Jean YANNE
 Acteur et réalisateur français
Jean Yanne s’est inventé un personnage de râleur impertinent et sarcastique qui va l’amener du cabaret à la radio, puis à la télévision et au cinéma comme acteur et réalisateur. Une carrière qui en fait un artiste unique à ne pas prendre avec des pincettes. De son vrai nom Jean Gouyé, Jean Yanne voit le jour le 18 juillet 1933 aux Lilas, dans la banlieue nord-est de Paris. Son père ouvrier connaîtra le Front Populaire, le chômage et la captivité par les Allemands en 1939. Le jeune Jean fait des études au lycée Chaptal et intègre le Centre de Formation des Journalistes où il se signale pour ses talents d’amuseur provocateur.
Le goût de la provocation
Il fait son service militaire en Algérie peu avant les événements. À son retour, il se produit dans des cabarets comme le Vert-Baudet en tandem avec Bob Dupac. Il fait du journalisme et devient animateur à la radio aux côtés de Gérard Sire où son esprit caustique fait merveille. Il compose des textes pour Roger Pierre et Jean-Marc Thibbaut et des chansons à l’orgue ou au piano pour Philippe Clay (La chanson de Clopin, La Gamberge), Annie Cordy (Au grand bal des amours), Fernand Raynaud (Et v’lan passe-moi l’éponge)ou Ginette Garcin (Dans les bras de Jésus, Paris t’es dégueulasse).
Des grands rôles ambigus
Au cinéma où il avait fait quelques figurations dans les années cinquante, il débute dans La vie à l’envers d’Alain Jessua avec Charles Denner. Il joue les seconds rôles bourrus dans des comédies comme Jaloux comme un tigre ou Monnaie de singe et des films d’espionnage comme Le Saint prend l’affût de Christian-Jaque avec Jean Marais. Il campe un savoureux déménageur dans l'épisode pilote des Saintes Chéries. Il intéresse les jeunes réalisateurs de la nouvelle vague comme Claude de Givray pour L’Amour à la chaîne, Claude Chabrol pour La Ligne de démarcation ou Jean-Luc Godard pour Week-end avec Mireille Darc. Auteur de bandes dessinées (Ça fait des bulles avec Siné, La Langouste ne passera pas avec Tito Topin), animateur de radio champion du liencenciement, il anime en 1964 l’émission 1=3 avec Jacques Martin qui le fait connaître mais aussi rapidement viré pour impertinence. Il trouve enfin des rôles de premier plan au cinéma à la fin des années soixante grâce à Claude Chabrol qui en fait le meurtrier accidentel d’un gamin dans Que la bête meure et surtout Popaul, affable mais meurtrier de femmes dans Le boucher. Maurice Pialat en fait son double en lui confiant le rôle de Jean dans Nous ne vieillirons pas ensemble, adapté de son roman autobiographique. Il y connaît une relation difficile avec sa maîtresse jouée par Marlène Jobert. Les rapports entre Jean Yanne et Maurice Pialat sont excecrables et l’acteur refuse le prix d’interprétation que lui attribue le festival de Cannes.
Réalisateur franc_tireur
Jean Yanne décide de passer à la réalisation en écrivant des scénarios inspirés par ses propres expériences et donne un regard sarcastique du monde de la radio dans Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, du monde syndical dans Moi y’en a vouloir des sous, du show-business dans Chobizeness, de l’occupation en projetant une invasion chinoise dans Les Chinois à Paris, des jeux télévisés dans Je te tiens tu me tiens par la barbichette, rythmé par des tubes disco pour finir par la parodie historique basé sur les anachronismes comme Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ avec Coluche et Liberté, égalité, choucroute. Il s’est constitué une véritable troupe de comédiens avec Bernard Blier, Michel Serrault, Jacques François, les frères Ennemis, Daniel Prévost et les actrices de sa vie, Nicole Calfan et Mimi Coutelier. Après un séjour aux Etats-Unis, Jean Yanne tourne avec les réalisateurs les plus divers comme Yves Robert dans Le bal des casse-pieds, Michel Deville dans Le Paltoquet, Claude Lelouch dans Attention bandits, Claude Zidi dans Profil bas ou Régis Wargnier dans Indochine. Il endosse le rôle de Pierre Laval, ministre du Maréchal Pétain incarné magistralement Jacques Dufilho dans Pétain de Jean Marboeuf. On retrouve l’acteur en Simon dans Regarde les Hommes tomber de Jacques Audiard, Julius le père indigne d’Enfants de Salaud de Tony Marshall, Louis Goezman dans Beaumarchais l’insolent d’Édouard Molinaro ou le comte de Morangias dans Le Pacte des Loups de Christophe Gans. Il devient le modèle de jeunes acteurs comme Guillaume Canet dans Je règle mon pas sur le pas de mon père, Stanislas Merhar dans Adolph ou Titoff dans Gomez et Tavarès, son dernier rôle au cinéma. L’acteur brille également à la télévision avec L’enfant des terres blondes d’après un roman de Christian Signol, Le Champ Dolent d’Hervé Baslé ou Les Thibault, la célèbre saga familiale de Roger Martin du Gard réalisée par Jean-Daniel Verhaeghe.
Un homme à femmes
Jean Yanne a été marié à Jacqueline Allard de 1960 à son décès en 1971 pendant le tournage de Nous ne vieillirons pas ensemble. Il a un fils Thomas avec Sophie Garel et devient le compagnon de Nicole Calfan et Mimi Coutelier. Il connaît à nouveau la paternité à 58 ans avec Christianne Fugger von Babenhausen, une aristocrate allemande qui met au monde Jean-Christophe en 1991. Jean Yanne décède d’une crise cardiaque dans sa propriété champenoise de Morsains, le 23 mai 2003. Auteur de recueils humoristiques comme J’me marre ou On n’arrête pas la connerie, il aura gardé toute sa vie cette esprit libertaire qui en fait une personnalité unique dans le panorama artistique de son époque.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean Marbœuf
et Jacques Dufilho
1952 : Nez cuir d’Yves Allégret (figuration)
1952 : Il est minuit, Docteur Schweitzer d’André Haguet (figuration)
1952 : Le Chemin de Damas de Max Glass (figuration)
1955 : Les Carnets du major Thompson de Preston Sturges (figuration)
1963 : La Femme spectacle de Claude Lelouch
1964 : La Vie à l'envers d’Alain Jessua
1964 : Jaloux comme un tigre de Darry Cowl
1965 : L'Amour à la chaîne de Claude de Givray
1965 : Dis-moi qui tuer d’Étienne Périer
1966 : Monnaie de singe d’Yves Robert
1966 : Le Saint prend l'affût de Christian-Jaque
1966 : La Ligne de démarcation de Claude Chabrol
1966 : Le vicomte règle ses comptes de Maurice Cloche
1967 : Bang-Bang de Serge Piolet
1967 : Week-end de Jean-Luc Godard
1967 : Ces messieurs de la famille de Raoul André
1968 : Erotissimo de Gérard Pirès
1968 : Un drôle de colonel de Jean Girault
1969 : Que la bête meure de Claude Chabrol
1970 : Le Boucher de Claude Chabrol
1970 : Fantasia chez les ploucs de Gérard Pirès
1970 : Êtes-vous fiancée à un marin grec ou à un pilote de ligne ? de Jean Aurel
1971 : Laisse aller, c'est une valse de Georges Lautner
1971 : Le Saut de l'ange d’Yves Boisset
1972 : Nous ne vieillirons pas ensemble de Maurice Pialat
1972 : Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil de Jean Yanne
1973 : Moi y'en a vouloir des sous de Jean Yanne
1974 : Les Chinois à Paris de Jean Yanne
1975 : Chobizenesse de Jean Yanne
1976 : Armaguedon d’Alain Jessua
1977 : L'Imprécateur de Jean-Louis Bertuccelli
1977 : Moi, fleur bleue d’Éric Le Hung
1978 : La Raison d’État d’André Cayatte
1979 : Je te tiens tu me tiens par la barbichette de Jean Yanne
1980 : Asphalte de Denis Amar
1981 : Une journée en taxi de Robert Ménard
1982 : Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ de Jean Yanne
1983 : Hanna K. de Costa-Gavras
1983 : Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré
1984 : Liberté, égalité, choucroute de Jean Yanne
1985 : Le téléphone sonne toujours deux fois !! de Jean-Pierre Vergne
1985 : Gauguin, le loup dans le soleil d’Henning Carlsen
1986 : Le Paltoquet de Michel Deville
1986 : Attention bandits ! de Claude Lelouch
1987 : Cayenne Palace d’Alain Maline
1987 : Fucking Fernand de Gérard Mordillat
1988 : Passe-passe (Quicker than the eye) de Nicolas Gessner
1991 : Madame Bovary de Claude Chabrol
1991 : Le Bal des casse-pieds d’Yves Robert
1991 : Indochine de Régis Wargnier
1991 : Les Secrets professionnels du Dr Apfelglück d’Hervé Palud
1992 : La Légende de Jérôme Diamant-Berger
1992 : La Sévillane de Jean-Philippe Toussaint
1993 : Pétain de Jean Marbœuf
1993 : Profil bas de Claude Zidi
1993 : Chacun pour toi de Jean-Michel Ribes
1993 : Fausto de Rémy Duchemin
1994 : Regarde les hommes tomber de Jacques Audiard
1995 : Victory de Mark Peploe
1995 : Des nouvelles du bon Dieu de Didier Le Pêcheur
1995 : Le Hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau
1996 : Beaumarchais, l'insolent d’Édouard Molinaro
1996 : Désiré de Bernard Murat
1996 : Enfants de salaud de Tonie Marshall
1996 : Mo' d’Yves-Noël François
1996 : Fallait pas !... de Gérard Jugnot
1996 : Un complot de saltimbanques de Jean Labib
1997 : Tenue correcte exigée de Philippe Lioret
1997 : La Dame du jeu d’Anna Brasi
1998 : Le Radeau de la Méduse d’Iradj Azimi
1999 : Hygiène de l'assassin de François Ruggieri
1999 : Je règle mon pas sur le pas de mon père de Rémi Waterhouse
1999 : Belle Maman de Gabriel Aghion
2000 : Les Acteurs de Bertrand Blier
2001 : Le Pacte des loups de Christophe Gans
2001 : Vertiges de l'amour de Laurent Chouchan
2002 : Adolphe de Benoît Jacquot
2002 : Petites Coupures de Pascal Bonitzer
2002 : Tamango de Jean Roke Patoudem
2003 : Gomez et Tavarès de Gilles Paquet-Brenner

Télévision :
1965 : Les Saintes chéries de Jean Becker
1964 : Le Commandant Watrin de Jacques Rutman
1967 : Deux Romains en Gaule de Pierre Tchernia
1967 : Max le débonnaire série d’Yves Allégret et Jacques Deray
1967 : Le Lapin de Noël de Roland Topor
1993 : L'Affaire Seznec d’Yves Boisset
1993 : Au beau rivage de Serge Korber
1993 : Le Ciel pour témoin de Denis Amar
1994 : Maigret et l'Écluse numéro 1 d’Olivier Schatzky
1994 : Ils n'ont pas vingt ans de Charlotte Brändström
1995 : L'Amour en prime de Patrick Volson
1995 : Le Cheval de cœur de Charlotte Brändström
1996 : L'Année du certif de Jacques Renard
1996 : Balade en ville de Marc Angelo
1997 : La Fine Équipe d’Yves Boisset
1997 : La Belle vie de Gérard Marx
1998 : L'Enfant des terres blondes d’Édouard Niermans
1998 : Jamais sans toi de Daniel Janneau
2000 : Les Déracinés de Jacques Renard
2001 : Le Temps perdu de Frédéric Roullier-Gall
2002 : Le Champ Dolent, le roman de la Terre d’Hervé Baslé
2003 : Une preuve d’amour de Bernard Stora
2003 : Les Thibault de Jean-Daniel Verhaeghe


Filmographie de Jean YANNE
 
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