Nadia SIBIRSKAÏA
 Actrice française
Nadia Sibirskaia a été l'actrice privilégiée et la compagne du réalisateur Dimitri Kirsanoff, qui l’a fait tourner dans une dizaine de ses films et lui a donné ce nom à consonance russe, très éloignée de sa Bretagne natale. Outre les œuvres muettes de Kirsanoff, on retient les films sonores de Jean Renoir qui a su exploiter à merveille son visage expressif éclairé par son beau regard bleuté.
De son vrai nom Germaine Lebas, Nadia Sibirskaia est née le 11 septembre 1900 à Redon. Fille aînée d’un couple de charcutiers bretons, elle a un frère Marcel, l’année suivante mais le père quitte le foyer familial et sa mère s’oppose à son entrée au lycée de Rennes. À 18 ans, Germaine quitte sa Bretagne pour tenter sa chance à Paris. Alors qu'elle travaille comme balayeuse au théâtre Mogador, elle fait la connaissance de David Kaplan, un jeune Estonien a peine plus âgé qu’elle qui a fui la révolution Russe et joue du violoncelle dans un orchestre qui accompagne des projections de films au Cluny, à l’Artistic ou au Danton.
L'avant-garde et Dimitri Kirsanoff
Les deux jeunes gens fréquentent le monde artistique fortement attiré par la culture russe. David prend à l'écran le nom de Dimitri Kirsanoff et donne à Germaine le pseudonyme vaguement évocateur de la ville de Novosibirsk en Sibérie de Nadia Sibirskaïa. Le jeune réalisateur rejoint l’avant-garde et sans réelle expérience, instaure un climat poétique et lyrique avec son premier film L’Ironie du destin. Nadia Sibirskaïa, alors âgée de 23 ans et sans aucune formation de comédienne y incarne un personnage à tous les âges de sa vie, de la fillette à la vieille femme. Sa performance et son jeu naturel sont remarqués par les Amis du Septième Art qui ont eu la primeur de cette œuvre. C’est suffisant pour encourager les deux jeunes gens à poursuivre avec Ménilmontant où Nadia Sibirskaia, déchirante en plus de sa beauté et son expressivité devient une des figures marquantes du ciném muet, les critiques n’hésitant pas à la comparer aux grandes stars américains. Elle s’installe dans le mélo social où s’expriment sa fraîcheur et la justesse de ses interprétations avec Destin, Sables, Brumes d’automne. Elle est invitée par la compagnie Gainsborough pour tourner à Londres Après la guerre d'Adrian Brunel. On la découvre blonde, captivante et étonnamment présente dans un rôle secondaire d’Au Bonheur des Dames de Julien Duviver, son dernier film muet avec Dita Parlo.
Fragilité et souffrance
Dès l’arrivée du parlant, Nadia Sibirskaïa se distingue dans le mémorable La Petite Lise de Jean Grémillon, un mélodrame où Nadia devient une fille de joie déguisée en dactylo et meurtrière d'un usurier. En 1931, Kirsanoff lui confie le rôle principal des Nuits de Port-Saïd, produit par la filiale française de Paramount mais la production est interrompue en plein tournage à la suite d'un différend entre Kirsanoff et le producteur. Elle incarne la fiancée délaissée, victime indirecte d'un conflit entre deux communautés hostiles dans Rapt de Kirsanoff, adapté de l’écrivain vaudois C. F. Ramus. Avec son regard éblouissant et sa capacité à exprimer la fragilité et la souffrance dans des emplois éloignés de ceux qui ont fait sa notoriété, Nadia Sibirskaïa ne laisse jamais indifférent. Elle est la détenue enceinte, voûtée et pathétique surnommée Mont-Saint-Jean dans une courte apparition des Mystères de Paris et tient le rôle d’une alcoolique dans une scène insolite de Sapho de Léonce Perret.
Le réalisme social et Jean Renoir
Nadia Sibirskaïa fait une rencontre déterminante avec Jean Renoir qui lui offrent des rôles délicats comme Estelle, la jeune fille abusée par Jules Berry dans Le Crime de Monsieur Lange, l’épouse d’un ingénieur au chômage dans La Vie est à nous et Louison, gentille fille du faubourg Saint-Antoine, à laquelle elle prête un visage rayonnant au milieu de la tourmente révolutionnaire dans La Marseillaise. Dimitri Korsanoff la dirige une dernière fois en 1939 dans Quartier sans Soleil. De son côté, Nadia, est mariée à un cadre commercial dans une firme de soierie depuis 1931, Pendant l’Occupation, elle est arrêtée sur dénonciation par les Allemands pour avoir hébergée des réfugiés et est incarcérée pendant quatre mois à Fresnes. Elle tente sans succès sa chance au théâtre et dans la chanson. En 1944, elle met au monde sa fille Frédérique. Après la guerre, Nadia Sibirskaïa, avec son mari et leur fille, fréquente régulièrement Dinard, où elle s'installe définitivement en 1960, jusqu'à son décès survenu, le 14 juillet 1980.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jules Berry
1923 : L'Ironie du destin de Dimitri Kirsanoff
1926 : Ménilmontant de Dimitri Kirsanoff
1927 : Après la guerre ou Le Prix de la gloire (Blighty) d’Adrian Brunel
1927 : Destin de Dimitri Kirsanoff
1927 : Sables de Dimitri Kirsanoff
1928 : Brumes d’automne de Dimitri Kirsanoff
1929 : Au Bonheur des Dames de Julien Duvivier
1930 : La Petite Lise de Jean Grémillon
1931 : Les Vagabonds magnifiques de Gennaro Dini
1931 : Les Nuits de Port-Saïd de Dimitri Kirsanoff (inachevé)
1934 : L'Empreinte sanglante de Jean Mamy
1934 : Sapho de Léonce Perret
1934 : Rapt de Dimitri Kirsanoff
1934 : Jeanne de Georges Marret
1935 : Dédé de René Guissart
1935 : Les Mystères de Paris de Félix Gandéra
1935 : Scrupules de Dimitri Kirsanoff (cm inachevé)
1936 : Le Crime de monsieur Lange de Jean Renoir
1936 : La vie est à nous de Jean Renoir
1937 : Jeunes Filles de Paris de Claude Vermorel
1937 : Franco de port de Dimitri Kirsanoff
1938 : La Marseillaise de Jean Renoir
1938 : La Plus Belle Fille du monde de Dimitri Kirsanoff
1939 : Quartier sans soleil de Dimitri Kirsanoff
1945 : L'Ennemi secret de J.K. Raymond-Millet (cm)


Filmographie de Nadia SIBIRSKAÏA
 
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