Silvia MONFORT
 Actrice, metteuse en scène et romancière française
Grande dame du théâtre populaire et romancière à succès, très admirée par Cocteau, Silvia Monfort n’a pas fait une carrière au cinéma à la mesure de son talent. Avec son allure féline, elle a cependant marqué de son empreinte quelques rôles marquants.
De son vrai nom Simonne Marguerite Favre-Bertin, Silvia Monfort est née le 7 juin 1923, à Paris. Son père Charles-Maurice Favre-Bertin est un célèbre sculpteur et décorateur installé dans le quartier du Marais. Veuf très tôt, il doit mettre la jeune Simonne en pension. Élève surdouée, elle passe son baccalauréat avec trois ans d’avance et s’engage dans la Résistance auprès de son mari Flavien Monod qu’elle quitte pour suivre Maurice Clavel, dramaturge, journaliste et philosophe. Pour son activité et sa participation à la Libération de Paris, elle est décorée de la Croix de guerre.
Une vie consacrée au théâtre
Après la guerre, elle choisit la voix du théâtre. En 1946, elle fait une chute accidentelle d’un toit alors qu’elle s’apprête à interpréter La Maison de Bernarda Alba que son désormais mari Maurice Clavel a adapté de la pièce de Federico Garcia Lorca. La jeune comédienne profite de sa convalescence pour se lancer dans l’écriture et publie plusieurs romans, Il ne m’arrivera rien, Aimer qui vous aima, Le droit chemin et La Raia (Les mains pleines de doigts). Silvia Monfort participe, à partir de 1947, de la grande aventure du Théâtre National Populaire avec Jean Vilar. Elle sera notamment en 1954 la Chimène de Gérard Philipe dans Le Cid de Corneille. Elle a fait ses premiers pas au cinéma en novice dans Les Anges du Péché de Robert Bresson en 1943. Elle est Édith de Berg dans L’Aigle à deux têtes que Jean Cocteau adapte lui-même à l’écran. Altière archiduchesse dans Le Secret de Mayerling auprès de Jean Marais, elle se consacre au Tréteaux de France où elle joue Sophocle dans des banlieues déshéritées. Elle crée et dirige le Carré Thorigny dans le quartier de son enfance du Marais. Elle s’intéresse au cirque avec la famille Grüss, transfert son théâtre dans l’ancien théâtre de la Gaité-Lyrique en 1974 et poursuit ses spectacles sous un chapiteau au jardin d’acclimation. Elle travaille à l’implantation du Nouveau Carré à Vaurigard. Son répertoire va de Claudel, Racine, Shakespeare, Corneille jusqu’aux auteurs modernes, Tennessee Williams, Marcelle Maurette ou Audiberti.
Avec Jean-Paul Le Chanois
Silvia Monfort revient au cinéma en 1955 avec une des premières œuvres estampillées Nouvelle Vague, La pointe courte d’Agnès Varda aux côtés de Philippe Noiret, un de ses camarades du TNP. La même année, elle est dirigée dans Les Évadés par le nouvel homme de sa vie, Jean-Paul Le Chanois dont elle partage la sensibilité communiste. Elle tourne cinq autres films avec Le Chanois, Le cas du docteur Laurent où elle est Catherine expérimentant l’accouchement sans douleur grâce à Jean Gabin, Les Misérables où elle est Éponine Thénardier, La Française et l’Amour pour un sketch auprès de Robert Lamoureux, Par-dessus le mur en jeune mariée enceinte qui découvre la banlieue parisienne et Mandrin, bandit gentilhomme en romanichelle Myrtille auprès de Georges Rivière. Elle apparaît dans une comédie Ce soir les jupons volent qui se déroule dans le monde de la haute couture et le film policier Du rififi chez les femmes où elle joue les chefs de gang dans les milieux de la nuit.
Des adaptations théâtrales à la télévision
Silvia Monfort présente à la télévision ses spectacles comme Bérénice, Phèdre et Bajazet de Racine, Hélène d’Euripide, La machine infernale de Jean Cocteau, Le Roi Lear de Shakespeare, Électre de Sophocle et Giraudoux. Elle donne la réplique à François Chaumette dans Le Bunker de Lazare Iglésis, écrit par Alain Decaux et incarne la pionnière de l’aviation Adrienne Bolland dans Le Rêve d’Icare de Jean Kerchbron. L’actrice se retire du monde de l’image en 1986 après une nouvelle version de Bajazet, publie d’autres romans comme Les Ânes rouges ou Une allure pour l’amour (l’amble). Cette icône du théâtre qui a guidé les premiers pas de Jean-Claude Drouot, Bernard Giraudeau ou Didier Sauvegrain, succombe à un cancer du poumon le 30 mars 1991 à l’âge de 67 ans. En son hommage, son dernier époux Pierre Gruneberg crée en 1996 l’association Prix Silvia Monfort qui récompense tous les deux ans, un espoir féminin de la tragédie.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jean-Paul Le Chanois
1943 : Les anges du péché de Robert Bresson
1946 : La grande Maguet de Roger Richebé
1947 : L’aigle à deux têtes de Jean Cocteau
1948 : Le secret de Mayerling de Jean Delannoy
1954 : Les évadés de Jean-Paul Le Chanois
1955 : La Pointe Courte d’Agnès Varda
1955 : Ce soir les jupons volent de Dimitri Kirsanoff
1956 : Le cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois
1957 : Les misérables de Jean-Paul Le Chanois
1958 : Du rififi chez les femmes d’Alex Joffé
1959 : Par-dessus le mur de Jean-Paul Le Chanois
1960 : La Française et l’amour, « La femme seule » de Jean-Paul Le Chanois
1962 : Mandrin, brigand gentilhomme de Jean-Paul Le Chanois
1962 : L’itinéraire marin de Jean Rollin
1970 : Le Révolver et la Rose de Jean Desvilles
1972 : Le Bunker de Lazare Iglésis (tv)
1977 : Nuova colonia de Patrick Bureau
1979 : La Maréchale d’Ancre de Jean Kerchbron (tv)
1981 : Conversations dans le Loir-et-Cher d’Yvon Gérault (tv)
1982 : Le Rêve d’Icare de Jean Kerchbron (tv)


Filmographie de Silvia MONFORT
 
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