Fernand Sardou pousse son premier cri en gare d'Avignon, le 18 septembre 1910 alors que ses parents attendaient le train pour se rendre à Toulon. Le petit Fernand est déjà le rejeton d'une longue lignée dédiée au spectacle. Son grand-père était mime, son père Valentin qui ne le reconnaîtra qu'à la fin de la guerre est un chanteur et humoriste et sa mère est une danseuse connue sous le surnom de Bagatelle et s'est produite auprès de Maurice Chevalier. Il est élevé à Toulon par sa grand-mère paternelle avant de rejoindre ses parents au Maroc à la fin des années vingt. Ils tiennent à Taza un petit cabaret conduit rapidement à la faillite. Après son service militaire, Fernand Sardou est engagé par Andrée Turcy, une célèbre artiste toulonnaise pour une tournée au Brésil. Fernand Sardou perd ses parents au milieu des années trente et regagne la métropole. Il fait une première apparition au cinéma en 1938 dans Le moulin du soleil qui réunit Orane Demazis et Jean Aquistapace. Puis il rejoint la forte colonie marseillaise dans Bifur 3 qui ne sort sur les écrans qu'en 1944 et donne la réplique à Pierre Larquey et Milly Mathis dans Grand-père de Robert Péguy.
Le méridional incontournable
Après l'armistice, Fernand Sardou se rend en zone libre et joue un marin pêcheur dans Les cadets de l'Océan de Jean Dréville. En 1945 Fernand Sardou épouse Jacqueline Labbé qui fait une carrière de danseuse au music-hall sous le nom de Jackie Rollin. De dix ans sa cadette, c'est aussi une enfant de la balle. En 1947 naît leur unique enfant, Michel Sardou. Il connaît enfin le succès en interprétant Aujourd'hui peut-être ou alors demain de Marcel Sicard et Paul Durant en première partie d'Édith Piaf, une chanson qui le classe définitivement dans la catégorie du bon-vivant méridional adepte du pastis et du jeu de boule. Il participe à de nombreux spectacles et joue dans des opérettes comme Méditerranée avec Tino Rossi ou Pour Don Carlos, un gros succès qu'il coécrit. Le comédien devient un second couteau méridional incontournable du cinéma français, souvent aux côtés de Fernandel (Meurtres, Le printemps l'automne et l'amour, La table aux crevés, Le boulanger de Valorgue) et sous la direction de réalisateurs du Midi comme Maurice de Canonge (Au pays du Soleil), Carlo Rim (Escalier de service, Virgile) et Henri Verneuil (Le fruit défendu). S'il est habitué aux rondeurs en gendarme, bistrotier ou facteur, il incarne des truands marseillais dans des productions parisiennes. Ses rares prestations sérieuses, il les doit à Marcel Pagnol comme le maire-cabaretier de Manon des Sources, Henri-Georges Clouzot qui en fait l'un de ses sinistres Espions ou Jean Renoir pour le patriarche heureux du Déjeuner sur l'Herbe et le bouleversant mari trompé dans l'épisode pour Le Roi d'Yvetot dans son Petit Théâtre.
Une figure populaire de la télévision
En 1960 il ouvre avec sa femme Jackie, un cabaret à Paris. L'aventure se termine cinq ans plus tard mais aura permis à Michel Sardou d'y interpréter ses premières chansons. Il obtient des rôles de plus en plus court au cinéma dans D'où viens-tu Johnny ?, le paysan dans Le Gendarme de Saint-Tropez, le livreur de L'Or du duc, l'adjudant-chef dans Sur un arbre perché avec à nouveau Louis de Funès et le gardien de prison de Trop jolies pour être honnête. L'essentiel de la carrière de Fernand Sardou à partir de 1966 se déroule à la télévision. Il est redécouvert dans le feuilleton Comment ne pas épouser un milliardaire avec Jean-Claude Pascal et Marie-France Boyer. Marcel Pagnol lui confie le monologue du Curé de Cucugnan d'après Daudet et il est Un curé de choc auprès de Blanchette Brunoy et Amédée dans Adieu Amédée, son dernier rôle aux côtés de son épouse et de Rellys. Un peu avant, il fait ses adieux au cinéma dans Les Grands Moyens toujours au côté de Jackie. Alors qu'il répète une opérette, Fernand Sardou succombe d'une crise cardiaque le 31 janvier 1976 dans les coulisses du théâtre municipal de Toulon, ce même théâtre où avait débuté son grand-père Baptistin Sardou. Il est inhumé à Neuilly-sur-Seine où Jackie Sardou l'a rejoint en 1998.
FILMOGRAPHIE :
Avec Jackie et Michel
1939 : Bifur trois de Maurice Cam
1939 : Grand-père de Robert Péguy
1942 : Les cadets de l'océan de Jean Dréville
1946 : Miroir de Raymond Lamy
1946 : Le voleur se porte bien de Jean Loubignac
1948 : Si ça peut vous faire plaisir de Jacques Daniel-Norman
1950 : Cour-sur-mer de Jacques Daniel-Norman
1950 : Porte d'Orient de Jacques Daroy
1950 : Meurtres de Richard Pottier
1950 : Dakota 308 de Jacques Daniel-Norman
1951 : Jamais deux sans trois d'André Berthomieu
1951 : Le garçon sauvage de Jean Delannoy
1951 : Ma femme, ma vache et moi de Jean Devaivre
1951 : La table aux crevés d'Henri Verneuil
1951 : Au pays du soleil de Maurice de Canonge
1952 : Manon des sources de Marcel Pagnol
1952 : Le fruit défendu d'Henri Verneuil
1952 : L'appel du destin de Georges Lacombe
1952 : Le boulanger de Valorgue d'Henri Verneuil
1953 : Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville
1953 : Virgile de Carlo Rim
1953 : La route Napoléon de Jean Delannoy
1954 : Escalier de service de Carlo Rim
1954 : Les lettres de mon moulin, L'élixir du père Gaucher de Marcel Pagnol
1954 : Sur le banc de Robert Vernay
1954 : Du rififi chez les hommes de Jules Dassin
1955 : Mémoires d'un flic de Pierre Foucaud
1955 : M'sieur la Caille d'André Pergament
1955 : Quatre jours à Paris d'André Berthomieu
1955 : Le printemps, l'automne et l'amour de Gilles Grangier
1955 : Marguerite de la nuit de Claude Autant-Lara
1956 : L'irrésistible Catherine d'André Pergament
1956 : La fille Elisa / Elisa de Roger Richebé
1956 : À la Jamaïque d'André Berthomieu
1956 : Que les hommes sont bêtes de Roger Richebé
1956 : L'amour descend du ciel de Maurice Cam
1956 : La terreur de ces dames / Ce cochon de Morin de Jean Boyer
1957 : Les espions d'Henri-Georges Clouzot
1957 : Filous et compagnie de Tony Saytor
1957 : Échec au porteur de Gilles Grangier
1957 : Brigades des mours de Maurice Boutel
1957 : Une parisienne de Michel Boisrond
1958 : La moucharde de Guy Lefranc
1958 : Suivez-moi jeune homme de Guy Lefranc
1958 : Un drôle de dimanche de Marc Allégret
1958 : Fripouillard et compagnie (I Tartassati) de Steno
1959 : Bouche cousue de Jean Boyer
1959 : Le train d'Huit heures quarante-sept de Jacques Pinoteau
1959 : Business de Maurice Bartel
1959 : Le déjeuner sur l'herbe de Jean Renoir
1959 : Brigade des Mours de Maurice Boutel (tv)
1961 : Cadavres en vacances / Pas si folles les guêpes de Jacqueline Audry
1961 : Les grands chemins de Christian Marquand
1962 : La Flambée d'André Leroux (tv)
1962 : Le livre de San Michele (Axel Munthe der arzt von San Michele) de Rudolf Jugert
1963 : La bande à Bobo de Tony Saytor
1963 : D'où viens-tu Johnny ? de Noël Howard
1963 : Dis-moi qui tuer ? d'Etienne Périer
1963 : Les durs à cuire de Jacques Pinoteau
1964 : La bonne occase de Michel Drach
1964 : Le gendarme de Saint-Tropez de Jean Girault
1965 : L'or du duc de Jacques Baratier
1965 : L'auberge de la Seigneurie de Georges Mathiot
1966 : Le train bleu s'arrête 13 fois de Michel Drach (tv)
1966 : Comment ne pas épouser un milliardaire de Lazare Iglésis (tv)
1966 : L'Homme aux cheveux gris de Michel Drach (tv)
1968 : Le Curé de Cucugnan de Max Leclerc (tv)
1969 : L'ardoise de Claude Bernard-Aubert
1969 : Le petit théâtre de Jean Renoir, Le roi d'Yvetot de Jean Renoir
1970 : Le soldat Laforêt de Guy Cavagnac
1970 : Sur un arbre perché de Serge Korber
1970 : Maurin des Maures de Claude Dagues (tv)
1972 : Na ! de Jacques Martin
1972 : Trop jolies pour être honnêtes de Richard Balducci
1966 : L'amour du métier d'Yves Laumet (tv)
1973 : Dédé la tendresse de Jean-Louis van Belle
1974 : Un curé de choc de Philippe Arnal (tv)
1974 : Malaventure de Joseph Drimal (tv)
1975 : Les grands moyens d'Hubert Cornfield
1975 : Adieu Amédée de Jean-Paul Carrère (tv)
Filmographie de Fernand SARDOU