Monika Tchemerzine, dite Ludmila Tcherina est née le 10 octobre 1924 à Paris. Son père, Avenir Tchemerzine, prince russe exilé à Paris est mathématicien et inventeur de la fusée éclairante. Sa mère, Stéphane Finette est française travaille avec son mari à une bibliographie de poésie reconnue comme un ouvrage de référence sous le nom de Tchemerzine. Monika commence la danse à l'âge de 3 ans et prend des cours auprès d'Olga Preobrajenska. Elle a pour professeur Georges Ricaux et intègre l'École de danse de l'Opéra de Paris. À dix ans, elle fait partie des lutins du Songe d'une nuit d'été de Felix Mendelssohn et à 13 ans elle danse Les Sylhindes. Elle devient à 15 ans la plus jeune étoile de l'Histoire de la danse. En 1942, elle interprète le rôle de Juliette dans Juliette et Roméo, chorégraphié par Serge Lifar. Àprès la seconde guerre mondiale, elle travaille avec Roland Petit pour les plus grandes chorégraphies du répertoire.
Les films-ballets de Powell et Pressburger
En 1946, Tcherina épouse Edmond Audran, danseur et chorégraphe qui meurt dans un accident d'autobus en juillet 1951. Ludmila débute au cinéma dans Un Revenant qui marque le retour de Louis Jouvet. Michael Powell et Emeric Pressburger lui propose un rôle sedondaire dans Les Chaussons rouges. Le duo passionné de danse la feront à nouveau tourner dans Les Contes d'Hoffmann et Oh. Rosalinda. Pourtant, Ludmila a souhaité abandonner la danse mais le succès de ses ballets chatoyants lui font poursuivre sa carrière de danseuse. Le 28 mai 1953, elle épouse l'industriel Raymond Roi. Ensemble, ils fondent une troupe de ballet d'avant-garde dans laquelle la ballerine réalise son rêve de théâtre total jusqu'au décès de Raymond Roi en septembre 1987. Au cours de sa carrière, Ludmila Tcherina a interprété les plus grands rôles du répertoire classique sur les plus grandes scènes comme l'Opéra de Paris, la Scala de Milan ou le Metropolitan Opera de New York. En 1959, elle est la première danseuse occidentale à se produire au théâtre Bolchoï dans Giselle. Elle interprète les principaux ballets russes de Serge Diaghilev, notamment les personnages créés par Anna Pavlova (Le Spectre de la rose) et Tamara Karsavina (Shéhérazade).
Une artiste complète
Tout en se consacrant à la peinture et la sculpture (elle expose dès les années 1960 dans toutes les grandes capitales), elle tourne une quinzaine de films dans les années cinquante. Elle tourne des péplums comme Spartacus avec Massimo Girotti, Le Signe du Païen avec Jack Palance et Jeff Chandler et des mélodrames comme Grand Gala avec Odile Versois. Elle est la vedette du lyrique Les Amants de Teruel que réalise Raymond Rouleau avec la musique de Míkis Theodorákis. À partir des années soixante, elle ne réapparaît plus qu'à la télévision pour des ballets filmés comme Le Martyre de Saint-Sébastien de Gabriele D'Annunzio et Claude Debussy, À la mémoire d'un héros, Salomé chorégraphié par Maurice Béjart ou La Reine de Saba et des drames historiques ou littéraires comme La Possédée, L'Atlantide ou La Dame aux Camélias.
Une danseuse exceptionnelle
Au terme d'une longue et douloureuse maladie, Ludmilla Tcherina meurt le 21 mars 2004 à Paris. Elle laisse d'elle-même l'image d'une très grande artiste qui fit preuve d'une grande vitalité créatrice dans tous les arts qu'elle exerça avec talent. Maurice Béjart dit à l'occasion des répétitions de Salomé que Ludmila possède « une force intérieure cachée qui ne laisse entrevoir que la souplesse de la chair dans ce qu'elle a de plus félin, de plus pervers aussi et qui, pourtant, au centre même du mouvement, devient d'une passivité de marbre... Une danseuse... véritable ! Ce soir, pendant quelques instants, je sais qui est Tcherina ».
FILMOGRAPHIE :
Avec Michael Powell
1948 : Les Chaussons rouges de Michael Powell et Emeric Pressburger
1949 : La Belle que voilà de Jean-Paul Le Chanois
1949 : La nuit s'achève de Pierre Méré
1949 : Fandango d'Emil-Edwin Reinert
1951 : Parsifal de Carlos Serrano de Osma et Daniel Mangrané
1951 : Les Contes d'Hoffmann de Michael Powell et Emeric Pressburger
1951 : Clara de Montargis d'Henri Decoin
1951 : À la mémoire d'un héros de Ray Ventura (cm)
1951 : Méphisto valse de Ray Ventura (cm)
1952 : Spartacus de Riccardo Freda
1954 : Grand Gala de François Campaux
1954 : Le Signe du païen (Sign of the Pagan) de Douglas Sirk
1954 : La Fille de Mata Hari (La figlia di Mata Hari) de Carmine Gallone et Renzo Merusi
1955 : Oh... Rosalinda ! (Oh. Rosalinda !) de Michael Powell et Emeric Pressburger
1958 : Musée Grévin de Jacques Demy et Jean Masson (cm)
1959 : Lune de miel (Luna de Miel/Honeymoon) de Michael Powell
1961 : Les Amants de Teruel de Raymond Rouleau
1963 : Hommage à Debussy de Marcel L'Herbier (cm)
1963 : Le Martyre de saint Sébastien de Roger Kahane (tv)
1964 : Le Mandarin merveilleux d'Yves-André Hubert (tv)
1969 : À la mémoire d'un héros, Bonaparte de Dirk Sanders (tv)
1969 : Salomé de Pierre Koralnik (tv)
1971 : La Possédée d'Éric Le Hung (tv)
1972 : L'Atlantide de Jean Kerchbron (tv)
1974 : La Dame aux Camélias de Robert Maurice (tv)
1975 : La passion d'Anna Karénine d'Yves-André Hubert (tv)
1975 : La Reine de Saba de Pierre Koralnik (tv)
1981 : Notre-Dame de la Croisette de Daniel Schmid (mm)
Filmographie de Ludmila TCHÉRINA