward L. Cahn
1932 : Vingt mille ans sous les verrous (20,000 Years in Sing Sing) de Michael Curtiz
1932 : Frisco Jenny de William A. Wellman
1933 : Celle qu'on accuse (The Woman Accused) de Paul Sloane
1933 : Strictly Personal de Ralph Murphy
1933 : The World Gone Mad de Christy Cabanne
1933 : Diplomaniacs de William A. Seiter
1933 : La Soupe au canard (Duck Soup) de Leo McCarey
1934 : Les Amours de Cellini (The Affairs of Cellini) de Gregory La Cava
1934 : L'Homme aux deux visages (The Man with Two Faces) d’Archie Mayo
1934 : Le Comte de Monte-Cristo (The Count of Monte Cristo) de Rowland V. Lee
1934 : Un soir en scène (Sweet Adeline) de Mervyn LeRoy
1935 : The Arizonian de Charles Vidor
1935 : L'Évadée (Woman Wanted) de George B. Seitz
1935 : Les Derniers Jours de Pompéi (The Last Days of Pompeii) d’E. Schoedsack et M. Cooper
1936 : L'Enchanteresse (The Gorgeous Hussy) de Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper
1937 : Sa dernière carte (Her Husband Lies) d’Edward Ludwig
1937 : La Vie d’Emile Zola (The Life of Emile Zola) de William Dieterle
1938 : Règlement de comptes (Fast Company) d’Edward Buzzell
1939 : Juarez (Juarez) de William Dieterle
1939 : Un ange en tournée (5th Avenue Girl), de Gregory La Cava
1939 : Charlie McCarthy, Detective de Frank Tuttle
1940 : Cette femme est mienne (I Take This Woman) de W. S. Van Dyke
1940 : La Balle magique du Docteur Ehrlich (Dr. Ehrlich's Magic Bullet) de William Dieterle
1943 : Le ciel peut attendre (Heaven Can Wait) d’Ernst Lubitsch
1943 : Nobody's Darling d’Anthony Mann
1944 : The Bridge of San Luis Rey de Rowland V. Lee
1944 : Un fou s'en va-t-en guerre (Up in Arms) d’Elliott Nugent
1946 : Les Enchaînés (Notorious) d’Alfred Hitchcock
1948 : Arc de triomphe (Arch of Triumph) de Lewis Milestone
1949 : Le Poney rouge (The Red Pony) de Lewis Milestone
1949 : Le Danube rouge (The Red Danube) de George Sidney
1950 : The Magnificent Yankee de John Sturges
1950 : Voyage à Rio (Nancy goes to Rio) de Robert Z. Leonard
1950 : Annie, la reine du cirque (Annie Get Your Gun) de George Sidney
1950 : Quand la ville dort (The Asphalt Jungle) de John Huston
1950 : Ma vie à moi (A Life of Her Own) de George Cukor
1950 : La Porte du diable (Devil's Doorway) d’Anthony Mann
1950 : Les Heures tendres (Two Weeks with Love) de Roy Rowland
1951 : A Letter from a Soldier de Don Weis
1951 : It's a Big Country de Clarence Brown
1951 : The Man with a Cloak de Fletcher Markle
1952 : Invitation de Lawrence Weingarten
1952 : Washington Story de Robert Pirosh
1952 : Cinq mariages à l'essai (We're Not Married!) d’Edmund Goulding
1952 : Le Prisonnier de Zenda (The Prisoner of Zenda) de Richard Thorpe
1952 : Les Ensorcelés (The Bad and the Beautiful) de Vincente Minnelli
1953 : La Petite Constance (Confidentially Connie) d’Edward Buzzell
1953 : Drôle de meurtre (Remains to Be Seen) de Don Weis
1953 : Jules César (Julius Caesar) de Joseph L. Mankiewicz
1953 : Lune de miel au Brésil (Latin Lovers) de Mervyn LeRoy
1954 : Rhapsodie (Rhapsody) de Charles Vidor
1954 : La Tour des ambitieux (Executive Suite) de Robert Wise
1954 : Men of the Fighting Lady d’Andrew Marton
1954 : Le Prince étudiant (The Student Prince) de Richard Thorpe
1954 : Voyage au-delà des vivants (Betrayed) de Gottfried Reinhardt
1954 : Athena de Richard Thorpe
1955 : Graine de violence (Blackboard Jungle) de Richard Brooks
1955 : Le Fils prodigue (The Prodigal) de Richard Thorpe
1956 : Son ange gardien (Forever, Darling) d’Alexander Hall
1956 : Haute Société (High Society), de Charles Walters


Filmographie de Louis CALHERN
 
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