Issu d’une famille bourgeoise de Montmartre, Joseph Marcel Lévesque voit le jour le 6 décembre 1877. Après des études au lycée Condorcet, il est d’abord peintre avant de céder à la passion du théâtre. Il entre au Conservatoire de Paris en 1895 et débute l’année suivante dans Salomé et se forge une solide réputation comme comédien de boulevard. Engagé à l’Athénée par Abel Deval, il s’y produit pendant cinq ans dans Madame Flirt, L’Enfant du Miracle, Le Prince consort et surtout Chiffon où il rivalise de pitreries avec André Lefaur. Il se marie en 1899 avec Marie Adèle Fleury et de cette union naîtra le futur poète Jacques-Henry Lévesque.
Vedette chez Feuillade
Marcel Lévesque entre à l’Odéon où il est remarquable dans L’Otage et Le Poussin avec Harry Baur. L’année suivante, on le retrouve au Palais-Royal dans Le Million de Georges Berr et Marcel Guillemaud dont René Clair en fera l’un de ses premiers chefs-d’œuvre. Il débute au cinéma par le film d’art avec le drame historique L’arrestation de la Duchesse de Berry d’André Calmettes. Il envoie des scénarios à Léonce Perret dont La Belle Mère avec Suzanne Le Bret et apparaît comme domestique de l’acteur-réalisateur dans Léonce et Poupette. Engagé par la maison Pathé, il tourne de nombreux courts métrages de Louis Feuillade où il campe de savoureux personnages comiques dans Les Noctambules, Le Collier de perles, Le Gendarme est sans culotte. Il poursuit sa collaboration avec la firme au Coq dans les feuilletons de Feuillade, Les Vampires où il est l’inénarrable Oscar-Cloud Mazamette et Judex en Cocantin qu’il retrouve dans La nouvelle mission de Judex, toujours avec René Cresté en vedette. Il s’essaie à la réalisation pour La Pintade et le Dindon où il a pour partenaire Madeleine Guitty.
Derniers films muets en Italie
Artiste cultivé et délicat, l’acteur quitte Louis Feuillade et entreprend une série de courts métrages comiques initiés par Jean Durand sous le surnom de Serpentin. Sa démarche onduleuse et son profil cyranesque font merveille, « une série remplie d’idées cocasses, clownesques et visuellement justes » selon Louis Delluc. Mais le public ne suit pas toujours. Il campe un pâle huissier Pigeon dans L’Empire du diamant et joue dans Knock pour René Hervil en 1924. Il trouve son deuxième souffle en Italie dans des adaptations de Feydeau comme La Dame de chez Maxim’s, Le Dindon ou Occupe-toi d’Amélie où il partage l’affiche avec la diva Pina Menichelli. Le théâtre continue de solliciter Marcel Lévesque notamment dans Une petite main qui se place de Sacha Guitry ou Le Gâteau des Rois de Marcelle Capron.
Des personnages cocasses du parlant
L'apparition du parlant lui réserve quelques rôles de composition retentissants. Il donne la réplique à Jean Gabin dans Tout ça ne vaut pas l’amour de Jacques Tourneur où il interprète Renaudin, le pharmacien amoureux de Josseline Gaël. Il est le collectionneur de jarretières dans L’Affaire Coquelet et l’inoubliable concierge du Crime de Monsieur Lange de Jean Renoir. C’est surtout Sacha Guitry qui reste fidèle à Marcel Lévesque en lui confiant le rôle du médecin dans Mon père avait raison, un invité lors du prologue de Faisons un rêve avec Jacqueline Delubac et Raimu, le vieux mélomane de La Malibran, Monsieur Brunel-Lacaze d’Adhémar ou le jouet de la fatalité où Guitry malade est remplacé par Fernandel en personne. Il est remarquable en vieil amoureux de Jane Marken dans Lumière d’été et le vieux cévenol Le Pat dans Tabusse de Jean Gehret. Il fait une dernière apparition dans Assassins et voleurs de Sacha Guitry auprès de Jean Poiret et Michel Serrault. Marcel Lévesque s’éloigne des plateaux de cinéma pour diriger la maison de retraite pour vieux comédiens de Pont-aux Dames dont il est rapidement le pensionnaire. Marcel Lévesque est décédé à Couilly-Pont-aux-Dames, le 16 février 1962.
FILMOGRAPHIE :
Avec Jacques Tourneur
et Mady Berry
1912 : La grève des domestiques de Léonce Perret (cm)
1913 : La belle-mère de Léonce Perret (cm)
1913 : Léonce et Poupette de Léonce Perret (cm)
1913 : L’hôtel de la gare de Louis Feuillade (cm)
1913 : L’illustre Mâchefer de Louis Feuillade (cm)
1913 : Les Somnambules de Louis Feuillade (cm)
1914 : Le Jocond de Louis Feuillade (cm)
1914 : Le gendarme est sans culotte de Louis Feuillade (cm)
1914 : Tu n’épouseras jamais un avocat de Louis Feuillade (cm)
1914 : Le Furoncle de Louis Feuillade (cm)
1915 : L’escapade de Filoche de Louis Feuillade (cm)
1915 : Le coup du Fakir de Louis Feuillade (cm)
1915 : Triple entente de Gaston Ravel
1915 : Le Sosie de Louis Feuillade
1915 : Le collier de perles de Louis Feuillade (cm)
1915 : Le fer à cheval de Louis Feuillade (cm)
1915 : L’angoisse au foyer de Louis Feuillade
1915 : La pintade et le dindon de Marcel Lévesque (cm)
1915 : Les vampires de Louis Feuillade
1915 : L’oncle de Bout de Zan de Louis Feuillade (cm)
1916 : Les mariés d’un jour de Louis Feuillade (cm)
1916 : Le pied qui étreint de Jacques Feyder
1916 : Les fourberies de Pingouin de Louis Feuillade (cm)
1916 : C’est le printemps de Louis Feuillade (cm)
1916 : Les Fiançailles d’Agénor de Louis Feuillade
1916 : Le Poète et sa folle amante de Louis Feuillade (cm)
1916 : Le Retour de Manivel de Louis Feuillade (cm)
1916 : Si vous ne l’aimez pas… de Louis Feuillade
1916 : La peine du talion de Louis Feuillade (cm)
1916 : Débrouille-toi de Louis Feuillade (cm)
1916 : Lagourdette gentleman cambrioleur de Louis Feuillade (cm)
1916 : C’est pour les orphelins ? de Louis Feuillade (cm)
1917 : Judex de Louis Feuillade
1917 : Mon oncle de Louis Feuillade (cm)
1917 : La femme fatale de Louis Feuillade (cm)
1917 : La fugue de Lily de Louis Feuillade (cm)
1917 : La nouvelle mission de Judex de Louis Feuillade
1918 : Aide-toi de Louis Feuillade (cm)
1918 : Serpentin et son modèle de Jean Durand (cm)
1918 : L’extraordinaire aventure d’Onésime d’Ernest Bourdon (cm)
1918 : Onésime et le billet de mille d’Ernest Bourdon (cm)
1918 : Serpentin et son modèle de Jean Durand (cm)
1918 : Serpentin a tort de suivre les femmes d’Edouard-Emile Violet (cm)
1918 : Serpentin janissaire de René Plaissetty (cm)
1919 : La sultane de l’amour de René Le Somptier & Charles Burguet
1919 : Serpentin au harem de Jean Durand (cm)
1919 : Serpentin cœur de lion de Jean Durand (cm)
1919 : Serpentin le bonheur est chez toi de Jean Durand (cm)
1919 : Serpentin et les contrebandiers de Jean Durand (cm)
1919 : Serpentin reporter de Jean Durand (cm)
1919 : Serpentin manœuvre de Jean Durand (cm)
1919 : Serpentin manucure de Jean Durand (cm)
1920 : Serpentin a dressé Bouboule d’Alfred Machin (cm)
1922 : Serpentin fait de la peinture d’Alfred Machin (cm)
1922 : L’empire du diamant de Léonce Perret (cm)
1923 : La Dame de chez Maxim’s (La Dama de chez Maxim’s) d’Amletto Palermi
1924 : Un Héritage de cent millions d’Armand du Plessy
1924 : Knock de René Hervil
1924 : Occupe-toi d’Amélie (Occupati d’Amelia) de Telemaco Ruggeri
1924 : Le dindon (Il Tacchino) de Mario Bonnard
1925 : Théodore et Cie (Teodoro et socio) de Mario Bonnard
1927 : Florette et Patapon (Florette e Patapon) d’Amleto Palermi
1931 : Atout-cœur d’Henry Roussell
1931 : Tout ça ne vaut pas l’amour de Jacques Tourneur
1932 : Pan !... Pan !... de Georges Lacombe (cm)
1933 : L’héritier du bal Tabarin de Jean Kemm
1933 : La belle escale de Charles-Félix Tavano (cm)
1934 : L’affaire Coquelet de Jean Gourguet
1934 : Un drôle de locataire de René Pujol (cm)
1935 : Le crime de monsieur Lange de Jean Renoir
1936 : Faisons un rêve de Sacha Guitry
1936 : Mon père avait raison de Sacha Guitry
1941 : La nuit fantastique de Marcel L’Herbier
1942 : Lumière d’été de Jean Grémillon
1942 : Arlette et l’amour de Robert Vernay
1943 : La Malibran de Sacha Guitry
1944 : Les caves du Majestic de Richard Pottier
1946 : Six heures à perdre d’Alex Joffé & Jean Lévitte
1947 : La grande Maguet de Roger Richebé
1948 : Tabusse de Jean Gehret
1951 : Adhémar ou le jouet de la fatalité de Fernandel
1956 : Assassins et voleurs de Sacha Guitry
Filmographie de Marcel LÉVESQUE