François SIMON
 Acteur et metteur en scène suisse
François Simon, fils du monstre sacré Michel Simon, a surtout été un grand acteur et metteur en scène de théâtre au service de grands auteurs comme Paul Claudel ou William Shakespeare. Pour le cinéma, il demeure le dynamiteur d’un jeune cinéma suisse francophone, illustré par les films d’Alain Tanner et Claude Goretta.
François Simon, de son vrai prénom Michel voit le jour à Genève le 16 août 1917. Son père, l’acteur Michel Simon quitte sa mère alors qu’il n’est âgé que d’un an. Passionné de théâtre, François Simon commence sa carrière à Paris chez Charles Dullin et Georges Pitoëff et, à la mort de ce dernier, il signe sa première mise en scène, Le Pain dur de Paul Claudel. Durant cette période, il fréquente également les mercredis de Jean-Louis Barrault. En 1936, il fait une première apparition dans Sous les yeux d’Occident de Marc Allégret aux côtés de son père et campe un accordéoniste dans le célèbre Circonstances atténuantes de Jean Boyer où son père Michel Simon chantonne Comme de bien entendu avec Arletty.
Au service du théâtre
François Simon passe la seconde guerre mondiale en Suisse et anime entre 1943 et 1946, la Compagnie des Cinq, sous le nom de Michel Simon Fils. Il y a pour partenaire William Jacques et sa compagne Jutta Weiss, la fille du comédien Max Weiss qu’il épouse en 1945. En 1946, il retourne à Paris pour tenir le rôle du soldat dans L'Histoire du soldat de Charles-Ferdinand Ramuz et Igor Stravinsky. Il participe jusqu’en 1954 à l'aventure du premier Théâtre de poche de Genève, dirigé par Fabienne Faby et William Jacques puis réunit en 1955 un groupe théâtral éphémère L'Avant Scène. Il monte un Hamlet de Shakespeare avec la complicité de Philippe Mentha et joue au cinéma dans Le Fils du Boulanger, un des meilleurs films suisses alémaniques de l'époque sous la direction de Kurt Früh. François Simon, inlassable serviteur du théâtre suisse fonde avec Philippe Mentha, Louis Gaulis et Pierre Barrat le Théâtre de Carouge dans une ancienne chapelle désaffectée. Il prend la direction du théâtre et monte La Nuit des Rois de Shakespeare en 1958 et plusieurs pièces jusqu’en 1967 pour Le Serviteur absolu de Louis Gaulis peu avant la destruction du bâtiment.
Le jeune cinéma suisse francophone
François Simon devient alors un acteur indépendant qui se produit à Montréal dans La Muraille de Chine de Max Frisch. En 1969, il perd sa femme Jutta Simon, la mère de ses deux enfants l’actrice et réalisatrice Maya Simon et Martine Simon présente à ses côtés dans Mourir d’aimer. Surtout actif au théâtre, le comédien trouve son premier grand rôle au cinéma dans Charles mort ou vif d’Alain Tanner où il joue un directeur d’une entreprise d’horlogerie qui, à la crise de la quarantaine abandonne métier et famille. Ce film met un coup de projecteur sur des jeunes auteurs suisses pour lesquels François Simon offre sa diction empruntée et son physique de gorgone, sec et austère. Il tourne un rôle de complément La Salamandre d’Alain Tanner et endosse le rôle d’un quinquagénaire philosophe et révolté dans Le Fou puis celui d’un maître d’hôtel maniéré dans L’Invitation, deux films phares de Claude Goretta. Il endosse le rôle épouvantable du père rigide et intraitable de Bruno Pradal, jeune étudiant amoureux de sa prof (Annie Girardot) dans Mourir d’aimer d’André Cayatte.
Le cinéma d'auteur international
Tout en servant au théâtre Shakespeare, Pirandello, Tchekov, Beckett, Goldoni et Dürrenmatt, il privilégie le cinéma d’auteur tournant avec Patrice Chéreau (La chair de l’orchidée, Judith Therpauve), Daniel Schmid (Violanta), Jeanne Moreau (Lumière), Raoul Ruiz (La vocation suspendue) ou Francesco Rosi (Le Christ s’est arrêté à Eboli) et des téléfilms de haute tenue (La sonate à Kreutzer, Président Faust, Marie, Mérette). Il est l’interprète idéal de philosophes des lumières, incarnant Voltaire dans Alzire ou le nouveau continent de Thomas Koerfer et Jean-Jacques Rousseau dans Les Chemins de l’exil de Claude Goretta. Remarié avec Ana Giugariu, une écrivaine et cinéaste roumaine, il tourne son dernier film, La Femme flic d’Yves Boisset en 1982. Il disparaît la même année d’un cancer le 5 octobre 1982 à Genève. Sur l’insistance de sa femme Ana Simon, sa dépouille est transférée de Carouge à Genève où il repose aux côtés de sa première épouse Jutta et de l'écrivain argentin Jorge Luis Borges.


FILMOGRAPHIE :

Avec Alain Tanner
1936 : Sous les yeux d’Occident de Marc Allégret
1939 : Circonstances atténuantes de Jean Boyer
1939 : Fric-Frac de Claude Autant-Lara et Maurice Lehmann
1951 : Quatre dans une jeep (Die vier un jeep) de Léopold Lindberg
1957 : Le Fils du boulanger (Bäkerei Zürrer) de Kurt Früh
1958 : Les Jeux dangereux de Pierre Chenal
1961 : Le Retour de Claude Goretta (cm)
1969 : Pitchi-Poï ou La parole donnée de François Billetdoux et Guy Casaril (tv)
1969 : Vivre ici de Claude Goretta (tv)
1969 : Charles mort ou vif d’Alain Tanner
1969 : Le Champignon de Marc Simenon
1969 : Une femme à aimer de Robert Guez (tv)
1970 : Le Fou de Claude Goretta
1970 : Le Jour de noces de Claude Goretta
1971 : Mourir d’aimer d’André Cayatte
1971 : Où est passé Tom ? de José Giovanni
1971 : Une femme contre Arsène Lupin de Tony Flaadt (tv)
1971 : La Salamandre d’Alain Tanner
1972 : Les Gens de Mogador de Robert Mazoyer (tv)
1972 : Les Nénuphars de Michel Soutter (tv)
1972 : La Fusillade en réponse à Dostoïevsky de Claude Goretta (tv)
1972 : Corpo d’amore de Fabio Carpi
1973 : L'Invitation de Claude Goretta
1974 : Président Faust de Jean Kerchbron (tv)
1974 : La Mort d’Ivan Ilitch de Nat Lilienstein (tv)
1974 : La Sonate à Kreutzer de Marcel Cravenne (tv)
1974 : L'Amante végétale de Jean Valmont (cm)
1975 : La Mort du directeur du cirque de puces de Th. Koerfer
1975 : La Chair de l'orchidée de Patrice Chéreau
1975 : La Lettre volée d’Alexandre Astruc
1976 : Pas si méchant que ça de Claude Goretta (scènes coupées)
1976 : Lumière de Jeanne Moreau
1977 : Exil d’Ana Simon
1977 : La Vocation suspendue de Raoul Ruiz
1977 : Violanta de Daniel Schmid
1978 : Lulu de Marcel Bluwal (tv)
1978 : Alzire, ou le nouveau continent (Alzie oder der neue Kontinent) de Thomas Koerfer
1978 : Judith Therpauve de Patrice Chéreau
1979 : Les Chemins de l'exil ou les dernières années de J-J. Rousseau de Claude Goretta
1979 : Le Christ s'est arrêté à Eboli (Cristo si è fermato a Eboli) de Francesco Rosi
1980 : Marie de Bernard Sobel
1981 : Em Roger si Geschicht de Peter von Gunten (tv)
1981 : Mérette de Jean-Jacques Lagrange
1982 : Le Quatuor Basileus (Il quartetto Basileus) de Fabio Carpi
1982 : L’épingle noire de Maurice Frydland (tv)
1982 : La Femme flic d’Yves Boisset


Filmographie de François SIMON
 
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