Meg LEMONNIER
 Actrice briannique
On a coutume de dire aujourd'hui en parlant de la charmante Meg Lemonnier, si tant est qu'on en parle encore, qu'elle se lassa du cinéma et se drapa dans une riche retraite, n'apparaissant plus qu'à de très rares occasions à l'écran, et encore, pour faire plaisir aux amis. En 1958, en effet, elle apparaissait furtivement dans Maxime avec Charles Boyer et Michèle Morgan, à peine une figuration avant de disparaître définitivement. Pourtant elle ne se retira pas comme on le croit aujourd'hui et en 1963 elle rôdait encore dans les studios de Saint Maurice dont elle avait été la reine incontestée. Non que Meg Lemonnier fut pauvre et dans le besoin de travailler, loin de là, mais elle adorait follement ce métier qui ne voulait plus d'elle.
Un vrai conte de fées
Meg Lemonnier, de son vrai nom Marguerite Gabrielle Clarté, est née à Londres le 15 mai 1905. C'est au théâtre qu'elle débute à la fin des années 1920, à Londres. À peine l'a-t-on vu débuter qu'on lui propose un contrat de danseuse à Paris. On la voit dans des pièces de boulevard de bonne tenue, comme Trois...six...neuf de Michel Duran, dans le rôle de Simone, aux côtés d'André Luguet et de Suzy Prim ou L'enfant de Mary au théâtre Michel, dans une mise en scène d'André Luguet. À la même époque, elle s'essaie aussi à l'opérette ou, si on veut, à la comédie musicale. Elle croise ainsi Jean Gabin, à l'orée de sa gloire, dans Arsène Lupin banquier d'Yves Mirande et Albert Willemetz, on l'applaudit aussi dans Il est charmant de Willemetz et Raoul Moretti, où Meg Lemonnier donne la réplique à Armand Dranem et Henri Garat et où elle fredonne la chanson titre, Il est charmant et aussi Justinien ou Un soir de réveillon avec Arletty. C'est pour tourner des adaptations filmées de ses opérettes que le producteur Alexander Korda, responsable de la Paramount en France, fait d'abord appel à elle, et Meg Lemonnier reprend ainsi ses rôles dans Il est charmant de Louis Mercanton ou Un soir de réveillon de Karl Anton, où elle retrouve son partenaire de scène, le très populaire Henri Garat.
La partenaire de Garat
Avec son charmant minois et son pittoresque accent britannique, elle tourne des films plus légers que leur poids de pellicule, des œuvrettes qui, pour la plupart, ont sombré dans un paisible oubli. La voilà donc dans Une petite femme dans le train de Karl Anton, toujours avec Henri Garat, Simone est comme ça du même réalisateur, qui inspire, quatre ans plus tard, une opérette du même titre, avec un livret d'Yves Mirande et une musique de Raoul Moretti ou encore Georges et Georgette de Roger Lebon et Reinhold Schünzel, version française de Victor/Victoria, (Blake Edwards s'inspirera pour le remake du film de Reinhold Schünzel) qui voit Meg Lemonnier prendre la place sur scène d'un Julien Carette bien inattendu en travesti. Meg Lemonnier figure aussi dans un des quatre films juifs d'André Hugon, Moïse et Salomon parfumeurs, souvent taxé d'antisémitisme rampant. Elle y joue la nièce de ces deux commerçants interprétés par Léon Bélières et Charles Lamy. Elle reprend aussi le rôle qu'elle tenait dans la pièce Trois...six...neuf dans un film réalisé, en 1936, par Raymond Rouleau avec Renée Saint-Cyr et elle donne la réplique à Raimu dans La chaste Suzanne d'André Berthomieu d'après l'opérette de Jean Gilbert, puis Jules Berry dans La Bête aux sept manteaux. Au milieu de cette grisaille, sa participation à l'irrésistible Habit vert de Roger Richebé, d'après la pièce de de Flers et Caillavet, où Meg Lemonnier incarne la secrétaire du duc de Maulévrier, interprété par un André Lefaur qui porte le gâtisme et la solennité creuse au rang d'un des beaux-arts.
Retraite paisible
À la fin des années 30, sa carrière s'essouffle, et elle passe de Ma sœur de lait de Jean Boyer, où elle joue une fan de la star de cinéma Henri Garat à Pour le maillot jaune de Jean Stelli, où, journaliste sportive, elle s'éprend du coureur Albert Préjean, en passant par Belle étoile de Jacques de Baroncelli entourée de Jean-Pierre Aumont et Michel Simon. Puis les films s'espacent et les rôles deviennent plus rares, se résumant souvent à de simples silhouettes, comme la garde de nuit d'Adhémar ou le jouet de la fatalité de Fernandel, ou la secrétaire de La vérité sur Bébé Donge d'Henri Decoin. Meg Lemonnier s'éteint le 12 juin 1988 à Clichy-la Garenne.


FILMOGRAPHIE :

Avec Henri Garat
1929 : Mon gosse de père (The Parisian) de Jean de Limur
1931 : Il est charmant de Louis Mercanton
1931 : Rive gauche d'Alexander Korda
1931 : Rien que la vérité de René Guissart
1932 : Une faible femme de Max de Vaucorbeil
1932 : Simone est comme ça de Karl Anton
1932 : Camp volant (Marco, der clown) de Max Reichmann
1932 : Une étoile disparaît de Robert Villers
1932 : Une petite femme dans le train de Karl Anton
1933 : Georges et Georgette de Reinhold Schünzel & Roger Le Bon
1933 : Un soir de réveillon de Karl Anton
1934 : Princesse Czardas d'André Beucler
1934 : Bourrachon de René Guissart
1935 : Moïse et Salomon parfumeurs d'André Hugon
1935 : Les sœurs Hortensia de René Guissart
1936 : Ma sœur de lait de Jean Boyer
1936 : La bête aux sept manteaux de Jean de Limur
1936 : Trois.six.neuf. de Raymond Rouleau
1937 : L'habit vert de Roger Richebé
1937 : La chaste Suzanne d'André Berthomieu
1938 : Visages de femmes de René Guissart
1938 : Le monsieur de cinq heures de Pierre Caron
1938 : Belle étoile de Jacques de Baroncelli
1940 : Pour le maillot jaune de Jean Stelli
1941 : Boléro de Jean Boyer
1942 : Ne le criez pas sur les toits de Jacques Daniel-Norman
1943 : La cavalcade des heures d'Yvan Noé
1950 : Banco de prince de Michel Dulud
1951 : Adhémar ou le jouet de la fatalité de Fernandel
1952 : La vérité sur Bébé Donge d'Henri Decoin
1952 : Le gantelet vert (The green Glove) de Rudolph Maté
1953 : Je l'ai été trois fois de Sacha Guitry
1958 : Maxime d'Henri Verneuil


Filmographie de Meg LEMONNIER
 
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