Elvire POPESCO
 Actrice française d'origine roumaine
Elvire Popesco, c'était plus qu'une présence, un volcan, une allure aristocratique, une élégance, une pétulance roucoulant un irrésistible accent venu de l'Est et un talent qui ne contribua pas peu à en faire ce monstre sacré qui marqua si profondément le théâtre français. Reine incontestée du boulevard, elle aurait très bien pu l'être également pour le répertoire classique. Ses personnages de scènes et celui qu'elle jouait dans sa vie une fois le rideau baissé se rejoignaient jusqu'à n'en faire plus qu'un seul.
Elvira Popescu naît le 10 mai 1896, à Bucarest, sous le règne de Carol 1er, premier roi de cette nouvelle Roumanie qui vient à peine de se libérer, après quatre siècles d'occupation, de la tutelle de l'Empire Ottoman. La capitale, sous l'impulsion d'architectes français, se fait moderne. Tous les Roumains lettrés mettent un point d'honneur à parler un français admirable. C'est dans cette ambiance très francophile qu'Elvira fait ses études au conservatoire d'art dramatique, puis est admise au théâtre national de Bucarest. Elle est figurante dans la superproduction L'indépendance de la Roumanie filmée par Gregore Brezeanu en 1912. Mais elle débute vraiment au cinéma, en même temps qu'Ion Fintesteanu dans La jeune fille de la mansarde d'Alfred Halm racontant les amours d'un riche propriétaire et d'une gitane.
La reine du boulevard
Mais Elvira Popescu qui joue déjà le répertoire français est engagée par Louis Verneuil. Il en fait sa comédienne de prédilection. Désormais désignée sous son nom francisé, Elvire Popesco à la forte personnalité et au talent évident, acquiert très vite une grande notoriété. D'abord mariée au comédien Aurel Athanasescu dont elle aura une fille Tatiana, elle épouse en secondes noces le comte Sébastien Foy, descendant du célèbre baron Gérard, peintre du Premier Empire. Elle aime à recevoir et le tout Paris se presse dans la propriété du couple. Elle travaille néanmoins beaucoup au théâtre où son accent est mis à profit pour lui faire interpréter des étrangères comme dans Ma cousine de Varsovie de Louis Verneuil ou Tovaritch de Jacques Deval. Elle tourne son premier film français, en 1930, L'étrangère dirigée par Gaston Ravel. Suivront en moins de quinze ans une trentaine d'œuvres.
Des comédies auprès des plus grands
Elle côtoie notamment Maurice Chevalier dans L'homme du jour de Julien Duvivier, l'extraordinaire Louis Jouvet dans Éducation d'un prince, Erich von Stroheim dans Derrière la façade, Fernandel dans L'héritier des Mondésir, Michel Simon dans Eusèbe député, Henri Garat à trois reprises dans La présidente, Le valet maître et Fou d'amour mais aussi Jules Berry et Victor Boucher dans L'Habit vert, Raimu dans Le Roi et bien d'autres avec les seconds rôles de l'époque comme Pierre Larquey ou Jean Tissier. Elle est l'une des mères dont Gaby Morlay assure la garde des enfants dans le larmoyant Le Voile bleu de Jean Stelli. Après la guerre, Elvire Popesco est à la fois comédienne et codirectrice du Théâtre de Paris puis du Théâtre Marigny. C'est à cette période qu'elle crée Elvire d'Henry Bernstein, La Machine infernale de Jean Cocteau et La Contessa de Maurice Druon. En 1959, elle réapparaît brièvement au cinéma aux côtés de Maurice Ronet et Alain Delon dans Plein soleil de René Clément et en Laetitia Bonaparte, la mère de Pierre Mondy dans Austerlitz d'Abel Gance.
La muse d'André Roussin
Au théâtre ce soir permet aux téléspectateurs de la revoir et la redécouvrir dans le répertoire qu'André Roussin a taillé pour elle dans La voyante avec Pauline Carton, La Locomotive avec Fernand Ledoux ou La Mamma. L'âge venant, elle souffre beaucoup d'une arthrose à la hanche et, la douleur s'accentuant, elle est contrainte, sur le tard, à se déplacer en s'appuyant sur une canne. Elvire Popesco finit sa vie dans son appartement parisien. En 1987, la Grande Dame du théâtre reçoit un Molière d'Honneur, pour l'ensemble de sa prestigieuse carrière. Elle décède, le 11 décembre 1993, presque centenaire. Elle a pu constater avant de mourir que la Roumanie, qu'elle a quittée soixante-dix ans plus tôt s'est enfin libérée du joug de Ceaucescu tandis que des salles de spectacles et de cinéma peuvent désormais porter son nom dans son pays natal.


FILMOGRAPHIE :

Avec André Roussin
1912 : L'indépendance de la Roumanie (Independenta României) de Gregore Brezeanu
1923 : La jeune fille de la mansarde (Tigancusa de la iatac) d'Alfred Halm
1930 : L'étrangère de Gaston Ravel
1931 : Ma cousine de Varsovie de Carmine Gallone
1932 : Sa meilleure cliente de Pierre Colombier
1934 : Une femme chipée de Pierre Colombier
1935 : Dora Nelson de René Guissart
1935 : L'amant de madame Vidal d'André Berthomieu
1936 : Le roi de Pierre Colombier
1936 : La maison d'en face de Christian-Jaque
1936 : L'homme du jour de Julien Duvivier
1937 : L'habit vert de Roger Richebé
1937 : À Venise, une nuit de Christian-Jaque
1937 : Le club des aristocrates de Pierre Colombier
1938 : Tricoche et Cacolet de Pierre Colombier
1938 : La présidente de Fernand Rivers
1938 : Mon curé chez les riches de Jean Boyer
1938 : Éducation de prince d'Alexandre Esway
1938 : Eusèbe député d'André Berthomieu
1938 : Derrière la façade de Georges Lacombe & Yves Mirande
1939 : Le veau gras de Serge de Poligny
1939 : Le bois sacré de Léon Mathot
1939 : Paradis perdu d'Abel Gance
1939 : Ils étaient neuf célibataires de Sacha Guitry
1940 : L'héritier des Mondésir d'Albert Valentin
1940 : Parade en sept nuits de Marc Allégret
1941 : Le valet maître de Paul Mesnier
1941 : L'âge d'or de Jean de Limur
1942 : Mademoiselle Swing de Richard Pottier
1942 : Le voile bleu de Jean Stelli
1942 : Frédérica de Jean Boyer
1943 : Fou d'amour de Paul Mesnier
1959 : Plein soleil de René Clément
1960 : Austerlitz d'Abel Gance


Filmographie d'Elvire POPESCO
 
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