Dario MORENO
 Acteur et chanteur français d'origine turque
Massif, jovial et doté d'une voix d'or, Dario Moreno a éclairé les années cinquante de sa présence enjouée. Dans Toute une nuit, pour une courte scène, Pascale Petit conduite dans Paris par Roger Hanin, s'écrie : «Tiens, Luis Mariano» et on voit Dario entouré d'une foule d'admirateurs, signant des autographes. Un clin d'oil significatif de la popularité du chanteur et acteur qui n'atteindra jamais la réputation du prince de l'opérette.
Dario Moreno, de son vrai nom Davi Arugete voit le jour le 3 avril 1921 à Aydin en Turquie, d'un père turc et d'une mère mexicaine, tous deux de confession juive séfarade. Il perd son père quelques mois après sa naissance. Sa mère retourne au Mexique, où l'enfant grandit, tout en conservant la nationalité turque. Sa mère le confie durant quatre ans à un orphelinat, avant de pouvoir à nouveau s'en occuper. Le jeune Davi suit une scolarité brillante et s'embarque ensuite dans des études de droit, qu'il décide de poursuivre dans son pays natal à Izmir, mais l'attrait du spectacle et du monde de la nuit est le plus fort. Adorant chanter et faire rire, le jeune homme chante dans les bar mitzvah et à la synagogue d'Izmir et commence à se produire dans des cabarets de la ville, d'abord pour payer ses études, puis par véritable vocation. Un producteur américain le remarque et l'engage pour une tournée aux États-Unis et en Europe. Le chanteur débarque à Paris en 1948 et y enregistre son premier disque, un boléro. Polyglotte et francophone, Dario Moreno trouve rapidement des emplois de chanteur comique dans des opérettes, auxquelles son exotisme le destine naturellement.
Parisien d'adoption
Il est notamment le partenaire à la scène de Luis Mariano, André Dassary ou Georges Guétary. Pris sous contrat chez Polydor, Dario Moreno devient une vedette en France, où son exotisme rigolard est apprécié du public des années 1950. L'interprétation de L'Air du Brésilien de La Vie Parisienne de Jacques Offenbach lui vaut notamment un beau succès. Le folklore mexicain étant plus vendeur que l'exotisme proche-oriental, Dario Moreno chante surtout des chansons d'allure sud-américaine, bien qu'il reste attaché à ses racines turques et qu'il y fasse volontiers référence dans des chansons comme Mustapha resté célèbre pour son couplet Chérie je t'aime, chérie je t'adore. Avec des airs comme Quand elle danse, Me que me que, Por favor, Tout l'amour que j'ai pour toi, Si tu vas à Rio, Coucouroucoucou ou Brigitte Bardot (dont il est à trois reprises le partenaire à l'écran), Dario Moreno s'affirme durant les années 1950-60 comme l'un des fantaisistes les plus appréciés du public français. Il dévoile son côté tendre avec Jusqu'au bout du Monde ou Lettre à Virginie.
Le roi du mambo
Sa rondeur joviale et ses authentiques qualités de chanteur lui garantissent une solide popularité, que n'entame pas une homosexualité notoire et à peine cachée. Dario Moreno est également comédien, et multiplie les rôles plus ou moins importants dans des films de qualité inégale comme Le Salaire de la peur, mais aussi Oh ! Qué mambo, Touchez pas aux blondes, Candide, Tintin et le mystère de la Toison d'or ou Dis-moi qui tuer. Il danse un mémorable mambo avec Brigitte Bardot dans Voulez-vous danser avec moi ? Il est la plupart du temps engagé dans des rôles secondaires de trafiquant ou de gangster, de patron de boîte de nuit ou d'aubergiste, tous d'origine incertaine.
La vie nocturne
Dans les années 1960, les jeunes générations, plutôt sensibles aux vogues rock et yéyé, ne goûtent pas autant que leurs aînés les joyeuses pitreries de Dario Moreno, bien que ces derniers lui conservent leur affection. Très attaché à la Turquie, Dario Moreno prend soin d'y entretenir ses liens et enregistre des chansons en turc. Il souhaite également finir sa vie en Turquie. Le sort va lui donner satisfaction, hélas plus tôt que prévu. En 1968, Dario Moreno participe à un projet d'importance, avec la comédie musicale L'Homme de la Mancha, où il interprète Sancho Pança, aux côtés de l'auteur du projet qui n'est autre que Jacques Brel, lequel tient également le rôle de Don Quichotte. Le spectacle est créé à Bruxelles en octobre 1968. Alors que Dario Moreno doit reprendre son rôle à Paris en décembre, tandis qu'il se trouve en Turquie pour y préparer une tournée, il est frappé par une attaque au moment d'aller reprendre son avion pour la France. Les causes exactes de son décès sont assez mal connues. Certains bruits parlent d'un infarctus, d'autres d'une hémorragie cérébrale. Toujours est-il que, sans doute usé par une vie nocturne de bâton de chaise, Dario Moreno meurt à Istanbul, le 1er décembre 1968. Son rôle dans le spectacle est repris par Robert Manuel. Malgré son souhait d'être inhumé à Izmir, c'est finalement à Holon, en Israël, que Dario Moreno trouve sa dernière demeure, emportant avec lui une époque bouffonne et joyeuse du music-hall français.


FILMOGRAPHIE :

Avec Brigitte Bardot
1951 : Pas de vacances pour Monsieur le Maire de Maurice Labro
1952 : Le Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot
1952 : Deux de l'Escadrille de Maurice Labro
1953 : La Môme vert-de-gris de Bernard Borderie
1954 : Quai des blondes de Paul Cadéac
1954 : Le Mouton à cinq pattes d'Henri Verneuil
1954 : Les femmes s'en balancent de Bernard Borderie
1956 : Pardonnez nos offenses de Robert Hossein
1957 : Le Feu aux poudres d'Henri Decoin
1957 : Oil pour oil d'André Cayatte
1957 : Tous peuvent me tuer d'Henri Decoin
1958 : Incognito de Patrice Dally
1958 : La Femme et le Pantin de Julien Duvivier
1959 : Oh ! Qué mambo de John Berry
1959 : Nathalie, agent secret d'Henri Decoin
1959 : Voulez-vous danser avec moi ? de Michel Boisrond
1959 : La Bride sur le Cou de Roger Vadim
1960 : Candide ou l'optimisme du XXe siècle de Norbert Carbonnaux
1960 : Marie des Isles de Georges Combret
1960 : L'Affaire d'une nuit d'Henri Verneuil
1960 : Touchez pas aux blondes de Maurice Cloche
1961 : Tintin et le Mystère de La Toison d'or de Jean-Jacques Vierne
1961 : La Révolte des esclaves (La rivolta degli schiavi) de Nunzio Malasomma
1962 : La Veuve joyeuse (Die lustige Witwe) de Werner Jacobs
1963 : Le Tout pour le tout de Patrice Dally
1963 : Le cave est piégé ou Chasse à l'homme de Víctor Merenda
1963 : Les Femmes d'abord de Raoul André
1963 : Le Bon Roi Dagobert de Pierre Chevalier
1964 : Dernier Tiercé de Richard Pottier
1965 : Dis-moi qui tuer d'Étienne Périer
1966 : Le Saint prend l'affût de Christian-Jaque
1966 : Hôtel Paradiso / Hôtel du libre échange de Peter Glenville
1968 : Les Gros Malins de Raymond Leboursier
1968 : La Prisonnière d'Henri-Georges Clouzot


Filmographie de Dario MORENO
 
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