Line NORO
 Actrice française
Line Noro a tenu des rôles inoubliables au cinéma qui en font une des plus grandes actrices dans des seconds rôles du cinéma français. Pourtant, cette femme complexée n'hésitait pas à déclarer : « Je ne vais jamais au cinéma. Je ne veux pas me voir. J'ai horreur de moi, de mes mains, de mon visage. Ça ne se discute pas. Je suis laide.» Elle préféra toujours la scène mais là encore elle n'eut pas la reconnaissance attendue. Elle a fait partie pendant 20 ans partie de la Comédie-Française sans jamais en devenir sociétaire.
Aline Simone Noro naît le 22 Février 1900 à Houdelaincourt dans la Meuse. D'aussi loin qu'elle se souvienne, déjà toute enfant, la petite Aline a toujours rêvé d'être une actrice. Elle sort du conservatoire à vingt-deux ans, munie du deuxième prix (on remarquera l'importance du 2 dans la vie de mademoiselle Line Noro pour ceux qui s'intéressent à ce genre de troublants détails!, née le 22 du 2 elle sort en 22 avec un deuxième prix, elle a vingt-deux ans!). Ce deuxième prix n'est hélas pas suffisant pour intégrer la sacro-sainte Comédie Française et il semblerait d'après les archives maisons que les engagements de Mary Marquet et Marie Bell aient pour l'instant suffit à la maison de Molière.
Grande dame du théâtre
Line Noro y travaille pourtant souvent mais n'est jamais officiellement engagée, jouant les électrons libres durant plus de vingt ans. Dans les années vingt, elle travaille également avec Jacques Copeau et Charles Dullin au Théâtre du Vieux Colombier. En 1931, elle est mise en scène par Louis Jouvet dans la pièce de Jean Giraudoux Judith. Line Noro a déjà vingt-huit ans lorsqu'elle débute au cinéma devant la caméra de Julien Duvivier dans La divine croisière en 1928. Elle se voit pour la première et dernière fois de sa vie à l'écran ! Elle se déteste et se détestera toujours. Dans Faubourg Montmartre en 1931 de Raymond Bernard, elle n'hésite pas à jouer la sœur défigurée de Gaby Morlay.
Dans l'ombre des belles
Elle reste chaque fois complètement stupéfiée lorsqu'on lui propose des rôles de jolies femmes. Elle préfère toujours que l'on confie à d'autres actrices le soin d'éblouir le public et préfère se consacrer à des rôles de composition où elle est de première force dans des films où brillent les resplendissantes étoiles de Marcelle Chantal (L'île des veuves), Mireille Balin (Pépé-le-Moko), Josette Day (La fille du puisatier), Edwige Feuillère (La part de l'ombre), Michèle Morgan (La symphonie pastorale) ou Jeanne Moreau (Dortoir de grandes). Des films où elle côtoie tous les plus grands acteurs de son époque, de Raimu à Fernandel en passant par Pierre Blanchar, Victor Francen, Michel Simon, Jean Gabin ou Jean Marais.
Berthomieu et Line au pire
Sur sa longue carrière, Line Noro n'est que rarement tête d'affiche et c'est fort dommage car qui ne se souvient de sa fantastique prestation dans Goupi Mains-Rouges de Jacques Becker. Mariée au réalisateur André Berthomieu qui la dirige à quatre reprises entre 1936 et 1943, si Line Noro n'est pas fière de son visage, elle n'hésitait pas à se servir de sa langue et Hitler trouve en elle une de ses plus persiflantes ennemies dans Après Mein Kampf mes crimes. Le temps qui passe éloigne Line Noro des écrans, la nouvelle vague va définitivement détrôner les grandes actrices de composition comme ses rivales Marie Bell, Mary Marquet, Françoise Rosay ou Edwige Feuillère. Berthomieu la laisse veuve en 1960 et la santé de l'actrice qui perd peu à peu la vue se détériore et la tient éloignée des scènes qu'elle adorait et des écrans qu'elle détestait jusqu'à ce triste jour du 4 novembre 1985 où la vénérable vieille dame qu'elle était devenue fermait pour toujours des yeux devenus inutiles depuis bien longtemps. L'annonce de sa disparition ne bouleversa personne, mais au fond qu'importe, Line brille à jamais en gitane amoureuse de Jean Gabin dans Pépé le Moko de Julien Duvivier, en épouse bafouée dans La symphonie pastorale de Jean Delannoy ou en épouse mourante dans Meurtres de Richard Pottier avec Fernandel.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean Gabin
1928 : La divine croisière de Julien Duvivier
1929 : Pivoine d'Albert Sauvage (cm)
1931 : Faubourg Montmartre de Raymond Bernard
1932 : La tête d'un homme de Julien Duvivier
1932 : Mater Dolorosa d'Abel Gance
1933 : L'assommoir de Gaston Roudès
1933 : Au bout du monde d'Henri Chaumette & Gustav Ucicky
1934 : Dernière heure de Jean Bernard-Derosne
1934 : Justin de Marseille de Maurice Tourneur
1934 : L'or de Karl Hartl & Serge de Poligny
1935 : Le petit Jacques de Gaston Roudès
1935 : Cavalerie légère de Werner Hochbaum
1935 : La terre qui meurt de Jean Vallée
1936 : La flamme d'André Berthomieu
1936 : L'île des veuves de Claude Heymann
1936 : Pépé le Moko de Julien Duvivier
1936 : Une femme sans importance de Jean Choux
1937 : J'accuse ! d'Abel Gance
1937 : Ramuntcho de René Barberis
1938 : La rue sans joie d'André Hugon
1939 : Dédé de Montmartre d'André Berthomieu
1940 : Après Mein Kampf, mes crimes d'Alexandre Ryder
1940 : La fille du puisatier de Marcel Pagnol
1941 : La neige sur les pas d'André Berthomieu
1942 : Le comte de Monte Cristo de Robert Vernay
1942 : Goupi Mains-Rouges de Jacques Becker
1943 : Ceux du rivage de Jacques Séverac
1943 : Le secret de madame Clapain d'André Berthomieu
1944 : Vautrin de Pierre Billon
1944 : La fiancée des ténèbres de Serge de Poligny
1945 : La fille aux yeux gris de Jean Faurez
1945 : Jéricho d'Henri Calef
1945 : La part de l'ombre de Jean Delannoy
1946 : La symphonie pastorale de Jean Delannoy
1947 : Eternel conflit de Georges Lampin
1947 : La grande volière de Georges Péclet
1948 : Le village perdu de Christian Stengel
1949 : On ne triche pas avec la vie de René Delacroix
1950 : Meurtres de Richard Pottier
1950 : Les amants de Bras-Mort de Marcello Pagliero
1951 : Nous sommes tous des assassins d'André Cayatte
1952 : Le chemin de Damas de Max Glass
1953 : Dortoir de grandes d'Henri Decoin
1953 : Avant le déluge d'André Cayatte
1956 : Les truands de Carlo Rim


Filmographie de Line N0RO
 
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