Jean YONNEL
 Acteur et metteur en scène français
Jean Yonnel a fait ses premiers pas au théâtre sous l’égide de Sarah Bernhardt pour terminer grand premier rôle à la Comédie Française. L’écran, en revanche, s’accommode mal d’une diction volontairement emphatique et de nobles attitudes trop compassées.
Jean-Estève Schachmann dit Jean Yonnel, est né le 8 juillet 1891 à Bucarest. D'origine de la minorité allemande de Roumanie, il est le fils d’un émigré devenu interne des hôpitaux à Paris. Pour faire plaisir à ses parents, il décroche des diplômes en physique, chimie et biologie avant de s’orienter vers sa passion, le théâtre. Le jeune Jean entre au Conservatoire en 1911 dans la classe de Leitner, après avoir joué une revue au Cluny. L’année suivante, il fait sa première apparition au cinéma dans Toinon la Reine, un petit film d’Henri Fescourt. Il sort du Conservatoire en 1914 avec un premier prix de tragédie en Oreste dans Andromaque et un premier accessit de comédie en Alceste dans Le Misanthrope.
Grande carrière à la Comédie-Française
Rappelé en Roumanie au début de la guerre, Jean Yonnel revient à Paris au bout d’un an. Il est l’interprète d’Abel Gance dans Strass et Compagnie et de Roger Lion dans Les Lois du Monde. En 1916, il entre à l’Odéon où il joue Chatterton, Néron de Britannicus, Hippolyte de Phèdre. À la fin de 1916, il s’engage dans la Légion étrangère. Blessé, il est évacué en 1918 et reprend ses activités à l’Odéon avec Sarah Bernhardt dans La jeune fille aux joues roses ou Daniel et Mounet-Sully. Il partage l’affiche avec Musidora dans La Flamme cachée. En 1922, il incarne le Diable dans La dernière nuit de Don Juan de Rostand et occupe le rôle de D’Artagnan dans Vingt ans après d’Henri Diamant-Berger, succédant à Aimé Simon-Girard qui avait joué le rôle dans Les Trois Mousquetaires. Mais Jean Yonnel ne devient pas une vedette du cinéma muet pour autant. L’acteur ne brille pas par sa sobriété comme en atteste Jack où il incarne le poète D’Argennon. Il abandonne le cinéma pour effectuer sa carrière à la Comédie Français où il incarne un remarquable Rodrigue dans Le Cid, la critique soulignant son ardent lyrisme. À la Comédie-Française, Jean Yonnel joue les jeunes premiers tragiques et romantiques. Il devient l'interprète favori d'Henry de Montherlant dont il crée le rôle du roi Ferrante dans La Reine morte.
Un acteur emphatique et compassé
Le cinéma parlant est clément avec Jean Yonnel et lui procure des rôles à sa hauteur dans Koenigsmark de Maurice Tourneur, L’Appel du Silence où il est un impressionnant Charles de Foucauld, Amok d’après Stefan Zweig où il campe le médecin alcoolique Holk auprès de Marcelle Chantal, Les Nuits blanches de Saint Pétersbourg de Jean Dréville d’après Tolstoi où il joue un débauché qui séduit l’épouse de l’ami qui l’avait recueilli. Mais privilégiant le théâtre et boudé par la critique en raison de son style emphatique, Jean Yonnel voit ses apparitions au cinéma plus espacées et ses rôles devenus plus minces. Tout juste le voit-on en abbé dans Procès au Vatican, en prince de Moussy dans Le Capitaine Fracasse avec Jean Marais, et en aristocrate désargenté, père de Bourvil dans Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky. Il tourne également une adaptation de La Reine morte réalisée par Lazare Iglezis et une dernière fresque d’Abel Gance, Valmy ou la naissance de la République.
Professeur de conservatoire
Nommé professeur au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, il perpétuera de 1947 à 1962 la grande tradition classique jouant Molière (Don Juan), Victor Hugo (Hernani, Ruy Blas), Racine (Mithridate), Corneille (Nicomède, Horace) mais aussi des auteurs contemporains comme Paul Claudel (L’Otage) ou André Gide (Les Caves du Vatican). Jean Yonnel avait épousé en 1929 mademoiselle Bedin d’Aubinay, puis le 12 mars 1945 Marguerite Champion. Jean Yonnel est décédé à l'âge de 77 ans, le 17 août 1968 à Beynes dans les Yvelines. Il est enterré au cimetière communal des Lilas.


FILMOGRAPHIE :

Avec Renée Faure
dans La Reine Morte
1913 : Le Crime enseveli d’Henri Fescourt (cm)
1915 : Strass et Compagnie d’Abel Gance
1917 : Les lois du monde de Roger Lion
1918 : La flamme cachée de Roger Lion
1922 : Vingt ans après de Henri Diamant-Berger
1925 : Jack de Robert Saidreau
1933 : Obsession ou L'Homme mystérieux de Maurice Tourneur
1934 : Fanatisme de Gaston Ravel
1934 : Amok de Fédor Ozep
1935 : Un soir à la Comédie-Française de Léonce Perret
1935 : Kœnigsmark de Maurice Tourneur
1936 : L'Appel du silence de Léon Poirier
1937 : Boissière de Fernand Rivers
1937 : Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg de Jean Dréville
1938 : La Tragédie impériale de Marcel L'Herbier
1939 : Les Trois Tambours (Vive la Nation) de Maurice de Canonge
1945 : La Part de l'ombre de Jean Delannoy
1945 : Mission spéciale de Maurice de Canonge
1947 : Les Requins de Gibraltar d’Emil-Edwin Reinert
1950 : Le Grand Rendez-vous de Jean Dréville
1951 : Procès au Vatican d’André Haguet
1953 : Jep le Traboucaire de Jean Faurez ( inachevé)
1955 : Marianne de ma jeunesse de Julien Duvivier
1955 : Marianne de ma jeunesse (Marianne meine jugendliebe) de Julien Duvivier
1961 : Le Capitaine Fracasse de Pierre Gaspard-Huit
1961 : La Reine morte de Lazare Iglesis (tv)
1963 : Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky
1966 : La Femme de l’Aube (La dama del alba) de Francisco Rovira Beleta
1967 : Valmy ou la naissance de la République d’Abel Gance (tv)


Filmographie de Jean YONNEL
 
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