Pierre RENOIR
 Acteur français
Fils ainé d'un peintre de génie, frère d'un de nos plus grands cinéastes, Pierre Renoir aurait tendance à se faire oublier au sein de son "auguste" famille. Pourtant son parcours à la scène comme à l'écran vaut vraiment le détour. Pierre Renoir voit le jour à Paris, le 21 mars 1885. Il grandit à Neuilly auprès de ses parents Auguste Renoir et Aline Charigot. Plus attiré par le théâtre, il entre au Conservatoire en 1907 et obtient un premier prix de tragédie en 1914 qui lance sa carrière au moment où commence la guerre. Grièvement blessé, il gardera l'avant-bras droit paralysé. Après le conflit, son compagnonnage de longue haleine avec Louis Jouvet marque les mémoires. On l'applaudit en Siegfried de Jean Giraudoux mais il joue aussi Ulysse dans La guerre de Troie n'aura pas lieu, Égisthe dans Électre ou Orgon dans Tartuffe, entre autres créations au Théâtre de l'Athénée dont il sera l'administrateur.
Une stature impressionnante
Au cinéma, avec sa belle voix grave, sa stature imposante et sa présence charismatique, il est, dit-on, le meilleur Maigret de l'écran dans La nuit du carrefour signé de son frère Jean. Sous cette direction avisée, il incarne Charles Bovary face à Valentine Tessier dans Madame Bovary, puis un Louis XVI faible mais digne dans La Marseillaise. Avec La bandera de Duvivier, où il impressionne en capitaine borgne de la Légion Étrangère, ce sont ses meilleurs rôles des années 30. À cette époque, on l'associe volontiers à de belles vedettes dont il est l'époux trop âgé, trop jaloux, comme Annabella dans La citadelle du Silence et Viviane Romance dans La maison du Maltais. Beaucoup de films appartiennent à un cinéma désuet où il porte volontiers l'uniforme mais on peut prendre beaucoup de plaisir à Mollenard et Le patriote qui le confrontent à Harry Baur comme à L'affaire Lafarge où Pierre Chenal le distribue en odieux mari de Marcelle Chantal qui aurait bien des motifs de l'empoisonner ! Policier magnanime dans Le récif de corail, il favorise l'amour menacé du couple Gabin-Morgan.
Une jovialité perverse
Toutefois, méfions-nous de son abord sympathique dans Pièges de Robert Siodmak car l'ami fidèle de Maurice Chevalier est l'assassin de jeunes filles esseulées. De même, le jovial pensionnaire de Madame Vauquer dans Le père Goriot n'est autre que le fameux Vautrin, forçat en cavale, et le «bon petit docteur» de la richissime Marguerite Deval dans Le furet n'a qu'une idée en tête, l'expédier ad patres pour toucher l'héritage ! Visiblement, il a les qualités requises du chef de clan. Pour son premier film, Dernier atout, Jacques Becker le transforme en Rudy Score, gangster américain recherché par toutes les polices, dont il donne une variante française dans Madame et le mort de Louis Daquin. Une fin tragique est l'unique issue possible pour l'exploitant tyrannique d'une mine d'or dans Tornavara ou le dernier descendant d'une famille maudite, sombrant dans la folie dans Le loup des Malveneur.
De solides seconds rôles
Remplaçant au pied levé Robert Le Vigan en fuite, il trouve grâce à Carné et Prévert l'un de ses plus beaux rôles dans Les Enfants du Paradis, en Pleure-Misère, marchand d'habits, receleur et délateur que la tendre Nathalie (Maria Casarès) ne peut croiser sans frémir. Dans l'après-guerre, il est un surprenant duc d'Angoulême dans Le Capitan. À l'exception du chef de famille victime d'un chantage dans La dame d'onze heures et du procureur du roi dans La ferme des sept péchés, deux belles réalisations de Jean Devaivre ainsi que le colonel de Peleton d'exécution face à Lucien Coëdel, la période au cinéma le déçoit. Alors qu'il triomphe sur la scène de l'Atelier dans Le pain dur de Paul Claudel, l'absence de son frère émigré aux États-Unis se fait sentir. Pierre Renoir se relâche et tourne pour Alfred Rode ou Willy Rozier. Partenaire une dernière fois de Jouvet dans Knock en 1950, il porte avec malice la calotte et la barbiche en broussaille du pharmacien Mousquet. On peut se douter de l'immense chagrin ressenti à la mort de son maître et ami. Fidèle jusqu'au bout, Pierre Renoir disparaît moins d'un an plus tard, le 11 mars 1952 à Paris des suites d'une opération chirurgicale. Il s'est marié successivement aux comédiennes Véra Sergine, Marie-Louise Iribe et Elisa Ruis. Avec Véra Sergine, il a un fils célèbre lui aussi, Claude Renoir, l'un des plus grands chefs opérateurs du cinéma international né en 1913.


FILMOGRAPHIE :

Avec Louis Jouvet
1911 : La digue d'Abel Gance
1912 : Les deux gosses d'Adrien Caillard
1918 : Marion Delorme d'Henry Krauss
1924 : La fille de l'eau de Jean Renoir
1927 : Morgane la sirène de Léonce Perret
1932 : La nuit du carrefour de Jean Renoir
1933 : L'agonie des aigles de Roger Richebé
1934 : Madame Bovary de Jean Renoir
1934 : La route impériale de Marcel L'Herbier
1935 : Tovaritch de Jacques Deval
1935 : La Bandera de Julien Duvivier
1935 : Veille d'armes de Marcel L'Herbier
1936 : Les loups entre eux de Léon Mathot
1936 : Quand minuit sonnera de Léo Joannon
1936 : L'homme sans cour de Léo Joannon
1936 : Sous les yeux d'Occident / Razumov de Marc Allégret
1936 : L'île des veuves de Claude Heymann
1937 : Les nuits blanches de Saint-Petersbourg de Jean Dréville
1937 : Mollenard de Robert Siodmak
1937 : La citadelle du silence de Marcel L'Herbier
1937 : Boissière de Fernand Rivers
1937 : L'affaire Lafarge de Pierre Chenal
1938 : Légions d'honneur de Maurice Gleize
1938 : La piste du sud de Pierre Billon
1938 : Le patriote de Maurice Tourneur
1938 : Serge Panine de Charles Méré & Paul Schiller
1938 : La Marseillaise de Jean Renoir
1938 : Le récif de corail de Maurice Gleize
1938 : Le paradis de Satan de Félix Gandéra
1938 : Le révolté de Léon Mathot & Robert Bibal
1938 : La maison du Maltais de Pierre Chenal
1939 : Nord-Atlantique de Maurice Cloche
1939 : Macao, l'enfer du jeu de Jean Delannoy
1939 : Pièges de Robert Siodmak
1939 : Nadia la femme traquée de Claude Orval
1939 : L'embuscade de Fernand Rivers
1940 : Ceux du ciel d'Yvan Noé
1940 : La loi du printemps de Jacques Daniel-Norman
1941 : Le pavillon brûle de Jacques de Baroncelli
1941 : Histoire de rire de Marcel L'Herbier
1941 : L'appel du bled de Maurice Gleize
1942 : Madame et la mort de Louis Daquin
1942 : Dernier atout de Jacques Becker
1942 : Le journal tombe à cinq heures de Georges Lacombe
1942 : Le loup des Malveneur de Guillaume Radot
1943 : Tornavara de Jean Dréville
1943 : Le voyageur sans bagages de Jean Anouilh
1944 : Les enfants du paradis de Marcel Carné
1944 : Le mystère Saint-Val de René Le Hénaff
1944 : Le père Goriot de Robert Vernay
1945 : Marie la misère de Jacques de Baroncelli
1945 : Peloton d'exécution d'André Berthomieu
1945 : Mission spéciale de Maurice de Canonge
1945 : Le capitan de Robert Vernay
1946 : Coïncidences de Serge Debecque
1946 : Les trafiquants de la mer de Willy Rozier
1947 : Cargaison clandestine d'Alfred Rode
1947 : La grande volière de Georges Péclet
1947 : La dame de onze heures de Jean Devaivre
1948 : Le mystère de la chambre jaune d'Henri Aisner
1948 : Scandale aux Champs-Élysées de Roger Blanc
1948 : La ferme des sept péchés de Jean Devaivre
1949 : Menace de mort de Raymond Leboursier
1949 : Le jugement de Dieu de Raymond Bernard
1949 : Le furet de Raymond Leboursier
1950 : Knock de Guy Lefranc


Filmographie de Pierre RENOIR
 
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