SYLVIE
 Actrice française
Vétérane adulée d'un cinéma de prestige, Sylvie a attendu d'avoir cinquante ans pour s'imposer au cinéma. Cantonné dans les seconds rôles, Sylvie se démarque de ses rivales Jeanne Fusier Gir, Gabrielle Fontan ou Jane Marken toujours partantes pour une seule scène, parfois une seule phrase, elle est un rouage de l'histoire, victime ou criminelle, en tout cas souvent coupable.
De son vrai nom Louise Pauline Mainguene, Sylvie voit le jour à Paris, le 3 janvier 1883 de l'union entre un marinier et une institutrice qui donnera à sa fille l'amour des beaux textes. Elle entre au conservatoire et dira tout devoir à son professeur et maître Eugène Silvain. Par admiration pour lui, elle devient Sylvie. Elle obtient un premier prix de comédie et débute dans Les idées de Madame Aubray. Elle entre aussitôt à l'Odéon dont elle devient une actrice phare avec La Pupille, L'Arlésienne, Les Femmes savantes ou Résurrection.
La reine de l'Odéon
Petite brunette aux yeux clairs et perçants, elle joue volontiers les jeunes oiselles piquantes et délurées ou les beautés campagnardes suscitant la convoitise des mâles. Elle se produit aussi bien dans Scarron ou Vieil Heidelberg et Le Canard sauvage d'Ibsen sous la direction d'André Antoine. Sylvie débute au cinéma à peine reconnaissable en Junie dans Britannicus auprès de Valentine Tessier. Elle est une impressionnante Catherine dans le monumental Germinal d'Albert Capellani. Son jeu intense en fait une Marie-Jeanne ou la femme du peuple, ou l'accusatrice dans Le Coupable d'André Antoine. Mais le cinéma ne fait pas partie de ses priorités et elle devient dans les années 20 une reine du boulevard en créant les comédies d'Henri Jeanson, Toi que j'ai tant aimée ou Amis comme avant. Elle ne consent à revenir dans les plateaux que pour incarner Henriette Laroque dans le mélo Roger-la-Honte que réalise Jacques de Baroncelli.
Des rôles courts mais marquants
Il faut toute l'opiniâtreté de Pierre Chenal pour persuader Louise Sylvie de paraître dans Crime et Châtiment. L'actrice découvre un cinéma de qualité et un nouveau vecteur pour faire partager œuvres et textes au plus grand nombre. Dès lors, elle enchaîne film sur film, en grande majorité des adaptations littéraires auprès de Louis Jouvet (Entrée des artistes), Victor Francen (La fin du jour), Jean Galland (L'homme sans nom), Jules Berry (Marie-Martine), Gérard Philipe (L'Idiot). Nul ne peut oublier les derniers plans de la mère vengeresse de Maurice dans Le Corbeau. L'actrice est cantonnée au rôle de vieille femme méchante et agressive. Elle est l'institutrice du Petit monde de Don Camillo, qui en fait voir de toutes les couleurs à Gino Cervi alias Peppone. Elle est la mère castratrice dans Thérèse Raquin et celle qui fait le malheur de son fils Fernandel dans Le Fruit Défendu. Elle est surtout la mère qui idolâtre de son fils Bourvil dans Le Miroir à deux faces et manie le sarcasme avec jubilation à l'encontre de sa belle-fille Michèle Morgan. Une férocité d'autant plus inattendue venant de cette petite silhouette toute de noir vêtue.
La vieille dame indigne
Sa carrière se termine en apothéose en 1965 lorsque René Allio lui confie le rôle principal de La Vieille dame Indigne, l'étonnante madame Bertini qui sous le nez de ses enfantss'entiche d'une prostituée et s'achète une 2CV pour aller faire la bringue. La comédienne, âgée de plus de 80 ans peut se retirer des écrans. Elle a trouvé son rôle culte. Elle déclare : « J'ai toujours voulu jouer. Tous les gosses était comme moi, ils veulent se cacher, se dédoubler. La seule différence, c'est que moi j'ai continué. Quand j'étais petite, je me déguisais en Jésus. Être Dieu a été ma première ambition. Après je voulais être reine. Aujourd'hui je suis heureuse d'avoir été La vielle dame indigne. La télévision fait appel une dernière fois à elle pour l'extravagante Lady Hodwin dans le célèbre Belphégor de Claude Barma et un nouveau rôle de grand-mère dans Don Juan revient de guerre de Marcel Cravenne. Louise Sylvie n'a été mariée qu'une fois entre 1906 et 1913 avec l'acteur et directeur de théâtre Paul Villé, qui se fera connaître comme la doublure chevrotante de Walter Brennan dans de nombreux westerns. Louise Sylvie s'éteint dans la discrétion qui fut toujours la sienne le 6 janvier 1970, trois jours après avoir soufflé ses 87 bougies dans sa maison de retraite de Compiègne.


FILMOGRAPHIE :

Avec René Allio
1912 : Britannicus de Camille de Morlhon
1912 : Ursule Mirouet, une production Pathé
1912 : Mignon d'André Calmettes
1913 : Germinal d'Albert Capellani
1914 : Marie-Jeanne ou la Femme du peuple de Georges Denola
1914 : La joie fait peur de Jacques Roullet
1916 : Au-dessus de l'amour de Daniel Riche
1917 : Le Coupable d'André Antoine
1922 : Roger la Honte de Jacques de Baroncelli
1935 : Crime et châtiment de Pierre Chenal
1937 : Un carnet de bal de Julien Duvivier
1937 : L'Affaire Lafarge de Pierre Chenal
1938 : Entrée des artistes de Marc Allégret
1938 : La Fin du jour de Julien Duvivier
1939 : L'Esclave blanche de Marc Sorkin
1940 : La Comédie du bonheur de Marcel L'Herbier
1941 : Romance de Paris de Jean Boyer
1941 : Montmartre-sur-Seine de Georges Lacombe
1942 : L'Homme sans nom de Léon Mathot
1943 : Marie-Martine d'Albert Valentin
1943 : Le Voyageur sans bagage de Jean Anouilh
1943 : Le Corbeau d'Henri-Georges Clouzot
1943 : Les Anges du péché de Robert Bresson
1944 : L'Île d'amour de Maurice Cam
1945 : Le Pays sans étoiles de Georges Lacombe
1945 : Le Père Goriot de Robert Vernay
1945 : La Route du bagne de Léon Mathot
1946 : L'Idiot de Georges Lampin
1946 : Coïncidences de Serge Debecque
1946 : On ne meurt pas comme ça de Jean Boyer
1946 : Pour une nuit d'amour d'Edmond T. Gréville
1947 : Miroir de Raymond Lamy
1947 : La Révoltée de Marcel L'Herbier
1948 : Tous les deux de Louis Cuny
1948 : Deux amours de Richard Pottier
1949 : Pattes blanches de Jean Grémillon
1950 : Dieu a besoin des hommes de Jean Delannoy
1951 : Sous le ciel de Paris de Julien Duvivier
1951 : Le Petit Monde de don Camillo (Don Camillo) de Julien Duvivier
1952 : Le Fruit défendu d'Henri Verneuil
1952 : Nous sommes tous des assassins d'André Cayatte
1953 : Thérèse Raquin de Marcel Carné
1953 : Quelques pas dans la vie (Tempi nostri) d'Alessandro Blasetti
1954 : Ulysse (Ulisse) de Mario Camerini
1954 : L'Affaire Lafarge de Stellio Lorenzi (tv)
1955 : Le Dossier noir d'André Cayatte
1956 : Michel Strogoff de Carmine Gallone
1956 : Les Truands de Carlo Rim
1958 : Le Miroir à deux faces d'André Cayatte
1959 : Quai du point du jour de Jean Faurez
1960 : Crésus de Jean Giono
1962 : Journal intime (Cronaca familiare) de Valerio Zurlini
1963 : Un cas intéressant de Pierre Badel (tv)
1963 : Château en Suède de Roger Vadim
1965 : Humour noir (Umorismo in nero), La Bestiole de Claude Autant-Lara
1965 : La Vieille Dame indigne de René Allio
1965 : Belphégor ou le Fantôme du Louvre de Claude Barma (tv)
1968 : Don Juan revient de guerre de Marcel Cravenne (tv)


Filmographie de Louise SYLVIE
 
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