Renée ADORÉE
 Actrice américaine d'origine française
Il y a dans l’histoire d’Hollywood des curieux destins avec ses ascensions fulgurantes et ses fins tragiques. Celui de Renée Adorée est de ceux-là. Petite française, enfant de la balle, débarquée par hasard à Hollywood après avoir séjourné en France, en Angleterre et en Russie va donner la réplique aux plus grands séducteurs du muet. Elle va connaître la gloire et l’abandon.
Une vie de saltimbanque
La légende veut que la petite Jeanne de la Fonte soit née sous un chapiteau à Lille, le 30 septembre 1898. Fille d’artistes de cirque elle se produit dès l’âge de cinq ans avec ses parents. Dans son adolescence, elle débute dans des productions scéniques mineures et chante même aux Folies Bergères. Elle entreprend une tournée à travers toute l’Europe qui la conduit en Russie où selon certaines sources, elle aurait tourné deux ou trois films, quand la Première Guerre mondiale éclate. Elle prend la fuite et se réfugie à Londres où elle se familiarise avec la langue de Shakespeare. De Londres, elle se rend à New York, où elle continue à travailler dans le théâtre jusqu’à ce que l’occasion se présente de se lancer dans l’entreprise cinématographique. En 1920, elle adopte le nom exotique Renée Adorée (une vraie renaissance et beaucoup d’amour) selon les studios. Elle apparaît dans The Strongest d’un certain Raoul Walsh. C’est à New York, la veille du Nouvel An 1921, qu’elle rencontre Tom Moore (1883-1955), qui était de quinze ans son aîné. Moore et ses frères étaient des acteurs hollywoodiens à succès. Six semaines après leur rencontre, le 12 Février 1921, Adorée épouse Moore dans son domicile de Beverly Hills, en Californie. Ils apparaissent ensemble dans Made in Heaven de Victor Schertzinger mais le mariage ne dure pas et en 1925, Adorée se remarie avec Sherman Gill.
La partenaire des grands séducteurs
Avec ses cheveux bruns ondulés et ses grands yeux clairs, elle ne tarde pas à accéder au vedettariat. En 1921, elle donne pour la première fois la réplique à son partenaire privilégié John Gilbert dans Honor First. C’est curieusement une des premières tentatives de sonorisation avec le procédé Vitaphone. Remarquée par King Vidor, elle est surtout célèbre pour son rôle de Mélisande dans le mélodrame épique La Grande Parade avec John Gilbert. Cette fresque guerrière est devenue l’un des plus grands succès de la MGM de tous les temps et les historiens n’hésitent pas à le classer comme l’un des meilleurs films du cinéma muet. Moins provocante que ces rivales Louise Brooks ou Clara Bow, elle affiche cependant une liberté et une modernité qui en font un des symboles sexuels de l’époque. Dans The Matting Call (L’Infidèle) en 1928, un film de James Cruze produit par Howard Hughes, Adorée fait une brève apparition nautique dans le plus simple appareil, ce qui cause un petit scandale dans l’Amérique pudibonde de la fin des années vingt. Avec une série de chefs-d’œuvre de King Vidor, Tod Browning ou Allan Dwan, elle asseoit sa popularité et construit sa fortune. Elle donne par deux fois la réplique à Lon Chaney dans L’Oiseau noir aux côtés de son ancien beau-frère Owen Moore et Mr Wu de William Nigh. Mais c’est surtout comme partenaire de John Gilbert dans La Bohème ou de Ramon Novarro dans Chanson Païenne qu’elle va faire sensation.
Vaincue par le parlant et la maladie
À la fin de 1930, Renée Adorée est apparue dans quarante-cinq films, dont les quatre derniers parlant. Cette année, elle a été diagnostiquée avec la tuberculose. Contre l’avis de son médecin, elle termine L’Appel de la Chair, rebaptisé Le Chanteur de Séville où elle retrouve Ramon Novarro. Dès ce dernier film terminé, elle est transportée dans un sanatorium à Prescott, en Arizona, où elle est contrainte de demeurer à plat sur le dos pendant deux ans sans un effort afin de retrouver sa santé physique. En avril 1933, elle a quitté le sanatorium. À ce stade, on pensait qu’elle avait suffisamment récupéré ses facultés pour reprendre sa carrière à l’écran, mais, rapidement affaiblie, elle voit sa santé décliner de jour en jour. En septembre 1933, elle est transportée de sa modeste maison de Tujunga Hills en Californie à Sunland, une station thermale. Elle meurt quelques jours après son 35e anniversaire à Tujunga, le 5 octobre 1933. Renée Adorée laisse une fortune phénoménale mais n’ayant pas eu d’enfants, la seule héritière est sa mère, qui vit en Angleterre. Aucun testament n’a été trouvé. Oubliée comme la plupart des stars du muet, elle demeure dans les mémoires grâce à sa Grande Parade et ses apparitions auprès de l’extravagant Lon Chaney.


FILMOGRAPHIE :

Avec King Vidor
et John Gilbert
1918 : Five hundred pounds reward de Claude Fleming
1919 : The Strongest de Raoul Walsh
1921 : Made in Heaven de Victor Schertzinger
1921 : A self-made man de Rowland V. Lee
1922 : West of Chicago de Scott R. Dunlap & C.R. Wallace
1922 : Honor first de Jerome Storm
1922 : Monte Cristo (the count of Monte Cristo) d’Emmett J. Flynn
1922 : Mixed faces de Rowland V. Lee
1922 : Grandeur et décadence (Daydreams) d’Edward F. Cline & Buster Keaton
1923 : The Six-fifty de Nat Ross
1923 : L’éternel Combat (The eternal struggle) de Reginald Barker
1924 : Women who give de Reginald Barker
1924 : A man’s mate d’Edmund Mortimer
1924 : Defying the law de Bertram Bracken
1924 : The Bandolero de Tom Terriss
1925 : Le Train de 6 heures 39 (Excuse me) d’Alfred J. Goulding
1925 : Man and maid de Victor Schertzinger
1925 : Nuits parisiennes (Parisian nights) d’Alfred Santell
1925 : La grande Parade (The big Parade) de King Vidor
1925 : Chassé-croisé (Exchange of wives) d’Hobart Henley
1925 : L’Oiseau noir (The Blackbird) de Tod Browning
1925 : La Bohême (La Boheme) de King Vidor
1926 : Escape (Exquisite sinner) de Josef von Sternberg & Phil Rosen
1926 : Blarney de Marcel De Sano
1926 : Les Dieux de bronze Ttin gods) d’Allan Dwan
1926 : The flaming Forest de Reginald Barker
1927 : La Morsure (The Show) de Tod Browning
1927 : Le Paradis sur terre (Heaven on Earth) de Phil Rosen
1927 : Monsieur Wu (Mr. Wu) de William Nigh
1927 : On ze boulevard d’Harry F. Millarde
1927 : Sur la Piste blanche (Back to God’s Country) d’Irvin Willat
1928 : Un certain jeune Homme (A certain young man) d’Hobart Henley
1928 : Le suprême Rendez-vous (Forbidden Hours) d’Harry Beaumont
1928 : Les Cosaques (The Cossacks) de George W. Hill
1928 : L’Infidèle Tthe mating Call) de James Cruze
1928 : Mirages (Show People) de King Vidor
1928 : Tragédie foraine (The Spieler) de Tay Garnett
1928 : The Michigan Kid d’Irvin Willat
1929 : La Naissance d’un Empire (Tide of Empire) d’Allan Dwan
1929 : His glorious night de Lionel Barrymore
1929 : Chanson païenne (The Pagan) de W.S. Van Dyke
1929 : Hollywood chante et danse (the Hollywood revue of 1929) de Charles F. Reisner
1930 : Rédemption (Redemption) de Fred Niblo
1930 : Le Chanteur de Séville (Call of the flesh) de Charles Brabin


Filmographie de Renée ADORÉE
 
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