De son vrai nom Raymond Guillermain, Raymond Souplex est né le 1er juin 1901, à Paris. S’il fait des études qui l’amènent à une licence en droit et débute dans la vie professionnelle comme clerc de notaire, il pratique le théâtre en amateur dès le collège, compose des textes de chansons humoristiques et des sketches.
Un chansonnier radiophonique
Le jeune Souplex commence à se produire dans les cabarets parisiens comme le Caveau de la République, le théâtre du Coucou et Les Deux-Ânes. Au milieu des années trente il rencontre Jane Sourza, d’un an sa cadette, qui devient sa complice professionnelle pour des émissions radiophoniques diffusées sur Radio Cité. Interprétant les sympathiques clochards, la Hurlette et Carmen, ils animent entre 1937 et 1940, l’émission radiophonique Sur le banc. Mobilisé en 1940, Raymond Souplex va continuer ensuite à se produire pendant l’occupation allemande dans des cabarets. Il participe avec d’autres artistes dont Fréhel et Lys Gauty et Jane Sourza, à une tournée dans les usines du IIIe Reich où travaillent de nombreux Français du STO. En 1943, il accompagne Albert Préjean, Viviane Romance, René Dary et Suzy Delair dans le tristement célèbre Train de la honte où les artistes répondent à une invitation pour visiter les studios de la UFA à Berlin. Ces actions lui valent un blâme à la Libération. En 1944, il crée l’opérette Clochemerle d’après l’œuvre de Gabriel Chevallier et après la guerre, il reprend son émission Sur le banc à Radio Luxembourg prolongée jusqu’en 1963.
Des personnages bourrus au cinéma
La carrière cinématographique de Raymond Souplex démarre en 1939 dans Sur le plancher des vaches de Pierre-Jean Ducis où il interprète son propre rôle de chansonnier. Puis il travaille avec Jean Nohain et Pierre Dac au scénario des Surprises de la radio réalisé par Marcel Aboulker. Henri-Georges Clouzot l’engage en 1948 dans Manon, transposition de l’ouvrage de l’Abbé Prévost à l’époque contemporaine où il joue le patron de bordel Monsieur Paul. Il enchaîne une quinzaine de courts métrages réalisés par Louis Devaivre et Henri Verneuil et surtout sept d’entre eux signés Jean Devaivre pour lesquels il participe au scénario. Il joue le frère de Fernandel coupable d'euthanasie dans Meurtres de Richard Pottier. L’acteur chansonnier retrouve un univers plus enjoué avec Les Branquignols de Robert Dhéry et Lady Paname, la seule réalisation de son ami d’enfance Henri Jeanson. Il joue surtout les amis un peu bohèmes comme l’artiste peintre du Passe-Muraille avec Bourvil et n’hésite pas à enfiler les costumes d’époque pour Caroline Chérie, Si Versailles m’était conté ou Les Aventures de Till l’Espiègle de Gérard Philipe. Les cinéastes se plaisent à reconstituer le couple Sourza-Souplex dans des comédies pleines d’entrain comme Sur le banc de Robert Vernay, Coup dur chez les mous de Jean Loubignac, Bébés à gogo de Paul Mesnier et Les carottes sont cuites de Robert Venay. Le duo prolonge son succès au théâtre avec Bonsoir madame Pinson et surtout La Perruche et le Poulet de Robert Thomas.
La renommée avec le commissaire Bourrel
Raymond Souplex campe déjà des policiers dans Identité judiciaire, Le vrai Coupable, Chaque minute compte, Alibi pour un meurtre ou L’assassin viendra ce soir. C’est donc logiquement que Claude Loursais pense à Raymond Souplex pour Les Cinq dernières minutes. Au départ, Il s’agit d’une émission-jeu opposant deux candidats et se compose de saynètes en direct. Avec sa silhouette massive, son chapeau rond et sa grosse moustache il va interpréter pendant quinze ans l’inspecteur puis le commissaire Bourrel, assisté du lieutenant Dupuis interprété par Jean Daurand et conclut ses enquêtes d'un «Bon sang, mais c’est bien sûr» avant de s’adresser directement au spectateur. Raymond Souplex tourne encore quelques films comme Dernier tiercé, La Sentinelle endormie de Jean Dréville, La malédiction de Belphégor et Clodo où il incarne un curé. Raymond Souplex s’est marié à la fin des années vingt avec Lucienne Arduini et le couple aura une fille Perrette Souplex, née en 1930 qui lui donnera à plusieurs reprises la réplique au cinéma, au théâtre et à la télévision. Raymond Souplex décède au cours du tournage d’Un gros pépin dans le chasselas, le 56e épisode de la série qui l’a rendu si cher aux téléspectateurs. C’était à Paris le 22 novembre 1972. Il avait 71 ans.
FILMOGRAPHIE :
Avec Robert Thomas
et Jane Sourza
1940 : Les surprises de la radio de Marcel Aboulker
1947 : Le moulin de la Galette de Jean Devaivre (cm)
1947 : Les drames du Bois de Boulogne de Jaques Loew (cm)
1948 : Manon d’Henri-Georges Clouzot
1948 : Les Dupont sont en vacances d’André Pellenc (cm)
1949 : Bonjour le monde de Jean-Jacques Mehu (cm)
1949 : Branquignols de Robert Dhéry
1949 : Lady Paname d’Henri Jeanson
1949 : Trente-troisième chambre d’Henri Verneuil (cm)
1950 : Au fil des ondes de Pierre Gautherin
1950 : Meurtres de Richard Pottier
1950 : Caroline chérie de Richard Pottier
1950 : Identité judiciaire d’Hervé Bromberger
1951 : Le clochard milliardaire de Léopold Gomez
1951 : Le vrai coupable de Pierre Thévenard
1951 : Le passe-muraille / Garou Garou le passe-muraille de Jean Boyer
1952 : Paris chante toujours de Pierre Montazel
1952 : Poil de carotte de Paul Mesnier
1952 : Opération Magali de László V. Kish
1953 : Si Versailles m’était conté de Sacha Guitry
1954 : Sur le banc de Robert Vernay
1954 : Nagana d’Hervé Bromberger
1955 : Coup dur chez les mous de Jean Loubignac
1955 : Les pépées au service secret de Raoul André
1955 : Tant qu’il y aura des femmes de Edmond T. Gréville
1956 : Bébés à gogo de Paul Mesnier
1956 : Les carottes sont cuites de Robert Vernay
1956 : Les aventures de Till l’Espiègle de Gérard Philipe & Joris Ivens
1956 : Prenez garde à la peinture de René Fauchois (tv)
1957 : La fille de feu d’Alfred Rode
1958 : Les amants de demain de Marcel Blistène
1958 : Orphée aux Enfers de Jean-Paul Carrère (tv)
1959 : Chaque minute compte de Robert Bibal
1960 : Alibi pour un meurtre de Robert Bibal
1960 : Le mouton de Pierre Chevalier
1963 : L’assassin viendra ce soir de Jean Maley
1964 : Dernier tiercé de Richard Pottier
1964 : Filous et Gogos de Paul Robin (tv)
1964 : Un jour à Enghien de Jacques Gérard (tv)
1965 : La sentinelle endormie de Jean Dréville
1966 : La malédiction de Belphégor de Georges Combret
1970 : Clodo de Georges Clair
1971 : Des yeux par milliers, braqués sur nous d’Alain Boudet (tv)
Filmographie de Raymond SOUPLEX