Jean-Pierre SENTIER
 Acteur et réalisateur français
Avec sa haute et longue silhouette, son regard clair, son visage lunaire et son physique de clown triste, Jean-Pierre Sentier n’avait pas son pareil pour incarner des personnages troubles et des marginaux dans des polars et des films de guerre. Le réalisateur décalé avec son univers très personnel n’était pas moins dépourvu de talent.
Jean-Pierre Sentier voit le jour le 7 avril 1940, à Beaugency, dans le Loiret. Fils d’un entrepreneur de travaux publics, il se passionne tout jeune pour les disciplines artistiques. Il monte à Paris pour tenter sa chance comme peintre mais il délaisse très vite ses pinceaux pour l’art dramatique. Talentueux touche-à-tout, il se produit dans La Tempête de Shakespeare, Le Roi nu de Schwartz, Les Brigands de Schiller et La Cigogne d’Armand Gatti. Il écrit et interprète deux seuls en scène L’Amante phalloïde et Faut-il déterrer les morts ? où il déploie un humour non-sensique et décalé qui sera sa marque de frabrique et le fait connaître.
Un second rôle farfelu ou inquiétant
Il débute dans des feuilletons télévisés comme Les Compagnons de Baal de Pierre Prévert et L’Homme du Picardie de Jacques Ertaud. Il est présent au cinéma dans des petits rôles dans Caroline Chérie et Le Tatoué de Denys de La Patellière, le second coupé au montage, Drôle de jeu de Pierre Kast, et Bye Bye Barbara de Michel Deville. Avec sa haute stature et son air un peu ahuri, il se hisse rapidement parmi les seconds rôles familiers. Spécialisé dans les rôles de marginaux, il campe souvent des journalistes dans Le Juge et l’Assassin, Je suis Pierre Rivière, ou L’Argent des autres. Il compose des personnages truculents au bord de la folie dans Rue du Pied-de-Grue avec Philippe Noiret, Deux Lions au Soleil où il forme un magnifique duo avec Jean-François Stévenin (qu’il retrouve dans l’excellent polar de Série noire, L’ennemi public n° 2 d’Édouard Niermans), le psychiatre dans Les Vécés étaient fermés de l’intérieur de Patrice Leconte, le berger harmoniciste de Derborence du suisse Francis Reusser, le passeur dans Les Îles d’Iradj Azimi ou le routier débonnaire de Drôle d’endroit pour une rencontre. Il peut prendre une tournure terrifiante comme ce militaire tortionnaire dans La question de Laurent Heynemann, adapté du livre d’Henri Alleg, l’associé lanceur de couteaux du psychopathe Bernard-Pierre Donnadieu dans Rue Barbare de Gilles Béhat, le maquereau de Rue du Départ de Tony Gatlif avec Christine Boisson, le flic homosexuel de Poussière d’ange d’Édouard Niermans avec Bernard Giraudeau, le boulanger meurtrier de La Maison assassinée de Georges Lautner ou le collabo sadique de Mon Ami le traître de José Giovanni.
Un réalisateur de grand talent
Jean-Pierre Sentier n’abandonne pas pour autant le théâtre et se produit dans Titus Andronicus de Shakespeare, Les Marchands de gloire de Pagnol, Le maître et la marguerite de Vladimir Boulgakov, ou Outrage au public de Peter Handke. Il obtient le Molière du meilleur second rôle en 1993 pour L’Église de Céline. Jean-Pierre Sentier passe à la réalisation avec le court-métrage remarqué L’arrêt au milieu. Il est récompensé du prix Jean-Vigo pour Le Jardinier, un film inclassable sur la vie d’ouvriers régie par des règles absurdes. Allant plus loin encore dans l’absurde, il interprète et cosigne avec Daniel Laloux le décapant Un bruit qui court où deux fonctionnaires chargés de fabriquer des boîtes de camembert sont oubliés sur une île déserte. Son dernier film tout aussi farfelu, Le Coup suprême bénéficie de l’interprétation de Bernard Giraudeau. Toujours présent à la télévision dans des biopics comme Marie Curie, une femme honorable avec Marie-Christine Barrault ou George Sand, une femme libre avec Christine Citti où l’acteur apparaît très diminué, il apporte son talent à des films d’auteurs plus confidentiels comme L’Affût de Yannick Bellon, Krapatchouk d’Enrique Gabriel, Woyzeck de Guy Marignane ou Le Livre de Cristal de Patricia Plattner, sa dernière apparition. Le 2 mars 1963 naît sa fille la scripte Valentine Sentier-Devos, fruit de son union avec Marie Henriau qui mettra au monde l’année suivante l’actrice Emmanuelle Devos avec le réalisateur Jean-Michel Devos. Jean-Pierre Sentier meurt, emporté par un cancer, le 5 janvier 1995, à Boulogne-Billancourt. Il avait 54 ans. Sa fille Valentine disparaît également d’un cancer la même année à l'âge de 32 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean-François Stévenin
1966 : Le Chevalier des Touches de Claude-Jean Bonnardot (tv)
1967 : Caroline Chérie de Denys de La Patellière
1967 : Drôle de jeu de Pierre Kast
1968 : Les Compagnons de Baal de Pierre Prévert (tv)
1968 : Le Tatoué de Denys de La Patellière
1968 : Bye bye Barbara de Michel Deville
1968 : Le Socrate de Robert Lapoujade
1969 : Thibault ou les Croisades de Joseph Drimal (tv)
1969 : Judith de Robert Maurice (tv)
1969 : Sainte Jeanne de Claude Loursais (tv)
1970 : Le Sauveur de Michel Mardore
1970 : Un Matin de Juin 1940 de Claude-Jean Bonnardot (tv)
1970 : Le Saut périlleux de William Guery (cm)
1971 : On est toujours trop bon avec les femmes de Michel Boisrond
1971 : L’an 01 de Jacques Doillon, Jean Rouch & Alain Resnais
1972 : Les Misérables de Marcel Bluwal (tv)
1973 : Byron, libérateur de la Grèce de Pierre Bureau (tv)
1973 : L’Éloignement de Jean-Pierre Desagnat (tv)
1973 : Maître Zaccharius de Pierre Bureau (tv)
1974 : Le Satyre de la Villette de Bernard d’Abrigeon (tv)
1974 : Beau-François de Roger Kahane (tv)
1975 : Le Pain noir de Serge Moati (tv)
1975 : Les Vécés étaient fermés de l’intérieur de Patrice Leconte
1975 : Le Cardinal de Retz de Bernard d’Abrigeon (tv)
1975 : Le Père Amable de Claude Santelli (tv)
1975 : Le Juge et l’Assassin de Bertrand Tavernier
1975 : Virginie de Michel Favart (tv)
1975 : Je suis Pierre Rivière de Christine Lipinska
1975 : La Tête en ruine de Tony Gatlif
1976 : La Grande Peur de Michel Favart (tv)
1976 : Celui qui ne te ressemble pas de Georges Régnier (tv)
1976 : La Question de Laurent Heynemann
1976 : Nuit d’or de Serge Moati
1977 : La Jument vapeur de Joyce Buñuel
1977 : Un Comique né de Michel Polac (tv)
1977 : L’Arrêt au milieu de Jean-Pierre Sentier (cm)
1977 : Le Chien de monsieur Michel de Jean-Jacques Beineix (cm)
1977 : Louis Rossel et la Commune de Paris de Serge Moati (tv)
1978 : La Passion de Raoul Sangla (tv)
1978 : L’Argent des autres de Christian de Chalonge
1978 : Le Maître-nageur de Jean-Louis Trintignant
1978 : Une Semaine sainte de Jean Cazenave (tv)
1978 : Aurélien de Michel Favart (tv)
1979 : Jean le Bleu d’Hélène Martin (tv)
1979 : Rue du Pied-de-Grue de Jean-Jacques Grand-Jouan
1979 : West Indies ou les Nègres marrons de la liberté de Med Hondo
1979 : Une Femme dans la Ville de Joannick Desclers (tv)
1979 : Le Mors aux dents de Laurent Heynemann
1979 : Tout dépend des filles… de Pierre Fabre
1980 : Le Jardinier de Jean-Pierre Sentier
1980 : Extérieur, nuit de Jacques Bral
1980 : Mont-Oriol de Serge Moati (tv)
1980 : Le Règlement intérieur de Michel Vuillemet
1980 : Deux Lions au soleil de Claude Faraldo
1980 : La Traque de Philippe Lefebvre (tv)
1980 : Instants de vie / Instinct de femme de Claude Othin-Girard
1980 : À vingt minutes par le R.E.R. de Richard Malbequi (cm)
1981 : Un Assassin qui passe de Michel Vianey
1981 : L’Ascension de Catherine Sarrazin de Jean-Pierre Prévost (tv)
1981 : La Revanche de Pierre Lary
1981 : L’Agent secret de Marcel Camus (tv)
1981 : Nestor Burma, détective de choc de Jean-Luc Miesch
1981 : Guerre en Pays neutre de Philippe Lefebvre (tv)
1982 : Paris-Saint-Lazare de Marco Pico (tv)
1982 : Les Îles de Iradj Azimi
1982 : Mozart de Marcel Bluwal (tv)
1982 : Sans un Mot de Gérard Poitou-Weber (tv)
1983 : Les folles années du Twist de Mahmoud Zemmouri
1983 : Debout les crabes, la mer monte ! de Jean-Jacques Grand-Jouan
1983 : Capitaine X de Bruno Gantillon (tv)
1983 : Un Bruit qui court de Jean-Pierre Sentier & Daniel Laloux
1984 : Rue Barbare de Gilles Béhat
1984 : L’Ennemi public numéro 2 d’Édouard Niermans (tv)
1984 : Le Juge de Philippe Lefebvre
1984 : Machinatiions de Bruno Gantillon (tv)
1985 : Derborence de Francis Reusser
1985 : Fugue en Femme majeure de Patrick Villechaize (tv)
1985 : Le Génie du Faux de Stéphane Kurc (tv)
1985 : Exit-exil de Luc Monheim
1985 : Tous en Boîte de Charles Nemes (tv)
1985 : Rue du Départ de Tony Gatlif
1986 : La Femme secrète de Sébastien Grall
1986 : Poussière d’Ange d’Édouard Niermans
1987 : La Maison assassinée de Georges Lautner
1987 : La Maison piège de Michel Favart (tv)
1987 : Camille Claudel de Bruno Nuytten
1987 : Drôle d’endroit pour une rencontre de François Dupeyron
1988 : Mon Ami le Traître de José Giovanni
1989 : Pleure pas my Love de Tony Gatlif
1989 : La Soule de Michel Sibra
1989 : La Baïonnette de Mirabeau de Claude Faraldo (tv)
1989 : Les Nuits révolutionnaires de Charles Brabant (tv)
1989 : Le Vagabond de la Bastille de Michel Andrieu (tv)
1989 : Riot Gun de Philippe Triboit (tv)
1989 : La Fille du Magicien de Claudine Bories
1989 : La Fille des Collines de Robin Davis
1990 : Faux et usage de faux de Laurent Heynemann
1990 : Deux Flics à Belleville de Sylvain Madigan (tv)
1990 : Mademoiselle Ardel de Michael Braun (tv)
1990 : Les Amusements de la vie privée (I Divertimenti della vita privata) de Cristina Comencini
1990 : Marie Curie, une Femme honorable de Michel Boisrond (tv)
1991 : Le Coup suprême de Jean-Pierre Sentier
1991 : L’Affût de Yannick Bellon
1991 : Woyzeck de Guy Marignane
1992 : Krapatchouk (Krapatchouk, al este del desdén) d’Enrique Gabriel
1993 : Une Femme sans histoire d’Alain Tasma (tv)
1993 : Puissance 4, « Chiens écrasés » de Gérard Poitou-Weber (tv)
1993 : L’Ombre du Doute d’Aline Issermann
1993 : Faits et dits de Nasreddin de Pierre-Marie Goulet (tv)
1994 : Le Livre deCristal de Patricia Plattner
1995 : George Sand, une Femme libre de Gérard Poitou-Weber (tv)


Filmographie de Jean-Pierre SENTIER
 
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