Danièle Ciarlet est née le 29 novembre 1943 à Blida en Algérie. Surnommée Zouzou dès l’enfance en raison de son zézaiement, elle devient une adolescente brillante mais indisciplinée, changeant de lycée fréquemment, ce qui ne l’empêche pas d’obtenir son baccalauréat à l’âge de 13 ans et demi. Elle est élevée après le départ de son père peu après sa naissance, par sa mère, femme de ménage puis fonctionnaire. Elle se destine à des métiers artistiques et suit des cours d’arts plastique à l’académie Charpentier à Montparnasse.
Ex-fan des sixties
Elle fréquente les boîtes à la mode entre Bastille et République et le drugstore des Champs-Élysées. Déjà à 18 ans, celle que la presse surnomme la Twisteuse représente la femme libérée, militante sur les barricades de mai 68. Elle fait du mannequinat dans l’agence de Catherine Harlé et fait quelques apparitions au cinéma dans Le Feu follet, une scène coupée au montage, Hitler connais pas de Bertrand Blier, suite d’interventions d’inconnus en gros plan ou Comme un poisson dans l’eau d’André Michel. Elle se rend à Londres où elle exerce professionnellement comme mannequin, fréquente les milieux branchés du Swinging London et les rock-stars comme Brian Jones qu'elle quitte « pour ne pas sombrer », Mick Jaeger, Jim Morrison, Jimmy Hendrix, Keith Moon et Marianne Faithfull. Elle enregistre plusieurs chansons dont trois composées par Jacques Dutronc comme Il est parti comme il était venu et Young Girl Blues écrite pour elle par Donovan.
Le cinéma de Garrel et de Rohmer
Elle prend réellement sa carrière d’actrice au sérieux quand elle rencontre en 1968 Philippe Garrel, réalisateur et partenaire de Marie pour mémoire où elle compose un couple romantique témoin des traumatismes de la nouvelle génération avec Didier Léon prénommé Jésus. Elle retrouve le cinéaste pour des essais poétiques comme La Concentration où elle se retrouve enfermée dans un appartement avec Jean-Pierre Léaud et Le Lit de la Vierge, variation singulière de l’Évangile avec Pierre Clémenti et Valérie Lagrange. Elle obtient son plus gros succès avec L’Amour l’après-midi qui clôture le cycle des Six contes moraux d’Éric Rohmer. Elle n’est pas une héroïne rohmérienne au sens propre mais campe avec sensualité une jeune femme fantasque et tentatrice qui trouble l’homme d’affaires incarné par Bernard Verley. Ce coup de projecteur lui ouvre une carrière internationale. Elle tourne Les ‘S’ Pions d’Irvin Kershner avec Donald Sutherland, La dernière Femme de Marco Ferreri avec Ornella Muti et Gérard Depardieu, Les Apprentis sorciers de l’exilé argentin Edgardo Cozarinsky et Opération Delta de Douglas Hickox avec James Coburn. Elle continue à jouer les femmes libérées dans Lily aime-moi avec Patrick Dewaere et Rufus, Les Lolos de Lola avec Jean-Pierre Léaud et fait quelques apparitions dans des téléfilms comme Hôtel Métropole, Rendez-vous en noir, Histoires de voyous, la belle affaire.
Les excès et la disparition
En 1978, elle quitte Paris pour s’installer pendant sept ans à Saint-Barth aux Antilles. Elle revient en France pour s’occuper de sa mère mais dépendante de la drogue et notamment de l’héroïne, elle plonge dans un enfer qui lui vaut des périodes d’emprisonnement à Fleury Mérogis entre 1992 et 1994. Après des années de galère, Zouzou connaît un regain d’intérêt grâce à Gérard Courant et des documentaires comme Zouzou, l’héroïne ou Zouzou à Saint-Denis. Une rétrospective de sa filmographie est organisée en 2004 au centre Georges-Pompidou et l’actrice publie son autobiographie sous le titre Jusqu’à l’Aube. Elle profite de ce renouveau pour réenregistrer ses albums et livrer deux chansons inédites écrites par Boris Bergman et Hubert-Félix Thiéfaine et pour se produire avec des nouveaux artistes de la scène française. Zouzou s’est toujours considérée comme une survivante avec sa copine Marianne Faithful et a toujours détesté la célébrité disant : « être une vedette, c’est très agressif quand on n’y est pas préparé ». Avec ses excès et sa vie tumultueuse, Zouzou aura croqué la vie à pleine dents.
FILMOGRAPHIE :
Avec Jacques Dutronc
1962 : Comme un poisson dans l'eau d’André Michel
1963 : Hitler, connais pas de Bertrand Blier
1966 : La Pomme ou l’histoire d’une histoire de Charles Matton (cm)
1966 : L’Or et le Plomb d’Alain Cuniot
1966 : Les Sultans de Jean Delannoy
1967 : Le Désordre à vingt ans de Jacques Baratier
1968 : Marie pour mémoire de Philippe Garrel
1968 : Jojo ne veut pas montrer ses pieds de Dennis Berry (cm)
1968 : La Concentration de Philippe Garrel
1968 : Home Movie autour du Lit de la vierge de Frédéric Pardo
1970 : Le Lit de la Vierge de Philippe Garrel
1971 : La Famille d’Yvan Lagrange
1972 : Le Boxeur de Dennis Berry (cm)
1972 : Renaissance d’Yvan Lagrange (cm)
1972 : L'Amour l'après-midi d’Éric Rohmer
1974 : Les 'S' Pions (S*P*Y*S*) d’Irvin Kershner
1974 : Processo per diretissima de Lucio De Caro
1975 : Lily aime-moi de Maurice Dugowson
1975 : L'important c'est d’aimer d’Andrzej Zulawski (rôle coupé)
1976 : Shades of Greene de Peter Hammond (tv)
1976 : La Dernière Femme (L’ultima donna) de Marco Ferreri
1976 : Les Lolos de Lola de Bernard Dubois
1976 : Hôtel Baltimore d’Arcady et Dirk Sanders (tv)
1977 : Les Apprentis Sorciers d’Edgardo Cozarinsky
1977 : Intervention Delta (Sky Riders) de Douglas Hickox
1977 : Rendez-vous en noir de Claude Grinberg (tv)
1978 : Médecins de nuit, « Christophe » de Philippe Lefebvre (tv)
1978 : Le Bleu des origines de Philippe Garrel
1979 : Histoires de voyous, La Belle affaire de Pierre Arago (tv)
1980 : Certaines nouvelles de Jacques Davila
1987 : Qui c'est ce garçon ? de Nadine Trintignant (tv)
1987 : La Tricheuse de Joyce Buñuel (tv)
1995 : Les Anges Gardiens de Jean-Marie Poiré
1999 : Zanzibar à Saint-Sulpice de Gérard Courant (cm)
2003 : Signe d’hiver de Jean-Claude Moireau (cm)
Filmographie de ZOUZOU