Roland TOUTAIN
 Acteur et cascadeur français
Roland Toutain n’était pas né pour faire l’acteur. Son rôle naturel était plutôt de s’opposer aux lois élémentaires de la physique classique. Il s’est évertué à rester debout dans des situations où il aurait dû normalement choir. C’est sans doute cette capacité à toujours retomber sur ses pattes qui aura attiré sur lui, après celle du public, l’attention des producteurs et des réalisateurs en recherche permanente du casse-cou de remplacement.
Acteur, auteur de chansons, mais surtout cascadeur émérite, Roland Albert Toutain est né à Paris le 18 octobre 1905. Fils d’un normand, éleveur de chevaux, et d’une artiste corse, il montre très jeune une forte propension aux acrobaties les plus fantasques. Adolescent, il grimpe sur les toits des voitures ou des trains, joue les funambules, escalade la tour Eiffel. À 20 ans, il a déjà une belle réputation de cascadeur, capable au cours d’un meeting aérien de décrocher des fanions, alors qu’il est suspendu par les pieds sous la carlingue d’un avion.
Le risque-tout
Casse-cou inné ou devenu à cause de son père qui le jette dans un lac, à l’âge de 2 ans, pour voir s’il saura nager, Roland Toutain le reste tout au long de sa vie. Ce talent servira sa carrière cinématographique, car il est très tôt attiré par le Septième Art, vouant une grande admiration à l’acteur américain Douglas Fairbanks. Sa rencontre avec le cinéaste Marcel L’Herbier va le propulser sur le grand écran. Les débuts ne sont que de simples figurations, avec un premier film, La galerie des monstres où il côtoie Michel Simon. Mais c’est en remportant le rôle du fameux journaliste Rouletabille qu’il accède à la célébrité. Avec Le mystère de la chambre jaune et Le parfum de la dame en noir de Marcel L’Herbier, puis Rouletabille aviateur de Steve Sekely, d’après les romans de Gaston Leroux, il gagne ses galons d’acteur, aviateur et acrobate, sans jamais être doublé. Il se lie d’amitié avec les notoriétés de l’époque, Joseph Kessel, Jean Mermoz ou Jean Cocteau.
Un palmarès éclatant
Succès oblige, Roland Toutain tourne beaucoup au cours des années 1930, de trois à cinq films par an. En exploitant ses prouesses de voltigeur, mais pas seulement, capable d’aborder bien d’autres registres, comme dans Les beaux jours de Marc Allégret, ou Yoshiwara, drame de Max Ophüls. Dans La règle du jeu, l’un des plus grands films du cinéaste Jean Renoir, il incarne sans peine l’aviateur André Jurieux. Il est Scapin dans Le capitaine Fracasse, film historique d'Abel Gance. Il enchaîne les succès, avec L’éternel retour de Jean Delannoy, où il incarne Lionel le garagiste, auprès de Jean Marais et Madeleine Sologne. Dans Les mystères de Paris de Jacques de Baroncelli, il campe Cabrion. Tous ces rôles, il les personnifie avec aisance, liberté, charme, humour. Sans effort apparent. « À l’écran, je ne joue pas, je m’amuse à jouer. C’est le secret de ma réussite. » Il compose aussi des chansons, dont Je suis fauché est l’une des plus connues. Insatiable cascadeur, Roland Toutain fonde en 1949 le club des casse-cou, publie deux ans plus tard son autobiographie Les quatre cents coups et initie Jean Marais à ce sport périlleux. Maintes fois accidenté, il est amputé d’une jambe en 1951 et doit progressivement renoncer à sa carrière. Il n’en résiste pas moins à une énième acrobatie pour son dernier film L’inspecteur aime la bagarre de Jean Devaivre. Après s’être hissé d’une vedette jusqu’à un hélicoptère par une échelle de corde, il se retrouve agrippé par les mains à 60 mètres au-dessus de la mer. Mais cette fois il lui faut lâcher prise...
Acrobate et homme de cœur
Dès lors, loin de se retirer de toute activité, il œuvre pour une association dédiée aux comédiens nécessiteux, La Roue Tourne fondée par son ami Paul Azaïs. Roland Toutain a été marié trois fois. La première Odette Calais est une amie d’enfance qui lui donnera un fils, le futur comédien Jacques Maire. Les trois unions se concluront par un divorce. Simple, joyeux, altruiste, désintéressé,… ceux qui l’ont connu n’ont pas assez de qualificatifs pour faire l’éloge d’un homme qui, aura vécu ardemment jusqu’à se retrouver ruiné à la fin de sa vie. Roland Toutain meurt le 16 octobre 1977 à Argenteuil près de Paris. C’est Jean Marais qui prend en charge ses obsèques, ami fidèle d’une personnalité hors normes.


FILMOGRAPHIE :

Avec Gil Delamare
1923 : La galerie des monstres de Jaque Catelain & Marcel L’Herbier
1924 : L’inhumaine de Marcel L’Herbier
1930 : Le mystère de la chambre jaune de Marcel L’Herbier
1930 : Le parfum de la dame en noir de Marcel L’Herbier
1930 : Amours viennoises de Jean Choux & Robert Land
1931 : Blanc comme neige de Francisco Elías, Camille Lemoine & Jean Choux
1931 : La femme de mes rêves de Jean Bertin
1931 : Prisonnier de mon cœur de Jean Tarride
1932 : La bonne aventure d’Henri Diamant-Berger
1932 : Rouletabille aviateur de Steve Sekely
1933 : C’était un musicien de Frederic Zelnik & Maurice Gleize
1933 : Miquette et sa mère d’Henri Diamant-Berger
1934 : Cessez le feu de Jacques de Baroncelli
1934 : Les beaux jours de Marc Allégret
1934 : Liliom de Fritz Lang
1935 : Haut comme trois pommes de Pierre Ramelot
1935 : L’équipage d’Anatole Litvak
1935 : Veille d’armes de Marcel L’Herbier
1936 : Jenny de Marcel Carné
1936 : La porte du large de Marcel L’Herbier
1936 : Trois…six…neuf… de Raymond Rouleau
1936 : Le mensonge de Nina Petrovna de Victor Tourjansky
1936 : Trois artilleurs au pensionnat de René Pujol
1937 : Yoshiwara de Max Ophüls
1937 : Barnabé d’Alexandre Esway
1937 : Prince de mon cœur de Jacques Daniel-Norman
1937 : Un scandale aux galeries de René Sti
1938 : Trois artilleurs à l’opéra d’André Chotin
1938 : Trois artilleurs en vadrouille de René Pujol
1938 : Trois de Saint-Cyr de Jean-Paul Paulin
1938 : Cas de conscience de Walter Kapps
1939 : Le chemin de l’honneur de Jean-Paul Paulin
1939 : Macao, l’enfer du jeu de Jean Delannoy
1939 : Le paradis des voleurs de L.C. Marsoulet
1939 : La règle du jeu de Jean Renoir
1940 : Documents secrets de Léo Joannon
1940 : L’irrésistible rebelle de Jean-Paul Le Chanois
1940 : Faut ce qu’il faut de René Pujol
1942 : Le capitaine Fracasse d’Abel Gance
1942 : Forte tête de Léon Mathot
1942 : La vie de Bohême de Marcel L’Herbier
1943 : Les mystères de Paris de Jacques de Baroncelli
1943 : L’aventure est au coin de la rue de Jacques Daniel-Norman
1943 : L’éternel retour de Jean Delannoy
1945 : Nous ne sommes pas mariés de Bernard Roland
1947 : Halte… police ! de Jacques Séverac
1948 : Hans le marin (Hans the sailor) de François Villiers
1948 : Un certain monsieur d’Yves Ciampi
1950 : Dakota 308 de Jacques Daniel-Norman
1951 : Capitaine Ardant d’André Zwoboda
1951 : Les mousquetaires du roi de Michel Aboulker & Michel Ferry (Inachevé)
1952 : La caraque blonde de Jacqueline Audry
1953 : Sidi-Bel-Abbès de Jean-Alden Delos
1956 : L’inspecteur aime la bagarre de Jean Devaivre


Filmographie de Roland TOUTAIN
 
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