Roger PIGAUT
 Acteur et réalisateur français
Solide acteur, taciturne et séduisant, Roger Pigaut a personnifié le prolo de l'après-guerre dont la France a besoin pour se relever des ruines de la guerre. Les participations brillantes à la fin des années quarante n'ont été suivies que de rôles en retrait dans la décennie suivante. Se jugeant trop timide et pas assez charismatique pour assurer son statut de vedette, il se tourne vers la réalisation où il livre des polars plaisants dans les années soixante-dix.
Roger Paul Louis Pigot est né le 8 avril 1919 à Vincennes dans une famille modeste d'ouvriers. Son père est caissier aux Galeries Lafayette et sa mère couturière. Il se destine au métier d'instituteur mais le jeune Roger n'est pas assez assidu pour réussir ses études. Il préfère la lecture et le cinéma. Après des petits boulots dans les chemins de fer et comme vendeur de journaux, il entre au Cours Simon avec son copain Serge Reggiani. Il prépare le rôle de Clitandre, des Femmes savantes mais en est dissuadé par son professeur qui lui déclare : " T'es pas classique !" Déçu, Roger Pigaut suit les cours de théâtre de Raymond Rouleau et l'année suivante, il est admis au Conservatoire mais doit interrompre son début de carrière en raison de la guerre et part dans le Midi de la France.
La révélation de Douce
Roger ne renonce pas pour autant et court les cachets. Il est figurant dans Félicie Nanteuil et un rôle secondaire dans Nuits d'Alerte où il est un résistant qui rejoint l'Angleterre avec l'aide d'Hélène Perdrière et Joséphine Baker. Le film est interdit par le régime de Vichy et ne sortira qu'à la Libération. Il rencontre Marcel Achard qui le fait engager dans le premier rôle de Retour de flamme sous son vrai nom auprès de Renée Saint-Cyr. Claude Autant-Lara lui propose le rôle de Fabien Mariani, le régisseur dont s'éprend Mademoiselle de Bonafé (Odette Joyeux) et dont les amours auront une conclusion tragique dans Douce. Devenu célèbre grâce à se film, il est envisagé comme premier rôle dans Premier de Cordée mais un accident impose son remplacement par André Le Gall. Le comédien rejoint la zone libre et ne tourne plus jusqu'à la fin de la guerre.
Le prolo au grand cour
Christian-Jaque en fait un bûcheron sympathique et amoureux de Renée Faure dans le poétique Sortilèges. Il est enfin consacré avec l'ouvrier parisien déterminé à retrouver son billet gagnant de la loterie dans Antoine et Antoinette, le chef d'œuvre de Jacques Becker. Il peaufine son image avec l'ouvrier au grand cour dans Les Frères Bouquinquant de Louis Daquin. Cette représentation prolétarienne correspond à l'individu qui est militant des causes généreuses, s'implique dans la défense du cinéma français après les lois iniques de 1948 ou celle de la Paix. Mais sa carrière s'étiole. Il est la vedette de petits films généreux comme Cartouche, roi de Paris, L'Agonie des Aigles, La Maison dans la dune, La Caraque blonde et tourne des péplums en Italie comme Theodora impératrice de Byzance et affronte Jean Marais dans Le Comte de Monte-Cristo.
Producteur et réalisateur avec Betsy Blair
En 1959, avec son épouse Betsy Blair (ex-femme de Gene Kelly chassée par le maccarthysme) et son éternel copain Reggiani, il fonde Garance Films qui produit des courts métrages comme Paris la Belle ou Paris mange son pain, écrit et réalisé par les frères Jacques et Pierre Prévert. Puis il entreprend, avec la Chine, Le Cerf-volant du bout du monde, œuvre antiraciste destinée aux jeunes qui s'avère un échec commercial. Après cette nouvelle déception, Roger Pigaut espace ses prestations de comédien. Il préfère la réalisation et signe trois polars sans prétention mais non sans qualités, Comptes à Rebours, Trois milliards sans ascenseur où il dirige Serge Reggiani dans les premiers rôles et Le Guêpier avec Claude Brasseur et Marthe Keller. Il fait de belles apparitions à la télévision dans des feuilletons comme Les Chevaliers du Ciel ou Les Compagnons de Baal et des adaptations littéraires comme Les Boussardel, Mauregard ou Les Faucheurs de Marguerite. Il tourne un dernier rôle très épisodique mais émouvant dans Une histoire simple de Claude Sautet. Remarié à Joelle Bernard, il succombe à une crise cardiaque, le 24 décembre 1989 dans son appartement du 16e arrondissement. Trop vite oublié, Roger Pigaut laisse une quarantaine de films et quelques rôles marquants.


FILMOGRAPHIE :

Avec Serge Reggiani
1941 : Nuits d'alerte de Léon Mathot
1942 : Félicie Nanteuil de Marc Allégret
1942 : Retour de flamme d'Henri Fescourt
1943 : Douce de Claude Autant-Lara
1944 : Sortilèges de Christian-Jaque
1945 : L'Assassin n'est pas coupable de René Delacroix
1945 : L'Invité de la onzième heure de Maurice Cloche
1946 : La Rose de la mer de Jacques de Baroncelli
1947 : Antoine et Antoinette de Jacques Becker
1948 : Les Condamnés de Georges Lacombe
1948 : Vire-vent de Jean Faurez
1948 : Bagarres d'Henri Calef
1948 : Rapide de nuit de Marcel Blistène
1948 : Les Frères Bouquinquant de Louis Daquin
1948 : Cartouche, roi de Paris de Guillaume Radot
1950 : Un sourire dans la tempête de René Chanas
1950 : La Peau d'un homme de René Jolivet
1951 : Chicago-digest de Paul Paviot (cm)
1951 : L'Agonie des aigles de Jean Alden-Delos
1952 : La Maison dans la dune de Georges Lampin
1952 : La Caraque blonde de Jacqueline Audry
1953 : Théodora, impératrice de Byzance (Teodora, imperatrice di Bisanzio) de Riccardo Freda
1954 : Napoléon de Sacha Guitry
1954 : Le Comte de Monte-Cristo de Robert Vernay
1955 : La Lumière d'en face de Georges Lacombe
1955 : Les Amours de Manon Lescaut (Gli amori di Manon Lescaut) de Mario Costa
1956 : La Plus Belle des vies de Claude Vermorel
1960 : Terreur sur la savane (Konga-Yo) d'Yves Allégret
1965 : La Jeune Morte de Roger Pigaut et Claude Faraldo
1965 : Les Chevaliers du ciel de François Villiers (tv)
1966 : Le Trompette de la Bérésina de Jean-Paul Carrère (tv)
1967 : J'ai tué Raspoutine de Robert Hossein
1967 : Indomptable Angélique de Bernard Borderie
1967 : Les Chevaliers du ciel de François Villiers (tv)
1968 : Angélique et le sultan de Bernard Borderie
1968 : Mayerling de Terence Young
1968 : Catherine, il suffit d'un amour de Bernard Borderie
1968 : Les compagnons de Baal de Pierre Prévert (tv)
1968 : Les Hauts de Hurlevent de Jean-Paul Carrère (tv)
1970 : Mauregard de Claude de Givray (tv)
1971 : Quentin Durward de Gilles Grangier (tv)
1972 : Les Boussardel de René Lucot
1974 : Les Faucheurs de marguerites de Marcel Camus (tv)
1975 : Paul Gauguin de Roger Pigaut (tv)
1978 : Une histoire simple de Claude Sautet
1979 : Le jeune homme vert de Roger Pigaut (tv)
1984 : Machinations de Bruno Gantillon (tv)
1984 : Cour de Hareng, série noire de Paul Vecchiali (tv)


Filmographie de Roger PIGAUT
 
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