Jean SERVAIS
 Acteur français d'origine belge
Jean Servais était un comédien discret, doté d'une des plus belles voix de notre cinéma. Ce fut un comédien inspiré, d'une élégance certaine, mais son mal de vivre était lisible sur son visage pourtant bien séduisant. Jean Aimé Antoine Servais est né le 24 septembre 1912 à Anvers d'un père militaire d'origine irlandais et d'une mère française. Alors qu'il mène des études de droit à Bruxelles, il est tenté par le théâtre et il décide de devenir comédien. Il suit les cours du Conservatoire d'Art Dramatique de cette même ville. Il en sortira muni d'un second prix. Au début des années trente, il est remarqué par Raymond Rouleau, qui l'engage dans sa troupe du Théâtre du Marais, toujours à Bruxelles. Jean Servais interprète Le mal de la jeunesse de Ferdinand Brückner, et connaît un grand succès dans la capitale belge, mais aussi à Paris. Après ce triomphe, il reste dans la capitale française, et intègre la compagnie de Charles Dullin.
Séduisant jeune premier
En raison d'une ressemblance avec la vedette éphémère Phillip Holmes, Jean Servais se voit confier le rôle d'un jeune paysan victime d'une erreur judiciaire dans Criminel, remake du Code criminel d'Howard Hawks. Dans ce film, il a pour partenaire le grand Harry Baur, qu'il retrouve l'année suivante dans la version des Misérables réalisée par Raymond Bernard. Il semble alors voué aux rôles de jeunes premiers. En 1934, il apparaît dans Angèle de Marcel Pagnol où il interprète un paysan provençal amoureux d'Orane Demazis. En 1936, il retrouve Raymond Rouleau pour Rose. Jean Servais obtient alors des rôles de plus en plus conséquents, notamment dans Les réprouvés. Yvan Noé le sollicite trois fois, pour Gigolette, L'étrange nuit de Noël et Ceux du ciel. L'homme privé resté secret nourrit une passion réciproque avec Maria Casarès mais ces deux tempéraments ardents ont du mal à cohabiter et se séparent.
Héros fatigué
À partir des années quarante, Jean Servais change de registre. Son regard triste et mélancolique, son visage marqué et fatigué, sa belle voix grave le confinent à des rôles désabusés et troubles. Dans La vie de plaisir, il campe un aristocrate alcoolique, avant d'interpréter un étrange et inquiétant pensionnaire dans Une si jolie petite plage d'Yves Allégret auprès de Gérard Philipe. Son jeu subtil le conduit vers des personnages tourmentés et ambigus, souvent louches, volontiers veules. Il prête également sa voix envoutante à plusieurs narrations de films et documentaires. C'est en 1954 que Jean Servais connaît vraiment la gloire cinématographique, avec Du rififi chez les hommes de Jules Dassin, dans lequel il est Tony le Stéphanois, ex-caïd sorti de prison et rongé par la maladie. Dans la même veine, il incarne, dans Les héros sont fatigués, un avocat déchu. Avec ces deux interprétations largement remarquées, Jean devient l'antihéros par excellence, non-dépourvu d'une certaine dangerosité latente. Dans La fièvre monte à El Pao, il campe un impitoyable gouverneur s'opposant à Gérard Philipe. Jean Servais ne renonçera jamais au théâtre. Au sein de la Compagnie Renaud-Barrault, il interprète de nombreuses pièces, parmi lesquelles La répétition ou l'amour puni de Jean Anouilh, Volpone de Ben Johnson, ou Partage de midi de Paul Claudel. En 1952, il épouse Dominique Blanchar, fille de Pierre Blanchar, autre pensionnaire de la compagnie Renaud-Barrault pour peu de temps.
Galerie de méchants
Dans les années soixante, sa carrière cinématographique s'internationalise. Il fait partie du prestigieux casting du Jour le plus long, et apparaît dans plusieurs productions étrangères. En 1963, il est le fourbe professeur Catalan dans L'homme de Rio de Philippe de Broca. Par la suite, l'acteur tourne plusieurs films de série B, en France et en Italie. Sa partenaire de La Cage, Marina Vlady dira de Servais : «un acteur à la voix troublante aux yeux voilés d'une infinie lassitude, qui exprime à l'écran une inquiétude et un sens du tragique». On l'aperçoit dans un film de guerre américain, Les centurions avec Alain Delon et Anthony Quinn. Il y retrouve son ami Maurice Ronet qui sera son partenaire dans L'affaire Crazy Capo en 1973. Il partageait avec lui ce désenchantement, cette mélancolie trop facilement noyés dans l'alcool. Alors qu'il subit une opération chirurgicale, Jean Servais décède d'une insuffisance cardiaque le 17 février 1976, à Paris. Puisse-t-il avoir enfin trouvé un repos paisible.


FILMOGRAPHIE :

Avec Madeleine Renaud
et Jean-Louis Barrault
1931 : Criminel / Le code criminel de Jack Forrester
1932 : Mater Dolorosa d'Abel Gance
1933 : Les misérables de Raymond Bernard
1933 : La voix sans visage de Léo Mittler
1934 : Dernière heure de Jean-Bernard Desrone
1934 : Angèle de Marcel Pagnol
1934 : La chanson de l'adieu de Géza von Bolváry & Albert Valentin
1934 : Jeunesse de Georges Lacombe
1934 : Amok de Fédor Ozep
1935 : Bourrasque / Moghreb de Pierre Billon
1935 : Valse éternelle de Max Neufeld
1935 : Une fille à papa de René Guissart
1936 : Rose de Raymond Rouleau
1936 : Les réprouvés de Jacques Séverac
1936 : Gigolette d'Yvan Noé
1937 : Police mondaine de Michel Bernheim & Christian Chamborant
1938 : La vie est magnifique de Maurice Cloche
1938 : Terre de feu (Terra di fuoco) de Marcel L'Herbier & Giorgio Ferroni
1939 : Ceux du ciel d'Yvan Noé
1939 : Quartier sans soleil de Dimitri Kirsanoff
1939 : L'étrange nuit de Noël d'Yvan Noé
1940 : Finance noire de Félix Gandéra
1941 : Fromont jeune et Risler aîné de Léon Mathot
1942 : Patricia de Paul Mesnier
1942 : Mahlia la métisse de Walter Kapps
1943 : Tornavara de Jean Dréville
1943 : La vie de plaisir d'Albert Valentin
1946 : La septième porte d'André Zwoboda
1946 : Danse de mort de Marcel Cravenne
1947 : Amants sans amour (Amanti senza amore) de Gianni Franciolini
1948 : Une si jolie petite plage d'Yves Allégret
1949 : Le furet de Raymond Leboursier
1949 : Mademoiselle de la Ferté de Roger Dallier & Georges Lacombe
1950 : Le château de verre de René Clément
1951 : Le plaisir de Max Ophüls
1952 : Tourbillon d'Alfred Rode
1952 : Les crimes de l'amour : Mina de Vanghel de Maurice Barry
1953 : Rue de l'Estrapade de Jacques Becker
1953 : Le chevalier de la nuit de Robert Darène
1954 : Du rififi chez les hommes de Jules Dassin
1954 : Les héros sont fatigués d'Yves Ciampi
1955 : La châtelaine du Liban de Richard Pottier
1955 : Le couteau sous la gorge de Jacques Séverac
1956 : Celui qui doit mourir de Jules Dassin
1956 : La roue d'André Haguet & Maurice Delbez
1957 : Quand la femme s'en mêle d'Yves Allégret
1957 : Tamango (La rivolta dell'esperanza) de John Berry
1958 : Cette nuit-là de Maurice Cazeneuve
1958 : Les jeux dangereux de Pierre Chenal
1959 : La fièvre monte à El Pao (Los ambiciosos) de Luis Buñuel
1959 : Meurtre en quarante-cinq tours d'Etienne Périer
1960 : Le Sahara brûle de Michel Gast
1960 : Vendredi, treize heures (On Friday at eleven) d'Alvin Rakoff
1961 : Le jour le plus long (The longest day) de Andrew Marton
1961 : Les menteurs d'Edmond T. Greville
1961 : Le crime ne paie pas de Gérard Oury
1961 : Les frères Corses (I fratelli Corsi) d'Anton Giulio Majano
1962 : Le jeu de la vérité de Robert Hossein
1962 : La cage de Robert Darène
1963 : Soupe aux poulets de Philippe Agostini
1963 : Chasse à la mafia (rififi en la ciudad) de Jesus Franco
1963 : Un soir. par hasard d'Yvan Govar
1963 : L'homme de Rio de Philippe de Broca
1964 : Sursis pour un espion de Jean Maley
1965 : Thomas l'imposteur de Georges Franju
1965 : Les centurions (Lost command) de Mark Robson
1966 : Avec la peau des autres de Jacques Deray
1966 : Le train bleu s'arrête 13 fois de René Wheeler (tv)
1966 : Coplan sauve sa peau d'Yves Boisset
1967 : Requiem pour une canaille (Qualcuno ha tradito) de Franco Prosperi
1967 : Les hommes de Las Vegas (Las Vegas, 500 milliones) d'Antonio Isasi Isasmendi
1968 : Black Jésus (Seduta alla sua destra) de Valerio Zurlini
1968 : Une veuve dans le vent (Meglio vadova) de Duccio Tessari
1971 : Le seuil du vide de Jean-François Davy
1971 : L'Homme de Londres (Der Mann aus London) de Heinz Schirk (tv)
1972 : La plus longue nuit du diable (Castle of death) de Jean Brismee
1972 : La balançoire à minouches de Jean-Louis van Belle
1973 : L'affaire Crazy Capo de Patrick Jamain
1974 : Le comte Yoster a bien l'honneur de Michael Braun (tv)
1974 : Le protecteur de Roger Hanin


Filmographie de Jean SERVAIS
 
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