Corinne LUCHAIRE
 Actrice française
Corinne Luchaire fut une gloire éphémère du cinéma français. Une petite dizaine de films entre 1935 et 1940. Elle n'a pas vingt ans qu'on la présente déjà comme la nouvelle Greta Garbo. Mais son insouciance et sa frivolité vont rapidement brûler les ailes de ce singulier papillon.
Corinne Luchaire, de son vrai nom Rosita Christiane Yvette Luchaire, naît le 11 février 1921 à Paris. Son père n'est autre que l'ambitieux Jean Luchaire, journaliste de gauche devenu patron de la presse collaborationniste.
Une carrière fulgurante
A quatorze ans, sous le nom de Rose Davel, la jeune fille débute au théâtre dans une œuvre de son grand-père Julien Altitude 3200, mise en scène par Raymond Rouleau. Cette pièce relate la cohabitation difficile entre adolescents dans un chalet situé dans les Alpes. Une version cinématographique sera tournée en 1938 mais le film se fera sans la jeune actrice. Simultanément, elle fait une courte apparition dans le film de Marc Allégret Les beaux jours aux côtés de Jean-Pierre Aumont et Simone Simon. En 1937, elle adopte définitivement le nom de Corinne Luchaire et après un rôle secondaire dans Le chanteur de Minuit de Léo Joannon qui met en vedette Jean Lumière, elle décroche le rôle principal dans Prison sans barreaux de Léonide Moguy. Elle y incarne Nelly, une jeune détenue révoltée. Le film est un succès et Corinne accède au vedettariat. L'année suivante, elle tourne dans la version anglaise réalisée par Brian Desmond Hurst et Maxwell Wray. A la fin des années trente, Corinne Luchaire retrouve Léonide Moguy pour Conflit avec Raymond Rouleau et pour Le déserteur avec Jean-Pierre Aumont que les producteurs préfèrent débaptiser à la veille de guerre pour prendre le titre de J'attendrai, en référence à une chanson en vogue de Rina Ketty. En 1939, elle trouve son plus grand rôle, celui de Cora dans Le dernier tournant que Pierre Chenal adapte du Facteur sonne toujours deux fois de Chandler avec Michel Simon. Perfide à souhait, Corinne est mariée au répugnant Michel Simon et manipule le vagabond Fernand Gravey pour assassiner son mari. Moins glamour que Lana Turner ou Jessica Lange, elle n'en demeure pas moins sulfureuse. Elle retrouve Claude Dauphin dans Cavalcade d'amour de Raymond Bernard.
La chute du Papillon
En 1940, Corinne Luchaire interprète Anna dans L'intruse, une production italienne, réalisée par Mario Mattoli et également interprétée par Georges Rigaud et Osvaldo Valenti. Pendant la seconde guerre mondiale, son père devient le patron du Syndicat du Livre Parisien, un organisme pro-allemand, ce qui peut laisser espérer une belle carrière cinématographique pour la belle actrice. Hélas, il n'en est rien. Elle ne fait parler d'elle que par les excès de sa vie tumultueuse. Amants, alcools et boîtes de nuit minent sa santé déjà fragile. Elle se marie brièvement avec Guy de Voisins-Lavernière, un obscur aristocrate. De cette union naît une fille Brigitte. Pendant la guerre, Jean Luchaire, sa fille Corinne et ses maîtresses Yvette Lebon et Monique Joyce, fréquentent Henri Lafont, le patron de la Gestapo française de la rue Lauriston. En parallèle de sa vie frivole, elle se lie d'amitié avec Simone Signoret, d'origine juive. Cependant, après la fin de la seconde guerre mondiale, de nombreux collaborateurs, dont la famille Luchaire, s'enfuient à Sigmaringen, dans le Sud de l'Allemagne. Corinne et son père sont finalement arrêtés par les partisans, à Merano, dans le Nord de l'Italie et incarcérés à Fresnes. Jean Luchaire, jugé coupable de collaboration avec l'ennemi, est fusillé en février 1946. Corinne est également condamnée. Corinne Luchaire est évoquée par Patrick Modiano dans les dernières pages de Livret de famille : « Corinne est une sœur imaginaire. Son père Jean Luchaire venait de la Gauche, il n'était absolument pas antisémite, son beau-frère Théodore Fraenkel était juif et grand ami de Breton et des Surréalistes, sa belle-mère Antonina Valentin, juive également. Les fascistes comme Rebatet et Brasillach le détestaient. » Corinne Luchaire paie au prix fort son goût pour la vie facile. Elle passe plusieurs mois en prison, à Nice, et se voit infliger dix années d'indignité nationale. Elle écrit son parcours dans Ma drôle de vie, une autobiographie romancée publiée en 1949. Tuberculeuse, démunie, oubliée, elle meurt en 1950. Elle n'a pas 29 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Fernand Gravey
1935 : Les Beaux Jours de Marc Allégret
1936 : Sous les yeux d'Occident de Marc Allégret
1937 : Le Chanteur de minuit de Léo Joannon
1938 : Conflit de Léonide Moguy
1938 : Prison sans barreaux de Léonide Moguy
1938 : Prison Without Bars de Brian Desmond Hurst
1939 : Le Dernier Tournant de Pierre Chenal
1939 : Le Déserteur de Léonide Moguy
1939 : Cavalcade d'amour de Raymond Bernard
1940 : L'Intruse (Abbandono) de Mario Mattoli


Filmographie de Corinne LUCHAIRE
 
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