Lucien NAT
 Acteur français
Avec son visage impassible barré d'une fine moustache et son regard sévère, Lucien Nat était taillé pour jouer les pasteurs rigoristes aussi bien que les aristocrates arrogants. D'une autorité dédaigneuse, il pouvait incarner les fourbes à mi-chemin entre Noël Rocquevert et Jacques Dumesnil avec qui on avait tendance à le confonde. Ce grand acteur de théâtre a toujours affiché un certain mépris à l'égard du cinéma, malgré une filmographie conséquente et quelques apparitions remarquées à la télévision.
Solide acteur de théâtre
Lucien Nat voit le jour à Paris, le 11 janvier 1895 à Paris. Il s'oriente d'abord vers la peinture, une passion qui ne le quittera jamais. Ses désirs étant contrariés par ses parents, il se tourne vers le théâtre. Il débute sur scène au début des années vingt dans la troupe de Jacques Copeau dans La dauphine de François Porché ou La princesse Turandot d'après Carlo Gozzi. Il quitte le Vieux-Colombier pour le théâtre Montparnasse, où il rejoint Gaston Baty. Il se produit dans L'opéra de quat'sous de Brecht, Prosper de Lucienne Favre et incarne Raskolnikov dans Crime et châtiment de Dostoïevski. Pendant sa riche carrière théâtrale sur quatre décennies, il incarne le libertin Octave des Caprices de Marianne de Musset, le riche docteur Rank, amoureux de Nora, dans la Maison de poupée d'Ibsen, Méphistophélès dans Faust ou encore Metternich dans L'aiglon d'Edmond Rostand et bien d'autres rôles marquants dans La Mégère apprivoisée, Messaline, La condition humaine adaptée par Marcelle Tassencourt, Le Pain blanc de Claude Spaak.
Le félon de cinéma
Lucien Nat fait ses premières apparitions au cinéma au début du parlant dans des courts métrages et Les Gaietés de l'Escadron auprès de Raimu, Fernandel et Jean Gabin. Traitant le septième art avec un certain dédain, il ne se voit confier que des rôles secondaires en majorité des traîtres et des hauts personnages peu recommandables. Il conspire contre Raspoutine dans La tragédie impériale de Marcel L'Herbier, s'oppose à la maîtresse de son père qu'il juge responsable de son suicide dans Boissière de Fernand Rivers, assassine ses camarades dans Le dernier des six de Georges Lacombe, une aventure de M. Wens de Stanislas-André Steeman, incarné par Pierre Fresnay et dénonce Pontcarral, colonel d'Empire dans le film de Jean Delannoy. Il est aussi le petit malfrat des grands chemins Agostin dans Capitaine Fracasse d'Abel Gance.
Des personnages pleins de raideur
Avec l'âge, l'attitude de Lucien Nat se raidit et imprime à sa bouche sous son épaisse moustache un pli sarcastique qui exprime son dédain du monde. Plein de hauteur dédaigneuse, il incarne l'infâme Peyrolles dans Le bossu de Jean Delannoy où il combat Pierre Blanchar, participe au portrait souvent qualifié de vichyste de Mermoz, devient le duc d'Albe dans Patrie de Louis Daquin. Dans sa fresque historique Untel père et fils, Julien Duvivier confie à Lucien Nat le rôle essentiel de Bernard Froment qui à contre-courant symbolise le Français moyen. Avec sa distinction un peu guindée et sa présence austère, il dessine un Napoléon III peu sympathique dans La valse de Paris de Marcel Achard, ou un Montesquieu dans les deux films de Sacha Guitry, Si Versailles m'était conté et Si Paris m'était conté. Il est impeccable pour les rôles d'aristocrates, comme ce M. de Cellamare de Cartouche, roi de Paris de Guillaume Radot, ou de magistrats, comme l'avocat général de Nous sommes tous des assassins d'André Cayatte ou le procureur du Petit Jacques de Robert Bibal. Mais le plus souvent le comédien ne fait que de courtes apparitions comme un docteur légiste dans Le Dossier noir ou un inspecteur de police dans Police judiciaire. Il se complaît dans les adaptations littéraires, telles Climats de Stellio Lorenzi d'après André Maurois, Thérèse Desqueyroux de Georges Franju d'après Mauriac où il campe le père d'Emmanuelle Riva ou Les Amitiés particulières de Jean Delannoy adapté de Roger Peyrefitte par Jean Aurenche.
Des hauts personnages pour la télévision
Lucien Nat termine sa carrière à la télévision en participant à plusieurs films de Stellio Lorenzi dans le cadre de La caméra explore le temps où il incarne Clément de Ris, un des créateurs de l'École normale ou François 1er d'Autriche, le grand-père de l'Aiglon. Il personnifie encore Dom Luis, le père de Michel Piccoli, dans le mémorable Don Juan ou le festin de Pierre de Marcel Bluwal, ou encore M. Gillenormand, le grand-père de Marius, dans la nouvelle version des Misérables, toujours de Bluwal. Marié à Marie Déa entre 1941 et 1952, Lucien Nat convole avec Anne Laviron, sa compagne jusqu'à son décès, survenu à Clichy-la-Garenne, le 25 juillet 1972.


FILMOGRAPHIE :

Avec Maria Casarès
1931 : Deux bons copains d'Abel Jacquin (cm)
1932 : Les gaietés de l'escadron de Maurice Tourneur
1933 : Les misérables de Raymond Bernard
1936 : La tendre ennemie de Max Ophüls
1937 : Boissière de Fernand Rivers
1937 : Forfaiture de Marcel L'Herbier
1938 : La tragédie impériale de Marcel L'Herbier
1939 : Campement treize de Jacques Constant
1939 : Le corsaire de Marc Allégret (inachevé)
1940 : Untel père et fils de Julien Duvivier
1941 : Le dernier des six de Georges Lacombe
1942 : Les affaires sont les affaires de Jean Dréville
1942 : Pontcarral, colonel d'Empire de Jean Delannoy
1942 : Le capitaine Fracasse d'Abel Gance
1942 : Des jeunes filles dans la nuit de René Le Hénaff
1943 : Mermoz de Louis Cuny
1943 : Le bossu de Jean Delannoy
1943 : La main de l'homme de Jean Tedesco & François Ardouin (cm)
1944 : Lunegarde de Marc Allégret
1945 : Patrie de Louis Daquin
1946 : Martin Roumagnac de Georges Lacombe
1946 : Le chanteur inconnu d'André Cayatte
1947 : Fort de la solitude de Robert Vernay
1947 : Rocambole de Jacques de Baroncelli
1947 : La revanche de Baccarat de Jacques de Baroncelli
1947 : Neuf garçons, un cour de Georges Freeland
1948 : Le mystère de la chambre jaune d'Henri Aisner
1948 : Cartouche, roi de Paris de Guillaume Radot
1949 : La valse de Paris de Marcel Achard
1949 : Retour à la vie « Le retour de Tante Emma » d'André Cayatte
1949 : Le parfum de la dame en noir de Louis Daquin
1950 : Le bagnard de Willy Rozier
1952 : Violettes impériales (Violetas imperiales) de Richard Pottier
1952 : Nous sommes tous des assassins d'André Cayatte
1952 : Le dernier Robin des Bois d'André Berthomieu
1953 : Si Versailles m'était conté de Sacha Guitry
1953 : Le petit Jacques de Robert Bibal
1954 : Le dossier noir d'André Cayatte
1954 : Le pain vivant de Jean Mousselle
1955 : Si Paris nous était conté de Sacha Guitry
1957 : Reproduction interdite de Gilles Grangier
1958 : Police judiciaire de Maurice de Canonge
1958 : Le mystérieux enlèvement du sénateur Clément de Ris de Stellio Lorenzi (tv)
1959 : Sans tambour ni trompette (Die Gans von Sedan) d'Helmut Käutner
1959 : Le véritable Aiglon de Stellio Lorenzi (tv)i
1959 : Marie Stuart de Stellio Lorenzi (tv)
1959 : Clarisse Fenigan de Jean Prat (tv)
1961 : Le petit garçon de l'ascenseur de Pierre Granier-Deferre
1961 : Climats de Stellio Lorenzi
1961 : Les amours célèbres, « Les comédiennes » de Michel Boisrond
1962 : Thérèse Desqueyroux de Georges Franju
1964 : Les amitiés particulières de Jean Delannoy
1964 : Verdict de Pierre Cardinal (tv)
1964 : Passeport diplomatique agent K 8 de Robert Vernay
1965 : Dom Juan ou le Festin de Pierre de Marcel Bluwal (tv)
1967 : Le fabuleux grimoire de Nicolas Flamel de Guy Lessertisseur (tv)
1970 : Le Fauteuil hanté de Pierre Bureau (tv)
1971 : Maigret aux assises de Marcel Cravenne (tv)
1972 : Les Misérables de Marcel Bluwal (tv)


Filmographie de Lucien NAT
 
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