Ginette LECLERC
 Actrice française
Ginette Leclerc n'a pas joui de l'aura de sa contemporaine Viviane Romance, mais l'agressivité que laissent supposer ses rôles est pourtant loin de la réalité de la femme sensible qu'elle est.
Ginette Leclerc , de son vrai nom Geneviève Menut, voit le jour le 9 février 1912 dans le quartier populaire de la butte Montmartre. Son père est un modeste artisan horloger. Délurée et avide d'indépendance elle se marie à dix-sept ans avec Lucien Leclerc, ancien danseur d'opéra. Elle divorce bien vite mais garde le nom de son «ex» comme nom de scène. Elle commence à gagner sa vie en posant pour des cartes postales un peu coquines.
La vamp aux yeux noirs
Ginette fait de la figuration au cinéma, dans des courts métrages, à partir de 1931. Elle adopte immédiatement une mine boudeuse et un regard malicieux, comme dans La Dame de chez Maxim's d'Alexandre Korda. Elle accède peu à peu à des rôles plus importants et va apprendre le métier tout au long de la quarantaine de rôles qu'elle interprète entre 1933 et 1937. Les sujets des films sont variés, mais Ginette Leclerc, il faut bien le dire, joue toujours un peu le même personnage de jeune femme provocante et équivoque. Brune aux yeux noirs et aux lèvres pulpeuses, elle est marquée par des rôles de petites femmes, au charme coquin, souvent à moitié dénudées. Son physique la destine tout naturellement aux rôles de vamp. En 1933, elle a son premier petit rôle dans Ciboulette de Claude Autant-Lara. En 1934, elle joue dans L'hôtel du libre échange d'après Feydeau, transposé au cinéma par Marc Allégret avec Fernandel qu'elle retrouve peu après dans Les dégourdis de la onzième. Après une série de films aux titres évocateurs comme Minuit, place Pigalle de Roger Richebé ou Et moi j'te dis qu'elle t'a fait de l'oil de Jack Forrester, Pierre Chenal lui propose un rôle moins caricatural. Elle incarne Romilda à la sensualité insidieuse dans L'Homme de nulle part inspiré de Pirandello.
La belle garce
C'est Prisons sans barreaux de Léonide Moguy, qui révèle véritablement son talent. Elle y est remarquable en détenue au regard pervers et touchant à la fois. Elle accède à la notoriété avec La femme du Boulanger où elle apparaît en femme volage mais repentante du boulanger, Raimu, toujours aussi remarquable. Dans l'immédiate avant guerre, elle côtoie dans Menaces d'Edmond T. Gréville, les locataires d'un hôtel parisien, Erich von Stroheim, réfugié politique, mais aussi Mireille Balin. Elle épouse en secondes noces le comédien Lucien Gallas, rencontré sur le tournage de La Loupiotte de Jean Kemm, puis Jean-Louis Bouquet, dont elle divorce rapidement. Sous l'occupation, Ginette Leclerc est la partenaire de Tino Rossi (Le chant de l'exilé), Jacques Dumesnil (L'empreinte du Dieu), Fernand Ledoux (La grande marnière) Georges Marchal (Le val d'enfer) et bien d'autres. Mais elle interprète indubitablement son meilleur rôle, Denise, une malheureuse boiteuse sournoise et voluptueuse à la réputation douteuse mais finalement innocente dans Le corbeau d'Henri-Georges Clouzot. Pourtant le film produit par la Continental déplaît aux instances en raison de son pessimisme et plus tard au Comité de libération pour l'image très négative qu'il donne des Français. Ginette tient aussi un cabaret avec son ami de l'époque, guère recommandable, et accueille pronazis et occupants. En 1945, elle est condamnée à neuf mois de prison pour collaboration avec l'ennemi. Sans ressource, elle reprend difficilement le chemin des studios en 1946.
Premier nu à 56 ans
Elle réussit néanmoins à tourner, plutôt des seconds rôles, dans une quarantaine de films, jusqu'à la fin des années soixante-dix. Elle apparaît au côté de Jean Gabin dans Le Plaisir de Max Ophüls, où elle est parfaite en pensionnaire de la maison Tellier, et dans Gas-oil de Gilles Grangier. En 1968, elle réalise son premier nu intégral dans Goto, l'île d'amour de Walerian Borowczyk. Elle joue aussi au théâtre dans La Putain respectueuse pour le grand plaisir de Jean Paul Sartre. Pour la télévision, elle tourne Maigret et la Jeune Morte de Claude Boissol, Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume de Claude Chabrol et des séries policières, passant, bien souvent avec l'âge, des rôles de prostituée à ceux de mère maquerelle ! Elle donne une dernière fois la réplique à Jean Gabin dans Le Drapeau noir flotte sur la marmitte et tourne son dernier film, La Barricade du point du jour en 1978. Puis, elle se retire, publie un recueil de souvenirs appelé Ma Vie privée en 1973 et s'occupe de sa mère. Toutes deux décéderont à quelques mois d'intervalle. Ginette Leclerc, «la plus fameuse garce» du cinéma français s'éteint, le 2 janvier 1992, dans son appartement parisien, après une longue bataille contre le cancer.


FILMOGRAPHIE :

Avec Pierre Fresnay
1932 : La Dame de chez Maxim's d'Alexander Korda
1932 : L'Enfant du miracle de Maurice Diamant-Berger
1932 : Pomme d'amour de Jean Dréville
1932 : Le Témoin de Pierre de Cuvier (cm)
1932 : Une heure de Léo Mittler (cm)
1932 : Une vitrine de Léo Mittler (cm)
1932 : A la Varenne de Jean Dréville (cm)
1933 : Adieu les beaux jours de Johannes Meyer et André Beucler
1933 : Cette vieille canaille d'Anatole Litvak
1933 : Ciboulette de Claude Autant-Lara
1933 : L'Étoile de Valencia de Serge de Poligny
1933 : Les Surprises du sleeping de Karl Anton
1933 : Toto de Jacques Tourneur
1933 : Professeur Cupidon de Robert Beaudoin et André Chemel
1933 : Une rencontre de René Guy-Grant (cm)
1934 : Compartiment de dames seules de Christian-Jaque
1934 : Chansons de Paris de Jacques de Baroncelli
1934 : L'Hôtel du libre échange de Marc Allégret
1934 : Minuit, place Pigalle de Roger Richebé
1934 : Le commissaire est bon enfant de Jacques Becker et Pierre Prévert (cm)
1934 : Le grand jeu de Jacques Feyder
1935 : Dédé de René Guissart
1935 : L'École des cocottes de Pierre Colombier
1935 : Et moi j'te dis qu'elle t'a fait d'l'oil de Jack Forrester
1935 : Fanfare d'amour de Richard Pottier
1935 : Les Gaietés de la finance de Jack Forrester
1935 : Gangster malgré lui d'André Hugon
1935 : L'Heureuse Aventure de Jean Georgesco
1935 : Paris Camargue de Jack Forrester
1935 : Roses noires de Paul Martin et Jean Boyer
1935 : Le Piment, court métrage d'André Hugon
1935 : L'ami de Monsieur de Pierre de Cuvier (cm)
1936 : Bach détective de René Pujol
1936 : L'homme de nulle part de Pierre Chenal
1936 : Jacques et Jacotte de Robert Péguy
1936 : La Loupiote de Jean Kemm et Jean-Louis Bouquet
1936 : Oil de lynx, détective de Pierre-Jean Ducis
1936 : Passé à vendre de René Pujol
1936 : La Peau d'un autre de René Pujol
1936 : La peur ou Vertige d'un soir de Victor Tourjansky
1937 : La Pocharde de Jean Kemm et Jean-Louis Bouquet
1937 : L'Appel de la vie de Georges Neveux
1937 : Le Choc en retour de Georges Monca et Maurice Kéroul
1937 : Les Dégourdis de la onzième de Christian-Jaque
1937 : Le Fraudeur ou Ceux de la douane de Léopold Simons
1937 : Mon député et sa femme de Maurice Cammage
1937 : Le Gagnant ou Amour automobile d'Yves Allégret (mm)
1938 : Prison sans barreaux de Léonide Moguy
1938 : La Femme du boulanger de Marcel Pagnol
1938 : Métropolitain de Maurice Cam
1938 : Le Ruisseau de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara
1938 : Tricoche et Cacolet de Pierre Colombier
1939 : Coup de feu de René Barberis
1939 : Louise d'Abel Gance
1939 : Menaces d'Edmond T. Gréville
1940 : L'Empreinte du Dieu de Léonide Moguy
1940 : Ils étaient cinq permissionnaires de Pierre Caron
1941 : Le Briseur de chaînes de Jacques Daniel-Norman
1941 : Ce n'est pas moi de Jacques de Baroncelli
1942 : Fièvres de Jean Delannoy
1942 : Vie privée de Walter Kapps
1942 : Le Chant de l'exilé d'André Hugon
1942 : La Grande Marnière de Jean de Marguenat
1942 : L'Homme qui joue avec le feu de Jean de Limur
1943 : Le Mistral de Jacques Houssin
1943 : Le corbeau d'Henri-Georges Clouzot
1943 : Le Val d'enfer de Maurice Tourneur
1946 : Chemins sans lois de Guillaume Radot
1946 : Le Dernier Sou d'André Cayatte
1946 : Nuit sans fin de Jacques Séverac
1947 : Fiacre 13 de Raoul André
1947 : La Belle Garce de Jacques Daroy
1948 : Les Eaux troubles d'Henri Calef
1948 : Jo la Romance de Gilles Grangier
1948 : Passeurs d'or d'E.G. de Meyst
1949 : L'Auberge du péché de Jean de Marguenat
1949 : Millionnaires d'un jour d'André Hunebelle
1949 : Un homme marche dans la ville de Marcello Pagliero
1950 : Les Aventuriers de l'air de René Jayet
1952 : La Maison dans la dune de Georges Lampin
1952 : Le Plaisir de Max Ophüls
1952 : Hold-up en musique ou Le Gang des pianos à bretelles de Gilles de Turenne
1954 : Les Amants du Tage d'Henri Verneuil
1954 : Vingt-cinq ans de bonheur de Jean Kerchbron (tv)
1955 : Gas-oil de Gilles Grangier
1956 : La Bande des honnêtes (La banda degli onesti) de Camillo Mastrocinque
1957 : Du sang sous le chapiteau de Georges Péclet
1957 : Les Délinquants (Delincuentes) de Juan Fortuny
1957 : Le Chômeur de Clochemerle de Jean Boyer
1957 : Le Procureur Hallers de Jean-Paul Carrère (tv)
1960 : Les Magiciennes de Serge Friedman
1960 : L'Empire céleste de Georges Folgoas (tv)
1961 : Le cave se rebiffe de Gilles Grangier
1965 : Le Chant du monde de Marcel Camus
1966 : Joë Caligula de José Bénazéraf
1968 : Goto, l'île d'amour de Walerian Borowczyk
1968 : Le Grand Cérémonial de Pierre-Alain Jolivet
1969 : Le Bal du comte d'Orgel de Marc Allégret
1969 : Le Tropique du cancer (Tropic of cancer) de Joseph Strick
1969 : Les Empaillés d'Alberto Cavalcanti (tv)
1970 : Si seulement tu voulais regarder par la fenêtre d'Yves-André Hubert (tv)
1970 : Le Sixième Sens de Louis Grospierre (tv)
1971 : Popsy Pop de Jean Herman
1971 : Le drapeau noir flotte sur la marmite de Michel Audiard
1972 : La Belle Affaire de Jacques Besnard
1972 : Elle court, elle court la banlieue de Gérard Pirès
1972 : Le Rempart des Béguines de Guy Casaril
1972 : Le Trèfle à cinq feuilles d'Edmond Freess
1973 : Les Volets clos de Jean-Claude Brialy
1973 : Par ici la monnaie ou Les Démerdards de Richard Balducci
1973 : Maigret et la Jeune Morte de Claude Boissol (tv)
1974 : En grande pompes d'André Teisseire
1975 : Chobizenesse de Jean Yanne
1976 : Spermula de Charles Matton
1976 : Le Diable au cour de Bernard Queysanne
1978 : La Barricade du point du jour de René Richon
1978 : Mamma Rosa ou la Farce du destin de Raoul Sangla (tv)
1978 : Double détente de Claude-Jean Bonnardot (tv)
1979 : Maigret au Liberty Bar de Jean-Paul Sassy (tv)
1981 : Le système du docteur goudron et du professeur plume de Claude Chabrol (tv)


Filmographie de Ginette LECLERC
 
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