D'extraordinaires transformations
Victor René Navarre voit le jour le 8 juillet 1877 à Limoges. Après de courtes études, il débute à seize ans sur les planches du théâtre de Montmartre dans la pièce de Victorien Sardou Patrie en remplacement d'un acteur défaillant auprès de son cousin de son cousin Paul. Il enchaîne avec Les Deux Orphelines et continue à se produire pendant son service militaire dans le théâtre de la caserne. En 1910, il obtient enfin son premier succès théâtral dans Le Rubicon d'Édouard Bourdet. Fin 1909, René Navarre fait son entrée au cinéma chez Gaumont. Il rencontre une charmante girl anglaise, Nelly Palmer qu'il épouse en 1912 et devient père d'un petit René. Nelly restera le grand amour de sa vie. Pour les besoins du ménage, il se laisse convaincre de tourner plusieurs films. Pendant quatre ans, il tourne sous la direction d'Albert Capellani, Georges Denola, Etienne Arnaud, Michel Carré, Georges-André Lacroix, Henri Fescourt et Léonce Perret une multitude de courts-métrages comiques et dramatiques. Il se voit confier par Louis Feuillade des rôles divers à transformation pour des sujets drôlatiques (la série des Bébé ou Bout-de-Zan) et dramatiques (L'Alibi, Aux lions des chrétiens, Le Trust). Il devient le détective Jean Dervieux dans L'Oubliette que suivront Le Proscrit, Le guet-apens ou L'Écrin du Rajah. Il a souvent comme partenaire sa chère Nelly et le couple survole la banlieue ouest de Paris dans La Course aux Millions.
Le génie du crime
René Navarre entre dans la légende lorsque Louis Feuillade lui confie le rôle du génie du crime Fantômas d'après le feuilleton de Souvestre et Allain. Dans cette fantasmagorie urbaine, le vénéreux héros de l'effroi se grime, se déguise, disparaît et ressurgit quand on ne l'attend plus. Solennel mais sans grandiloquence, Navarre incarne si bien l'Homme noir qu'ils entrent tous deux dans la légende. Prudent, l'acteur se fait cependant doublé dans les situations périlleuses. Les épisodes seront plus tard regroupés en cinq longs métrages, Dans l'ombre de la guillotine, Juve contre Fantômas, Le Mort qui tue, Fantômas contre Fantômas et Le faux magistrat. Mais la Grande guerre éclate et René est mobilisé. Réformé en 1915, René Navarre est maintenant une vedette de premier plan et les retombées de son interprétation du maître de l'effroi sont considérables.
Les films René-Navarre
Mais son contrat prend fin en 2016. Il tourne dans Le grand souffle de Gaston Ravel puis crée sa maison de production, les Films-René-Navarre dont l'emblême est un trèfle à quatre fleurs. La même année disparaît sa très aimée Nelly Palmer à 25 ans sans doute de la tiphoïde. Navarre supervise la réalisation d'un honorable Christophe Colomb, dirigé par Gérard Bourgeois, produit des dessins animés de Benjamin Rabier, adapte Gaston Leroux dans L'Homme qui revient de loin et réalise le film de propagande Document secret. Il fonde la Société des Cinéromans qui produit La Nouvelle Aurore au fur et à mesure que son auteur, Gaston Leroux le fait paraître dans Le Matin. Officiellement, le film est signé Violet mais disparaît des mémoires de René Navare qui laisse à penser que le comédien en est à la fois le co-adaptateur, le réalisateur et l'interprète. Ce qui sera le cas de ses films suivants, Tue-la-mort, L'aiglonne, Le sept de Trèfle, Vidocq et Belphégor.
Une fin de carrière discrète
À partir de 1920, il prend la direction des Studios de la Victorine à Nice. Lassé par tant d'activités, l'acteur se contente ensuite d'être l'interprète notamment de Ferragus et Jean Chouan où il a pour partenaire la très belle Elmire Vautier qu'il épouse en 1924. L'année suivante, naît Marie. L'avènement du parlant porte un coup sévère à sa carrière. Il apparaît auprès du débutant Jean Gabin dans Méphisto, fait des figurations dans des hommages à Feuillade, Fantômas de Féjos et Judex de Champreux. Plus conséquent, il est Monsieur Charles auprès de Pierre Fresnay dans Chéri-Bibi. Il fait trois apparitions dans des pochades de Pierre Caron, La route enchantée avec Charles Trénet, Mon oncle et mon curé et Bécassine. Divorcé en 1936, il cesse toute activité pendant l'occupation, apprend la mort de son fils René en 1942 et s'installe dans une pension de famille à Paul. Hospitalisé à Tours, il meurt nonagénaire le 8 février 1968. Celui qui fait désormais partie de la mythologie cinématographique, s'efface complètement oublié.
FILMOGRAPHIE :
Avec Lucien Dalsace
et Elmire Vautier
1912 : Compliments sincères de Louis Feuillade (cm)
1912 : La course au millions de Louis Feuillade (cm)
1912 : Erreur tragique de Louis Feuillade (cm)
1912 : La hantise de Louis Feuillade (cm)
1912 : L'homme de proie de Louis Feuillade (cm)
1912 : L'intruse de Louis Feuillade (cm)
1912 : Le mort vivant de Louis Feuillade (cm)
1912 : L'oubliette de Louis Feuillade (cm)
1912 : Le pont sur l'abîme de Louis Feuillade (cm)
1912 : La préméditation de Louis Feuillade (cm)
1912 : La prison sur le gouffre de Louis Feuillade (6 épisodes)
1912 : Le proscrit de Louis Feuillade (cm)
1912 : Le tourment de Louis Feuillade (cm)
1912 : Tyrtée de Louis Feuillade (cm)
1912 : Un cas de conscience de Louis Feuillade (cm)
1912 : La vie ou la mort de Louis Feuillade (cm)
1912 : Les yeux ouverts de Louis Feuillade (cm)
1912 : La dentellière de Léonce Perret (cm)
1912 : L'homme giflé d'Henri Fescourt (cm)
1912 : La méthode du professeur Neura d'Henri Fescourt (cm)
1912 : Un grand seigneur d'Henri Fescourt (cm)
1912 : Un grand reportage de René Navarre (cm)
1912 : Petites causes, grands effets de René Navarre (cm)
1913 : Fantômas , à l'ombre de la guillotine de Louis Feuillade (3 épisodes)
1913 : Juve contre Fantômas de Louis Feuillade (4 épisodes)
1913 : Le mort qui tue de Louis Feuillade (6 épisodes)
1913 : La gardienne du feu de Louis Feuillade (3 épisodes)
1913 : La marche des rois de Louis Feuillade (cm)
1913 : S'affranchir de Louis Feuillade (3 épisodes)
1913 : Le secret du forçat de Louis Feuillade (cm)
1913 : L'angoisse de Louis Feuillade (cm)
1913 : Au gré des flots de Louis Feuillade (cm)
1913 : Le bon propriétaire de Louis Feuillade (cm)
1913 : Le Browning de Louis Feuillade (cm)
1913 : Les chasseurs de lions de Louis Feuillade (cm)
1913 : Le diamant du Sénéchal de Louis Feuillade (cm)
1913 : L'écrin du Radjah de Louis Feuillade (cm)
1913 : Le guet-apens de Louis Feuillade (cm)
1913 : Le mariage de Miss Nelly de Louis Feuillade (cm)
1913 : La petite danseuse de Louis Feuillade (cm)
1913 : La première idylle de Bout de Zan de Louis Feuillade (cm)
1913 : La rencontre de Louis Feuillade (cm)
1913 : Le revenant de Louis Feuillade (cm)
1913 : La robe blanche de Louis Feuillade (cm)
1913 : Un drame au Pays Basque de Louis Feuillade (cm)
1913 : Un scandale au village de Louis Feuillade (cm)
1913 : Une aventure de Bout de Zan de Louis Feuillade (cm)
1913 : Sur la voie de Léonce Perret (cm)
1914 : L'enfant de la roulotte de Louis Feuillade (5 épisodes)
1914 : Fantômas contre Fantômas de Louis Feuillade (4 épisodes)
1914 : Le faux magistrat de Louis Feuillade (5 épisodes)
1914 : Après la tempête de Louis Feuillade (cm)
1914 : La petite Andalouse de Louis Feuillade (cm)
1914 : Le calvaire de Louis Feuillade (cm)
1914 : Le coffret de Tolède de Louis Feuillade (cm)
1914 : Les lettres de Louis Feuillade (cm)
1914 : Manon de Montmartre de Louis Feuillade (3 parties)
1914 : Les pâques rouges de Louis Feuillade (cm)
1914 : L'heure de la douleur de Maurice Mariaud (cm)
1914 : Le même sang de Gaston Ravel (cm)
1915 : Le grand souffle de Gaston Ravel
1916 : La vie de Christophe Colomb de Gérard Bourgeois (2 épisodes)
1916 : L'épreuve de Louis Feuillade (cm)
1916 : Document secret de René Navarre (cm)
1916 : Cour fragile de Gaston Ravel (cm)
1917 : L'homme qui revient de loin de René Navarre
1917 : Miss de René Navarre (cm)
1917 : Oscar chasseur chassé de René Navarre (cm)
1917 : Du rire aux larmes de Gaston Ravel (cm)
1918 : La geôle de Gaston Ravel
1918 : Imperia de Jean Durand (12 épisodes)
1918 : Ce bon La Fontaine de Gaston Ravel (cm)
1919 : La nouvelle aurore d'Emile-Edouard Violet (16 épisodes)
1920 : Tue-la-mort de René Navarre (12 épisodes)
1921 : L'aiglonne d'Emile Keppens & René Navarre (12 épisodes)
1921 : La reine Lumière de Lino Manzoni (12 épisodes)
1921 : Le sept de trèfle de René Navarre (12 épisodes)
1922 : Vidocq de Jean Kemm (10 épisodes)
1923 : Ferragus de Gaston Ravel
1924 : Le gardien du feu de Gaston Ravel
1924 : Mon oncle de Maurice Mariaud
1924 : La réponse du destin d'André Hugon
1925 : La justicière de Maurice de Marsan & Maurice Gleize
1925 : Les murailles du silence de Louis de Carbonnat
1925 : Jean Chouan de Luitz-Morat (8 épisodes)
1926 : Belphégor d'Henri Desfontaines (4 épisodes)
1927 : Poker d'as d'Henri Desfontaines
1928 : L'aigle de la Sierra de Louis de Carbonnat
1928 : El león de Sierra Morena de Miguel Contreras Torres
1929 : Le chemin de la nuit (Der Weg durch die Nacht) de Robert Dinesen
1929 : Le meneur de joies (Die Schleiertänzerin) de Charles Burguet
1929 : Parjure (Meineid) de Georg Jacoby
1930 : Mephisto d'Henri Debain & Nick Winter (4 épisodes)
1932 : Fantômas de Paul Féjos
1933 : Judex 34 de Maurice Champreux
1934 : Mam'zelle Spahi de Max de Vaucorbeil
1934 : Le prince Jean de Jean de Marguenat
1934 : Le centenaire de Pierre-Jean Ducis (cm)
1934 : Cocaïne de Louis S. Licot (cm)
1935 : Le train d'amour de Pierre Weill
1935 : L'école des vierges de Pierre Weill
1935 : Le grand pari de Maurice Chalon (cm)
1937 : Chéri-Bibi de Léon Mathot
1937 : Arsène Lupin, détective d'Henri Diamant-Berger
1938 : Mon oncle et mon curé de Pierre Caron
1938 : La belle revanche de Paul Mesnier
1938 : La route enchantée de Pierre Caron
1938 : Son oncle de Normandie / La fugue de Jim Baxter de Jean Dréville
1938 : Bécassine de Pierre Caron
1938 : Monsieur Coccinelle de Bernard-Deschamps
1939 : Brazza ou l'épopée du Congo de Léon Poirier
1939 : Les trois tambours / Vive la nation de Maurice de Canonge
1940 : Les surprises de la radio de Marcel Aboulker
Filmographie de René NAVARRE