Yvette Lebon voit le jour à Paris, le 14 août 1910 sous le nom de Simone Lebon. Issue d’un milieu ouvrier, son père est ferblantier et sa mère repasseuse. Après une scolarité médiocre, le jeune fille devenue une séduisante jeune femme prend des cours de danse et rêve de faire carrière au cinéma.
La pin-up de films musicaux des années 30
L’apprentie comédienne court les castings et se fait finalement engager dans Rive Gauche, une comédie d’Alexander Korda tourné dans les studios de Joinville pour la Paramount. Se fiant plus à sa beauté qu’à son talent, Yvette Lebon enchaîne les films musicaux comme Il est charmant avec Henri Garat, Zouzou avec Jean Gabin et Joséphine Baker, Marinella avec Tino Rossi ou Romance de Paris avec Charles Trénet. Elle agrémente des films d’aventure comme Michel Strogoff avec Anton Walbrook, des comédies militaires comme Trois artilleurs au pensionnat et Le Cantinier de la Coloniale avec Bach ou des mélodrames comme Abus de Confiance auprès de Danielle Darrieux. Elle rencontre l’acteur Roger Duchesne sur le plateau de Gibraltar de Fedor Ozep et l’épouse. Elle lui donne à nouveau la réplique dans Le Moussaillon en 1941.
De Guitry à Jean Luchaire
Pendant l’Occupation, Yvette Lebon joue sur scène dans trois pièces dont Florence de Sacha Guitry qui devient son amant. Elle tourne sous sa direction dans Le destin fabuleux de Désirée Clary où elle incarne la sœur Julie de l’héroïne interprétée par Geneviève Guitry. Elle donne la réplique à Jean Murat dans La chèvre d’or et à Fernand Gravey dans Paméla de Pierre de Hérain, gendre de Pétain où elle compose une éclatante madame Tallien. Accédant au gratin des comédiennes françaises, elle fréquente la rue Lauriston, devient quelques temps la maîtresse de Jean Luchaire, journaliste collaborationniste qui sera fusillé en février 1946. Yvette Lebon expliquera à 100 ans dans le documentaire L’occupation intime de Daniel Costelle et Isabelle Clarke l'inconscience qui fut la sienne : « Je ne sais jusqu'à quel point on se rendait compte, quand on était un peu privilégié. Il y avait du champagne. On ne manquait de rien. »
Deuxième carrière en Italie
Après la Libération, Yvette Lebon prend néanmoins ses distances avec le cinéma après le tournage de Monsieur Grégoire s’évade avec Bernard Blier et Jules Berry et une petite production en Autriche, Les Amours de Blanche-Neige. En 1948, elle épouse à New-York le producteur américain Nat Wachsberger et s’installe à Beverly Hills. Ensemble, ils auront un fils Patrick qui deviendra le directeur de la firme Summit Enternainment qui produit de gros succès comme Mr et Mrs Smith ou la série des Twilight. La carrière de l’actrice est relancée en Italie en 1952 quand Vittorio Cottafavi lui confie le rôle principal de Milady et les mousquetaires avec Rossano Brazzi. Elle enchaîne avec des adaptations de Dumas (Le prince au masque rouge) ou d'Eugène Sue (Les Mystères de Paris), plusieurs péplums comme La Vallée des Pharaons en reine-mère de Cléopâtre (Debra Paget) ou Ulysse contre Hercule et des films en costumes comme Scaramouche où elle joue Madame de Popignan auprès de Gérard Barray. Elle se contente ensuite de rôles épisodiques dans des films d’espionnage comme Baraka sur X-13 ou Le Vicomte règles ses comptes ou de gangsters comme Cannabis en maîtresse de Curd Jürgens, un film réunissant Serge Gainsbourg et Jane Birkin. Après un dernier rôle dans La cavale de Michel Mitrani, produit par son mari en 1971 et le téléfilm expérimental Je, tu, elles de Peter Foldes, elle abandonne sa carrière d’actrice et se partage entre sa maison hollywoodienne et son appartement du 16e arrondissement de Paris. Après le décès de Nat Wachsberger en 1992, elle s’installe sur la Côte d’Azur. Devenue au fil des ans la doyenne du cinéma Français, Yvette Lebon s’éteint le 28 juillet 2014, à l’âge de 103 ans, à Cannes. Seuls quelques rares cinéphiles se souviennent encore de cette belle actrice aux yeux clairs.
FILMOGRAPHIE :
Avec Jean Gabin
1931 : Il est charmant de Louis Mercanton
1934 : Le chéri de sa concierge de Guarino Glavany
1934 : Zouzou de Marc Allégret
1935 : Divine de Max Ophüls
1935 : Michel Strogoff de Jacques de Baroncelli
1935 : Coup de vent de Jean Dréville
1936 : Marinella de Pierre Caron
1936 : Les mariages de Mademoiselle Lévy d’André Hugon
1936 : Romarin d’André Hugon
1936 : Trois artilleurs au pensionnat de René Pujol
1937 : Abus de confiance d’Henri Decoin
1937 : Le chanteur de minuit de Léo Joannon
1937 : Le cantinier de la coloniale d’Henry Wulschleger
1938 : Gibraltar de Fédor Ozep
1939 : L’homme qui cherche la vérité d’Alexander Esway
1941 : Romance de Paris de Jean Boyer
1941 : Le moussaillon de Jean Gourguet
1942 : Le destin fabuleux de Désirée Clary de Sacha Guitry
1943 : La chèvre d’or de René Barberis
1944 : Pamela de Pierre de Hérain
1945 : Monsieur Grégoire s’évade de Jacques Daniel-Norman
1946 : Les amours de Blanche Neige (Wintermelodie) d’Edi Wieser
1952 : Milady et les mousquetaires (La vita avventurosa di Milady) de Vittorio Cottafavi
1953 : Le Prince au masque rouge (Il Cavaliere di Maison Rouge) de Vittorio Cottafavi
1955 : Sophie et le crime de Pierre Gaspard-Huit
1956 : Maruzzella (Maruzzella) de Luigi Capuano
1957 : Les mystères de Paris (I Misteri di Parigi) de Fernando Cerchio
1958 : Una gran señora de Luis César Amadori
1960 : La vallée des pharaons (Il Sepolcro dei re) de Fernando Cerchio & Anton Giulio Majano
1960 : Les nuits de Raspoutine (L’ultimo zar) de Pierre Chenal
1961 : Ulysse contre Hercule (Ulisse contro Ercole) de Mario Caiano
1962 : Scaramouche (La Máscara de Scaramouche) d’Antonio Isasi-Isasmendi
1963 : Le signe de Zorro (Il Segno di Zorro) de Mario Caiano
1965 : Baraka sur X 13 de Maurice Cloche
1966 : Le vicomte règle ses comptes de Maurice Cloche
1966 : Toutes folles de lui de Norbert Carbonnaux
1969 : Cannabis de Pierre Koralnik
1969 : Je. Tu. Elles de Peter Foldes
1971 : La cavale de Michel Mitrani
Filmographie d'Yvette LEBON