Gaston MODOT
 Acteur français
Parcourir la filmographie riche de quelque trois cents titres de Gaston Modot équivaut à contempler le plus beau palmarès du cinéma français de 1910 à 1962. Les plus grands cinéastes ont su apprécier le talent sobre, précis, dramatique, sans emphase et pétri d'humour de ce grand acteur discret et profondément humain.
Fils d'architecte, Gaston Modot vient au monde à Paris, le 31 décembre 1887. Passionné de littérature et de peinture, il fréquente les artistes en vogue du début du vingtième siècle et devient l'ami de Pablo Picasso, Modigliani, Pierre Mac Orlan et Francis Carco. Il s'initie à la guitare et se produit chaque soir au Lapin Agile, grand cabaret de la Butte Montmartre. Gaston Modot, au naturel, est un homme mince et dégingandé, sportif et vif, sous des dehors de nonchalance. Il rencontre le metteur en scène Jean Durand qui lui offre la chance d'arrondir ses fins de mois en jouant pour le cinématographe. C'est ainsi que Gaston Modot participe à l'aventure de la bande de comiques Les Pouics, à l'origine plusieurs dizaines de petits westerns tournés en Camargue. Toujours sous la direction de Jean Durand, il apparaît dans la série des Zigoto, puis celles des Onésime et des Calino. Il tourne également pour Louis Feuillade dans La maison des lions et pour Léonce Perret dans Léonce cinématographiste.
Une silhouette familière du muet
En 1913, il donne la réplique à Sylvette Fillacier, alias La Marquita, film en cinq volets réalisé par Henri Fescourt. Pendant la Grande Guerre, il travaille avec des cinéastes réputés, tels qu'Abel Gance (Mater Dolorosa), Charles Burguet et René Le Somptier (La Sultane de l'Amour), Louis Delluc (Fièvre) et Germaine Dulac (La Fête espagnole) naviguant entre le cinéma populaire (Monte-Cristo, Le Miracle des Loups) et l'avant-garde (Carmen de Feyder). À la fin des années vingt, Gaston Modot tourne L'âge d'or, sous la direction de Luis Buñuel, jeune cinéaste espagnol émigré à Paris avec son ami Salvador Dali. Ce film, précurseur en la matière, fait l'effet d'une bombe dans le milieu cinématographique, véritable manifeste du surréalisme au cinéma. En 1930, il s'essaie à la réalisation avec Conte cruel, connu également sous le titre La torture par l'espérance d'après l'œuvre de Villiers de l'Isle-Adam adaptée par Charles Spaak.
Second rôle en or
Souvent réduit à des petits rôles de composition, Gaston Modot participe aux sommets du cinéma hexagonal. Il tourne dans les films poétiques de René Clair (Sous les toits de Paris, Quatorze juillet, Le Silence est d'or), les œuvres internationales de Robert Siodmak (Autour d'une enquête) ou George Wilhelm Pabst (L'Opéra de quat'sous), les films pessimistes de Julien Duvivier (La Bandera, Pépé le Moko, La Fin du jour) ou Pierre Chenal (La Maison du Maltais), participe au front populaire avec Jean-Paul Le Chanois (Le Temps des Cerises). Considéré comme l'un des grands seconds rôles du cinéma, Julien Duvivier en fait un voyou dans Pépé le Moko, Marcel Carné un camelot aveugle dans Les Enfants du Paradis. C'est surtout Jean Renoir qui lui offre ses rôles les plus marquants comme le révolutionnaire de La Marseillaise, le paysan de La vie est à nous, le prisonnier de La Grande Illusion et surtout Schumacher, le garde-chasse jaloux de La règle du jeu.
Artiste multi-talent
Sa carrière ralentit pendant l'occupation mais il écrit des scénarios pour Louis Daquin (Nous les gosses) et Gilles Grangier (Leçon de conduite). Après guerre, il est remarquable en menuisier Danart dans Casque d'or de Jacques Becker. La légende veut que, lorsque Gaston Modot invite des amis à dîner, il demande à sa cuisinière si elle était allé au cinéma cette semaine, sur ce, cette dernière lui répond : « Oui, la fois dernière, Monsieur était patron de bistrot (Victor de Claude Heymann), puis cette fois-ci, vous avez vendu votre café pour devenir policier (La môme vert-de-gris de Bernard Borderie) ». Gaston Modot tourne également pour le petit écran. Il apparait dans L'ombre du Cardinal de René Lucot, L'affaire Fualdès de Philippe Ducrest, L'amour médecin de Monique Chapelle et dans La 99e minute de François Gir. Ce sera sa dernière apparition à l'écran. Il se retire des plateaux de tournage et décède paisiblement le 24 février 1970 au Raincy, commune proche de la ville qui l'a vu naître quatre-vingt trois ans auparavant.


FILMOGRAPHIE :

Avec Paulette Dubost
et Jean Renoir
1911 : Cent dollars mort ou vif de Jean Durand
1912 : Onésime horloger de Jean Durand
1913 : La Marquita d'Henri Fescourt
1916 : Mater Dolorosa d'Abel Gance
1917 : La zone de la mort d'Abel Gance
1918 : Elle ! d'Henri Voirins
1918 : Imperia de Jean Durand
1919 : La fête espagnole de Germaine Dulac
1919 : Un ours de Charles Burguet
1920 : La sultane de l'amour de René Le Somptier & Charles Burguet
1920 : Le chevalier de Gaby de Charles Burguet
1920 : Marie la gaieté de Jean Durand
1920 : Fièvre de Louis Delluc
1921 : La terre du diable de Luitz-Morat
1921 : Les élus de la mer de Gaston Roudès & Marcel Dumont
1921 : Mathias Sandorf d'Henri Fescourt
1922 : La boutiquière des innocents de Jacques Robert
1922 : Marie chez les fauves de Jean Durand
1922 : Marie la femme singe de Jean Durand
1922 : Les mystères de Paris de Charles Burguet
1922 : Le sang d'Allah de Luitz-Morat
1923 : À l'horizon du sud de Marco de Gastyne
1923 : Le cousin Pons de Jacques Robert
1923 : La mendiante de Saint-Sulpice de Charles Burguet
1923 : Nêne de Jacques de Baroncelli
1923 : Au-delà de la mort (Más allá de la muerte) de Benito Perojo
1924 : Petit hôtel à louer de Pierre Colombier
1924 : Le miracle des loups de Raymond Bernard
1924 : Âme d'artiste de Germaine Dulac
1925 : Naples au baiser de feu de Serge Nadejdine & Jacques Robert
1925 : Veille d'armes de Jacques de Baroncelli
1926 : Carmen de Jacques Feyder
1926 : La châtelaine du Liban de Marco de Gastyne
1927 : Le chauffeur de mademoiselle d'Henri Chomette
1927 : La merveilleuse vie de Jeanne d'Arc de Marco de Gastyne
1927 : Mon cour au ralenti de Marco de Gastyne
1927 : Sous le ciel d'Orient de Fred Leroy-Granville
1927 : La ville des milles joies (Die Stadt der tausend Freuden) de Carmine Gallone
1928 : Monte-Cristo d'Henri Fescourt
1928 : Shéhérazade (Geheimnisse des Orients) d'Alexandre Volkoff
1929 : Le fantôme du bonheur (Phantome des Glücks) de Reinhold Schünzel
1929 : Le navire des hommes perdus (Das Schiff der verlorenen Menschen) de M. Tourneur
1929 : La Loi du Sursis (Freiheit in Fesseln) de Carl Heinz Wolff
1930 : Conte cruel, la torture par l'espérance de Gaston Modot (mm)
1930 : Sous les toits de Paris de René Clair
1930 : L'âge d'or de Luis Buñuel
1930 : L'opéra de quat'sous de Georg Wilhelm Pabst
1931 : Autour d'une enquête de Robert Siodmak & Henri Chomette
1931 : L'ensorcellement de Séville de Benito Perojo
1931 : Sous le casque de cuir d'Albert de Courville
1932 : Coup de feu à l'aube de Serge de Poligny
1932 : Fantômas de Paul Féjos
1932 : Le château de la terreur de Jack Forrester
1933 : Crainquebille de Jacques de Baroncelli
1933 : La mille et deuxième nuit d'Alexandre Volkoff
1933 : Plein aux as de Jacques Houssin
1934 : L'auberge du petit dragon de Jean de Limur
1934 : Le billet de mille de Marc Didier
1935 : La Bandera de Julien Duvivier
1935 : Le clown Bux de Jacques Natanson
1935 : Les gaietés de la finance de Jack Forrester
1935 : Lucrèce Borgia d'Abel Gance
1935 : Le mystère Imberger de Jacques Séverac
1936 : Le chemin de Rio / Cargaison blanche de Robert Siodmak
1936 : Mademoiselle Docteur / Salonique, nid d'espions de Georg Wilhelm Pabst
1936 : Pépé-le-Moko de Julien Duvivier
1936 : Les réprouvés de Jacques Séverac
1936 : La vie est à nous de Jean Renoir
1937 : La grande illusion de Jean Renoir
1937 : La Marseillaise de Jean Renoir
1937 : Le temps des cerises de Jean-Paul Le Chanois
1938 : Accord final d'Ignacy Rosenkranz
1938 : Ceux de demain d'Adelqui Migliar & George Pallu
1938 : La fin du jour de Julien Duvivier
1938 : Le joueur d'échecs de Jean Dréville
1938 : La maison du Maltais de Pierre Chenal
1939 : La règle du jeu de Jean Renoir
1940 : L'irrésistible rebelle / Une idée à l'eau de Jean-Paul Le Chanois
1941 : Montmartre sur Seine de Georges Lacombe
1941 : Patrouille blanche de Christian Chamborant
1942 : À vos ordres, madame de Jean Boyer
1942 : Le brigand gentilhomme de Émile Couzinet
1942 : Dernier atout de Jacques Becker
1943 : L'homme de Londres d'Henri Decoin
1943 : Le bossu de Jean Delannoy
1944 : Les enfants du paradis de Marcel Carné
1946 : Antoine et Antoinette de Jacques Becker
1946 : Dernier refuge de Marc Maurette
1946 : Le silence est d'or de René Clair
1947 : Le cavalier de Croix-Mort de Lucien Gasnier-Raymond
1947 : Éternel conflit de Georges Lampin
1947 : L'armoire volante de Carlo Rim
1948 : L'école buissonnière de Jean-Paul Le Chanois
1948 : Le mystère de la chambre jaune d'Henri Aisner
1948 : Le point du jour de Louis Daquin
1949 : La beauté du diable de René Clair
1949 : Le parfum de la dame en noir de Louis Daquin
1949 : Rendez-vous de juillet de Jacques Becker
1949 : La belle que voilà de Jean-Paul Le Chanois
1951 : Casque d'or de Jacques Becker
1951 : Victor de Claude Heymann
1952 : Ce coquin d'Anatole d'Emile Couzinet
1952 : La môme vert de gris de Bernard Borderie
1953 : Papa, maman, la bonne et moi de Jean-Paul Le Chanois
1954 : French Cancan de Jean Renoir
1955 : Cela s'appelle l'aurore (Asi es la aurora) de Luis Buñuel
1955 : Elena et les hommes de Jean Renoir
1955 : Rencontre à Paris de Georges Lampin
1955 : L'ombre du Cardinal de René Lucot (tv)
1956 : Les truands de Carlo Rim
1957 : La belle et le tzigane de Jean Dréville & Márton Keleti
1957 : L'affaire Fualdès de Philippe Ducrest (tv)
1958 : Les amants de Louis Malle
1959 : Le testament du docteur Cordelier de Jean Renoir
1961 : Les menteurs d'Edmond T. Greville
1962 : Le Diable et les dix commandements de Julien Duvivier
1963 : L'itinéraire d'un marin de Jean Rollin
1964 : L'amour médecin de Monique Chapelle (tv)
1966 : La 99e minute de François Gir (tv)


Filmographie de Gaston MODOT
 
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