Sandra MILOWANOFF
 Actrice franco-russe
C’est parce que la jeune ballerine russe Sandra Mowanoff a eu la chance de rencontrer Louis Feuillade qu’elle est instantanément devenue célèbre grâce à son interprétation de l’attendrissante Ginette. Sa blondeur, ses grands yeux limpides de chien battu n’ont pas laissé les spectateurs insensibles et sa grâce a fait des merveilles pendant toute la période muette du cinéma français.
Sandra Milowanoff est née Alexandrine Milowanoff le 23 juin 1892 à Saint-Pétersbourg. Fille d'Alexei Milowanoff et de Maria Smirnova, elle se passionne toute jeune pour la danse classique. Elle entre à huit ans à l’École impériale de danse pour en sortir en 1913. Remarquée par l’illustre Anna Pavlova, elle entre au Théâtre impérial de Saint-Petersbourg où elle rêve de devenir danseuse étoile après avoir vu La Pavlova dans La Belle au Bois Dormant sur une musique de Tchaïkovski.
Ballerine russe chez Feuillade
Après une tournée triomphale dans différentes capitales d’Europe, elle quitte sa Russie natale pour se réfugier à Monte-Carlo avant de rejoindre Paris en 1919. Elle danse dans la troupe des Ballets russes et épouse le danseur Michel Nikritine. Elle est engagée par Louis Feuillade pour incarner Ginette, une des Deux Gamines aux côtés de l’actrice Blanche Montel. Ce feuilleton en 12 parties propulse la jeune fille parmi les plus grandes vedettes de son époque. Elle confirme son statut dans la troupe de Feuillade avec L’Orpheline puis on la voit danser La Mort du Cygne dans le feuilleton de 12 épisodes Parisette auprès du débutant René Clair, dans le virevoltant Fils du Flibustier où elle joue une charmante cabaretière pour se terminer avec Le Gamin de Paris. Veuve très tôt, elle se remarie avec le maquilleur né à New York de parents russes Joseph Mejinsky dit M. De Meck. En 1921, elle met au monde son seul enfant.
Héroïne tragique
Sandra Milowanoff tourne une série de films de Jacques de Baroncelli avec souvent pour partenaire Charles Vanel. Sa jolie carnation blonde fait merveille dans la rusticité de Nène et le dénuement dans Les Misérables d’Henri Fescourt où elle incarne tour à tour Fantine et Cosette. Elle promène son visage rond dans Le Fantôme du Moulin-Rouge et La Proie du Vent, deux films de son ancien partenaire René Clair et endosse toute la misère de l’héroïne de Pêcheurs d’Islande d’après Pierre Loti. Elle est une superbe Edmée de Mauprat dans l’adaptation de George Sand Mauprat, réalisé par Jean Epstein. Elle maintient son statut d’étoile à l’étranger en travaillant en Allemagne dans Maquillage de Felix Basch, en Suède dans Lèvres closes de Gustav Molander, en Espagne dans La Comtesse Marie de Benito Perojo. Elle incarne avec beaucoup de sensibilité la femme de l’ouvrier carrier interprété par Vanel dans Dans la Nuit même si elle s’éloigne de lui lorsqu’il est défiguré à la suite d’une explosion sur son lieu de travail. Ce beau film, réalisé par Charles Vanel est le dernier de la période muette.
Le déclin et l'oubli
Le parlant portera à Sandra Milowanoff un grand préjudice. Malgré ces qualités de tragédiennes, l’actrice au fort accent russe doit se contenter de rôles épisodiques. Elle incarne Elisabeth von Schleicher, une aristocrate allemande dans Après Mein Kampf mes crimes d’Alexander Ryder qui signe son film du pseudonyme de Jean-Jacques Valjean. Le film sort en France en 1940 peu avant l’invasion allemande. Elle est encore plus discrète dans Le Jugement dernier qui évoque un épisode de la Résistance en Europe centrale. Sandra y apparaît sous le nom de madame Svoboda. Après la guerre, elle est choisie par Sacha Guitry pour devenir la servante russe de son père Lucien Guitry dont il narre la carrière dans Le Comédien. Elle fait une dernière apparition en 1950 en incarnant la mère d’Anita (Jacqueline Gauthier), une des deux sosies héroines d’Ils ont vingt ans de René Delacroix. Retirée du monde du spectacle, Sandra Milowanoff s’éteint dans le plus parfait anonymat le 8 mai 1957 à Paris. Elle n’avait que 61 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Charles Vanel
1917 : La p’tite du sixième de René Hervil et Louis Mercanton
1920 : Les Deux Gamines de Louis Feuillade (en 12 parties)
1921 : L’Orpheline de Louis Feuillade (en 12 parties)
1921 : Parisette de Louis Feuillade (en 12 parties)
1922 : Le Fils du Flibustier de Louis Feuillade (en 12 parties)
1922 : Le Sens de la mort de Yakov Protazanov
1923 : Le Gamin de Paris de Louis Feuillade
1923 : Nêne de Jacques de Baroncelli
1923 : La Légende de sœur Béatrix de Jacques de Baroncelli
1924 : La Flambée des rêves de Jacques de Baroncelli
1924 : Pêcheur d’Islande de Jacques de Baroncelli
1924 : Jocaste de Gaston Ravel
1925 : Le Fantôme du Moulin-Rouge de René Clair
1925 : Les Misérables d’Henri Fescourt (en 4 époques)
1926 : Mauprat de Jean Epstein
1926 : Les Larmes de Colette de René Barberis
1927 : La Proie du vent de René Clair
1927 : La Comtesse Marie (La condesa Maria) de Benito Perojo
1927 : Maquillage (Dahält die Welt dem atem an) de Felix Basch
1927 : Lèvres closes (Förseglade läppar) de Gustaf Molander
1928 : La Veine de René Barberis
1928 : La Faute de Monique de Maurice Gleize
1929 : La Meilleure Maîtresse de René Hervil
1929 : Dans la nuit de Charles Vanel
1940 : Après Mein Kampf, mes crimes d’Alexandre Ryder
1945 : Le jugement dernier de René Chanas
1948 : Le comédien de Sacha Guitry
1950 : Ils ont vingt ans de René Delacroix


Filmographie de Sandra MILOWANOFF
 
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