Françoise PRÉVOST
 Actrice et romancière française
Françoise Prévost dégage, derrière un masque tragique, à la fois une grande force et une soudaine vulnérabilité. La scène d'humiliation qu'elle subit de la part de Jacques Brel dans Mont-Dragon est difficilement soutenable et devient un symbole de sa personnalité. Un peu oubliée, elle retrouve une renommée et un soutien populaire en racontant son combat contre un mal impitoyable.
Françoise Denise Prévost de son nom complet est née le 13 janvier 1929. Son père Jean Prévost est un écrivain réputé, auteur entre autres des Frères Bouquinquant. Résistant, il est tué dans le maquis du Vercors en 1944. Sa mère, Marcelle Auclair, est cofondatrice du magazine Elle avec Hélène Lazareff. La jeune Françoise débute comme cover-girl avant de s'orienter vers la comédie. Elève de Jean Vilar et de Tania Balachova, elle apparaît au théâtre, à partir de 1948 et joue aussi bien les classiques du répertoire que des pièces contemporaines. Elle fait des débuts timides et discrets au cinéma dans des petits rôles, souvent en costumes notamment auprès de Georges Marchal dans Les Trois Mousquetaires ou Jean Marais dans Nez-de-Cuir.
Égérie de la Nouvelle Vague
Sa carrière décolle avec l'arrivée de la Nouvelle Vague. Elle joue dans un sketch de Jacques Rivette pour Paris nous appartient, brise avec audace le tabou de l'homosexualité féminine auprès de Marie Laforêt dans La Fille aux yeux d'or de Jean-Gabriel Albicocco, devient Hélène pour Le Signe du Lion d'Éric Rohmer et partage l'affiche avec Jean Seberg et Micheline Presle dans Les grandes Personnes de Jean Valère. C'est surtout Pierre Kast qui va le mieux exploiter son mélange de froideur et de sensualité dans Merci Natercia, Le Bel Âge, La Saison des Mortes-Amours et Vacances portugaises. Elle séduit le cinéma italien avec Le Procès de Vérone de Carlo Lizzani et Les Séquestrés d'Altona de Vittorio De Sica d'après Sartre. Dans les années soixante, elle alterne des films intimistes comme L'Une et l'Autre de René Allio et des films plus populaires comme Via Macao avec Roger Hanin et surtout comme complice de Mireille Darc dans Galia de Georges Lautner. Son image est popularisée par sa présence renouvelée dans la célèbre série télé de Stellio Lorenzi, La caméra explore le temps. En 1961, elle crée au théâtre Le Repos du guerrier de Christiane Rochefort, mise en scène Jean Mercure, un rôle que reprend Brigitte Bardot pour le cinéma sous la direction de Roger Vadim.
L'érotisme transalpin
Après 1965, son parcours est marqué par un indiscutable déclin. Elle tourne en Allemagne L'irrésistible Célibataire ainsi qu'un curieux Maigret fait mouche avec Heinz Rühmann et en Italie de nombreux giallos à dominance érotique comme La Limite du Péché, Pourquoi pas toi ?, Un joli corps qu'il faut tuer ou Le PDG a des ratés. Son rôle le plus marquant est celui de la comtesse Germaine de Boismenil humiliée par Jacques Brel dans Mont-Dragon de Jean Valère. Elle s'amuse dans un petit rôle du Téléphone rose d'Édouard Molinaro et retrouve un rôle sulfureux dans L'Amour en Herbe de Roger Andrieux. On la voit heureusement à fréquence régulière à la télévision avec La Campagne d'Italie ou Le Violon de Vincent avec Charles Vanel. Mariée avec Gilles Quéant, elle a deux enfants, Thierry et Aline mais le couple divorce en 1965.
L'Amour nu
En 1975, atteinte d'un cancer du sein, elle lutte avec le soutien de son deuxième mari, l'acteur et journaliste Maurice Poli épousé en 1968. Elle écrit un livre sur sa maladie, Ma vie en plus et cosigne le scénario de son adaptation avec Yannick Bellon pour L'Amour nu où son rôle est tenu avec brio par Marlène Jobert. Elle se rappelle au bon souvenir de Pierre Kast qui lui confie un petit rôle du Soleil en Face auprès de Jean-Pierre Cassel et de Jacques Rivette qui l'oppose à Maria Schneider dans Merry Go Round. Elle publie plusieurs autres romans comme Mémoire à deux voix ou Les Nuages de Septembre. En 1993, elle reprend au théâtre le rôle principal d'Opening Night, pièce adaptée du film éponyme de John Cassavetes. Le cancer a rattrapé Françoise Prévost, décédée dans la nuit de samedi à dimanche, dans son appartement parisien, le 30 novembre 1997. Elle était âgée de 67 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Maurice Poli
1949 : Jeande la Lune de Marcel Achard
1951 : Clara de Montargis d'Henri Decoin
1951 : Les miracles n'ont lieu qu'une fois d'Yves Allégret
1951 : Les Mousquetaires du roi de Marcel Aboulker et Michel Ferry (inachevé)
1952 : Nez de cuir d'Yves Allégret
1953 : Virgile de Carlo Rim
1953 : Les Trois Mousquetaires d'André Hunebelle
1958 : Cette nuit-là de Maurice Cazeneuve
1958 : Le Second Souffle de Yannick Bellon (cm)
1959 : Merci Natercia de Pierre Kast
1959 : L'énigme de Pise de Stello Lorenzi (tv)
1960 : Le Général ennemi (The Enemy General) de George Sherman
1960 : Le Bel Âge de Pierre Kast
1960 : Les Gangsters (Payroll) de Sidney Hayers
1960 : Comment qu'elle est ? de Bernard Borderie
1961 : La Récréation de François Moreuil
1961 : L'énigme de Saint-Leu de Stello Lorenzi (tv)
1961 : La Reine Margot de René Lucot (tv)
1961 : La Morte-Saison des amours de Pierre Kast
1961 : La Fille aux yeux d'or de Jean-Gabriel Albicocco
1961 : Les Grandes Personnes de Jean Valère
1961 : Le Jeu de la vérité de Robert Hossein
1961 : Paris nous appartient de Jacques Rivette
1961 : Par-dessus le mur de Jean-Paul Le Chanois
1962 : Le Signe du lion d'Éric Rohmer
1962 : Le Procès de Vérone (Il Processo di Verona) de Carlo Lizzani
1962 : Il Mare de Giuseppe Patroni Griffi
1962 : Les Années rugissantes (Gli anni ruggenti) de Luigi Zampa
1962 : Bon voyage ! (Bon Voyage !) de James Neilson
1962 : L'Irrésistible célibataire (Bekenntnisse eines möblierten Herrn) de Franz Peter Wirth
1962 : Les Séquestrés d'Altona (I Sequestrati di Altona) de Vittorio de Sica
1963 : Vacances portugaises de Pierre Kast
1963 : Amour sans lendemain (Un tentativo sentimentale) de Pasquale Festa Campanile
1963 : Ein Mann im schönster Alter de Franz Peter Wirth
1965 : La Cage de verre de Philippe Arthuys
1965 : Les Nuits de l'épouvante (La lama nel corpo) de Michael Hamilton
1966 : Via Macao de Jean Leduc
1966 : Galia de Georges Lautner
1966 : Maigret fait mouche (Maigret und sein größter Fall) d'Alfred Weidenmann
1967 : L'Une et l'Autre de René Allio
1967 : L'Espace d'une nuit de Philippe Laik (tv)
1967 : Pronto... c'è una certa Giuliana per te de Massimo Franciosa
1968 : Histoires extraordinaires, Metzengerstein de Roger Vadim
1968 : Les Russes ne boiront pas de coca-cola de Luigi Comencini
1968 : Django porte sa croix (Quella sporca storia nel West) d'Enzo Castellari
1968 : La Campagne d'Italie de Pierre Cardinal
1968 : Häschen in der Grube de Roger Fritz
1969 : La Limite du péché (Quarta parete) d'Adriano Bolzoni
1969 : Pourquoi pas toi ? (Brucia ragazzo, brucia) de Fernando Di Leo
1969 : Sirocco d'hiver (Sirokko) de Miklós Jancsó
1970 : Un Cas de Conscience (Un caso di coscienza) de Gianni Grimaldi
1970 : L'Explosion de Marc Simenon
1970 : Mont-Dragon de Jean Valère
1970 : La Dona a una dimensione de Bruno Baratti
1970 : Un joli corps qu'il faut tuer (Il tuo dolce corpo da uccidere) d'Antonio Brescia
1970 : La Jeunesse du massacre (Il ragazzi del massacro) de Fernando Di Leo
1970 : Le Belve de Giovanni Grimaldi
1971 : La Saignée de Claude Mulot
1971 : Le PDG a des ratés (La prima notte del dottore Danieli) de Giovanni Grimaldi
1971 : Les Obsessions sexuelles d'un veuf (Le inibizione del dottore Gaudenzi) de G. Grimaldi
1973 : Sensualita (Quando l'amore e sensualita) de Vittorio de Sisti
1973 : Le Violon de Vincent de Jean-Pierre Gallo (tv)
1973 : Le scomunicate di San Valentino de Sergio Grieco
1973 : Les Anges de Jean Desvilles
1974 : Preuves d'amour (La Prova d'amore) de Tiziano Longo
1975 : Mala amore e morte de Tiziano Longo
1975 : Mais où sont passées les jeunes filles en fleur ? de Jean Desvilles
1975 : Bacchanales infernales (Un urlo dalle tenebre) d'Elio Pannaccio
1976 : Le Téléphone rose d'Édouard Molinaro
1977 : L'Amour en herbe de Roger Andrieux
1980 : Le Soleil en face de Pierre Kast
1981 : Merry-Go-Round de Jacques Rivette
1982 : La Côte d'amour de Charlotte Dubreuil


Filmographie de Françoise PRÉVOST
 
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