Louis SEIGNER
 Acteur et metteur en scène français
Louis Seigner restera l'inoubliable bourgeois gentilhomme du répertoire de Molière. Sa carrure, son autorité, son sens de la composition et son prestige de comédien français lui ont tracé une voie royale sur scène et sur écran dans des personnages de grands bourgeois, de financiers, d'ecclésiastiques, d'hommes bien établis dont la figure respectable dissimule quelques vilenie. Fils de modestes commerçants, Louis Joseph Seigner naît le 23 juin 1903 à Saint-Chef, dans l'Isère. Le démon du théâtre vient le saisir très jeune, après avoir assisté à une représentation donnée par une troupe de théâtre ambulante. De même, le cinéma, encore muet, le passionne. Lycéen à Lyon, il fréquente le Théâtre des Célestins de 1919 à 1923, avant de suivre les cours du Conservatoire de cette même ville. Il s'inscrit, peu après, au prestigieux Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris. Il y rencontre sa future femme, Marie Cazaux, une comédienne qui renoncera à sa carrière. Ils ont trois enfants, Françoise en 1928, comédienne également pensionnaire de la Comédie Française, Anne-Marie en 1934 et Jean-Louis en 1941.
Un monument du théâtre
Remarqué par Firmin Gémier, Louis Seigner est engagé au Théâtre de l'Odéon. Il y restera seize ans. En 1930, il fonde, avec les frères Jean Nohain et Claude Dauphin, une compagnie théâtrale radiophonique. C'est également au début des années trente que Louis Seigner effectue ses premiers pas au cinéma. Max de Rieux le fait débuter à l'écran, en 1931 dans Une histoire entre mille et encore svelte, il est engagé dans Chotard et Cie de Jean Renoir. Il faut attendre la fin de cette même décennie pour que le comédien commence à se faire remarquer. Mais c'est surtout le théâtre qui l'accapare. En 1939, il entre à la Comédie-Française, où il officiera pendant trente-deux ans. Il devient sociétaire en 1943. Interprète talentueux, il y assurera aussi de très nombreuses mises en scène, qu'il s'agisse des classiques, comme Le malade imaginaire et Le bourgeois gentilhomme de Molière, ou des vaudevilles de Labiche et Feydeau.
Le bourgeois sournois
Son actif au cinéma va vite s'enrichir sous l'occupation. Il apparaît aux génériques de films majeurs comme Goupi mains rouges de Jacques Becker ou Le corbeau d'Henri-Georges Clouzot On peut le voir dans des rôles de notables en tous genres, médecin, homme d'affaires, magistrat, avocat, banquier, mais aussi homme d'Église ou commissaire de police. Louis Seigner tourne sous la direction de cinéastes souvent excellents comme Christian-Jaque (Un revenant, D'Homme à hommes), Louis Daquin (Nous les gosses, Le Voyageur de la Toussaint, Patrie), Claude Autant-Lara (Le Mariage de Chiffon), Marcel Carné (La Marie du Port), Pierre Billon (L'Homme au chapeau rond), Jacques Becker (Rendez-vous de Juillet), Raymond Bernard (Le Jugement de Dieu) ou Henri Calef (Jéricho, Les Chouans). Dans les années cinquante, Louis Seigner est un acteur toujours aussi demandé. Poissonnier dans Le plaisir ou magicien dans Lucrèce Borgia, il apparaît dans des productions de grande qualité comme Nous sommes tous des assassins, Adorables créatures ou Le comte de Monte Cristo. Il participe à des spectacles filmés de la Comédie Française sous la férule de Jean Meyer comme Le bourgeois gentilhomme et Le mariage de Figaro. Il retrouve Clouzot pour Les espions, où il tient le rôle d'un toxicomane. Denys de La Patellière sait l'utiliser avec intelligence dans Les grandes familles et Rue des Prairies. Par la suite, il est président des assises dans La vérité avec Brigitte Bardot, et président de la Banque de France dans Le président avec Jean Gabin. Michelangelo Antonioni sollicite son talent pour L'éclipse.
Le grand-père du théâtre français
Doyen de la Comédie-Française, Louis Seigner ne délaisse jamais la scène et enseigne au Conservatoire de Paris de 1962 à 1976. Il est aussi très présent à la télévision. Dans Les rois maudits, il campe le banquier Tolomei. Au cinéma, on se souvient aussi du garde des sceaux dans Section spéciale et du père d'Alain Delon dans Monsieur Klein. Son dernier rôle est celui de Monseigneur Myriel dans Les misérables de Robert Hossein. Louis Seigner, immense homme de théâtre, est le père de Françoise Seigner, et le grand-père d'Emmanuelle et Mathilde Seigner, toutes actrices reconnues. Il meurt le 20 janvier 1991 à Paris, dans l'incendie accidentel de son appartement, causé par une pipe mal éteinte alors qu'il dormait.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean Marais
1931 : Une histoire entre mille de Max de Rieux
1932 : Chotard et Cie de Jean Renoir
1935 : Le commissaire est bon enfant de Jacques Becker (cm)
1938 : Alerte en Méditerranée de Léo Joannon
1939 : Entente cordiale de Marcel L'Herbier
1941 : Nous les gosses de Louis Daquin
1941 : Le briseur de chaînes de Jacques Daniel-Norman
1941 : Le mariage de Chiffon de Claude Autant-Lara
1941 : La symphonie fantastique de Christian-Jaque
1942 : Le voyageur de la Toussaint de Louis Daquin
1942 : Défense d'aimer de Richard Pottier
1942 : La loi du printemps de Jacques Daniel-Norman
1942 : Goupi mains rouges de Jacques Becker
1942 : Des jeunes filles dans la nuit de René Le Hénaff
1943 : Vautrin de Pierre Billon
1943 : Lucrèce de Léo Joannon
1943 : Service de nuit de Jean Faurez
1943 : Le corbeau d'Henri-Georges Clouzot
1943 : Les anges du péché de Robert Bresson
1943 : Les Roquevillard de Jean Dréville
1943 : Premier de cordée de Louis Daquin
1943 : Le secret de madame Clapain d'André Berthomieu
1945 : Le jugement dernier de René Chanas
1945 : Patrie de Louis Daquin
1945 : Jéricho d'Henri Calef
1946 : L'homme au chapeau rond de Pierre Billon
1946 : Un revenant de Christian-Jaque
1946 : Les chouans d'Henri Calef
1946 : La femme en rouge de Louis Cuny
1946 : Rêves d'amour de Christian Stengel
1947 : Les frères Bouquinquant de Louis Daquin
1947 : La carcasse et le tord-cou de René Chanas
1947 : La chartreuse de Parme de Christian-Jaque
1948 : Le colonel Durand de René Chanas
1948 : Un certain monsieur d'Yves Ciampi
1948 : D'homme à hommes de Christian-Jaque
1948 : Vire-vent de Jean Faurez
1949 : Maya de Raymond Bernard
1949 : Rendez-vous de juillet de Jacques Becker
1949 : Singoalla de Christian-Jaque
1949 : La Marie du port de Marcel Carné
1949 : Miquette et sa mère d'Henri-Georges Clouzot
1949 : Le cas du docteur Gallois de Maurice Teboul
1949 : Le jugement de Dieu de Raymond Bernard
1949 : Tête blonde de Maurice Cam
1950 : L'homme de la Jamaïque de Maurice de Canonge
1950 : Dakota 308 de Jacques Daniel-Norman
1950 : Maître après dieu de Louis Daquin
1950 : L'enfant des neiges d'Albert Guyot
1950 : Coq en pâte de Charles-Félix Tavano
1950 : Boite de nuit d'Alfred Rode
1950 : Clara de Montargis d'Henri Decoin
1950 : Le dindon de Claude Barma
1951 : Le plaisir de Max Ophüls
1951 : Seul au monde de René Chanas
1951 : La plus belle fille du monde de Christian Stengel
1951 : Les sept péchés capitaux, « L'orgueil » de Claude Autant-Lara
1951 : Monsieur Octave de Maurice Téboul
1952 : Nous sommes tous des assassins d'André Cayatte
1952 : Adorables créatures de Christian-Jaque
1952 : Son dernier Noël de Jacques Daniel-Norman
1952 : Les dents longues de Daniel Gélin
1952 : Koenigsmark de Solange Térac
1952 : Les amours finissent à l'aube d'Henri Calef
1952 : Les amants de minuit de Roger Richebé
1952 : Minuit. Quai de Bercy de Christian Stengel
1952 : La fête à Henriette de Julien Duvivier
1952 : Lucrèce Borgia de Christian-Jaque
1953 : L'esclave d'Yves Ciampi
1953 : L'ennemi public N°1 d'Henri Verneuil
1953 : Zoé de Charles Brabant
1953 : Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry
1954 : Obsession de Jean Delannoy
1954 : La belle Otero de Richard Pottier
1954 : Les amours de Manon Lescaut (Gli amori di Manon Lescaut) de Mario Costa
1954 : Le comte de Monte-Cristo de Robert Vernay
1955 : Les nuits de Montmartre de Pierre Franchi
1955 : La rue des bouches peintes de Robert Vernay
1955 : Milord l'arsouille d'André Haguet
1955 : Les premiers outrages de Jean Gourguet
1955 : Marguerite de la nuit de Claude Autant-Lara
1955 : La chasse aux maris (Raggazze d'oggi) de Luigi Zampa
1956 : Quai des illusions d'Émile Couzinet
1956 : Paris Palace Hôtel d'Henri Verneuil
1956 : Nuit blanche et rouge à lèvres de Robert Vernay
1956 : Miss Catastrophe de Dimitri Kirsanoff
1957 : Le grand bluff de Patrice Dally
1957 : Les espions d'Henri-Georges Clouzot
1957 : Nathalie de Christian-Jaque
1957 : Vengeance (La venganza) de Juan Antonio Bardem
1958 : Le bourgeois gentilhomme de Jean Meyer
1958 : Les grandes familles de Denys de La Patellière
1958 : Jeux dangereux de Pierre Chenal
1958 : Nous sommes tous coupables (Il magistrato) de Luigi Zampa
1959 : Le baron de l'écluse de Jean Delannoy
1959 : Les cosaques (I Cosacchi) de Victor Tourjansky & Giorgio Rivalta
1959 : Les affreux de Marc Allégret
1959 : Détournement de mineurs de Walter Kapps
1959 : Les yeux de l'amour de Denys de La Patellière
1959 : Le mariage de Figaro de Jean Meyer
1959 : Rue des Prairies de Denys de La Patellière
1959 : À pleines mains de Maurice Régamey
1960 : Les frangines de Jean Gourguet
1960 : Le panier à crabes de Joseph Lisbona
1960 : La vérité d'Henri-Georges Clouzot
1960 : Le président d'Henri Verneuil
1960 : Interpol contre X de Maurice Boutel
1961 : Le petit garçon de l'ascenseur de Pierre Granier-Deferre
1961 : Carillons sans joie de Charles Brabant
1962 : L'éclipse (L'elisse) de Michelangelo Antonioni
1962 : Les faux-jetons (Le massaggiatrici) de Lucio Fulci
1962 : Al otro lado de la ciudad d'Alfonso Balcázar
1964 : Les amitiés particulières de Jean Delannoy
1965 : La corde au cou de Joseph Lisbona
1966 : Soleil noir de Denys de La Patellière
1969 : Le pacha de Georges Lautner
1973 : Prêtres interdits de Denys de La Patellière
1974 : La race des seigneurs de Pierre Granier-Deferre
1974 : Section spéciale de Costa-Gavras
1975 : Bons baisers d'Hong Kong d'Yvan Chiffre
1976 : Monsieur Klein de Joseph Losey
1980 : Asphalte de Denis Amar
1982 : Les misérables de Robert Hossein

Télévision :
1957 : Bartleby, l'écrivain de Claude Barma
1959 : Le Malade imaginaire de Claude Dagues
1960 : Le Barbier de Séville de François Gir
1969 : L'Émigré de Brisbane de Jean Pignol
1971 : Mais n'te promène donc pas toute nue ! de Jacques Audoir
1972 : Les Rois maudits de Claude Barma
1973 : Molière pour rire et pour pleurer de Marcel Camus
1974 : Julie Charles de Jean Kerchbron
1975 : Nicomède de Roger Benamou
1977 : Lorenzaccio de Franco Zeffirelli
1977 : C'est Mozart qu'on assassine de Pierre Goutas
1977 : Esprit de suite de Jean Henin
1978 : Mais n'te promène donc pas toute nue ! de Jeannette Hubert
1979 : On purge bébé de Jeannette Hubert


Filmographie de Louis SEIGNER
 
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