Pascale OGIER
 Actrice française
Vedette rohmérienne disparue en pleine jeunesse, Pascale Ogier, singulière jeune première restera la figure mélancolique des années 1980 au terme d'une courte vie.
Pascale Nicolas, dite Pascale Ogier, est née le 26 octobre 1958 à Paris. Fille du musicien Gilles Nicolas et de Marie-France Thielland connue sous le nom de scène de Bulle Ogier, elle est selon ses dires le fruit d'un amour de vacances lorsque sa mère, alors âgée de 21 ans se sépare de son compagnon pour se lancer dans une carrière au cinéma. Elle a une demi-sœur Émeraude par son père. Elle découvre enfant les plateaux de cinéma et apparaît comme figurante à côté de sa mère dans Paulina s'en va d'André Téchiné. À l'adolescence, le second mari de sa mère, Barbet Schroeder, producteur d'Éric Rohmer pour les films du Losange, l'initie à l'univers de Charles Bukowski. Étudiante en littérature et cinéma à Censier, elle interrompt ses études contre l'avis de sa mère, pour se lancer à son tour dans le métier d'actrice. Durant ces années, elle traîne aussi avec des blousons noirs dans le quartier des Halles.
Le parrainage du Losange
Elle obtient son premier rôle, celui d'une des collègues de l'héroïne dans l'univers violent de Jean-Claude Brisseau La Vie comme ça. Éric Rohmer qui l'a vue grandir lui offre un second rôle dans l'adaptation littérale de Perceval le Gallois ou le Conte du Graal de Chrétien de Troyes où elle déclame des textes en octosyllabes aux côtés d'André Dussollier et Arielle Dombasle, s'intégrant au chour qui accompagne le film. Elle s'oriente tout naturellement vers un cinéma d'auteur parfois confidentiel qui en fait une des jeunes espoirs du cinéma français. Elle noue une relation intime avec Jim Jarmush rencontré pendant un Festival du nouveau cinéma à Montréal puis se met en couple avec Benjamin Baltimore, le directeur artistique de celui-ci. C'est l'époque insouciante et toxicomaniaque avec une bande comprenant Jim Jarmusch, Eva Ionesco, Christian Louboutin, Thierry Ardisson, Pauline Lafont, Pascal Greggory, Elli Medeiros ou Virginie Thévenet. En 1979, Éric Rohmer la met en scène au théâtre des Amandiers, dans La Petite Catherine de Heilbronn qu'il filme pour la télévision en 1980. Elle y assure le rôle principal aux côtés de Marie Rivière et Arielle Dombasle. Les critiques sont très dures à l'égard de la pièce.
La jeunesse selon Rohmer
En 1981, elle cosigne avec sa mère le scénario du film de Jacques Rivette Le Pont du Nord et y interprète l'un des deux principaux rôles, celui d'une jeune fille aux manières de voyou, garçon manqué. Reconnue aux États-Unis comme un espoir du cinéma, elle pose devant l'objectif de son compagnon Benjamin Baltimore en Marianne dénudée, pour l'affiche de la revue Perspectives du cinéma français du Festival de Cannes. Férue d'écriture cinématographique avant-gardiste, elle se prête au cinéma expérimental de Ken MacMullen avant de revenir à un cinéma plus grand public en assistante médicale dans Signes extérieurs de richesse. En 1984, Éric Rohmer dans son analyse d'une jeunesse promise à un avenir sans difficultés sinon sentimentales, lui confie le rôle principal des Nuits de la pleine lune, éternelle histoire d'amour et de mort. Il lui laisse le loisir de construire librement son personnage en choisissant les costumes et les décors. Pascale Ogier fait découvrir à Éric Rohmer les performances montmartroises des 120 Nuits et le disque Rectangle d'Elli et Jacno qui servira d'illustration sonore. Actrice à la voix fragile et si singulière, elle obtient la Coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine à la Mostra de Venise. Après un second rôle dans Ave Maria de Jacques Richard, elle entreprend Elsa, Elsa de Didier Haudepin dont elle doit incarner le personnage principal, finalement repris par Lio. Le 25 octobre 1984, deux mois et demi après la sortie des Nuits de la pleine lune, elle est prise d'une crise d'angor au sortir d'une soirée au Palace, un malaise qu'elle a déjà subi en raison d'une malformation cardiaque congénitale. Elle meurt sur place des conséquences d'une hypoxie générale, à la veille de son vingt-sixième anniversaire. Plusieurs mois plus tard, les médias évoquent une overdose. Marguerite Duras, amie de sa mère, rendra hommage à l'image de grâce laurencine qu'elle aura portée à l'écran et à la ville. Le chanteur Renaud écrit en sa mémoire Petite Conne, pamphlet anti-drogue.


FILMOGRAPHIE :

Avec Éric Rohmer
1969 : Paulina s'en va d'André Téchiné (non créditée)
1978 : Perceval le Gallois d'Éric Rohmer
1978 : La Vie comme ça de Jean-Claude Brisseau (tv)
1980 : Catherine de Heilbronn d'Éric Rohmer (tv)
1980 : Quartet (Quartet) de James Ivory
1981 : La Dame aux camélias (La storia vera della signora delle camelie) de Mauro Bolognini
1981 : Paris s'en va de Jacques Rivette (cm)
1982 : Il est trop tard pour rien de Pierre Novion (cm)
1982 : Le Destin de Juliette de Aline Issermann (coupée au montage)
1982 : Le Pont du Nord de Jacques Rivette
1983 : Ghost Dance de Ken Mac Mullen
1983 : Signes extérieurs de richesse de Jacques Monnet
1984 : Les Nuits de la pleine lune d'Éric Rohmer
1984 : Ave Maria de Jacques Richard
1984 : Rosette vend des roses de Rosette (cm)


Filmographie de Pascale OGIER
 
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