Delphine SEYRIG
 Actrice française
Révélée par Alain Resnais, Delphine Seyrig va mettre sa personnalité unique et sa voix envoûtante au service d'un cinéma difficile et d'un théâtre avant-gardiste qui ne pouvaient lui assurer la reconnaissance publique. Mais sa carrière en fait une des actrices référentes d'un cinéma d'auteur aussi bien à l'intérieur de l'hexagone qu'à l'étranger.
Fille de l'archéologue Henri Seyrig, directeur du Service des Antiquités au Liban et la navigatrice Hermine de Saussure, Delphine Claire Beltiane Seyrig est née le 10 avril 1932 à Beyrouth. À vingt ans, ses parents rentrent en France, s'installent à Saint-Étienne puis montent à Paris où elle suit les cours d'art dramatique de Pierre Bertin, Roger Blin et Tania Balachova. En 1952, elle décroche au théâtre son premier rôle dans La femme de papier de Louis Ducreux puis dans Un mari idéal d'Oscar Wilde. En 1950 la jeune actrice épouse le peintre américain Jack Youngerman dont elle aura un fils 6 ans plus tard, Duncan Youngerman. Le couple s'installe quelques années à New York et Delphine Seyrig prend des cours à L'Actor studio alors dirigé par Lee Strasberg. C'est sur le sol américain qu'elle tourne son premier film, le court métrage Pull my Daisy, de Robert Frank et Alfred Leslie.
Une voix et une présence
De retour en France, c'est Alain Resnais qui la révèle dans L'année dernière à Marienbad et deux ans plus tard son jeu dans Muriel lui vaut la Coupe Volpi au Festival de Venise. On découvre outre son charme sa gestuelle aérienne et la musicalité de sa voix. Dès lors, elle sera dirigée par des cinéastes réputés difficiles comme Marguerite Duras (La musica, India song, Baxter, Véra Baxter avec Gérard Depardieu), Joseph Losey pour Accident avec Dirk Bogarde et Maison de poupées avec Jane Fonda, Luis Buñuel pour La voie lactée et Le charme discret de la bourgeoisie. Au théâtre, dans un registre également exigeant, elle joue dans Un mois à la campagne d'Ivan Tourgueniev, Cet animal étrange de Gabriel Arout, La collection d'Harold Pinter ou L'aide-mémoire de Jean-Claude Carrière. Dans un registre plus commercial, elle interprète la romantique épouse d'un marchand de chaussures dans Baisers volés de François Truffaut, la fée des Lilas dans Peau d'Âne de Jacques Demy, la femme vampire des Lèvres rouges d'Harry Kumel et la maîtresse d'une nuit d'un tueur dans Chacal. En 1971, elle tourne Le journal d'un suicidé de Stanislav Stanojevic avec Sami Frey qui devient son compagnon.
Féministe active
Figure emblématique de la femme libre et féministe dans l'âme, Delphine Seyrig consacre, à partir des années 70, l'essentiel de sa carrière à de jeunes réalisatrices marginales comme Liliane de Kermadec pour Aloïse avec Isabelle Huppert, Chantal Akerman pour Jeanne Dielman . ou Golden eighties avec Charles Denner, Patricia Moraz pour Le chemin perdu avec Charles Vanel, Pomme Meffre pour Le grain de sable où elle incarne une caissière de théâtre au chômage. Des films d'auteurs au succès confidentiel qui l'empêchent d'obtenir une reconnaissance méritée. Néanmoins, elle forme un trio remarqué avec Simone Signoret et Jean Rochefort dans Chère inconnue de Moshe Mizrahi. En 1968, elle participe au manifeste des 343, pour défendre la liberté d'avorter. En 1977, elle réalise un documentaire intitulé Sois belle et tais-toi où elle recueille des témoignages d'actrices aux prises avec un système machiste.
Des œuvres ambitieuses pour la petite lucarne
À la télévision, elle tourne dans Le troisième Concerto et Le Lys dans la vallée, deux productions ambitieuses de Marcel Cravenne, Sarah et le cri de la langouste de Marcel Bluwal où elle figure Sarah Bernhardt sur son lit de mort, Les étonnements d'un couple moderne de Pierre Boutron et Une saison de feuilles de Serge Leroy qui lui vaut un 7 d'Or. En 1982, elle crée le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir. Parallèlement, elle poursuit une carrière remarquable au théâtre avec C'était hier d Harold Pinter, La chevauchée sur le lac de Constance de Peter Handke, La bête dans la jungle d'Henry James. Alors qu'elle remonte une dernière fois sur scène dans Un jardin en désordre en 1987 d'Alan Ayckbourn au Théâtre de la Renaissance, Delphine Seyrig décède le 15 octobre 1990 à Paris des suites d'un cancer du poumon. Elle n'avait que 58 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Marguerite Duras
1959 : Pull my Daisy de Robert Fran et Alfred Leslie (cm)
1961 : L'année dernière à Marienbad d'Alain Resnais
1963 : Muriel / Muriel ou le temps d'un retour d'Alain Resnais
1963 : Le troisième Concerto de Marcel Cravenne (tv)
1965 : Qui donc a rêvé ? de Liliane de Kermadec (cm)
1965 : Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? de William Klein
1966 : La musica de Marguerite Duras & Paul Seban
1966 : Un mois à la campagne d'André Barsacq (tv)
1966 : Comédie de Marin Karmitz (cm)
1967 : Accident de Joseph Losey
1967 : Mr. Freedom de William Klein
1967 : Hedda Gabler de Raymond Rouleau (tv)
1968 : Baisers volés de François Truffaut
1968 : El vientre de la ballena de Julián Pablo
1969 : La voie lactée de Luis Buñuel
1970 : Le lys dans la vallée de Marcel Cravenne (tv)
1970 : Les lèvres rouges d'Harry Kumel
1970 : Peau d'Âne de Jacques Demy
1971 : Le journal d'un suicidé de Stanislav Stanojevic
1971 : Tartuffe de Marcel Cravenne (tv)
1972 : Le charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel
1972 : Maison de poupées ( a doll's house ) de Joseph Losey
1972 : Le boucher, la star et l'orpheline de Jérôme Savary
1973 : Chacal (The day of the jackal) de Fred Zinnemann
1973 : Dites-le avec des fleurs (Díselo con flores) de Pierre Grimblat
1973 : Contre une poignée de diamants (The black windmill ) de Don Siegel
1974 : La chevauchée sur le lac de Constance de Maurice Château (tv)
1974 : Aloïse de Liliane de Kermadec
1974 : Le cri du cour de Claude Lallemand
1974 : Le dernier cri (Der letzte Schrei) de Robert van Ackeren
1974 : India song de Marguerite Duras
1974 : Je t'aime, tu danses de François Weyergans
1974 : Le jardin qui bascule de Guy Gilles
1975 : Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce 1080 Bruxelles de Chantal Akerman
1976 : Son nom de Venise dans Calcutta désert de Marguerite Duras
1976 : Cher Michel (Caro Michele) de Mario Monicelli
1977 : Repérages de Michel Soutter
1978 : Baxter, Véra Baxter de Marguerite Duras
1978 : En cours de route (Ubkozben) de Márta Mészáros
1979 : Chère inconnue de Moshe Mizrahi
1979 : Le chemin perdu de Patricia Moraz
1980 : Le petit pommier de Liliane de Kermadec (tv)
1981 : Freak Orlando de Ulrike Ottinger
1981 : The Man of Destiny de Desmond Davis (tv)
1982 : Le grain de sable de Pomme Meffre
1983 : Dorian Gray dans le miroir de la presse à sensation d'Ulrike Ottinger
1985 : Golden eighties de Chantal Akerman
1985 : Sarah et le cri de la langouste de Marcel Bluwal (tv)
1985 : Grosse de Brigitte Roüan (cm)
1986 : Les étonnements d'un couple moderne de Pierre Boutron (tv)
1986 : Letters home de Chantal Akerman
1986 : Seven women, seven sins, Portrait d'une paresseuse de Chantal Akerman
1988 : La Bête dans la jungle de Benoît Jacquot (tv)
1988 : Letters home de Chantal Akerman (tv)
1988 : Johanna d'Arc of Mongolia d'Ulrike Ottinger
1989 : Une saison de feuilles de Serge Leroy (tv)


Filmographie de Delphine SEYRIG
 
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