Louis SALOU
 Acteur français
Grand comédien de théâtre de la troupe de Georges Pitoëff, Louis Salou a imposé un personnage à la fois cynique, singulier et distingué qui en fait de lui un des plus grands seconds rôles du cinéma français. Avec sa diction particulière, sa silhouette mince de notable, ses gestes étudiés et sa prestance impeccable, il reste dans les mémoires comme le comte de Montray des Enfants du Paradis et l'émouvant pion de La Vie en Rose.
D'origine bretonne, Louis Salou naît le 23 avril 1902, à Oissel, petite commune sur les bords de la Seine, en Haute-Normandie. Après ses études, il travaille quelques temps comme fonctionnaire pour les Postes, Télégraphes et Téléphones. Féru de littérature, amoureux de la poésie et des arts en général, il s'installe à Paris où très vite il devient l'ami de Max Jacob et côtoie les grands artistes de la capitale. À cette époque, il collabore activement à la revue littéraire d'avant-garde Raison d'être. Également passionné de théâtre, le jeune homme intègre la troupe de Georges Pitoëff. Sa voix grave et son allure racée le prédestinent déjà à jouer les grands auteurs tels que Henrik Ibsen (Le Canard sauvage), George Bernard Shaw (Sainte Jeanne) ou Luigi Pirandello (Ce soir on improvise).
La troupe de Pitoëff
En 1932, Louis Salou fait ses premiers pas, au cinéma aux côtés de Georges Pitoëff, dans le court-métrage La machine à sous où il tient le rôle d'un journaliste. Cinq ans plus tard, il fait une apparition dans Les nuits blanches de Saint-Pétersbourg de Jean Dréville. Après une dizaine d'années au sein de la compagnie de Pitoëff, le septième art s'intéresse à ce comédien bourré de classe et de talent. C'est pendant la Seconde Guerre mondiale que le public découvre l'originalité et la diversité de ses prestations. C'est Christian-Jaque qui lui donne sa chance dans Premier bal puis dans La symphonie fantastique où il joue le directeur de l'opéra agacé par la musique de Berlioz qu'interprète Jean-Louis Barrault. Il est aussi le médecin un peu farfelu du Boléro de Jean Boyer. Durant les huit années suivantes et plus de trente autres films, Louis Salou va s'imposer comme l'un des plus grands seconds rôles du cinéma français. Malgré une apparence glacée, la diversité de son jeu étonne et déroute parfois, mais chacune de ses apparitions est un vrai régal pour les spectateurs.
Saisissantes compositions
Pour Georges Lacombe, il incarne un chroniqueur mondain dans Le journal tombe à cinq heures et pour Richard Pottier il est le souffre-douleur d'André Gabriello dans Défense d'aimer. Par la suite, il joue notamment Monsieur de Montemort, diplomate vieille France, dans Lettres d'amour de Claude Autant-Lara avec Odette Joyeux et François Périer, puis Muller l'usurier louche dans Monsieur des Lourdines de Pierre de Hérain, l'inspecteur de police très courtois Sorbier dans Voyage sans espoir avec Simone Renant, l'avocat myope et fuyant Uspard dans Le voyageur sans bagages de Jean Anouilh avec Pierre Fresnay, le Comte de Montray amant d'Arletty alias Garance dans Les enfants du paradis de Marcel Carné, le professeur de piano de Farandole d'André Zwoboda, le rusé commissaire Lacroix dans Roger la Honte et sa suite réalisée par André Cayatte avec Lucien Coëdel dans le rôle-titre, le redoutable officier prussien Fifi aux penchants sadiques assassiné par Micheline Presle dans Boule de suif, le riche Chardeuil épris de l'acrobate de cirque Annabella dans Éternel Conflit, le prince d'opérette Ernest IV dans La chartreuse de Parme auprès de Gérard Philipe, Maria Casarès et Renée Faure, et le haut dignitaire fasciste Ettore Maglia dans Les amants de Vérone avec Martine Carol et Pierre Brasseur. Il occupe pour la seule fois de sa carrière le premier rôle, celui du pion malheureux en amour Robert Turlot dans le superbe mais méconnu La Vie en Rose de Jean Faurez. Il tourne le péplum Fabiola en Italie avec le couple mythique Henri Vidal et Michèle Morgan. C'est sa dernière apparition au cinéma.
Le mal de vivre
Malgré une carrière exemplaire, l'acteur n'en reste pas moins un homme sensible et tourmenté. Pour des raisons secrètes, il n'arrive plus à supporter la vie. Alcoolique et amateur d'adolescents, il cache sa détresse derrière une politesse d'apparat. Malgré le soutien de son amie, la chanteuse Marianne Oswald, Louis Salou s'empoisonne en absorbant une forte dose de somnifères le 21 octobre 1948 à Fontenay-aux-Roses. Il repose désormais au cimetière parisien de Bagneux.


FILMOGRAPHIE :

Avec Claudine Dupuis
1932 : La machine à sous d'Emil Edwin Reinert(cm)
1937 : Les nuits blanches de Saint-Pétersbourg de Jean Dréville
1940 : Premier bal de Christian-Jaque
1941 : Mam'zelle Bonaparte de Maurice Tourneur
1941 : Boléro de Jean Boyer
1941 : La symphonie fantastique de Christian-Jaque
1942 : Lettres d'amour de Claude Autant-Lara
1942 : Le journal tombe à cinq heures de Georges Lacombe
1942 : Défense d'aimer de Richard Pottier
1942 : Huit hommes dans un château de Richard Pottier
1942 : Le bienfaiteur d'Henri Decoin
1942 : La vie de bohème de Marcel L'Herbier
1942 : Le comte de Monte Cristo de Robert Vernay
1942 : La main du diable de Maurice Tourneur
1942 : Le Loup des Malveneur de Guillaume Radot
1942 : Mademoiselle Béatrice de Max de Vaucorbeil
1942 : Monsieur des Lourdines de Pierre de Hérain
1943 : Le voyageur sans bagages de Jean Anouilh
1943 : Voyage sans espoir de Christian-Jaque
1943 : Bonsoir mesdames, bonsoir messieurs de Roland Tual
1944 : Les enfants du paradis de Marcel Carné
1944 : Farandole d'André Zwoboda
1944 : Le père Serge de Lucien Garnier-Raymond
1945 : Boule de suif de Christian-Jaque
1945 : Seul dans la nuit de Christian Stengel
1945 : Un ami viendra ce soir de Raymond Bernard
1945 : Sylvie et le fantôme de Claude Autant-Lara
1945 : Roger la Honte d'André Cayatte
1945 : Adieu chérie de Raymond Bernard
1946 : Contre-enquête de Jean Faurez
1946 : La foire aux chimères de Pierre Chenal
1946 : La revanche de Roger la Honte d'André Cayatte
1946 : La colère des dieux de Carl Lamac
1946 : Les atouts de monsieur Wens de E.G. de Meyst
1947 : Éternel conflit de Georges Lampin
1947 : La vie en rose de Jean Faurez
1947 : Les requins de Gibraltar de Emil Edwin Reinert
1947 : Carrefour du crime de Jean Sacha
1948 : La chartreuse de Parme de Christian-Jaque
1948 : Fabiola d'Alessandro Blasetti
1948 : Les amants de Vérone d'André Cayatte


Filmographie de Louis SALOU
 
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