Erich von STROHEIM
 Acteur et réalisateur américain d'origine autrichienne
Erich von Stroheim, monstre sacré du cinéma et réalisateur maudit a créé sa propre légende. Le plus souvent vêtu d'une tenue militaire prussienne, il terrorise dans l'un de ses films, un village et lorsqu'une fillette s'approche pour lui offrir sa poupée, il fracasse le crâne de la pauvre tête blonde. Ainsi naît une image de sadique qu'il n'aura de cesse de peaufiner. Né dans une famille juive aisée de chapeliers, Erich Oswald Stroheim voit le jour le 22 septembre 1885, à Vienne. Fasciné par les fastes militaires de l'Empire Autrichien et doté d'une imagination délirante, le jeune Erich s'invente une ascendance aristocratique, afin de cacher ses origines dans une Autriche fortement antisémite. Il prétend alors s'appeler Erich Oswald Hans Carl Marie Stroheim von Nordenwal, enfant d'une dame de compagnie de l'Impératrice Sissi et d'un Colonel des Dragons de l'armée de François-Joseph Ier de Habsbourg. En 1908, il s'exile aux États-Unis et pratique plusieurs petits métiers. Il s'installe à Hollywood en 1914 et répand la légende de ses fausses origines.
L'homme que l'on aime haïr
Sous le nom d'Erich von Stroheim, il entame sa carrière cinématographique en 1915, comme cascadeur, conseiller technique, assistant réalisateur ou figurant dans des films de John Emerson et de David Wark Griffith. Pour ce dernier, il participe, entre autres, à Naissance d'une nation et Intolerance. En 1917, il interprète plusieurs personnages d'officiers germaniques rigides et souvent méprisables, notamment dans Pour la France de Wesley Ruggles et dans Sylvia des services secrets de George Fitzmaurice. Les gazettes hollywoodiennes le surnomment alors L'homme que vous aimerez haïr. Rapidement, Stroheim passe à la réalisation en 1919, avec Maris aveugles interprété par Francelia Billington, en imposant d'emblée un style anticonformiste.
Cinéaste mégalomane
Dans les années vingt, Erich von Stroheim dirige d'une main de fer, des productions de plus en plus coûteuses. Les trois premiers films de cette période comme Folies de Femme et La Veuve joyeuse rapportent beaucoup d'argent. Mais les désastres financiers des productions Les rapaces avec ZaSu Pitts et La marche nuptiale avec Fay Wray, lui attirent les foudres des studios et de la censure, malgré l'excellente qualité de son travail. Ses œuvres sont souvent amputées et remontées, afin d'éliminer toute forme de violence ou d'érotisme latent. En 1929, sa mégalomanie est devenue tellement insupportable, que la maison de production United Artists préfère interrompre le tournage de La reine Kelly avec Gloria Swanson. Quelques mois plus tard, le film sort tout de même en salle, non sans avoir subi quelques remaniements. En 1933, Erich von Stroheim réalise un ultime film, En descendant Broadway qui sera re-filmé, pour la majorité des plans, par Alfred L. Werker.
Un génie en exil
Devenu persona non grata à Hollywood, il s'exile en Europe après quelques participations dans des films mineurs. Il s'installe en France en 1936, et en tant qu'acteur, joue dans plusieurs films marquants des années trente, tels que La grande illusion de Jean Renoir, Les disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque, L'Alibi de Pierre Chenal et Macao, l'enfer du jeu de Jean Delannoy. Il devient alors l'une des vedettes les plus populaires des écrans français. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Erich von Stroheim revient aux États-Unis et apparaît dans quelques productions comme L'Étoile du nord ou Les cinq secrets du désert où il incarne le maréchal Rommel. Le conflit terminé, il reprend sa carrière française. En 1950, Billy Wilder lui offre le rôle du chauffeur de Gloria Swanson dans Boulevard du Crépuscule. Cet extraordinaire touche-à-tout du cinéma termine sa vie dans sa propriété de Maurepas, près de Paris. Il y meurt le 12 mai 1957, emporté par un cancer de la moelle épinière.
Une vie privée mouvementée
Erich von Stroheim s'est marié avec Margaret Knox qui décède en 1915. Remarié à May Jones, il a un fils mais divorce en 1918. Sa troisième femme, Valérie Germonprez est une monteuse qui lui donne un deuxième fils mais périt dans un incendie. Sa dernière compagne, Denise Vernac lui donnera à plusieurs reprises la réplique, notamment dans Le Signal rouge en 1947 et rédigera sous sa dictée le roman-fleuve Les Feux de la Saint-Jean. Ce roman, témoignage de la décadence austro-hongroise aurait pu être un formidable scénario de ses films par sa démesure et son érotisme.


FILMOGRAPHIE :

Avec Denise Vernac
1915 : La naissance d'une nation (Birth of a nation) de David Wark Griffith
1915 : The country boy de Frederick A. Thompson
1915 : Captain Macklin de John O'Brien
1915 : Ghosts de John Emerson & George Nichols
1915 : Old Heidelberg de John Emerson
1916 : Macbeth de John Emerson
1916 : Intolérance (Intolerance) de David Wark Griffith
1916 : Sa photo dans les journaux (His picture in the papers) de J Emerson
1916 : The flying torpedo de John O'Brien & Christy Cabanne
1916 : The social secretary de John Emerson
1916 : Moins que poussière (Less than dust) de John Emerson
1917 : Panthea de Allan Dwan
1917 : Pour la France (For France) de Wesley Ruggles
1917 : Il court, il court le furet (In again, out again) de John Emerson
1917 : Draft 258 de Christy Cabanne
1917 : Douglas dans la lune (Reaching for the moon) de John Emerson
1917 : Sylvia of the secret service de George Fitzmaurice
1917 : Who goes there ? de William P.S. Earle
1918 : Le septique (The unbeliever) de Alan Crosland
1918 : Les cours du monde (Hearts of the world) de David Wark Griffith
1918 : Bas les masques ! (The Hun within) de Chester Withey
1918 : Pour l'humanité (Hearts of humanity) de Allen Holubar
1919 : La loi des montagnes (Blind husbands) d'Erich von Stroheim
1920 : Le passe-partout du diable (The devil's passkey) d'Erich von Stroheim
1922 : Folies de femmes (Foolish wives) d'Erich von Stroheim
1922 : Chevaux de bois (Merry-go-round) de Rupert Julian
1923 : Ames à vendre (Souls for sale) de Rupert Hugues
1924 : Les rapaces (Greed) d'Erich von Stroheim
1925 : La veuve joyeuse (The merry widow) d'Erich von Stroheim
1927 : La marche nuptiale (The wedding march) d'Erich von Stroheim
1928 : La reine Kelly (Queen Kelly) d'Erich von Stroheim
1929 : Gabbo le ventriloque (The great Gabbo) de James Cruze
1930 : Agent Z1 (Three faces east) de Roy Del Ruth
1931 : Friends and lovers de Victor Schertzinger
1931 : Quatre de l'aviation (The lost squadron) de George Archainbaud
1932 : Comme tu me veux (As you desire me) de George Fitzmaurice
1933 : En descendant Broadway (Walking down Broadway) d'Erich von Stroheim
1934 : Poste frontière (Fugitive road) de Frank R. Strayer
1934 : Du sang dans le ciel (Crimson romance) de David Howard
1935 : Le crime du docteur Crespi (The crime of Dr. Crespi) de John H. Auer
1936 : Mademoiselle Docteur (Under secrets orders) de Edmond T. Greville
1937 : La grande illusion de Jean Renoir
1937 : L'alibi de Pierre Chenal
1937 : Les pirates du rail de Christian-Jaque
1937 : Marthe Richard de Raymond Bernard
1937 : L'affaire Lafarge de Pierre Chenal
1938 : Les disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque
1938 : Ultimatum de Robert Wiene
1938 : Gibraltar de Fédor Ozep
1938 : Derrière la façade de Georges Lacombe & Yves Mirande
1938 : Rappel immédiat de Léon Mathot
1939 : Pièges de Robert Siodmak
1939 : Le monde tremblera / La révolte des vivants de Richard Pottier
1939 : Menaces d'Edmond T. Gréville
1939 : Tempête de Bernard-Deschamps
1939 : Paris-New York d'Yves Mirande & Claude Heymann
1940 : Macao, l'enfer du jeu de Jean Delannoy
1940 : Tanya l'aventurière (I was an adventuress) de Gregory Ratoff
1941 : Ainsi finit notre nuit (So ends our night) de John Cromwell
1943 : Les cinq secrets du désert (Five graves to Cairo) de Billy Wilder
1943 : L'étoile du Nord (The North Star) de Lewis Milestone
1944 : Tempête sur Lisbonne (Storm over Lisbon) de George Sherman
1944 : Le cerveau de Donovan (The lady and the monster) de George Sherman
1945 : Le grand Flamarion (The great Flamarion) d'Anthony Mann
1945 : Une enquête de Scotland Yard (Scotland Yard investigator) de George Blair
1945 : Le masque de Dijon (The mask of Dijon) de Lew Landers
1946 : La foire aux chimères de Pierre Chenal
1946 : On ne meurt pas comme ça de Jean Boyer
1946 : Danse de mort de Marcel Cravenne
1947 : Le signal rouge d'Ernest Neubach
1949 : Portrait d'un assassin de Bernard-Roland
1950 : Boulevard du crépuscule (Sunset Boulevard) de Billy Wilder
1951 : Minuit. Quai de Bercy de Christian Stengel
1952 : Mandragore (Alraune) d'Arthur Maria Rabenalt
1952 : L'envers du paradis d'Edmond T. Gréville
1953 : Alerte au sud de Jean Devaivre
1954 : Série noire de Pierre Foucaud
1954 : Napoléon de Sacha Guitry
1955 : La madone des sleepings d'Henri Diamant-Berger


Filmographie d'Erich von STROHEIM
 
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