Robert LYNEN
 Acteur français
Fauché en pleine jeunesse, Robert Lynen, cet éternel adolescent au visage à la fois grave et enfantin restera à jamais Poil de Carotte, le jeune héros mal-aimé de Jules Renard et immortalisé à l’écran par Julien Duvivier, en 1932. Des taches de rousseur, un caractère trempé dans l’encre du désespoir, Robert Lynen aura marqué le cinéma de son empreinte juvénile.
Robert Lynen est né le 24 mai 1920 à Nermier dans le Jura dans une famille d’artistes bohème. Son père a abandonné le dessin industriel pour se consacrer à la peinture en parcourant l’Europe à pied. Il épouse son âme sœur Mildred, chanteuse, pianiste et tout aussi voyageuse que lui. Entretenu par un riche héritier de ses amis, le couple vit d’abord aisément sur la Côte d’Azur où ses deux premiers enfants, Edgar et May, voient le jour. Après la première guerre mondiale, les Lynen s’installent dans le Jura où ils élèvent des animaux. Robert naît dans cette campagne rude et passe les trois premières années de sa vie entre vaches et cochons. Son frère Edgar meurt d’une blessure mal soignée. La famille déménage à Paris mais le jeune Robert n’est pas scolarisé avant ses neuf ans, sa mère faisant son éducation.
Acteur fétiche de Julien Duvivier
Quelque temps plus tard, sa mère inscrit Robert à l’École des Artistes où Julien Duvivier le repère. Avec ses taches de rousseur et un caractère bien trempé, Robert va immortaliser le jeune héros de Jules Renard François Lepic dit Poil de Carotte. L’enfance peu ordinaire de Robert Lynen imprègne ses rôles au cinéma. Après Poil de carotte, il incarne Michel Ier, jeune souverain contre qui l'entourage conspire dans Le petit Roi de Julien Duvivier puis Rémy, le héros orphelin d’Hector Malot dans Sans Famille de Marc Allégret. Il devient l’enfant-star de l’entre-deux-guerres. Mais le destin s’acharne sur lui. En 1935, son père se suicide, vraisemblablement en raison de problèmes d’argent et de santé (il commençait à perdre la vue). Le fidèle Julien Duvivier ne le lâche pas et lui donne un petit rôle dans La belle équipe avec Jean Gabin, dans L’homme du jour avec Maurice Chevalier et dans Carnet de bal. Mais le cœur n’y est plus vraiment.
Aventure et cinéma
Robert s’engage comme mousse sur un bateau avant d’être ramené par son beau-frère Pierre Henneguier qui avait épousé May Lynen et fait figure d’autorité familiale. Cet antifranquiste acharné aux valeurs humanistes bien définies va servir de modèle au jeune Robert qui a atteint ses seize ans. En 1938, l’année de ses dix-huit ans, Robert Lynen tient des rôles importants dans Mollenard de Robert Siodmak où il retrouve Harry Baur, Le Fraudeur de Leopold Simons où il tombe sous le charme de Ginette Leclerc, Le petit chose de Maurice Cloche avec Arletty et Éducation de prince d’Alexander Esway avec Louis Jouvet et Elvire Popesco. À Jouvet qui lui fait des reproches, il répond : « Le cinéma, ça ne m’amuse pas. Ce que j’aime, c’est le camping. » Car loin des personnages romantiques qu’il incarne à l’écran, le jeune homme sportif et plein de vie multiplie les conquêtes féminines.
Le jeune héros de la Résistance
Quand l’armistice avec l’Allemagne est signé, le 22 juin 1940, le jeune homme s’engage dans la Résistance. Il tourne encore deux films qui échappent au contrôle allemand, Espoirs de Willy Rozier et Cap au large de Jean-Paul Paulin. Pour échapper à un Chantier de Jeunesse, Robert Lynen suit le comédien Jean-Pierre Aumont dans une tournée théâtrale. En décembre 1941, après l’arrestation de Pierre Henneguier et le démantèlement de son petit réseau clandestin marseillais, il interrompt la tournée et intègre le Réseau Alliance en tant qu’agent de liaison. Robert Lynen transporte du courrier, fait du renseignement et s’occupe de recrutement. Il achève avec succès plusieurs missions au cours de 1942 mais est arrêté à Cassis en février 1943 par la Gestapo. Torturé, il croupit pendant un an dans la forteresse de Bruchsal en Allemagne, dont il essaiera par deux fois de s’échapper. Il refuse avec acharnement de travailler pour la UFA. Condamné à mort par un tribunal militaire, Robert Lynen est exécuté avec treize autres membres de son réseau dans la forêt de Hardtwald à Karlsruhe, le 1er avril 1944, un peu moins de deux mois avant de fêter ses 23 ans. Ses restes seront rapatriés en France en 1947. Il repose depuis dans le carré militaire du cimetière de Gentilly.


FILMOGRAPHIE :

Avec Louis Jouvet
1932 : Poil de carotte de Julien Duvivier
1933 : Le Petit Roi de Julien Duvivier
1934 : Sans famille de Marc Allégret
1936 : La Belle Équipe de Julien Duvivier
1937 : Le Fraudeur de Leopold Simons
1937 : L'Homme du jour de Julien Duvivier
1937 : Un carnet de bal de Julien Duvivier
1938 : La vie est magnifique de Maurice Cloche
1938 : Mollenard de Robert Siodmak
1938 : Le Petit Chose de Maurice Cloche
1938 : Éducation de prince d’Alexandre Esway
1941 : Espoirs de Willy Rozier
1942 : Cap au large de Jean-Paul Paulin


Filmographie de Robert LYNEN
 
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