Yves Robert voit le jour à Saumur dans le Maine-et-Loire le 19 juin 1920 mais passe une partie de son enfance à Pouancé, dans le nord du département. De cette période heureuse, il gardera le plaisir de la campagne qu'il décrit dans plusieurs de ses films et une véritable passion pour le jardinage. À 13 ans, il débute dans la vie professionnelle comme apprenti typographe. Il multiplie les petits métiers comme livreur ou pâtissier mais son attirance pour le spectacle est déjà la plus forte. Il se rend à Paris en 1939, puis rejoint à Lyon en 1943 la troupe de théâtre Grenier-Hussenot. Ses premières apparitions sur scène dans La Tête des autres de Marcel Aymé et Colombe de Jean Anouilh sont remarquée et court les cabarets comme la Rose Rouge. Des débuts payants qui lui permettent en 1949 de remporter un prix du meilleur comédien. Sur un plan personnel, après un premier mariage et la naissance de deux enfants, Anne et le futur réalisateur Jean-Denis Robert, il vit, à partir de 1948, avec l'actrice Rosy Varte, rencontrée dans la troupe Grenier-Hussenot.
Une carrière victorieuse de réalisateur
Il obtient de petits rôles au cinéma dans Le Parfum de la dame en noir de Louis Daquin, Trois télégrammes d'Henri Decoin, Bibi Fricotin de Marcel Blistène et La Rose rouge dans son propre rôle. Il est engagé par Marcel Carné pour un rôle de premier plan dans Juliette où la clé des songes aux côtés de Gérard Philipe. Déçu par les films modestes qu'il est appelé à tourner, Yves Robert s'oriente vers la réalisation dès 1954. Il tourne son premier court-métrage Les bonnes manières en 1951 avec comme assistant Claude Sautet et un second Fernand cherche du boulot avec Fernand Raynaud en vedette. Il obtient ses deux rôles les plus marquants bien que secondaires en 1955 avec Les grandes manœuvres où il courtise Brigitte Bardot et Les mauvaises rencontres en flic finaud avec Anouk Aimée. Son premier long métrage Ni vu... Ni connu... sort en 1958 avec Louis de Funès pour la première fois en tête de distribution dans un rôle de braconnier. On y voit déjà la description d'une campagne pittoresque, un personnage limite anar accompagné d'un chien super intelligent, des caractéristiques que l'on retrouve dans La Guerre des boutons, son plus gros succès avec des personnages hauts en couleur que l'on retrouve dans Bébert et l'omnibus et Alexandre le bienheureux, manifeste pour la paresse avec Philippe Noiret. Il devient rapidement l'un des spécialistes reconnus de la comédie. En 1964, il adapte Les Copains de Jules Romains, description d'une bande de trentenaires prêts à réveiller leur ville de province par des farces bon enfant visant les institutions. On y retrouve Noiret, Claude Rich, Michael Lonsdale, Christian Marin, Jacques Balutin, Pierre Mondy et déjà Guy Bedos.
La Guéville aveec Danièle Delorme
En 1956, il fait la connaissance de Danièle Delorme, sa partenaire de Colombe, fraîchement divorcée de Daniel Gélin. Ce coup de foudre se prolongera pendant plus de quarante ans. Après leur mariage, il fonde avec elle La Guéville, une société de production importante qui va donner un coup de pouces à nombre de talentueux jeunes réalisateurs. Il poursuit avec l'appui de Jean-Loup Dabadie son exploration de l'amitié et des situations burlesques dans son carton Un éléphant ça trompe énormément, suivi de Nous irons tous au paradis. Des scènes cultes, une interprétation haut de gamme avec Rochefort, Brasseur, Lanoux et Bedos accompagnés par Anny Duperey et Danièle Delorme qui signe son grand retour à l'écran. Il dirige Pierre Richard qu'il avait fait débuter dans Alexandre le Bienheureux pour des fleurons de la comédie comme Un grand blond avec une chaussure noire ou Le Jumeau. Les musiques de ses films signées Vladimir Cosma sont exceptionnelles.
Des apparitions pleines d'humanité
Yves Robert participe comme acteur à une cinquantaine de films, faisant la preuve de son talent et de son éclectisme. Après de brèves apparitions dans L'Aventure c'est l'aventure, Le Viager ou Le Cinéma de papa, il trouve son meilleur rôle dans Un mauvais fils de Claude Sautet en conflit avec Patrick Dewaere, son rejeton toxicomane. Il donne la réplique à Miou-Miou dans sa dernière réalisation Montparnasse Pondichéry et tourne quelques téléfilms. Yves Robert meurt brutalement le 10 mai 2002, officiellement d'une hémorragie cérébrale. Sa dernière compagne Danièle Delorme l'accompagne le 17 octobre 2015. Son épitaphe Un homme de joie est apposée sur sa tombe au cinéma Montparnasse. Clin d'oil au réalisateur de La Guerre des boutons, des visiteurs posent régulièrement sur sa tombe des boutons de toutes les couleurs. Un Jardin Yves-Robert est inauguré à Armenonville-les-Gâtineaux en Normandie, lieu de tournage de ce même film.
FILMOGRAPHIE :
Avec Danièle Delorme
1950 : Trois télégrammes d'Henri Decoin
1950 : Juliette ou la Clé des songes de Marcel Carné
1950 : Le Tampon du capiston de Maurice Labro
1951 : Les bonnes manières d'Yves Robert (cm)
1951 : La Rose rouge de Marcello Pagliero
1951 : Bibi Fricotin de Marcel Blistène
1951 : Deux sous de violettes de Jean Anouilh
1952 : Suivez cet homme de Georges Lampin
1953 : Virgile de Carlo Rim
1954 : L'honneur est sauf d'Édouard Molinaro (cm)
1954 : Fernand cherche du boulot d'Yves Robert (cm)
1954 : Les Hommes ne pensent qu'à ça d'Yves Robert
1955 : Escalier de service de Carlo Rim
1955 : Futures Vedettes de Marc Allégret
1955 : Les Grandes Manœuvres de René Clair
1955 : Les Mauvaises Rencontres d'Alexandre Astruc
1956 : Les Truands de Carlo Rim
1956 : La Terreur des dames ou Ce cochon de Morin de Jean Boyer
1956 : Folies-Bergère d'Henri Decoin
1957 : Les femmes sont marrantes d'André Hunebelle
1958 : Le Petit Prof de Carlo Rim
1958 : Ni vu... Ni connu... d'Yves Robert
1959 : Nina de Jean Boyer
1959 : La Jument verte de Claude Autant-Lara
1959 : Signé Arsène Lupin d'Yves Robert
1960 : La Famille Fenouillard d'Yves Robert
1960 : La Mort de Belle d'Édouard Molinaro
1960 : La Française et l'Amour, « Le Mariage » de René Clair
1960 : La Brune que voilà de Robert Lamoureux
1962 : Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda
1962 : Le Pèlerinage de Jean L'Hôte (cm)
1963 : Chemins de Paris de Raymond Letouzey (cm)
1965 : La Communale de Jean L'Hôte
1966 : Le Roi de cour de Philippe de Broca
1967 : Un idiot à Paris de Serge Korber
1967 : Le Mois le plus beau de Guy Blanc
1969 : Le Pistonné de Claude Berri
1970 : Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques de Michel Audiard
1970 : Le Cinéma de papa de Claude Berri
1970 : Le Distrait de Pierre Richard
1970 : Le Voyou de Claude Lelouch
1971 : Les Malheurs d'Alfred de Pierre Richard
1972 : Le Viager de Pierre Tchernia
1972 : L'aventure c'est l'aventure de Claude Lelouch
1972 : Chère Louise de Philippe de Broca
1972 : Absences répétées de Guy Gilles
1972 : Le Grand Blond avec une chaussure noire d'Yves Robert
1973 : La Grande Paulette de Gérard Calderon
1973 : Salut l'artiste d'Yves Robert
1973 : La Raison du plus fou de François Reichenbach
1974 : Section spéciale de Costa-Gavras
1974 : Trop c'est trop de Didier Kaminka
1974 : Le Retour du grand blond d'Yves Robert
1975 : Le Juge et l'Assassin de Bertrand Tavernier
1976 : Le Petit Marcel de Jacques Fansten
1978 : Le Rose et le Blanc de Robert Pansard-Besson
1979 : Ils sont grands, ces petits de Joël Santoni
1980 : Femme entre chien et loup (Een vrouw tussen hond en wolf) d'André Delvaux
1980 : Un mauvais fils de Claude Sautet
1983 : Vive la sociale de Gérard Mordillat
1983 : Garçon ! de Claude Sautet
1984 : Le Jumeau d'Yves Robert
1985 : Billy Ze Kick de Gérard Mordillat
1985 : Pas de vieux os de Gérard Mordillat (tv)
1986 : Le Débutant de Daniel Janneau
1986 : L'été 36 d'Yves Robert (tv)
1988 : Cher frangin de Gérard Mordillat
1989 : Le Crime d'Antoine de Marc Rivière
1992 : La Crise de Coline Serreau
1993 : Montparnasse-Pondichéry d'Yves Robert
1994 : Éclats de famille de Didier Grousset (tv)
1995 : Le Nez au vent de Dominique Guerrier
1995 : Sortez des rangs de Jean-Denis Robert
1996 : Histoires d'hommes d'Olivier Langlois (tv)
1998 : Disparus de Gilles Bourdos
1999 : Petits nuages d'été d'Olivier Langlois (tv)
Filmographie d'Yves ROBERT