Edmond VAN DAËLE
 Acteur et réalisateur français
Edmond Van Daele a été une des figures phares du cinéma muet des années vingt. Son jeu caractérisé par une sorte d’impassibilité traversée de frémissements l’a poussé au sommet avec un mémorable et énigmatique Robespierre dans le Napoléon de Gance.
C’est à Paris qu’Edmond Minckwitz dit Van Daële voit le jour le 11 août 1884. Fils d’émigrants d’origine polonaise, il est très tôt attiré par le métier de comédien. Sans passer par le Conservatoire, il est engagé par Firmin Gémier, directeur du théâtre Antoine pour une tournée d'un an sans interruption dans Sherlock Holmes auprès d’Harry Baur et Yvonne de Bray. Juste avant le premier conflit mondial, Edmond Van Daële se produit dans Antoine et Cléopâtre et Procureur Hallers mais aussi au théâtre Albert Ier et au Nouveau Théâtre Libre. C’est donc un comédien très expérimenté qui débute à l’écran en 1915 dans Pendant la Bataille d’Henry Krauss. L’acteur s’intéresse si fortement à l’art nouveau qu’il écrit, réalise et interprète dès l’année suivante La Lumière du Cœur, mais l’expérience est décevante et ne se renouvellera pas.
Des personnages tourmentés
Il acquiert une grande popularité, comparé pour son regard clair au héros de westerns William H. Hart. Mais Edmond Van Daële n’a rien d’un aventurier et c’est dans un tout autre registre qu’il va s’illustrer. Les réalisateurs le voient plutôt en tourmenté permanent et campe ainsi un nihiliste fou dans La Croisade de René Le Somptier, un viveur ruiné dans Narayana de Léon Poirier, un peintre halluciné dans Le Destin rouge de Franz Toussaint, un employé modeste qui sort de ses gonds dans Pour une Nuit d’amour de Yakov Protozanov. Ce parti pris l’encourage souvent à dépasser les limites du raisonnable comme le braconnier de La Bête traquée de René Le Somptier et Michel Carré ou le riche fermier dans Un Cri dans l’Abîme de Renée Carl. Mais Edmond Van Daële sait aussi gommer toute théâtralité pour offrir des compositions remarquables. Il campe avec une sobriété granitique le matelot de Fièvre de Louis Delluc, le notaire dans Les Roquevillard de Julien Duvivier, le robuste paysan au regard pur dans Nène de Jacques de Baroncelli ou le jeune révolutionnaire de L’Agonie de Jérusalem de Julien Duvivier mais peut aussi changer de registre pour devenir le mémorable voyou de Cœur fidèle de Jean Epstein avec Gina Manès, le minéral Robespierre dans Napoléon d’Abel Gance, l’ambigu Fouché dans Madame Récamier de Gaston Ravel et Tony Lekain ou le majestueux professeur de médecine de Six et demi onze de Jean Epstein. Il se rend en Allemagne pour incarner Louis XVI auprès de Suzanne Bianchetti en Marie-Antoinette dans Cagliostro de Richard Oswald pour son dernier film muet.
Un passage difficile au parlant
Cet acteur polymorphe de bonne trempe convient mieux au cinéma muet qu’au parlant qui fait son apparition au début des années trente. Aussi, il ne lui est donné que peu d’occasions de démontrer son savoir-faire. Il campe Bénito, un pêcheur espagnol dans Maison de Danses de Maurice Tourneur auprès de Gaby Morlay et Charles Vanel, Robert Darzac dans le diptyque Le Mystère de la Chambre jaune et Le Parfum de la Dame en noir de Marcel L’Herbier d’après Gaston Leroux, le père Joseph dans Les Trois Mousquetaires, le contremaître dans Le Tunnel auprès de Jean Gabin qu’il retrouve dans Maria Chapdelaine où il joue un médecin. Il resurgit sous l’apparence d’un graveur dans Adieu Léonard de Pierre Prévert parmi de multiples petits métiers et termine sa carrière comme bedeau dans Envoi de Fleurs dont la vedette est tenue par Tino Rossi. Veuf de Marie Leprout, il s’installe dans le petit village de Grez-Neuville dans le Maine-et-Loire. C’est là qu’Edmond Van Daële s’éteint le 11 mars 1960 à l’âge de 75 ans, dans l’indifférence générale. Mais les multiples rediffusions du Napoléon de Gance et les restaurations des copies des films de Delluc et de Cœur fidèle redonnent son importance à cet extraordinaire et puissant comédien.


FILMOGRAPHIE :

Avec Gina Manès
1915 : Pendant la bataille d’Henry Krauss
1915 : Le secret du vieux moulin (auteur inconnu)
1916 : Son fils de Georges Denola
1916 : La lumière du cœur d’Edmond Van Daële
1917 : La chimère de Lucien Lehmann
1919 : Âmes d’Orient de Léon Poirier
1919 : Le fils de Monsieur Ledoux d’Henry Krauss
1919 : La croisade de René Le Somptier
1920 : La Terre commande d’André Bergeron
1920 : Narayana de Léon Poirier
1920 : La montée vers l’Acropole de René Le Somptier
1920 : Âmes siciliennes de Raoul d’Auchy
1921 : Fièvre de Louis Delluc
1921 : Destin rouge de Frantz-Toussaint
1921 : Pour une nuit d’amour de Yakovob Protozanov
1921 : Un cri dans l’abîme de Renée Carl
1922 : La bête traquée de René Le Somptier et Michel Carré
1922 : L’ombre du péché de Yakov Protazanov
1922 : Les Roquevillard de Julien Duvivier
1923 : Le chemin vers l’abîme d’Adrien Caillard
1923 : Cœur fidèle de Jean Epstein
1923 : Nène de Jacques de Baroncelli
1924 : L’inondation de Louis Delluc
1924 : L’aube de sang de Joseph Guarino
1924 : La joueuse d’orgues de Charles Burguet
1925 : Le fantôme vivant de Joseph Guarino
1926 : Napoléon d’Abel Gance
1926 : L’agonie de Jérusalem de Julien Duvivier
1926 : La lueur dans les ténèbres de Maurice Chameroy
1927 : Six et demi onze / 6 1/2 x 11 de Jean Epstein
1927 : Sables de Dimitri Kirsanoff
1927 : Fleur d’amour / Fleurette de Marcel Vandal
1927 : Princesse Mandane / L’oubliée de Germaine Dulac (cm)
1928 : Madame Récamier de Gaston Ravel & Tony Lekain
1928 : Cagliostro (Graf Cagliostro) de Richard Oswald
1929 : Le requin d’Henri Chomette
1930 : Le mystère de la chambre jaune de Marcel L’Herbier
1930 : Le parfum de la dame en noir de Marcel L’Herbier
1930 : Les deux mondes d’Ewald André Dupont
1930 : Maison de danses de Maurice Tourneur
1932 : Les trois mousquetaires, Les Ferrets de la Reine d’Henri Diamant-Berger
1932 : Les trois mousquetaires, Milady d’Henri Diamant-Berger
1933 : La maternelle de Jean Benoît-Lévy & Marie Epstein
1933 : Le tunnel de Curtis Bernhardt
1934 : Les nuits moscovites d’Alexis Granowsky
1934 : Maria Chapdelaine de Julien Duvivier
1935 : Golgotha de Julien Duvivier
1935 : La gondole aux chimères d’Augusto Genina
1937 : Le puritain de Jeff Musso
1938 : Le Patron de Pierre Boyer (cm)
1939 : L’émigrante de Léo Joannon
1943 : Adieu Léonard de Pierre Prévert
1949 : Envoi de fleurs de Jean Stelli


Filmographie d'Edmond VAN DAËLE
 
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