Judith MAGRE
 Actrice française
Une silhouette filiforme, un visage osseux prolongé par un grand nez, des yeux de biche soulignés par un savant maquillage, une diction apprêtée, telle se présente Judith Magre qui s’est hissée parmi les plus grandes actrices de théâtre. Avec ses allures à la Juliette Gréco, elle n’a pas pu imposer son personnage de grande bourgeoise au cinéma mais a su populariser son élégance distante dans de nombreux téléfilms.
De son vrai nom Simone Dupuis, elle naît le 20 novembre 1926 à Montier-en-Der en Haute-Marne dans une famille aisée d’industriels. À la fin des années 1940, elle s'inscrit en philosophie à la Sorbonne à Paris mais se distingue surtout par sa vie dissolue. Ayant rompu avec un jeune homme le jour de ses fiançailles, elle rentre en stop à Paris et exerce des petits boulots. Elle fréquente les milieux bourgeois en fabriquant ses propres robes, notamment chez Marie-Laure de Noailles avec qui elle se lie d’amitié.
Une grande dame du théâtre
Attirée par les milieux artistiques, elle prend des cours de danse classique auprès de Lucette Destouches, l’épouse de Céline et s’initie à la comédie au cours Simon. Elle fait ses premières apparitions au théâtre dans La Farce des ténébreux de Michel de Ghelderode et Été et Fumées de Tennessee Williams. Elle apparaît au générique dans des petits rôles de six films dont Clochemerle de Pierre Chenal, Un grand Patron d’Yves Ciampi ou Les Dents longues de Daniel Gélin sous le pseudonyme de Simone Chambord. Elle entame parallèlement une carrière au théâtre et au cabaret. Elle se souvient de sa première montée sur scène dans une pièce d’Émile Mazaud où paralysée de peur, elle avait du être poussée par le régisseur et s’est vautrée sur le ventre. « Les gens ont cru que cela faisait partie de la mise en scène. Et là, je me suis dit : « J’y suis, j’y reste ! ». C’est dans le courant de l'année 1953 qu’elle adopte définitivement le pseudonyme de Judith Magre. Elle enchaîne les pièces de théâtre de Frédéric Dard (Les Salauds vont en enfer), Eschyle (L’Orestie), Sartre (Huis clos) ou Tchékhov (La Cerisaie). Elle intègre la compagnie Renaud-Barraud en 1961, puis rejoint le TNP en 1963. Elle y interprète Claudel (La Guerre de Troie n’aura pas lieu, Le pain dur) et Brecht (Maître Puntila et son valet Matti). Son intense activité théâtrale ne l’autorise qu’à endosser des petits rôles parfois épisodiques au cinéma. On peut la voir dans Les Grandes Manœuvres de René Clair, L’Homme à l’imperméable avec Fernandel, Pot-Bouille et Montparnasse 19 avec Gérard Philipe, Les Amants de Louis Malle et Le Dialogue des Carmélites de Philippe Agostini. En 1963, elle épouse l’écrivain et cinéaste Claude Lanzmann dont elle divorce en 1971.
Des choix éclectiques dans toutes les disciplines
Présente dans la petite lucarne dans des épisodes des Cinq dernières minutes, dans Rouletabille, Les Thibault, elle est bien sûr une habituée du programme Au Théâtre ce soir de Pierre Sabagh. Au cinéma, elle se signale par ses choix éclectiques sous la direction de Claude Lelouch (Le Voyou, Toute une Vie), Gérard Mordillat (Vive la Sociale !), Jacques Davila (La Campagne de Cicéron), Yves Robert (Montparnasse-Pondichéry) pour endosser des rôles de mères collet-monté dans Nathalie d’Anne Fontaine, L’Homme est une femme comme les autres de Jean-Jacques Zilbermann, Adieu Berthe de Bruno Podalydès ou Joyeuse retraite ! de Frabrice Bracq. Son parcours sur scène reste d’une grande richesse avec Ardèle ou la Marguerite de Jean Anouilh avec Daniel Ivernel, Qui a peur de Virginia Woolf ?, Les Parents terribles mis en scène par Jean-Claude Brialy, La Folle de Chaillot de Giraudoux ou Oscar et la Dame rose d’Éric-Emmanuel Schmidt. Elle reçoit le Molière de la meilleure comédienne dans un second rôle pour Greek de Steven Berkoff en 1990 et celui de la meilleure comédienne pour Shirley de Caroline Loeb en 2000 et Histoires d’Hommes de Xavier Durringer en 2006. En 2023, elle est contrainte d’annuler une représentation d’Une Vie allemande pour des raisons de santé. A ce moment-là, Judith Magre est avec Brigitte Auber l’actrice française la plus âgée encore active. Depuis 2015, la médiathèque de Montier-en-Der, sa ville natale, porte son nom.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jeanne Moreau
et Louis Malle
1948 : Clochemerle de Pierre Chenal
1949 : Maya de Raymond Bernard
1950 : Coups de chapeau de Christian Stengel (cm)
1951 : Un grand patron d’Yves Ciampi
1952 : Les Dents longues de Daniel Gélin
1952 : Adorables Créatures de Christian-Jaque
1953 : Mon mari est merveilleux d’André Hunebelle
1953 : Capitaine Pantoufle de Guy Lefranc
1953 : L'Esclave d’Yves Ciampi
1954 : Les Hommes ne pensent qu'à ça d’Yves Robert
1954 : Madame du Barry de Christian-Jaque
1954 : Papa, maman, la bonne et moi de Jean-Paul Le Chanois
1955 : Le Village magique de Jean-Paul Le Chanois
1955 : Les Grandes Manœuvres de René Clair
1955 : Napoléon de Sacha Guitry
1956 : La Fille de l'ambassadeur (The Ambassador's Daughter) de Norman Krasna
1957 : La Joconde, Histoire d’une Obsession d’Henri Gruel
1957 : L'Homme à l'imperméable de Julien Duvivier
1957 : Comme un cheveu sur la soupe de Maurice Regamey
1957 : Pot-Bouille de Julien Duvivier
1957 : Une Parisienne de Michel Boisrond
1958 : Cargaison blanche de Georges Lacombe
1958 : Montparnasse 19 de Jacques Becker
1958 : Les Amants de Louis Malle
1958 : Le Sicilien de Pierre Chevalier
1958 : Les Jeux dangereux de Pierre Chenal
1959 : Signé Arsène Lupin d’Yves Robert
1959 : Le Travail c'est la liberté de Louis Grospierre
1960 : Bouche cousue de Jean Boyer
1960 : Le Dialogue des Carmélites de Philippe Agostini
1967 : Toutes folles de lui de Norbert Carbonnaux
1967 : Sept fois femme (Seven Times Woman) de Vittorio De Sica
1969 : L'Échelle blanche de Robert Freeman
1970 : Le Voyou de Claude Lelouch
1971 : La Cavale de Michel Mitrani
1971 : Papa, les petits bateaux de Nelly Kaplan
1971 : Un peu de soleil dans l'eau froide de Jacques Deray
1974 : Toute une vie de Claude Lelouch
1974 : Les Guichets du Louvre de Michel Mitrani
1975 : Le Chat et la Souris de Claude Lelouch
1976 : Mon cœur est rouge de Michèle Rosier
1978 : Genre masculin de Jean Marbœuf
1978 : L'Associé de René Gainville
1979 : Rien ne va plus de Jean-Michel Ribes
1980 : Je vais craquer de François Leterrier
1981 : Oxalá d’António-Pedro Vasconcelos
1982 : Salut, j'arrive de Gérard Poteau
1983 : Vive la sociale! de Gérard Mordillat
1987 : Spirale de Christopher Frank
1988 : L'Enfance de l'art de Francis Girod
1989 : Les Deux Fragonard de Philippe Le Guay
1989 : Jésus de Montréal de Denys Arcand
1990 : La Campagne de Cicéron de Jacques Davila
1990 : Feu sur le candidat d’Agnès Delarive
1994 : Montparnasse-Pondichéry d’Yves Robert
1996 : Andrea de Sergi Casamitjana
1996 : Album de famille de Shiri Tsur
1998 : L'homme est une femme comme les autres de Jean-Jacques Zilbermann
2000 : Le Pique-nique de Lulu Kreutz de Didier Martiny
2003 : Nathalie... d’Anne Fontaine
2005 : L'Antidote de Vincent de Brus
2007 : La Disparue de Deauville de Sophie Marceau
2008 : Ça se soigne ? de Laurent Chouchan
2009 : La Folle Histoire d’amour de Simon Eskenazy de Jean-Jacques Zilbermann
2010 : Ces amours-là de Claude Lelouch
2012 : Adieu Berthe de Bruno Podalydès
2012 : Du vent dans mes mollets de Carine Tardieu
2014 : À l'abri de la tempête de Camille Brottes Beaulieu
2014 : Le Règne de la beauté de Denys Arcand
2014 : Au fil d’Ariane de Robert Guédiguian
2015 : Parisiennes de Slony Sow
2016 : Elle de Paul Verhoeven
2018 : Les Fantômes d’Alexandre Vallès
2019 : Joyeuse retraite ! de Fabrice Bracq
2021 : Tout s'est bien passé de François Ozon
2022 : Joyeuse retraite 2 de Fabrice Bracq

Télévision :
1955 : Tu ne m'échapperas jamais de Marcel Bluwal
1955 : Le Réveillon de Marcel Bluwal
1960 : Qui a tué Henri IV ? de Stellio Lorenzi
1960 : L'Assassinat du duc de Guise de Guy Lessertisseur
1964 : L'Été en hiver de François Chalais
1965 : Huis clos de Michel Mitrani
1966 : L’Oubli d’André Teisseire
1966 : Rouletabille de Robert Mazoyer
1967 : Bajazet de Michel Mitrani
1967 : Antoine et Cléopâtre de Jean Prat
1968 : La Double Inconstance de Marcel Bluwal
1970 : Reportage sur un squelette ou Masques et Bergamasques de Michel Mitrani
1972 : Les Thibault d’Alain Boudet et André Michel
1973 : Petite flamme dans la tourmente de Michel Wyn
1974 : Jeanne ou la Révolte de Luc Godevais
1974 : La Conciliation d’Alain Boudet
1978 : Allégra de Michel Wyn
1978 : Les Grandes Conjurations, « Le Connétable de Bourbon » de Jean-Pierre Decourt
1979 : La Mouette de Jacques Duhen
1980 : La Sourde Oreille de Michel Polac
1981 : À nous de jouer d’André Flédérick
1981 : Le Beau Monde de Michel Polac
1981 : Ardèle ou la Marguerite de Pierre Desfons
1985 : Les Étonnements d’un couple moderne de Pierre Boutron
1988 : Un cœur de marbre de Stéphane Kurc
1988 : Paparoff de Denys de La Patellière
1988 : La Belle Anglaise de Jacques Besnard
1991 : Jour blanc de Jacob Berger
1991 : L'Huissier de Pierre Tchernia
1991 : Le Dernier Lien de Joyce Buñuel
1992 : Urgence d’aimer de Philippe Le Guay
1993 : Rhésus Roméo de Philippe Le Guay
1994 : La Milliardaire de Jacques Ertaud
1994 : La Grande Fille de Jean-Paul Salomé
1995 : L'Enfant en héritage de Josée Dayan
1996 : Berjac, Coup de théâtre de Jean-Michel Ribes
2003 : Les Parents terribles de Jean-Claude Brialy
2004 : Le Menteur de Philippe de Broca
2007 : Le Réveillon des bonnes de Michel Hassan
2007 : Les Interminables de Thomas Pieds
2008 : John Adams de Tom Hooper
2010 : La Maison des Rocheville de Jacques Otmezguine
2011 : Quand l'amour s'emmêle de Claire de La Rochefoucauld
2012 : Le Sang de la vigne, « Mission à Pessac » d’Aruna Villiers
2013 : La Minute vieille de Fabrice Maruca
2015 : Le Sang de la vigne, « Pour qui sonne l'angélus » de René Manzor
2020 : Un mauvais garçon de Xavier Durringer


Filmographie de Judith MAGRE
 
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