Jacques MONOD
 Acteur français
Son physique sévère et l'ampleur de sa diction ont désigné Jacques Monod pour des personnages cassants, autoritaires et intraitables. Cet ancien proche de Louis Jouvet a incarné avec vérité et grandeur des magistrats, des financiers, des chefs d'entreprise et des commissaires de police dans plus de soixante films, essentiellement dans les années 60.
Jacques Monod est né le 21 août 1918, à Casablanca, au Maroc où son père exerce, au grade de colonel, la vénérable profession de vétérinaire militaire. C'est toutefois au collège Saint-Stanislas de Paris qu'il termine ses études et envisageant un moment de faire l'Ecole de Saint-Cyr. Dégagé de ses obligations militaires, le jeune homme rentre au Maroc où il ne tarde pas à se diriger vers le monde du spectacle. Bien humblement, il débute en interprétant des pièces à la radio marocaine avant de fonder une petite compagnie théâtrale locale. Mais la guerre arrive et Jacques Monod est grièvement blessé lors des combats de Monte Cassino en 1944.
Formé par Louis Jouvet
En 1945, Jacques Monod s'installe définitivement en France où, retenu par Louis Jouvet, il tient son premier rôle important au Théâtre de l'Athénée, la même année, dans La folle de Chaillot de Jean Giraudoux, aux côtés de Marguerite Moreno dans le rôle titre. Il joue les grands auteurs, Luigi Pirandello, Paul Claudel et Jules Romains. Il reste aux côtés du maître jusqu'au décès de celui-ci, en 1951. De 1952 à 1957, il devient alors l'assistant du metteur en scène de théâtre Jean Mercure. C'est encore Louis Jouvet qui le fait débuter au cinéma à ses cotés, lui permettant d'obtenir un petit rôle, celui du premier trombone Albos, dans Knock de Guy Lefranc. Jacques Monod n'aborde toutefois véritablement le septième art que vers le milieu des années cinquante, notamment avec Je reviendrai à Kandara auprès de Daniel Gélin et Bella Darvi, 125 rue de Montmartre avec Lino Ventura, Les grandes familles avec Jean Gabin et Pierre Brasseur, Les 400 coups de François Truffaut ou La Verte Moisson de François Villiers.
Les notables austères
Dans les années soixante, très apprécié par Denys de La Patellière et Édouard Molinaro, on peut voir Jacques Monod dans bon nombre de films, tenant des rôles plus ou moins importants, alternant, avec le même bonheur, les comédies comme Le bateau d'Émile de Denys de La Patellière, Les Livreurs de Jean Girault, Blague dans le coin de Maurice Labro, et les drames comme La mort de Belle d'Edouard Molinaro, Le septième juré de Georges Lautner, Thérèse Desqueyroux de Georges Franju ou Le glaive et la balance d'André Cayatte. Incarnant impeccablement les notables qu'ils soient juges, avocats ou militaires, sa silhouette est devenue familière aux spectateurs des salles obscures, d'autant plus que ses apparitions à la télévision se multiplient avec quelques réussites marquantes comme La cousine Bette et Les illusions perdues d'après Balzac, Vidocq de Marcel Bluwal avec Bernard Noël ou Les compagnons de Baal de Pierre Prévert. On le retrouve dans son registre habituel dans des séries comme Un juge, un flic, Les Mohicans de Paris, Jo Gaillard, La Malle de Hambourg ou La Vie des Autres. Il revient sur les planches pour quelques participations de l'émission Au théâtre ce soir et quelques rôles marquants dans L'Alouette d'Anouilh ou Sainte Jeanne de George Bernard Shaw.
Un déclin injuste
Au tournant des années soixante-dix, le cinéma néglige de plus en plus les seconds rôles. Jacques Monod sera victime de cette politique économique préjudiciable à la qualité de notre production. Mais il lui reste la télévision et le théâtre. Il collabore avec le jeune chanteur Alain Sapience pour qui il écrit quelques titres dont Notre Dame de Panâme et Lisette. Ses dernières apparitions pour le grand écran s'inscrivent dans le cadre du comique franchouillard de l'époque comme Le temps des vacances de Claude Vital, Le Bahut va craquer, Les Malheurs d'Octavie pour finir dans le rôle d'un directeur de théâtre pour Sandy, aux côtés de Michel Galabru. Déjà injustement oublié, Jacques Monod décède le 25 décembre 1985, victime d'une crise cardiaque, à Paris. Très discret sur sa vie privée, on ne lui connaît pas de conjointe ni d'enfants. Son corps repose désormais au cimetière de Bagneux.


FILMOGRAPHIE :

Avec Alain Mottet
1946 : Un flic de Maurice de Canonge
1950 : Knock de Guy Lefranc
1951 : Un grand patron d'Yves Ciampi
1956 : Je reviendrai à Kandara de Victor Vicas
1957 : Thérèse Étienne de Denys de La Patellière
1958 : Les grandes familles de Denys de La Patellière
1958 : Les 400 coups de François Truffaut
1958 : Un témoin dans la ville d'Édouard Molinaro
1959 : 125 Rue Montmartre de Gilles Grangier
1959 : La verte moisson de François Villiers
1959 : Rue des Prairies de Denys de La Patellière
1960 : Le président d'Henri Verneuil
1960 : La mort de Belle d'Édouard Molinaro
1961 : Les livreurs de Jean Girault
1961 : Les ennemis d'Édouard Molinaro
1961 : Les amours célèbres de Michel Boisrond
1961 : Le bateau d'Émile de Denys de La Patellière
1961 : Les nouveaux aristocrates de Francis Rigaud
1962 : Le petit garçon de l'ascenseur de Pierre Granier-Deferre
1962 : Thérèse Desqueyroux de Georges Franju
1962 : Les sept péchés capitaux, « L'envie » d'Édouard Molinaro
1962 : Le septième juré de Georges Lautner
1962 : Pourquoi Paris ? de Denys de La Patellière
1962 : La loi des hommes de Charles Gérard
1962 : Et Satan conduit le bal de Grisha Dabat
1962 : Les bonnes causes de Christian-Jaque
1963 : Le meurtrier de Claude Autant-Lara
1963 : Le glaive et la balance d'André Cayatte
1963 : Blague dans le coin de Maurice Labro
1963 : Mort, où est ta victoire ? d'Hervé Bromberger
1963 : À couteaux tirés de Charles Gérard
1963 : La vie conjugale, Françoise d'André Cayatte
1963 : La vie conjugale, Jean-Marc d'André Cayatte
1963 : Germinal d'Yves Allégret
1963 : Une ravissante idiote d'Édouard Molinaro
1964 : Le gros coup de Jean Valère
1964 : Requiem pour un caïd de Maurice Cloche
1964 : Voir Venise et crever d'André Versini
1964 : La fabuleuse aventure de Marco Polo de Noel Coward & Denys de La Patellière
1964 : Coplan prend des risques / Coplan agent 005 de Maurice Labro
1964 : Le ciel sur la tête d'Yves Ciampi
1965 : Par un beau matin d'été de Jacques Deray
1965 : Mademoiselle de Tony Richardson
1965 : Roger la honte (Trappola per l'assassino) de Riccardo Freda
1966 : La curée de Roger Vadim
1966 : Le chien fou d'Eddy Matalon
1966 : Soleil noir de Denys de La Patellière
1966 : L'Île au trésor de Wolfgang Liebeneiner
1967 : L'étranger (Lo straniero) de Luchino Visconti
1967 : La gloire des canailles (Dalle Ardenne all'inferno) d'Alberto de Martino
1967 : Caroline Chérie de Denys de La Patellière
1968 : Sous le signe du taureau de Gilles Grangier
1968 : Les hors-la-loi (Al kharijun an al qanum) de Tewfik Fares
1970 : Sapho ou la fureur d'aimer de Georges Farrel
1970 : Le distrait de Pierre Richard
1971 : Les malheurs d'Alfred de Pierre Richard
1972 : Sans sommation de Bruno Gantillon
1972 : La balançoire à minouches de Jean-Louis van Belle
1973 : Deux hommes dans la ville de José Giovanni
1973 : Lucky Luciano (A proposito Lucky Luciano) de Francesco Rosi
1974 : Maître Pygmalion d'Hélène Durand & Jacques Nahum
1975 : On a retrouvé la septième compagnie de Robert Lamoureux
1975 : Oublie-moi, Mandoline de Michel Wynn
1976 : Le locataire (the tenant) de Roman Polanski
1976 : L'arriviste de Samy Pavel
1979 : Le temps des vacances de Claude Vital
1979 : Les malheurs d'Octavie de Roland Urban
1980 : Cherchez l'erreur de Serge Korber
1981 : La gueule du loup de Michel Léviant
1981 : Le bahut va craquer de Michel Nerval
1982 : Sandy de Michel Nerval

Télévision :
1960 : Le Fils du cirque de Bernard Hecht
1961 : Les Templiers de Stello Lorenzi
1962 : La Belle et son fantôme de Bernard Hecht
1966 : Il est passé par ici de Jacques Pierre
1966 : Le train bleu s'arrête 13 fois de Michel Drach
1966 : Illusions perdues de Maurice Cazeneuve
1966 : L'Île au trésor de Wolfgang Liebeneiner
1967 : Vidocq de Georges Neveux et Marcel Bluwal
1968 : Les Compagnons de Baal de Pierre Prévert
1969 : La Passion d'Anne-Catherine Emmerich de Michel Subiela
1970 : Les Caprices de Marianne de Georges Vitaly
1970 : La Malle de Hambourg de Bernard Hecht
1971 : Quentin Durward de Gilles Grangier
1973 : La porteuse de pain de Marcel Bluwal
1973 : Les Nouvelles Aventures de Vidocq de Marcel Bluwal
1973 : Lucien Leuwen de Claude Autant-Lara
1973 : Les Mohicans de Paris de Gilles Grangier
1975 : Salvator et les Mohicans de Paris de Bernard Borderie
1976 : Le Milliardaire de Robert Guez
1976 : Minichronique de René Goscinny et Jean-Marie Coldefy
1978 : Émile Zola ou la Conscience humaine de Stellio Lorenzi
1978 : Les Amants de Thermidor de Jean-Paul Carrère
1978 : Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut de Jean Delannoy
1979 : Charles Clément, canut de Lyon de Roger Kahane


Filmographie de Jacques MONOD
 
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