Malka Ribowska voit le jour à Nantes, le 20 mai 1928. Sa famille de culture juive venue de Pologne se réfugie pendant la guerre à Moissac dans le Tarn-et-Garonne. Victimes des nazis, ses parents sont déportés à Auschwitz, les enfants ne devant leur salut qu'à l'aide d'un couple Shatta et Bouli Simon. Un de ses frères résistant participe à la Libération de la capitale mais est abattu en pleine rue à Paris. Son histoire tragique est racontée par son jeune frère, le réalisateur Nicolas Ribowski, qui compose deux documentaires sur les personnes qui les ont cachés et un autre sur Les Justes en 2007.
Le cinéma d'Allio
Elle fait de courtes apparitions au cinéma dans des rôles généralement pas crédités au générique mais qui lui permettent de côtoyer Louis Jouvet dans Une Histoire d'amour et d'être dirigée par daux fois par Jean Delannoy dans la partie de Destinées consacrée à Jeanne d'Arc et dans Notre-Dame de Paris. La jeune actrice se consacre au théâtre subventionné où elle affiche sa puissance de tragédienne et une sensualité troublante. Elle travaille pour le théâtre de Colmar dans Maison de Poupée d'Ibsen, La Mouette de Tchékhov et La Sauvage d'Anouilh , se produit à Lyon sous la direction de Roger Planchon dans Paoli Paoli et La seconde surprise de l'amour. Au cinéma, Malka Ribowska est sollicitée par des réalisateurs de la Nouvelle Vague. Éric Rohmer lui offre un rôle dans Le Signe du Lion et Jacques Rivette dans Paris nous appartient. Elle est remarquable en voyante dans le succès surprise Les Dimanches de Ville-d'Avray de Serge Bourguignon. Elle excelle dans des rôles en costumes comme Madame de Lannoy dans Les trois Mousquetaires ou l'empoisonneuse marquise de Brinvillers dans Merveilleuse Angélique, deux films de Bernard Borderie. Elle est surtout remarquée en serveuse de bar dans La vieille dame indigne de René Allio où elle partage son escapade avec Sylvie. Elle épouse René Allio en 1966 et donne naissance à son fils Simon. Le réalisateur lui offre le premier rôle de L'une et l'autre où elle chargée par sa sœur d'annoncer sa rupture avec son amant. Éclectique, elle passe de l'avocate de Deux hommes dans la ville à Mélinea Manouchian dans L'Affiche Rouge et Lola, la diseuse de bonne aventure dans le film flamand Le Pont brûlé.
La télé de Josée Dayan
Malka Ribowska se consacre de plus en plus à la télévision. Après des premières apparitions dans des adaptations de pièces de théâtre dans les années cinquante, elle fait sensation en femme aigrie qui reporte sur son fils l'aigreur d'un mariage raté dans l'excellente adaptation du roman de François Mauriac, Le Sagouin par Serge Moati. Elle retrouve son talent de tragédienne dans Le deuil sied à Electre d'Eugène O'Neil et est préférée à Annie Girardot pour l'adaptation par François Verny de La Femme rompue de Simone de Beauvoir. Filmé par Josée Dayan, le téléfilm est le début d'une fidèle collaboration entre elle et la réalisatrice poursuivie par Le Naufrage de Monte-Cristo, L'embrumé, Une fugue à Venise et Le retour d'Élisabeth Wolff. Elle participe aux grandes fresques comme Splendeur et misères des courtisanes ou Châteauvallon. Elle est dirigée par son frère Nicolas Ribowski dans des séries comme Sam et Sally, Navarro ou Maître Da Costa. Elle retrouve les planches pendant la croisière Jean Mermoz pour Ponce Pilate, procureur de Judée mis en scène par Robert Manuel. Au cinéma, elle tourne dans Cellini de Giacomo Battiato et Salades russes de Yuri Mamin. Après le décès accidentel de son fils à 33 ans, elle se réfugie dans l'écriture en publiant le roman pudique et bouleversant, Je n'ai plus de nouvelles de Simon. Elle fait une dernière apparition dans Mange ta soupe, première réalisation de Mathieu Amalric. Malka Ribowska disparaît à l'âge de 92 ans, le 5 septembre 2020 à Paris.
FILMOGRAPHIE :
Avec René Allio
1952 : Destinées« Jeanne » de Jean Delannoy
1954 : Interdit de séjour de Maurice de Canonge
1956 : Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy
1958 : Paris nous appartient de Jacques Rivette
1959 : Vers l'extase de René Wheeler
1959 : Le signe du lion d'Éric Rohmer
1960 : Pitchipoï de Marcel Blistène (inachevé)
1961 : Les trois mousquetaires de Bernard Borderie
1961 : Avant le petit déjeuner d'Artur Ramos (cm)
1962 : Les dimanches de Ville d'Avray de Serge Bourguignon
1962 : Des pissenlits par la racine de Georges Lautner
1964 : La meule de René Allio (cm)
1964 : La vieille dame indigne de René Allio
1965 : Merveilleuse Angélique de Bernard Borderie
1965 : La seconde vérité de Christian-Jaque
1966 : L'une et l'autre de René Allio
1972 : Le Bar de la Fourche d'Alain Levent
1972 : Le monde était plein de couleurs d'Alain Périsson
1973 : Commando sur les stups (Hit !) de Sidney J. Furie
1973 : Deux hommes dans la ville de José Giovanni
1975 : Pont brûlé (Verbrande brug) de Guido Henderickx
1976 : L'affiche rouge de Frank Cassenti
1989 : Cellini, l'or et le sang (Cellini, une vita violenta ) de Giacomo Battiato
1989 : La passion de Bernadette de Jean Delannoy
1990 : Transit de René Allio
1993 : Salades russes (Okno v Parizh) de Yuri Mamin
1996 : Mange ta soupe de Mathieu Amalric
Télévision :
1956 : Ivanov de Jean Prat
1957 : D'après nature ou presque de Marcel Cravenne
1960 : Fille de l'homme de Roland-Bernard
1961 : La reine offensée de Dominique Rety
1967 : Valmy ou la naissance de la République d'Abel Gance
1968 : Les Bas-fonds de Jean-Paul Carrère
1968 : Les Vautours d'Yves Jouannet
1968 : Plus rien à perdre de Jean-Roger Cadet
1970 : Alice de Jean-Roger Cadet
1970 : Tout spliques étaient les Borogoves de Daniel Lecomte
1971 : Le dessous de cartes d'une partie de whist de François Châtel
1972 : Le Sagouin de Serge Moati
1972 : Attale, esclave gaulois de Jean-Pierre Decourt
1973 : Le crime de Janet Preston de Jean Pignol
1973 : Karatékas & Co d'Edmond Tyborowsky
1974 : Le Deuil sied à Électre de Maurice Cazeneuve
1974 : Chéri-Bibi de Jean Pignol
1975 : Splendeurs et misères des courtisanes de Maurice Cazeneuve
1975 : La mort du titan de Josée Dayan
1976 : La vie de Marianne de Pierre Cardinal
1977 : Le Naufrage de Monte-Cristo de Josée Dayan
1978 : La Femme rompue de Josée Dayan
1978 : Il y a encore des noisetiers de Jean-Paul Sassy
1979 : Marie Stuart de Paul-Émile Deiber
1980 : L'Embrumé de Josée Dayan
1981 : Une fugue à Venise de Josée Dayan
1982 : Le retour d'Élisabeth Wolff de Josée Dayan
1983 : L'Homme de la nuit de Juan Luis Buñuel
1985 : Châteauvallon de Serge Friedman
1986 : Grand-Hôtel de Jean Kerchbron
Filmographie de Malka RIBOWSKA