Joan BENNETT
 Actrice américaine
Joan Bennett a longtemps souffert de sa comparaison avec ses sœurs aînées. Avec cette blondeur et ces yeux pâles, son front court et son maintient maladroit, elle ne possède pas la grâce hautaine et altière de ses sœurs Constance et Barbara. Mais à force de persévérance, elle va elle aussi accéder au statut de star. Benjamine des trois filles du couple d’acteurs Richard Bennett et Adrienne Morrison, Joan Bennett voit le jour à Palissades Park dans le New Jersey le 27 Février 1910. Ses aînées Constance Bennett née en 1904 et Barbara en 1906 seront également actrice. Leurs ancêtres, l’actrice Rose Wood, et son mari Lewis Morrison ont superbement illustré le théâtre Shakespearien dans le Nouveau Monde. Marquant la tradition familiale, a petite Joan, blonde comme les blés fait sa première apparition au cinéma dès l’âge de six ans dans The valley of decision de Rea Berger aux côtés de son père et de ses sœurs. Le monde découvre ainsi la cinquième génération des comédiens Bennett.
L’ombre de ses sœurs
Joan vit à Londres lorsque sa sœur Constance devient l'artiste la mieux payée d'Hollywood. Elle vient d'épouser John Marion Fox en 1926 mais le temps de donner le jour à une petite Adrienne et le couple divorce en 1928. Joan fait quelques apparitions à la fin des années vingt dans Bulldog Drummond incarné par Ronald Colman, Disraeli avec George Arliss, La Dame de Cœur avec Joseph Schildkraut et Moby Dick de Lloyd Bacon avec John Barrymore. La charmante blonde possède un sens de l’humour qui semble faire défaut à son illustre sœur. Elle accède au vedettariat en 1933 avec le rôle d’Amy March dans Les quatre filles du docteur March de Mervyn Le Roy avec Katharine Hepburn, Jean Parker et Frances Dee. Joan est une actrice appréciée, idéale pour jouer les frêles héroïnes victimes et martyres mais avec un léger handicap, une voix exceptionnellement rauque. Cela ne l'empêche pas de donner la réplique aux stars masculines les plus importantes comme Henri Fonda dans Collège Mixte, Fredric March dans Trade Winds (pour lequel elle adopte une coiffure brune), Cary Grant dans Empreintes Digitales et Bonne Blague et Spencer Tracy dans Me and my Gal qui l’apprécie tout particulièrement. De 1932 à 1937, elle est mariée à l'acteur Gene Markey.
L’égérie de Fritz Lang
En 1940,Joan Bennet se retrouve au faîte de sa popularité. Elle épouse le producteur Walter Wanger et devient productrice dans la société créée par Constance avec l’aide de son mari Henri de la Falaise, la Bennett Pictures Co. Deux grands réalisateurs vont être les témoins de la maturité de l’actrice, Fritz Lang et Jean Renoir. Lang va en faire la partenaire de Walter Pidgeon dans Chasse à l’Homme, typique des aventures anti-nazis de l’auteur. Il lui offre ensuite le rôle d’Alice Reed dans La Femme au Portrait, version modernisée de L’Ange Bleu. Elle a pour partenaire Edward G. Robinson en vieux professeur subjugué par cette femme fatale et Dan Duryea en gigolo maître chanteur. La même équipe est reconduite pour un remake de La Chienne de Renoir, La Rue Rouge. Elle retrouve Fritz Lang en 1948 pour Le Secret derrière la Porte avec un saisissant Michael Redgrave aux portes de la folie. Elle aura moins de chance avec Jean Renoir sur le tournage de La Femme sur la Plage. Tourné sans conviction, victime de conflits d’intérêt, abandonné et mutilé par la RKO, ce mélodrame bancal n’a pour seul intérêt que les retrouvailles entre Joan et le cinéma européen.
La mère de la mariée
En 1950, Joan Bennett a quarante ans mais son talent et son élégance sont devenus légendaire. Très présente à la radio depuis les années trente en raison de son timbre de voix si particulier, elle est une des pionnières de la télévision avec des programmes animés par John Forsythe, Melvyn Douglas, Buster Keaton ou Don Ameche. Elle représente l'héroïne rêvée des romans pour dames de Somerset Maugham. Il ne manque à cette carrière le vent de folie et de scandale propre aux plus grandes personnalités de l’écran. Son époux, Walter Wanger tire et blesse Jennings Lang l’agent de la star en décembre 1951. Le mari jaloux soupçonne Joan d’avoir une liaison avec le séduisant agent. Bien que Joan Bennett dément vivement cette liaison, le fait divers nuit considérablement à la carrière de l'actrice. Assumant son âge, elle apparaît en mère de famille de grands enfants, Elizabeth Taylor et Russ Tamblyn, dans le chef d’œuvre de Vincente Minnelli Le père de la mariée où elle retrouve son cher Spencer Tracy. L'équipe se réunit pour la suite Allons donc, Papa ! en 1951. Elle devient très populaire à la télévision en interprétant le rôle principal de Elizabeth Stoddard dans Dark Shadows durant toute la série de 1966 à 1971. Elle tourne son dernier film en Italie, le fameux classique de l'horreur Suspiria de Dario Argento en 1977. Joan Bennett se remarie une dernière fois en 1978 avec l’éditeur David Wilde qu’elle laissera veuf. L’actrice décède d’une crise cardiaque dans sa fastueuse demeure de Scarsdale le 7 décembre 1990 à l’âge de quatre-vingts ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Fritz Lang
1916 : The Valley of Decision de Rae Berger
1923 : La Ville éternelle (The eternal City) de George Fitzmaurice
1928 : Power d’Howard Higgin
1928 : Lady Hamilton (The divine Lady) de Frank Lloyd
1929 : Capitaine Drummond (Bulldog Drummond) de F. Richard Jones
1929 : Three Live Ghosts de Thornton Freeland
1929 : Disraeli (Disraeli) d’Alfred E. Green
1929 : La Dame de cœur (The Mississippi Gambler) de Reginald Barker
1930 : Vertige (Puttin' on the Ritz) d’Edward Sloman
1930 : Crazy That Way de Hamilton MacFadden
1930 : Moby Dick (Moby Dick) de Lloyd Bacon
1930 : Maybe It's Love de William A. Wellman
1930 : Scotland Yard (Detective Clive Bart) de William K. Howard
1931 : Many a Slip de Lloyd Bacon
1931 : Doctors' Wives de Frank Borzage
1931 : Hush Money de Sidney Lanfield
1932 : Elle veut un Milliardaire (She Wanted a Millionaire) de John G. Blystone
1932 : Une Personne négligée (Careless Lady) de Kenneth MacKenna
1932 : Le Procès of Vivienne Ware (The Trial of Vivienne Ware) de William K. Howard
1932 : Week Ends Only d’Alan Crosland
1932 : Fille farouche (Wild Girl) de Raoul Walsh
1932 : Mon Amie et moi (Me and My Gal) de Raoul Walsh
1933 : Arizona to Broadway de James Tinling
1933 : Les Quatre Filles du docteur March (Little Women) de George Cukor
1934 : Cherchez votre Bonheur (The Pursuit of Happiness) d’Alexander Hall
1934 : L’Homme qui réclamait sa tête (The Man Who Reclaimed His Head) d’Edward Ludwig
1935 : Mondes privés (Private worlds) de Gregory LaCava
1935 : Mississippi (Mississippi) de Wesley Ruggles et Edward Sutherland
1935 : Two for tonight de Frank Tuttle
1935 : Gosse de riche (She Couldn't Take It) de Tay Garnett
1935 :The Man Who Broke the Bank at Monte Carlo de Stephen Roberts
1936 : Empreintes digitales (Big Brown Eyes) de Raoul Walsh
1936 : Treize Heures dans l’Air (Thirteen Hours by Air) de Mitchell Leisen
1936 : Le Billet fatal (Two in a Crowd) d’Alfred E. Green
1936 : Bonne blague (Wedding Present) de Richard Wallace
1937 : Vogues 38 (Vogues of 1938) d’Irving Cummings
1938 : Collège mixte (I Met My Love Again) de Joshua Logan & Arthur Ripley
1938 : La Ruée sauvage (The Texans) de James Patrick Hogan
1938 : Les Américains à Paris (Artists and Models Abroad) de Mitchell Leisen
1938 : La Femme aux cigarettes blondes (Trade Winds) de Tay Garnett
1939 : L'Homme au masque de fer (The Man in the Iron Mask) de James Whale
1939 : Le Roi des reporters (The Housekeeper's Daughter) de Hal Roach
1940 : L’Enfer vert (Green Hell) de James Whale
1940 : Destins dans la nuit (The House Across the Bay) d’Archie Mayo
1940 : The Man I Married d’Irving Pichel
1940 : Le Fils de Monte-Cristo (The Son of Monte Cristo) de Rowland V. Lee
1941 : She Knew All the Answers de Richard Wallace
1941 : Chasse à l'homme (Man hunt) de Fritz Lang
1941 : L'Appel du Nord (Wild Geese Calling), de John Brahm
1941 : Confirm or Deny d’Archie Mayo
1942 : The Wife Takes a Flyer (it) de Richard Wallace
1942 : Twin Beds de Tim Whelan
1942 : Girl Trouble d'Harold D. Schuster
1943 : Margin for Error d’Otto Preminger
1944 : La Femme au portrait (The Woman in the Window) de Fritz Lang
1945 : La Grande Dame et le Mauvais Garçon (Nob Hill) de Henry Hathaway
1945 : La Rue rouge (Scarlet Street) de Fritz Lang
1946 : Colonel Effingham's Raid de Irving Pichel
1947 : L'Affaire Macomber (The Macomber affair) de Zoltan Korda
1947 : La Femme sur la plage (The Woman on the Beach) de Jean Renoir
1948 : Le Secret derrière la porte (The Secret Beyond the Door) de Fritz Lang
1948 : Le Balafré (Hollow Triumph) de Steve Sekely
1949 : Les Désemparés (The Reckless moment) de Max Ophüls
1950 : Le Père de la mariée (Father of the Bride) de Vincente Minnelli
1950 : On va se faire sonner les cloches (For Heaven's Sake) de George Seaton
1951 : Allons donc, papa ! (Father's Little Dividend) de Vincente Minnelli
1951 : The Guy Who Came Back de Joseph M. Newman
1954 : La Tueuse de Las Vegas (Highway Dragnet) de Nathan Juran
1955 : La Cuisine des anges (We're no Angels) de Michael Curtiz
1955 : The Dark Fleece d’Allen Reisner (tv)
1956 : Demain est un autre jour (There's Always Tomorrow) de Douglas Sirk
1956 : Navy Wife de Edward Bernds
1960 : Desire in the Dust de William F. Claxton
1966 : Dark Shadows de Dan Curtis
1970 : La Fiancée du vampire (House of Dark Shadows) de Dan Curtis
1972 : Gidget Gets Married d’E. W. Swackhamer (tv)
1972 : The Eyes of Charles Sand de Reza Badiyi (tv)
1977 : Suspiria de Dario Argento
1978 : Suddenly, Love de Stuart Margolin (tv)
1981 : La Maison maudite (This House Possessed) de William Wiard (tv)
1982 : Divorce Wars: A Love Story de Donald Wrye (tv)


Filmographie de Joan BENNETT
 
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