Marguerite MORENO
 Actrice française
Il a fallu à Marguerite Moreno patienter jusqu'à l'avènement du parlant, la soixantaine passée, pour faire éclater son art, combinaison savante d'autorité, de précision, d'humour et d'émotion. Cette grande dame du théâtre laisse une trace indélébile sauvant des comédies légères qui auraient rapidement été oubliées s'il n'y avait sa présence.
Marguerite Moreno naît Lucie Marie Marguerite Monceau, le 15 septembre 1871 à Paris, juste quatre mois après l'échec de La Commune. Elle suit une formation au conservatoire puis devient pensionnaire de la Comédie Française à dix-neuf ans. Sous le nom des ses grands parents maternels, elle y joue tous les grands classiques et subjugue ses admirateurs dont de nombreux hommes de lettres de l'époque, parmi eux Marcel Schwob qu'elle épouse en 1900. On lui prête une liaison avec le poète Catulle Mendès, chef de file des poètes parnassiens et Stéphane Mallarmé. Elle partage également l'intimité de Colette, sa cadette de deux ans. Les deux femmes resteront d'ailleurs liées par une indéfectible amitié. La comédienne quitte le Français en 1903, pour rejoindre la compagnie de Sarah Bernhardt. Devenue veuve en 1905, elle se produit un temps à Buenos Aires avec son nouveau mari Jean Darragon qui décèdera en 1923, puis elle retrouve avec un égal succès les scènes parisiennes.
Quelques films silencieux
Marguerite Moreno apparaît pour la première fois au cinéma en 1911 dans le court métrage Une mariée qui se fait attendre où elle en fait voir à Max Linder. Mais c'est surtout à partir des années vingt qu'elle travaille pour le septième art tout en se consacrant à l'écriture et au journalisme. Elle apparaît tout d'abord dans des adaptations cinématographiques de drames romantiques comme L'agonie des aigles et Vingt ans après d'Henri Diamant-Berger mais aussi des comédies du même auteur comme Gonzague et Le mauvais garçon avec Maurice Chevalier. Puis en 1928, elle campe une Dame Léonarde plus vraie que nature dans Le capitaine Fracasse avec Pierre Blanchar en Baron de Sigognac. Mais en la voyant les traits épaissis, on ne peut imaginer qu'elle fut la muse des poètes de la fin du siècle précédent comme Blaise Cendrars dont elle fut la compagne.
La matrone triomphante des années trente
En fait, c'est avec l'arrivée du parlant que Marguerite Moreno fait connaître au cinéma l'ampleur de son talent. Sa diction articulée et son port altier lui donne une force comique indéniable. Elle tourne dès 1930 dans les studios de la Paramount à Joinville-le-Pont et n'hésite pas à prêter son concours aux jeunes réalisateurs espagnols Francisco Elías et Florián Rey pour des films musicaux avec Imperio Argentina. Mais elle travaille aussi avec Louis Mercanton et Karl Anton. En 1933, elle joue dans l'adaptation par Robert Siodmak de la pièce d'Edouard Bourdet Le Sexe faible avec Victor Boucher et José Noguéro mais elle est aussi la même année la Thénardier des Misérables avec Harry Baur en Jean Valjean et Josseline Gaël en Cosette.
Une forte personnalité
Suit la période Sacha Guitry avec cinq films dont Il était neuf célibataires où elle joue une richissime sud-Américaine. Sa forte personnalité, même dans des petits rôles, crève ainsi l'écran pendant dix ans avec plus de quatre-vingts œuvres qui vont des fantaisies sans prétention de Maurice de Canonge pour Boulot aviateur, d'André Berthomieu pour Eusèbe député où elle est la sœur de Michel Simon ou de Pierre Caron pour Les femmes collantes avec Henri Garat, aux drames comme Regain de Marcel Pagnol en mère de Gabriel Gabrio ou Jeunes filles en détresse de Georg Wilhelm Pabst. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Marguerite Moreno connaît ses plus belles victoires avec une dizaine de titres dont Douce de Claude Autant-Lara où elle se taille la part du lion auprès d'Odette Joyeux. Fin 1945, la comédienne reprend une activité théâtrale de premier plan en interprétant aux côtés de Louis Jouvet La folle de Chaillot de Jean Giraudoux. Très âgée, elle tourne encore huit films dont L'idiot avec Gérard Philipe et Les Jeux sont faits de Jean Delannoy sur un scénario de Jean-Paul Sartre. Puis elle se retire à Touzac dans le sud-ouest de la France où réside une partie de sa famille. Elle fait paraître ses mémoires en 1947, participe à son dernier tournage, L'assassin est à l'écoute avec Louise Carletti et décède à Touzac le 14 juillet 1948, dans sa 77e année.


FILMOGRAPHIE :

Avec Louis Jouvet
1911 : Une mariée qui se fait attendre de Louis J. Gasnier (cm)
1916 : Paris pendant la guerre d'Henri Diamant-Berger
1921 : L'agonie des aigles de Bernard-Deschamps
1922 : Vingt ans après d'Henri Diamant-Berger
1922 : Le mauvais garçon d'Henri Diamant-Berger
1923 : Gonzague d'Henri Diamant-Berger
1923 : L'emprise d'Henri Diamant-Berger
1923 : L'accordeur d'Henri Diamant-Berger
1928 : Le capitaine Fracasse d'Alberto Cavalcanti & Henry Wulschleger
1929 : Paris la nuit d'Henri Diamant-Berger
1930 : Paramount en parade de Charles de Rochefort
1930 : Dans une île perdue d'Alberto Cavalcanti
1930 : Chérie de Louis Mercanton
1930 : Cendrillon de Paris de Jean Hemard
1930 : À mi-chemin du ciel d'Alberto Cavalcanti
1930 : Un trou dans le mur de René Barberis
1931 : Lo mejor es reir d'E.W. Emo & Florián Rey
1931 : Sola d'Henri Diamant-Berger
1931 : Miche de Jean de Marguenat
1931 : Marions-nous de Louis Mercanton
1931 : Le cordon bleu de Karl Anton
1931 : Elle veut faire du cinéma (Cinépolis) de José María Castellví & Francisco Elías
1931 : Lo mejor es reir d'E.W. Emo & Florián Rey
1932 : Rien que des mensonges de Karl Anton
1932 : La poule de René Guissart
1932 : Mon cour balance de René Guissart
1932 : Cognasse de Louis Mercanton
1932 : Le chasseur de chez Maxim's de Karl Anton
1933 : Le sexe faible de Robert Siodmak
1933 : Primerose de René Guissart
1933 : Les amours de Casanova de René Barberis
1933 : Les misérables de Raymond Bernard
1933 : Pour être aimé de Jacques Tourneur
1934 : Pierrot mon ami de Jaquelux
1934 : Voilà Montmartre de Roger Capellani
1934 : La reine de Biarritz de Jean Toulout
1934 : Paris Deauville de Jean Delannoy
1934 : L'aristo d'André Berthomieu
1935 : Jim la houlette d'André Berthomieu
1935 : Bourrachon de René Guissart
1935 : Les dieux s'amusent de Reinhold Schünzel & Albert Valentin
1935 : La marraine de Charley de Pierre Colombier
1935 : Train de plaisir de Léo Joannon
1936 : Le roman d'un tricheur de Sacha Guitry
1936 : Mes tantes et moi d'Yvan Noé
1936 : Le mot de Cambrone de Sacha Guitry
1936 : Tout va très bien madame la marquise d'Henry Wulschleger
1936 : Jeunes filles de Paris de Claude Vermorel
1936 : Le coupable de Raymond Bernard
1936 : Gigolette d'Yvan Noé
1937 : Les perles de la couronne de Sacha Guitry & Christian-Jaque
1937 : La dame de pique de Fédor Ozep
1937 : Regain de Marcel Pagnol
1937 : Quatre heures du matin de Fernand Rivers
1937 : Faisons un rêve de Sacha Guitry
1937 : La fessée de Pierre Caron
1937 : Ces dames aux chapeaux verts de Maurice Cloche
1937 : Boulot aviateur / Fripons, voleurs et Cie de Maurice de Canonge
1938 : La route enchantée de Pierre Caron
1938 : J'étais une aventurière de Raymond Bernard
1938 : Eusèbe député d'André Berthomieu
1938 : Le château des quatre obèses d'Yvan Noé
1938 : La chaleur du sein de Jean Boyer
1938 : Bourrachon de René Guissart
1938 : Barnabé d'Alexandre Esway
1938 : L'accroche-cour de Pierre Caron
1938 : Les femmes collantes de Pierre Caron
1939 : Ma tante dictateur de René Pujol
1939 : Jeunes filles en détresse de Georg Wilhelm Pabst
1939 : Ils étaient neuf célibataires de Sacha Guitry
1939 : Derrière la façade de Georges Lacombe & Yves Mirande
1939 : Le beau Danube bleu d'Emil Edwin Reinert & Alfred Rode
1940 : Les surprises de la radio de Marcel Aboulker
1941 : La prière aux étoiles, de Marcel Pagnol
1941 : L'étrange Suzy de Pierre-Jean Ducis
1941 : Secrets de Pierre Blanchar
1942 : La Sévillane (La danza del fuego) d'André Hugon & Jorge Salviche
1942 : Carmen de Christian-Jaque
1942 : Le camion blanc de Léo Joannon
1943 : Donne-moi tes yeux de Sacha Guitry
1943 : Douce de Claude Autant-Lara
1944 : La collection Ménard de Bernard-Roland
1945 : Les malheurs de Sophie de Jacqueline Audry
1946 : L'idiot de Georges Lampin
1946 : Un revenant de Christian-Jaque
1946 : Rendez-vous à Paris de Gilles Grangier
1946 : Chemins sans loi de Guillaume Radot
1946 : L'éventail d'Emil Edwin Reinert
1947 : Les jeux sont faits de Jean Delannoy
1947 : L'assassin est à l'écoute de Raoul André


Filmographie de Marguerite MORENO
 
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