Dita PARLO
 Actrice française d'origine allemande
Il a suffi à Dita Parlo de débarquer sur les écrans français, avec sa beauté diaphane et sa robe de mariée au bras de son marinier dans L'Atalante pour en faire une artiste consacrée. Sa fraîcheur presque enfantine, sa joie de vivre et son regard grave en font une des plus grandes stars du cinéma hexagonal de l'entre-deux-guerres.
Fille d'un employé des chemins de fer allemands, Dita Parlo naît Gerda Kornstaedt le 4 septembre 1908, à Stettin, ville de la région de Poméranie occidentale dans l'Empire Allemand, aujourd'hui Szczecin en Pologne. La petite Gerda a un rêve absolu, devenir ballerine. Elle pratique assidûment la danse classique. À dix-huit ans elle étudie à l'École dramatique de la UFA où elle est remarquée par le producteur de Metropolis Erich Pommer qui lui propose de faire du cinéma. L'offre est alléchante et sous le nom de Dita Parlo, elle fait ses premiers pas devant les caméras en jeune esclave dans Shéhérazade réalisé par Alexandre Volkoff et enchaîne avec des petits rôles dans La dame au masque avec Arlette Marchal et Heinrich George, Le chant du prisonnier avec Lars Hanson et Rhapsodie hongroise avec Willy Fritsch et Lil Dagover. Complètement absorbée par le cinéma, elle abandonne la danse. Elle devient en France la partenaire d'Ivan Mosjoukine dans Manolesco roi des voleurs de Victor Tourjansky.
D'un côté à l'autre du Rhin
Dita Parlo devient une actrice très populaire outre-Rhin en participant au premier film allemand sonore, Mélodie du Cour où elle partage l'affiche avec Willy Fritsch. Parfaite polyglote, elle fait des va-et-vient entre la France et l'Allemagne. Elle travaille avec Julien Duvivier dans Au bonheur des dames filmé à Paris et La Flamme sacrée de Berthold Viertel et Wilhelm Dieterle à Berlin. Elle tente de faire carrière à Hollywood avec la version américaine de Kismet réalisée par son compatriote devenu William Dieterle. Elle signe un contrat d'un an avec le studio First National Pictures. Malheureusement, Dita se voit confier deux productions américaines médiocres, L'honneur de la famille et Mr Broadway et décide de revenir définitivement en Europe. Avec la montée du nazisme, Dita Parlo ne souhaite pas reprendre sa carrière en Allemagne. Grâce à son séjour hollywoodien, elle est devenue une vedette dont parle la presse européenne.
La mariée volage du chaland qui passe
C'est en fière paysanne bernoise dans le film suisse de Dimitri Kirsanoff Rapt qu'elle fait son retour. Puis elle incarne la jeune mariée fugueuse de L'Atalante, le chef-d'œuvre de Jean Vigo auprès de Jean Dasté et Michel Simon. Le film est mutilé et rebaptisé Le Chaland qui passe en raison d'une chanson en vogue. Georg Wilhelm Pabst fait d'elle l'espionne de Mademoiselle Docteur repris par Edmond T. Gréville dans la version anglaise. Jean Renoir lui offre le seule personnage féminin, une paysanne allemande qui accueille l'évadé Jean Gabin dans La grande illusion. Elle tourne encore dans une demi-douzaine de productions en France comme L'Affaire du courrier de Lyon avec Blanchar, L'Inconnue de Monte-Carlo, Ultimatum, La rue sans joie et le film pacifique Paix sur le Rhin du suisse Jean Choux avant le début de la Seconde Guerre Mondiale. De nationalité allemande, l'actrice doit interrompre le tournage de La Maison dans la dune et se voit interdite de travail pour les studios français. Après un bref internement au camp de Gurs, elle est libérée par les Allemands mais refuse de retourner dans son pays natal. Elle connait alors une série de démêlés complexes avec les autorités françaises lui reprochant notamment d'avoir lavé les pieds du juif Dalio dans La grande Illusion. À cette époque, Orson Welles pense à elle pour jouer dans Heart of darkness d'après Joseph Conrad, un projet qui restera dans les tiroirs.
La femme du pasteur
Pendant l'occupation, Dita Parlo se retrouve au camp de Drancy puis au fort de Noisy à Romainville, où elle rencontre le pasteur Franck Gueutal qu'elle épouse en 1949. La même année, elle obtient un non-lieu pour le dossier de ses activités supposées d'agent double pendant le conflit. En 1950, André Cayatte lui offre un rôle dans Justice est faite, puis elle met un terme à sa carrière. En 1965, Léonard Kiegel arrive à la convaincre d'incarner la vieille comtesse Fedorovana dans La dame de pique adaptation de Pouchkine. Une belle performance mais qui restera sans suite, car malade, elle se retire définitivement. Presque totalement paralysée, Dita Parlo meurt le 12 décembre 1971 à Courbevoie. Elle repose dans le cimetière protestant de Montécheroux en Franche-Comté.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean Dasté
1927 : Shéhérazade (Geheimnisse des Orients) d'Alexandre Volkoff
1928 : Le chant du prisonnier (Heimkehr) de Joe May
1928 : La dame au masque (Die Dame mit der Maske) de Wilhelm Thiele
1928 : Rhapsodie Hongroise (Ungarische Rhapsodie) d'Hanns Schwarz
1929 : I bora d'Edmond First
1929 : Manolesco roi des voleurs (Manolescu) de Victor Tourjansky
1929 : La mélodie des cœurs (Melodie des Herzens) d'Hanns Schwarz
1929 : Au bonheur des dames de Julien Duvivier
1930 : La flamme sacrée (Die heilige Flamme) de Berthold Viertel & William Diertele
1930 : Kismet de William Diertele
1930 : Tropennächte de Leo Mittler
1930 : Danseuses pour Buenos Aires (Tänzerinnen für Süd-Amerika gesucht) de Jaap Speyer
1931 : Wir schalten um auf Hollywood de Frank Reicher
1931 : Les hommes derrière les barreaux (Menschen hinter Gittern) de Paul Féjos
1931 : L'honneur de la famille (Honor of the family) de Lloyd Bacon
1932 : Mister Broadway (Mr Broadway) d'Edgar G. Ulmer & Johnnie Walker
1933 : Rapt de Dimitri Kirsanoff
1934 : L'Atalante / Le chaland qui passe de Jean Vigo
1936 : Salonique, nid d'espions de Georg Wilhelm Pabst
1936 : Mademoiselle Docteur (Under secrets orders) d'Edmond T. Greville
1937 : La grande illusion de Jean Renoir
1937 : L'affaire du courrier de Lyon de Maurice Lehmann & Claude Autant-Lara
1938 : Ultimatum de Robert Wiene
1938 : L'inconnue de Monte Carlo d'André Berthomieu
1938 : La signora di Montecarlo de Mario Soldati
1938 : La rue sans joie d'André Hugon
1939 : L'or du Cristobal de Jacques Becker & Jean Stelli
1939 : Paix sur le Rhin de Jean Choux
1950 : Justice est faite d'André Cayatte
1965 : La dame de pique de Léonard Keigel


Filmographie de Dita PARLO
 
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