Tino ROSSI
 Acteur et chanteur français
Pour comprendre le succès de Tino Rossi, idole des ménagères des années 30, au cinéma, il faut se replonger dans une époque où ces voix radiophoniques et ces présences lointaines sur scène ne pouvaient approcher leurs fans qu'à travers les séquences chantées. Peu importe que l'artiste n'ait jamais pris la peine de savoir jouer la comédie. Ray Dacaire, Jean Lumière, André Dassary, Charles Trénet, Georges Guétary ou Luis Mariano lui emboîteront le pas. Mais le chanteur corse restera le plus bel exemple des vedettes de cette époque. Fils d'un tailleur, Constantin Rossi naît le 29 avril 1907, à Ajaccio en Corse. Il entame sa carrière artistique en chantant à l'église Saint-Roch, puis il traverse la Méditerranée pour donner de la voix dans des clubs de la Côte d'Azur et à l'Alcazar de Marseille. En 1925, il monte à Paris et vit de plusieurs petits métiers.
Le chanteur de charme
Au début des années trente, le jeune artiste est boy dans des revues musicales. Remarqué par Henri Varna directeur de l'ABC, il monte sur scène pour interpréter ses propres chansons sous le nom de Tino Rossi. Il connaît alors un succès fulgurant. En 1934, il enregistre son premier album qui se vend à cinq cent mille exemplaires, du jamais vu à cette époque. La même année, il débute au cinéma dans quelques films comme invité chantant souvent insolite comme attraction d'un cabaret tzigane dans Les Nuits Moscovites ou animateur sur un paquebot dans Justin de Marseille. En 1935, il tourne en vedette son premier triomphe Marinella avec Yvette Lebon. Piètre comédien mais chanteur à la voix d'or, Tino enchaîne les tournages, aucun chef-d'œuvre mais toujours des succès populaires. Un seul film sort véritablement du lot Naples au baiser de feu d'Augusto Genina, où il donne la réplique à sa compagne de l'époque, la très belle Mireille Balin. En 1938, le couple part aux États-Unis. Les disques de Tino sont diffusés sur les ondes et la chanson. Vieni Vieni reste plusieurs semaines en tête des hit-parades américains. La Twentieth Century Fox lui propose alors un contrat pour tourner dans Balalaika que doit réaliser Reinhold Schünzel. Tino refuse, donne quelques récitals aux USA et au Canada puis rentre en France.
Petit papa Rossi
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Tino Rossi, mobilisé en 1940, se produit de moins en moins sur scène, mais continue toutefois ses prestations cinématographiques, notamment dans Fièvres de Jean Delannoy avec Jacqueline Delubac et L'Île d'amour avec Josselyne Gaël. En 1941, il se sépare de Mireille Balin pour une danseuse du ballet de Mistinguett, Rosalie Cervetti dite Lilia Vetti, sa partenaire du Chant de l'Exilé. Arrêté en 1944, il est retenu trois mois en détention à Fresnes. Malgré une proximité avec le régime, Tino Rossi a multiplié les actions en faveur de la Résistance et de l'aide à des musiciens juifs. Il reçoit les excuses officielles. Tino épouse Lilia le 14 juillet 1947. Elle lui donnera un fils prénommé Laurent en 1948. En 1946, il revient sur le devant de la scène avec sa chanson Petit papa Noël, certainement son plus grand succès. Écrite par Raymond Vinci sur une musique d'Henri Martinet, la chanson est présente dans le film Destins de Richard Pottier où le chanteur tient le rôle de deux jumeaux. En 1948, il tourne sous la direction de Marcel Pagnol dans La belle meunière, un des premiers essais français en couleurs.
Le Napoléon de la chanson
Dans les années cinquante, après quelques rôles sur mesure où ses qualités de chanteur sont misent en évidence, dont notamment une participation dans Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry, Tino Rossi se concentre essentiellement sur sa carrière de chanteur. Il se produit sur toutes les plus grandes scènes françaises et européennes, donne des milliers de concerts et vend plus de deux cents millions de disques. Il demeure encore à ce jour une énorme vedette qui a réussi à véhiculer une certaine image de la France à travers le monde. Personnalité généreuse, il côtoie les jeunes générations de chanteurs et soutient efficacement La Roue tourne de son ami Paul Azaïs. Il vient en aide à Mireille Balin, tombée en disgrace. Tino Rossi fait une dernière apparition au cinéma en 1970, aux côtés de Jean Lefebvre dans Une drôle de bourrique. Jusqu'à la fin de sa carrière, il apparaît dans plusieurs shows télévisés, surtout en période de Noël. Après un dernier spectacle au Casino de Paris, Tino part se reposer dans sa superbe propriété du Scudo sur l'île de beauté. De retour à Neuilly-sur-Seine, atteint d'un cancer du pancréas, Tino Rossi meurt chez lui, boulevard Barrès, après s'être assoupi dans son salon, aux côtés de sa femme Lili et de son fils Laurent, le 27 septembre 1983. Sa dépouille repose au cimetière d'Ajaccio. Après Napoléon, il est le Corse le plus célèbre qui, durant plus de cinquante ans, fit fredonner la France entière.


FILMOGRAPHIE :

Avec Mireille Balin
1934 : Les nuits moscovites d'Alexis Granowsky
1934 : Justin de Marseille de Maurice Tourneur
1934 : La cinquième empreinte / Lilas blancs de Karl Anton
1934 : L'affaire Coquelet de Jean Gourguet
1935 : Vogue, mon cour de Jacques Daroy
1935 : Adémaï au moyen âge de Jean de Marguenat
1935 : Marinella de Pierre Caron
1936 : Au son des guitares de Pierre-Jean Ducis
1936 : Naples au baiser de feu d'Augusto Genina
1937 : Lumières de Paris de Richard Pottier
1941 : Le soleil a toujours raison de Pierre Billon
1941 : Fièvres de Jean Delannoy
1942 : Le chant de l'exilé d'André Hugon
1943 : Mon amour est près de toi de Richard Pottier
1943 : L'île d'amour de Maurice Cam
1944 : Le gardian de Jean de Marguenat
1945 : Sérénade aux nuages d'André Cayatte
1946 : Destins de Richard Pottier
1946 : Le chanteur inconnu d'André Cayatte
1948 : La belle meunière de Marcel Pagnol
1948 : Deux amours de Richard Pottier
1948 : Marlène de Pierre de Hérain
1949 : Envoi de fleurs de Jean Stelli
1951 : Au pays du soleil de Maurice de Canonge
1951 : Paris chante toujours ! de Pierre Montazel
1952 : Son dernier Noël de Jacques Daniel-Norman
1953 : Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry
1954 : Tourments de Jacques Daniel-Norman
1960 : Candide ou l'optimisme au XXe siècle de Norbert Carbonnaux
1962 : Jusqu'au bout du monde de François Villiers
1970 : Une drôle de bourrique / L'âne de Zigliara de Jean Canolle


Filmographie de Tino ROSSI
 
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