Armand Mestral est né Armand Zelikson, le 25 novembre 1917 à Paris. Fils d’une jeune dessinatrice Alice Mestrallet qui inspirera son pseudonyme, il est reconnu en 1920 par le sculpteur russe Serge Zelikson. Il se destine tout d’abord à la peinture et entre aux Beaux Arts. Il suit parallèlement des cours de chants au Conservatoire. Soliste à l’église Saint-Roch, il débute dans l’opéra comique où il fait entendre sa belle voix de basse. Il épouse Jacqueline Martin en 1941 et de cette union naissent l’actrice Marie-Claude Mestral en 1942 et le compositeur Patrice Mestral en 1945.
Chanteur et truand patenté
Après la guerre, Armand Mestral chante à la Gaité Lyrique et poursuit sa carrière dans l’opérette où il triomphe dans Le Pays du Sourire et Colorado. Il fréquente les cabarets et enregistre Plaine, ma plaine inspiré du folklore russe, Mississipi, adaptation française d’Old Man River, Les Chants de la Commune, L’Angélus de la mer, Le Chant des Partisans, Le Corsaire et Ma Cabane au Canada en même temps que Line Renaud. Sa silhouette de séducteur, affublé d’une fine moustache lui permet de débuter au cinéma dès 1945. Il est utilisé à ses débuts pour interpréter une chanson comme dans L’Extravagante Mission, Au Fil des Ondes ou Lettre ouverte mais trouve en 1953, un rôle de truand dans La Rafle est pour demain aux côtés de Blanchette Brunoy et Jean Tissier. Cet emploi va lui coller à la peau dans une série de petits films policiers comme Pas de coup dur pour Johnny avec Dominique Willms, Tournant dangereux avec Viviane Romance, L’étrange monsieur Steve avec Jeanne Moreau, Paris Clandestin avec Danielle Godet, Énigme aux Folies-Bergère avec Bella Darvi et Tentations avec Barbara Laage. Il se joint à Clément Duhour et Yves Montand pour Le Chant des Maréchaux dans une jolie scène du Napoléon de Sacha Guitry.
Du veule Lantier aux méchants de films de genre
En 1956, René Clément lui confie le rôle d’Auguste Lantier, le premier compagnon de Gervaise, dans son adaptation très libre de L’assommoir d’Emile Zola. Il y est extraordinaire de veulerie et de lâcheté auprès de la larmoyante Maria Schell et l’ouvrier-couvreur Coupeau interprété par François Périer. Il donne la réplique à Édith Piaf dans le mélodrame policier Les Amants de Demain de Marcel Blistène. À partir de 1960, s’ouvre à lui une carrière internationale dans des films de genres où il endosse le rôle du méchant. Il est ainsi opposé en Italie à Steve Reeves dans Capitaine Morgan, Gérard Barray dans Surcouf, le tigre des sept mers et Tonnerre sur l’océan indien où capitaine Hans Fell, il rudoie Antonella Lualdi, Edmund Purdom dans Les révoltées de l’albatros auprès de la belle Pier Angeli et Fernando Lamas dans Seul contre sept. Il rencontre Jack Palance en Espagne dans Les Hommes de Las Vegas et Curd Jürgens en Allemagne dans Rencontre à Salzburg. Il fait des apparitions dans Mandrin, bandit gentilhomme, Le Vicomte règle ses comptes ou Les Centurions. Il accompagne Jacques Brel pour ses agapes dans Mon Oncle Benjamin et le pourchasse comme policier dans La Bande à Bonnot.
Fin de carrière à la télévision
Dès la fin des années 50, Armand Mestral est un habitué du petit écran. Il participe à plusieurs épisodes des Cinq dernières Minutes, Les Brigades du Tigre ou Maigret. Il accompagne sa fille Marie-Claude Mestral dans La Princesse du Rail et Irma la Douce. Il se remarie avec Jacqueline Martin en 1973 après avoir divorcé d’elle en 1957. Au cours des années 1970 et 1980 ses apparitions se font plus rares mais il porte toujours beau dans La Fortune des Rougon, Nana ou La Veuve rouge avec Françoise Fabian. Armand Mestral, présent dans le tour de chant et l’opérette s’est peu produit au théâtre mais se montre remarquable dans Ubu à l’Opéra de Jarry mis en scène par Georges Wilson et L’opéra de quat’ sous de Brecht. Ce personnage haut en couleurs à la présence désabusée s’éteint à Paris le 17 novembre 2000.
FILMOGRAPHIE :
Avec Édith Piaf
1950 : Pipe Chien d’Henri Verneuil (cm)
1950 : Au fil des ondes de Pierre Gautherin
1952 : L’Autocar en folie ou Soyez les bienvenus de Pierre Louis
1954 : Tabor, les lions de l’Atlas de Georges Péclet
1954 : La Rafle est pour ce soir de Maurice Dekobra
1954 : Napoléon de Sacha Guitry
1955 : Pas de coup dur pour Johnny d’Emile Roussel
1955 : Le tournant dangereux de Robert Bibal
1955 : 33 tours et puis s’en vont d’Henri Champetier (cm)
1956 : Gervaise de René Clément
1957 : Paris clandestin de Walter Kapps
1957 : La fille de feu d’Alfred Rode
1957 : L’étrange monsieur Steve de Raymond Bailly
1958 : Les Amants de demain de Marcel Blistène
1958 : Tentations (Un mundo para mí) de José Antonio de la Loma
1958 : Je ne suis plus une enfant (Non sono più Guaglione) de Domenico Paolella
1959 : Énigme aux Folies-Bergère de Jean Mitry
1960 : Paris, c’est l’amour de Walter Kapps
1960 : Capitaine Morgan (Morgan il pirata) d’André De Toth & Primo Zeglio
1960 : Vive Henri IV… vive l’amour ! de Claude Autant-Lara
1961 : Le Tracassin d’Alex Joffé
1961 : Les révoltées de l’Albatros (L’Ammutinamento) de Silvio Amado
1961 : Seul contre sept (Duello nella silla) d’Umberto Lenzi
1962 : Miracle à Cupertino (The reluctant Saint) d’Edward Dmytryk
1962 : Mandrin, bandit gentilhomme de Jean-Paul Le Chanois
1963 : Rencontre à Salzburg (Begegnung in Salzburg) de Max Friedmann
1963 : Chair de poule de Julien Duvivier
1963 : La chaste Suzanne (La casta Suzanne) de Luis César Amadori
1965 : Surcouf, le tigre des sept mers (Surcouf, d’eroe dei sette mari) de Sergio Bergonzelli
1965 : Tonnerre sur l’Océan Indien (Il grande colpodi di Surcouf) de Sergio Bergonzelli
1966 : Les Centurions (Lost Command) de Mark Robson
1966 : That riviera touch de Cliff Owen
1966 : Le vicomte règle ses comptes de Maurice Cloche
1967 : La Princesse du rail d’Henri Spade (tv)
1968 : Les hommes de Las Vegas (Las Vegas, 500 milliones) d’Antonio Isasi Isasmendi
1968 : Madame Thérèse d’Abder Isker (tv)
1968 : La bande à Bonnot de Philippe Fourastier
1969 : Mon oncle Benjamin d’Édouard Molinaro
1970 : Maigret de Claude Barma (tv)
1970 : La quatrième dimension d’Henri Spade (tv)
1970 : Le Cyborg ou le voyage vertical de Jacques Pierre (tv)
1971 : Un capitaine de quinze ans (Un Capitán de quince años) de Jesús Franco
1972 : Irma la Douce de Paul Paviot (tv)
1972 : Mandrin de Philippe Fourastié (tv)
1972 : La Tragédie de Vérone de Claude Barma (tv)
1972 : Allô ! Juliette de Jacques Pierre (tv)
1972 : Le Gang des otages d’Édouard Molinaro
1972 : L’Intruse de Roger Kahane (tv)
1972 : Le Fado de la Liberté de Janine Guyon (tv)
1973 : Deux hommes dans la ville de José Giovanni
1975 : Jaroslaw Dabrowski de Bohdan Poreba
1976 : Le Gentleman des Antipodes de Boramy Tioulong (tv)
1976 : Les Brigades du Tigre de Victor Vicas (tv)
1976 : Deux imbéciles heureux d’Edmond Frees
1977 : Fachoda, la mission Marchand de Roger Kahane (tv)
1980 : La Fortune des Rougon d’Yves-André Hubert (tv)
1981 : Le grand pardon d’Alexandre Arcady
1981 : Nana de Maurice Cazeneuve (tv)
1982 : Les misérables de Robert Hossein
1982 : Maigret et les braves gens de Jean-Jacques Goron (tv)
1983 : La Veuve rouge d’Édouard Molinaro (tv)
1983 : Trois morts à zéro de Jacques Renard (tv)
1984 : L’Homme de Suez de Christian-Jaque (tv)
1985 : Enquête sur une parole donnée, La lettre perdue de Pierre Koralnik (tv)
1985 : La Politique est un métier de Maurice Frydland (tv)
1986 : Les Bas-Fonds de Paris de Marlène Bertin (tv)
1988 : Maigret et la vieille dame de Bayeux de Philippe Laïk (tv)
1989 : Suivez cet avion ! de Patrice Ambard
1989 : La Comtesse de Charny de Marion Sarraut (tv)
1991 : Les mamies d’Annick Lanoë
1991 : Neige dans le midi d’Ulrich Stark (tv)
1992 : Le grand pardon II d’Alexandre Arcady
Filmographie d'Armand MESTRAL