La légende veut qu'Edith Piaf soit née sous un lampadaire, rue de Belleville dans le 20e arrondissement de Paris. En fait, la petite Édith Giovanna Gassion est née dans un hôpital de la porte de Bagnolet, le 19 décembre 1915. Son père, Louis-Alphonse Gassion est acrobate de rue et sa mère, Anita Maillard, chanteuse lyrique. Son père rejoint l'armée et sa mère retourne chanter dans les rues sans trop se soucier de son enfant. La gamine découvre très vite le pouvoir de sa voix sur les foules. Avec sa meilleure amie et son âme damnée, Simone dite Momone, elle décide à quinze ans de quitter son père et de se produire dans les rues de Paris. En 1932, elle rencontre Louis Dupont, dit P'tit Louis. De leur union, naîtra en 1933 une petite Marcelle. Mais, deux ans plus tard l'enfant meurt d'une méningite.
La môme Piaf
Édith Piaf est remarquée par Louis Leplée, directeur d'un des cabarets les plus élégants de Paris. Il la baptise alors la Môme Piaf qui évoque toute la fragilité physique du personnage avec sa longue robe noire, du haut de ses 1,47 m. Mais Louis Leplée est assassiné chez lui. Elle est engagée par Raymond Asso. aventurier et ancien légionnaire et se construit un répertoire dans le style de la chanson réaliste avec des succès comme Mon Légionnaire, L’Accordéoniste ou Dans ma rue. Elle tourne son premier film, La Garçonne de Jean Limur et passe en tête d'affiche à Bobino. Pendant la guerre, elle devient la compagne de Paul Meurisse et l’amie de Jean Cocteau. Pour eux, l’écrivain leur écrit Le Bel Indifférent, long monologue d’Édith face à Paul Meurisse impassible. Suite à cette pièce, le couple est engagé pour le film Montmartre-sur-Seine de Georges Lacombe où il partage l'affiche avec Jean-Louis Barrault. Sur ce tournage, Piaf rencontre Henri Contet, qui devient son nouveau pygmalion et lui écrit, souvent associé à Marguerite Monnot C’est merveilleux, Padam Padam, Bravo pour le clown, Les neiges de Finlande ou T’es beau, tu sais. En 1944, elle rencontre le jeune Yves Montand et non seulement elle tombe amoureuse de lui, mais elle prend en charge toute sa carrière. Ils paraissent ensemble dans le film Étoile sans lumière de Marcel Blistène. L'héroïne est une petite bonne que le hasard conduit à doubler de sa voix prenante une vedette du muet paniquée par l'arrivée du parlant (Mila Parély).
La mentor de toute une génération d'artistes
Après la guerre, Piaf écrit seule La Vie en rose qui fait le tour du monde et se produit avec les Compagnons de la Chanson. Ils apparaissent dans Neuf garçons, un cœur et y interprètent leur gros succès Les Trois Cloches. Désormais, en dépit de sa spontanéité, Édith comprend qu’elle ne sera jamais une actrice de cinéma. Sa personnalité est trop forte pour qu’on lui propose autre chose que de jouer son propre rôle. Elle ne fera que des apparitions chantées dans Paris chante toujours, Si Versailles m’était conté où elle interprète Ça ira, ça ira, Boum sur Paris ou French Cancan de Jean Renoir. Elle connaît son grand amour avec le boxeur Marcel Cerdan mais le sportif charismatique reste attaché à sa femme et ses trois enfants. De plus, il périt dans un accident d’avion le 28 octobre 1949. Édith Piaf, inconsolabe écrit avec Marguerite Monnot L'Hymne à l'amour mais sombre dans l’alcool, la morphine, la cortisone et souffre d’arthrose rhumatismales. Elle lance la carrière de jeunes chanteurs, tout à la fois compositeurs, amants et hommes à tout faire comme Gilbert Bécaud le pianiste de son deuxième mari Jacques Pills, Charles Aznavour, Eddie Constantine, Georges Moustaki (Milord, l’Homme à la Moto), Charles Dumont (Je ne regrette rien, Mon Dieu) et Théo Sarapo, son dernier mari. Après plusieurs cures de désintoxication, ses excès font des ravages et l’obligent à annuler plusieurs concerts. Très affaiblie et souvent inconsciente, elle passe les derniers mois de sa vie dans le sud de la France. C'est sur les hauteurs de Grasse, à Plascassier, qu’Édith Piaf s'éteint le 10 octobre 1963, le même jour que son ami Jean Cocteau. À tout juste 47 ans, la chanteuse est entrée dans la légende. Ses succès comme Mon manège à moi, La Foule sont régulièrement repris, sa tombe au Père-Lachaise régulièrement fleurie et sa vie est brillamment illustrée par Olivier Dahan dans La Môme où elle est campée de façon magistrale par Marion Cotillard.
FILMOGRAPHIE :
Avec Jean Cocteau
1941 : Montmartre-sur-Seine de Georges Lacombe
1946 : Étoile sans lumière de Marcel Blistène
1948 : Neuf Garçons, un cœur de Georges Friedland
1952 : Paris chante toujours de Pierre Montazel
1954 : Boum sur Paris de Maurice de Canonge
1954 : Si Versailles m'était conté… de Sacha Guitry
1955 : French Cancan de Jean Renoir
1959 : Les Amants de demain de Marcel Blistène
Filmographie d'Édith PIAF