RAIMU
 Acteur français
On l'appelait simplement Raimu, bien qu'il se prénomme Jules mais Raimu sonnait plus clair comme un coup de cravache. Comme l'affirme René Clair, il faut distinguer les comédiens et les caractères. Raimu était un caractère. Quelque que soit le génie d'un auteur, il n'aurait pu le dépersonnaliser et l'acteur n'aurait pu s'arracher de sa propre peau. C'est pourquoi la présence de Raimu est si fascinante à l'écran. De la parfaite adéquation entre l'homme et le personnage est née chez celui qu'Orson Welles qualifiait de plus grand acteur de cinéma, cette extraordinaire impression de naturel.
Fils d'un tapissier, Jules Auguste Muraire voit le jour à Toulon le 18 décembre 1883. L'école ne l'enthousiasme guère. Le petit Jules décide de devenir artiste de music-hall après avoir vu sur scène Polin, célèbre comique troupier.
Vedette du café concert
Il débute sur les scènes de sa ville natale dès le début du vingtième siècle mais la réussite n'est pas au rendez-vous. En 1910, il rencontre Félix Mayol. Celui-ci l'encourage à tenter sa chance à Paris. Très vite, il prend le nom de Raimu et enchaîne les succès dans de nombreuses revues de Café Concert. Parallèlement il joue des pièces d'Yves Mirande, Louis Verneuil et Sacha Guitry. Au milieu des années dix, Raimu est déjà un comédien incontournable des scènes parisiennes. Il ne s'intéresse guère au cinéma mais apparaît malgré tout dans quelques courts métrages. En 1929, Marcel Pagnol lui propose le rôle de Panisse dans sa nouvelle création, Marius. Il accepte à la seule condition de jouer César. La pièce triomphe au Théâtre de Paris. Deux ans plus tard, il s'impose en vedette de cinéma, avec l'adaptation cinématographique de cette comédie dramatique, produit par la Paramount, dirigée par Alexander Korda et supervisée par Pagnol.
Le héros de Pagnol
Par la suite, Raimu reprend son rôle pour Fanny de Marc Allégret et pour César réalisé par Marcel Pagnol en personne. Le triomphe de cette trilogie est considérable et durera encore plusieurs décennies. Toujours pour Pagnol, il incarne Aimable Castanier, le boulanger cocu, dans La femme du boulanger, certainement sa plus grande interprétation, ce qui lui vaudra une reconnaissance internationale. Puis, il est le père de Josette Day dans La fille du puisatier. Acteur au fort tempérament, il écrase souvent les performances de ses partenaires. Il est alors capable du meilleur comme du pire. Il enchaîne des comédies sans intérêt où il joue des personnages caricaturaux de méridionaux sympathiques ou colériques. Mais, lorsqu'il trouve des réalisateurs à la hauteur de son immense talent, Raimu frôle le génie. Il est notamment remarquable de justesse dans Faisons un rêve sous la direction de Sacha Guitry. Mais aussi dans L'étrange Monsieur Victor de Jean Grémillon en receleur assassin, Gribouille de Marc Allégret où juré, il se prend de compassion par la jeune accusée jouée par Michèle Morgan, Carnet de bal où maire de sa commune, il célèbre lui-mème ses épousailles avec Milly Mathis, son pendant féminin et Le duel de Pierre Fresnay.
Une forte personnalité
En 1933, il achète à Bandol une villa qu'il rebaptiste Ker-Mocotte en l'honneur de son épouse Esther Métayer. Au début des années quarante, Raimu est incontestablement l'un des acteurs les plus populaires et les plus sollicités du cinéma français. Durant les années de guerre, et malgré l'exil de plusieurs grands cinéastes, il s'impose avec des compositions remarquables, parmi lesquelles le clochard de Monsieur la Souris de Georges Lacombe, le Colonel d'Empire amnésique qui retrouve peu à peu la mémoire et son passé dans Le colonel Chabert d'après Balzac, maître Loursat avocat alcoolique dans Les Inconnus dans la Maison. Entre temps, Raimu fait son entrée à la Comédie Française, en 1943 à l'invitation de Marie Bell, sa partenaire de Carnet de bal, où il est un inoubliable Monsieur Jourdain dans Le bourgeois gentilhomme et un mémorable Argan dans Le malade imaginaire.
Une fin inattendue
Après la guerre, il retrouve Fernandel dans Les Gueux du Paradis où s'amusent la plupart des membres du clan marseillais puis campe l'inquiétant Nicolas Pavlovitch dans L'homme au chapeau rond de Pierre Billon d'après Dostoievski. Peu de temps après le tournage de ce dernier film, Raimu subit une opération chirurgicale, qui n'a aucun rapport, malgré les affirmations de l'époque avec l'accident de voiture survenu à Tournus. Il se rend en toute décontraction à l'hôpital Américain de Neuilly-sur-Seine, pose pour les photographes et adresse un clin d'oil à son épouse. L'imprévisible se produit. Son cour ne résiste pas à l'anesthésie et le grand acteur succombe à un infarctus le 20 septembre 1946. Son corps repose désormais dans sa ville natale. Marcel Pagnol prononce son éloge funèbre : « On ne peut faire un discours sur la tombe d'un père, d'un frère ou d'un fils et tu étais les trois à la fois. »


FILMOGRAPHIE :

Avec Esther Métayer
1912 : Godasse fumiste de Gérard Bourgeois (cm)
1912 : L'agence cacahuète de Roger Lion (cm)
1913 : L'homme nu d'Henri Desfontaines (cm)
1916 : Sacré Joseph de Roger Lion (cm)
1916 : L'enlèvement de Vénus de Roger Lion (cm)
1916 : Paris pendant la guerre d'Henri Diamant-Berger (en 4 parties)
1917 : Le vagabond de Roger Lion (cm)
1931 : Le blanc et le noir de Robert Florey
1931 : Mam'zelle Nitouche de Marc Allégret
1931 : Marius d'Alexander Korda & Marcel Pagnol
1932 : La petite chocolatière de Marc Allégret
1932 : Fanny de Marc Allégret
1932 : Les gaietés de l'escadron de Maurice Tourneur
1933 : Théodore et compagnie de Pierre Colombier
1933 : Charlemagne de Pierre Colombier
1933 : Ces messieurs de la santé de Pierre Colombier
1934 : L'école des cocottes de Pierre Colombier
1934 : Tartarin de Tarascon de Raymond Bernard
1934 : Minuit place Pigalle de Roger Richebé
1934 : J'ai une idée de Roger Richebé
1935 : Mon père avait raison de Sacha Guitry
1935 : Gaspard de Besse d'André Hugon
1936 : César de Marcel Pagnol
1936 : Le secret de Polichinelle d'André Berthomieu
1936 : Le roi de Pierre Colombier
1936 : Les jumeaux de Brighton de Claude Heymann
1936 : Faisons un rêve de Sacha Guitry
1936 : Vous n'avez rien à déclarer ? de Léo Joannon
1937 : L'étrange Monsieur Victor de Jean Grémillon
1937 : Gribouille de Marc Allégret
1937 : Les perles de la couronne de Sacha Guitry & Christian-Jaque
1937 : Un carnet de bal de Julien Duvivier
1937 : Les rois du sport de Pierre Colombier
1937 : Le fauteuil 47 de Fernand Rivers
1937 : La chaste Suzanne d'André Berthomieu
1938 : La femme du boulanger de Marcel Pagnol
1938 : Les nouveaux riches d'André Berthomieu
1938 : Le héros de la Marne d'André Hugon
1938 : Dernière jeunesse de Jeff Musso
1939 : Le duel de Pierre Fresnay
1939 : Noix de coco de Jean Boyer
1939 : Monsieur Brotonneau d'Alexander Esway
1939 : L'homme qui cherche la vérité d'Alexander Esway
1940 : Parade en sept nuits de Marc Allégret
1940 : La fille du puisatier de Marcel Pagnol
1940 : Untel père et fils de Julien Duvivier
1941 : L'Arlésienne de Marc Allégret
1941 : Les inconnus dans la maison d'Henri Decoin
1942 : Monsieur La Souris de Georges Lacombe
1942 : Le bienfaiteur d'Henri Decoin
1942 : Les petits riens de Raymond Leboursier
1943 : Le colonel Chabert de René Le Hénaff
1945 : Les gueux au paradis de René Le Hénaff
1946 : L'homme au chapeau rond de Pierre Billon


Filmographie de RAIMU
 
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