Perrette Pradier, de son vrai nom Perrette Marie Mathilde Chevau est née le 17 avril 1938 à Hanoï. Attirée très jeune par le spectacle, elle fait une figuration en bikini dans Honoré de Marseille de Maurice Régamey avec Fernandel. Soucieuse de ne pas tout miser sur son physique, elle prend des cours de comédie et crée en 1960 Boeing Boeing de Marc Camoletti qu’elle joue pendant plusieurs saisons.
La belle garce
Elle apparaît pour son premier vrai rôle de cinéma dans Les Scélérats de Robert Hossein où elle incarne une servante énigmatique qui vient bouleverser l’équilibre précaire après le décès de leur fils du couple formé par Michèle Morgan et Robert Hossein. Son talent pour la comédie et sa superbe plastique lui valent de très nombreux rôles de femmes fatales parmi lesquels La Brune que voilà où elle est une des quatre maîtresses de Robert Lamoureux, Au Voleur où, maîtresse d’O. E. Hasse, elle porte un médaillon en diamant convoité par Paul Guers, Le Jeu de la Vérité en convive mêlée à un jeu macabre, Les Trois Mousquetaires en Constance Bonacieux avec Gérard Barray ou La Chambre ardente de Julien Duvivier où elle est une des suspectes cupides de l’empoissonnement de son oncle par alliance. Elle s’échappe un peu de ses rôles de garce dans Blague dans le Coin avec Fernandel ou la production internationale Et vint le jour de la vengeance de Fred Zinnemann, où elle est la maîtresse du criminel franquiste incarné par Anthony Quinn. Perrette Pradier est un atout de charme dans des films d’espionnage comme Furia à Bahia pour OSS 117, L’Homme d’Istambul avec Horst Buchholz ou Le Judoka agent secret.
La papesse du doublage
Présente dans plusieurs pièces de théâtre du programme Au Théâtre ce soir de Pierre Sabbagh (Boléro, Mary Mary, La brune que voilà, Crime à la clef, Décibel), elle multiplie les apparitions dans des séries comme L’Inspecteur Leclerc enquête avec Philippe Nicaud, Les cinq dernières minutes avec Raymond Souplex, Si Perrault m’était conté ou Le Temps de vivre, le temps d’aimer de Louis Grospierre avec Jean-Claude Pascal et Pascale Roberts. À partir de la fin des années 70, Perette Pradier s’éloigne des studios pour se consacrer presque exclusivement au doublage. Dotée d’une voix sensuelle et vive, elle prête sa voix à Faye Dunaway (Les trois Mousquetaires, Les Yeux de Laura Mars), Jacqueline Bisset (Casino Royale, Les grands Fonds), Jane Fonda (Que vienne la nuit, Klute), Glenda Jackson (Love, Un dimanche comme les autres), Julie Andrews (Top Secret, Victor Victoria), Diane Keaton (Guerre et amour, À la recherche de Monsieur Goodbar) ou Margot Kidder (Superman). La comédienne s'est aussi distinguée dans le doublage de films d'animation des studios Disney, prêtant sa voix à la méchante Médusa dans Les Aventures de Bernard et Bianca et quelques personnages mineurs dans Basil détective privé ou Le Roi Lion. Elle supervise en tant que directrice artistique les doublages de films et séries tels qu’Aladdin, Les Tudors ou Ugly Betty.
La transmission à sa descendance
Perrette Pradier n’a pas abandonné pour autant le théâtre où elle est présente dans des pièces classiques mises en scène par Jean Meyer comme Le Bourgeois gentilhomme, Le Dindon, Les Fourberies de Scapin, L’Avare, Volpone ou Le Malade imaginaire. Elle est également, à la télévision, une invitée récurrente de L'Académie des neuf animée par Jean-Pierre Foucault dans les années 1980. C'est justement pour la petite lucarne qu'elle dédie ses derniers doublages dans des séries comme Drôle de dames, The Shieldou Grey's Anatomy. Perrette Pradier a épousé dans les années soixante l’acteur et dramaturge Michel Bedetti. Le couple a eu deux enfants, la comédienne Vanina Pradier en 1969 et le comédien Fabrice Trojani en 1978. Ses deux enfants sont devenus à leur tour des stars du doublage. Opérée d’un anévrisme, Perrette Pradier succombe à une crise cardiaque quelque jours plus tard dans un établissement de convalescence de Rueil-Malmaison, le 16 janvier 2013. Elle avait 75 ans.
FILMOGRAPHIE :
Avec Fernandel
1959 : Les Scélérats de Robert Hossein
1960 : Week-end surprise d’André Leroux (tv)
1960 : La Brune que voilà de Robert Lamoureux
1960 : Les Amours de Paris de Jacques Poitrenaud
1960 : Au voleur de Ralph Habib
1961 : Le Jeu de la vérité de Robert Hossein
1961 : Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie
1961 : La Chambre ardente de Julien Duvivier
1962 : Les Sept Péchés capitaux, « La Colère » de Sylvain Dhomme
1962 : Le Crime ne paie pas, « L’Homme de l’avenue » de Gérard Oury
1962 : Magic Story, « Mardi Gras » de Maurice Cazeneuve (tv)
1962 : Les Saintes Nitouches de Pierre Montazel
1963 : Blague dans le coin de Maurice Labro
1963 : Des frissons partout de Raoul André
1964 : Et vint le jour de la vengeance (Behold the Pale Horse) de Fred Zinnemann
1964 : Le Drame de Mayerling de Stellio Lorenzi (tv)
1964 : Suzanne et les Cambrioleurs de Jean Bacqué (cm)
1964 : L'Amour à la chaîne de Claude de Givray
1965 : Furia à Bahia pour OSS 117 d’André Hunebelle
1965 : L'Homme d’Istambul (Estambul 65) d’Antonio Isasi-Isasmendi
1965 : L'Héritage de Jean Prat (tv)
1966 : Le Chat botté de Jean Bacqué (tv)
1966 : Le Judoka agent secret de Pierre Zimmer
1968 : Viaggio nel continente de Luigi Filippo D’Amico (tv)
1968 : Un cri dans l'ombre (House of Cards) de John Guillermin
1968 : Mélissa d’Abder isker (tv)
1970 : Céleste de Michel Gast
1973 : Le temps de vivre, le temps d’aimer de Louis Grospierre (tv)
1974 : Meurtre à crédit de Dany Fog (tv)
1974 : Témoignages, Le Sel de l’Histoire de Raymond A. Bech (tv)
1976 : Le Comédien de Jeannette Hubert (tv)
1980 : Comme une femme de Christian Dura
1982 : L'Esprit de famille de Roland-Bernard (tv)
1983 : Paris-Madagascar d’Anne Revel Bertrand (tv)
1987 : La Vieille Dame et l'Africain d’Alain Dhouailly (tv)
Filmographie de Perrette PRADIER