Maurice SCHUTZ
 Acteur français
Grand, sec, le visage osseux et la voix cassée, Mauric e Schutz a campé des silhouettes malicieuses et parfois inquiétantes. Son visage noueux suffisait au naturel pour donner de la densité à ses personnages mais l’acteur aimait en plus pratiquer l’art du grimage donnant leur apparence fantomatique à des compositions magistrales.
De son vrai nom, Maurice Paul Schutzenberger, il voit le jour à Paris, le 4 août 1866. Fils d’un professeur du Collège et de France et membre de l’Institut, il étudie au lycée Henri-IV et entre au Conservatoire dans la classe de Got. Il exerce la pantomime avec Félicia Malet et Michel Carré et apparaît au théâtre dans Lysistrata de Maurice Donnay et Madame Sans-Gêne. Il passe par les Variétés et le théâtre Sarah-Bernhardt. Il pense à trente ans avoir connu tous les bonheurs de la scène et se reconvertit comme éleveur en Normandie et rédacteur parlementaire à l’agence Havas.
Des grands rôles muets
Maurice Schutz revient à son métier d’acteur au cinéma en apparaissant d’abord dans des bandes parfois anonymement chez Pathé dirigées par Paul Garbagni (Nick Carter), Georges Denola, Daniel Riche ou Jean Kemm et se prêtant à quelques extravagances dans des films comiques. Il offre son allure vieillie avant l’âge dans des compositions saisissantes comme le vieux prêtre de Quatre-vingt-treize de Capellani et André Antoine, le patriarche de Prisca de Gaston Roudès, Le Bret dans Cyrano de Bergerac dans une version franco-italienne d’Augusto Genina assez fade dans une adaptation muette, le vieillard au regard d’acier de Pour toute la vie de Benito Perojo ou la très vieille cartomancienne du Voyage imaginaire de René Clair. Il participe à des bandes à épisodes comme L’empereur des pauvres de René Leprince ou Gossette de Germaine Dulac et endosse les rôles principaux historiques de Jean Chouan pour Luitz-Morat et de Mauprat dans le double rôle de chefs de famille d’égorgeurs pour Jean Epstein. On le retrouve superbe de digne sénilité dans L’Agonie de Jérusalem de Julien Duvivier et incarne Pascal Paoli dans Napoléon d’Albel Gance, le chanoine Nicolas Loyseleur dans La passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodore Dreyer qui saisit à merveille son masque au regard transparent et lèvres minces dans de superbes gros plans et un sinistre officier prussien dans Verdun visions d’Histoire de Léon Poirier. Louis Delluc dit de Maurice Schutz qu’il semble « dessiné par Gustave Doré ».
Goupi l'empereur
L’arrivée du cinéma sonore va être fatale à Maurice Schutz, handicapé par une atrophie des cordes vocales qui rendent sa voix difficile à capter pour un ingénieur du son. Cela ne l’empêche pas de conserver la confiance de réalisateurs comme Dreyer qui en fait un vieux châtelain dans Vampyr, Alexandre Volkoff qui l’emploie comme vizir dans La Mille et deuxième nuit avec Ivan Mosjoukine ou Sacha Guitry qui en fait son Louis XIV âgé dans Remontons les Champs-Élysées ou son Voltaire dans Le Diable boîteux. Il obtient ses rôles les plus marquants pendant l’occupation pour incarner des notables souvent inquiétants et des vieillards facétieux. Cet enroué perpétuel se proclame Paganini dans La symphonie fantastique de Christian-Jaque, joue un oncle de Charles Vanel dans Les Roquevillard de Jean Dréville et un indomptable vieux comte dans La Grande Meute de Jean de Limur. Il reste dans les mémoires dans Goupi Mains Rouges de Jacques Becker comme le vieillard facétieux à l’article de la mort, Goupi l’Empereur qui se fait un malin plaisir de simuler sa mort pour ressusciter dès que sa famille le croit trépassé.
Des vieillards croqués avec autodérision
Après la guerre, Maurice Schutz ses meilleures compositions sous la direction d’Henri-Georges Clouzot comme le pensionnaire dans Le Retour de Jean, un des sketches de Retour à la vie auprès de Louis Jouvet ou le cabotin hors d’âge dans Miquette et sa mère. Il se plaît à se caricaturer avec humour comme vieux paysan dans Coïncidences, représentant du conseil dans L’Arche de Noé, le père du pharmacien Fernand Ledoux de Danger de mort, et des vieillards dans Vient de paraître, Ronde de nuit, Histoires extraordinaires, Une fille à croquer pour terminer en doyen dans La Demoiselle et son revenant, une aimable œuvrette de Marc Allégret. Il remonte sur scène à 87 ans pour ses adieux dans Le Désir sous les ormes, une pièce d’Eugene O’Neill. Maurice Schutz est décédé à Clichy-la-Garenne, le 22 mars 1955.


FILMOGRAPHIE :

Avec Camille Baudou
1910 : Nick Winter l’adroit détective de Paul Garbagni
1911 : Dodoche fait des siennes de Daniel Riche
1913 : Le poteau de la mort de Pierre Magnier
1914 : Le train des bois de Pierre Magnier
1918 : Serpentin janissaire de René Plaissetty
1919 : Sa gosse d’Henri Desfontaines
1919 : L’âtre de Robert Boudrioz
1920 : Irène de Marcel Dumont
1920 : Au-delà des lois humaines de Marcel Dumont & Gaston Roudès
1920 : Maître Evora de Gaston Roudès
1920 : Quatre-vingt-treize d’Albert Capellani &André Antoine
1921 : Prisca de Gaston Roudès
1921 : Lily vertu de Daniel Bompard
1921 : Les trois masques d’Henry Krauss
1921 : La douloureuse comédie de Théo Bergerat
1921 : Le méchant homme de Charles Maudru
1921 : Fromont jeune et Risler aîné d’Henry Krauss
1921 : L’empereur des pauvres de René Leprince
1922 : Les opprimés d’Henry Roussel
1922 : La mendiante de Saint-Sulpice de Charles Burguet
1922 : Faubourg-Montmartre de Charles Burguet
1923 : Le petit Jacques de Georges Raulet & Georges Lannes
1923 : Le crime des hommes de Gaston Roudès
1923 : Les Rantzau de Gaston Roudès
1923 : La vierge du portail (Die Madonna am Portal ) d’Albert Durec
1923 : Le petit moineau de Paris de Gaston Roudès
1923 : Cyrano de Bergerac (Cirano di Bergerac) d’Augusto Genina
1923 : Pour toute la vie (Para toda la Vida ) de Benito Perojo
1923 : Gossette de Germaine Dulac
1924 : Le fantôme du Moulin-Rouge de René Clair
1924 : L’ornière d’Édouard Chimot
1924 : La nuit de la revanche d’Henri Etievant
1924 : Kithnou de Robert Péguy & Henri Étiévant
1924 : Le Vert Galant de René Leprince
1924 : Les cinquante ans de Don Juan d’Henri Etiévant (cm)
1925 : Le voyage imaginaire de René Clair
1925 : Le cœur des gueux d’Alfred Machin & Henry Wulschleger
1925 : Veille d’armes de Jacques de Baroncelli
1925 : Grand gosse (Boy) de Benito Perojo
1925 : La course du flambeau de Luitz-Morat
1925 : Jean Chouan de Luitz-Morat
1926 : L’agonie de Jérusalem de Julien Duvivier
1926 : Mauprat de Jean Epstein
1926 : Le juif errant de Luitz-Morat
1927 : Napoléon d’Abel Gance
1927 : Le bonheur du jour de Gaston Ravel
1928 : L’âme de Pierre de Gaston Roudès
1928 : La passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer
1928 : La vierge folle de Luitz-Morat
1928 : Vénus (Venus) de Louis Mercanton
1929 : La maison des hommes vivants de Marcel Dumont & Gaston Roudès
1929 : Verdun , visions d’histoire de Léon Poirier
1930 : L’Arlésienne de Jacques de Baroncelli
1930 : Les vacances du diable d’Alberto Cavalcanti
1932 : Vampyr ou l’étrange aventure de David Gray (Vampyr) de Carl Theodor Dreyer
1932 : Gitanes de Jacques de Baroncelli
1932 : La mille et deuxième nuit d’Alexandre Volkoff
1932 : Fantômas de Paul Féjos
1933 : Les misérables de Raymond Bernard
1933 : Le petit roi de Julien Duvivier
1935 : Pasteur de Sacha Guitry & Fernand Rivers
1935 : Ademaï au moyen-âge de Jean de Marguenat
1936 : L’appel du silence de Léon Poirier
1936 : La rose effeuillée de Georges Pallu
1936 : L’Assaut de Pierre-Jean Ducis
1937 : Maman Colibri de Jean Dréville
1938 : Légions d’honneur de Maurice Gleize
1938 : Katia de Maurice Tourneur
1938 : Remontons les Champs-Élysées de Sacha Guitry & Robert Bibal
1938 : Gargousse d’Henry Wulschleger
1938 : Le roman de Werther de Max Ophüls
1938 : Trois valses de Ludwig Berger
1938 : Métropolitain de Maurice Cam
1938 : Raphaël le tatoué de Christian-Jaque
1939 : La fin du jour de Julien Duvivier
1941 : La symphonie fantastique de Christian-Jaque
1942 : La nuit fantastique de Marcel L’Herbier
1942 : Les Roquevillard de Jean Dréville
1942 : Le camion blanc de Léo Joannon
1942 : Goupi Mains Rouge de Jacques Becker
1943 : La chèvre d’or de René Barberis
1943 : Adémaï bandit d’honneur de Gilles Grangier
1943 : Vautrin de Pierre Billon
1943 : Un seul amour de Pierre Blanchar
1943 : Jeannou de Léon Poirier
1944 : La grande meute de Jean de Limur
1944 : Les enfants du paradis de Marcel Carné
1945 : Patrie de Louis Daquin
1945 : L’assassin n’est pas coupable de René Delacroix
1945 : Le capitan de Robert Vernay
1946 : Un ami viendra ce soir de Raymond Bernard
1946 : Le village de la colère de Raoul André
1946 : L’arche de Noé d’Henri Jacques
1946 : Coïncidences de Serge Debecque
1947 : Le village perdu de Christian Stengel
1947 : Danger de mort de Gilles Grangier
1948 : Le diable boiteux de Sacha Guitry
1948 : Ronde de nuit de François Campaux
1949 : Retour à la vie « Le retour de Jean » d’Henri-Georges Clouzot
1949 : Véronique de Robert Vernay
1949 : Histoires extraordinaires de Jean Faurez
1949 : Miquette et sa mère d’Henri-Georges Clouzot
1949 : Vient de paraître de Jacques Houssin
1949 : L’extravagante Théodora d’Henri Lepage
1949 : Le jugement de dieu de Raymond Bernard
1949 : Adémaï au poteau-frontière de Paul Colline
1950 : Justice est faite d’André Cayatte
1950 : Une fille à croquer / Le petit chaperon rouge de Raoul André Louise Carletti
1950 : Boîte à vendre de Claude André Lalande (cm)
1951 : Le cap de l’espérance de Raymond Bernard
1951 : La demoiselle et son revenant de Marc Allégret


Filmographie de Maurice SCHUTZ
 
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